La sulfureuse pirate Nelly Kaplan largue les amarres (1931-2020)

Posté par kristofy, le 12 novembre 2020

Nelly Kaplan a succombé à ce satané Covid-19 qui a mis fin à ses 89 ans : elle était l'une des doyennes parmi les réalisatrices. Sa carrière a débuté à une époque où il y avait très peu de femmes qui faisaient du cinéma. Elle est arrivée en France avec ses vingt ans et une passion pour le 7ème art. Elle devient vite l'assistante d'Abel Gance. Nelly Kaplan le glorifiera à travers deux documentaires: en 1963 avec Abel Gance, hier et demain et en 1983 avec Abel Gance et son Napoléon. Elle écrira des livres sur ce réalisateur dont l'œuvre monumentale s'étale de 1911 à 1971. Avec lui, la romancière, essayiste, scénariste, documentariste et scénariste s'intéresse autant au développement de projets qu'aux diverses machines de tournage et de montage. Son autre complice sera le producteur Claude Makovski (décédé ce mois d'août) avec qui ils vont monter ensemble une société de production, Cythère films. Nelly Kaplan veut produire et réaliser, ce qu'elle fait déjà depuis quelques années avec des courts-métrages et des documentaires (dont Le Regard Picasso en 1967 qui gagnera un Lion d'or à Venise).

Son premier long-métrage en 1969, fin d'époque de la 'Nouvelle Vague', va faire sensation. La fiancée du pirate , avec une Bernadette Laffont au sommet de son art, va devenir culte, par son esprit de liberté, son insolence, sa férocité et sa poésie. Cette satire anticonformiste et féministe s'attaque aux conventions bourgeoises dans l'esprit idéologique de l'époque, tout en restant un film populaire et d'apparence romantique. On retient aussi sa musique, avec "Moi, je me balance", de Georges Moustaki et interprétée par Barbara... Avec son personnage amoral et libertaire, dans un style entre art brut et surréalisme, elle fait le portrait d'une femme de son temps, émancipée, dans une époque contraignante et coincée. Le film est alors interdit aux moins de 18 ans. Il faudra attendre vingt ans pour qu'il soit considéré comme grand public.

Nelly Kaplan en plus d'être réalisatrice était écrivaine de romans d'où transpirait beaucoup d'érotisme (d'ailleurs son troisième film Néa est une déclinaison des succès des Emmanuelle). Elle écrivait sous pseudos certaines de ses nouvelles sulfureuses: Mémoires d'une liseuse de draps, chez Pauvert, en 1974, signé Belen, fut censuré et interdit de diffusion.

Retour sur quelques films de Nelly Kaplan :

Abel Gance, hier et demain, 1963 : ce documentaire valorise les différentes recherches techniques de Abel Gance à propos du travelling, de la surimpression d’images, de stéréophonie, et de la polyvision.

La Fiancée du pirate, 1969 : Bernadette Lafont vend ses charmes aux notables de la ville, ils sont se cachent tous d'être ses clients mais publiquement ils veulent la chasser... On y voit un enterrement très aviné. Son histoire à la fois féministe et libertaire est si subversive que Nelly Kaplan en assure elle-même la production. Le film ira au Festival de Venise et deviendra un succès.

Papa les petits bateaux, 1971 : Autour de Sheila White il y a Michel Bouquet, Sydney Chaplin, Michel Lonsdale, Pierre Mondy, Catherine Allegret. Une bande de bandits pas doués kidnappent la fille d’un riche armateur, mais celle-ci leur en fait voir de toutes les couleurs. Une bande rivale est attirée aussi par la rançon, mais c’est aussi le cas de la victime. Un jardin va se remplir de cadavres…. Cette comédie avec une trame de film noir parodique est une curiosité.

Il faut vivre dangereusement, 1975 : Nelly Kaplan est à l'écriture et à la production, mais la réalisation est de son partenaire artistique Claude Makovski. On y suit Claude Brasseur en détective-privé qui accepte un travail de filature d’une femme soi-disant infidèle, Annie Girardot. En fait il s'agit de plusieurs personnes qui convoitent un gros diamant précieux.

Charles et Lucie, 1980 : C'est l'autre grand film de Nelly Kaplan qui se tourne vers un drame plus sérieux, et une chronique douce-amère sur le couple, avec Daniel Ceccaldi et Ginette Garcin. Un antiquaire peu débrouillard et une gardienne d’immeuble perdent le peu qu’ils avaient, victimes d’escrocs qui leur ont raconté une histoire de gros héritage fantôme. Dans leur malheur le couple va rencontrer toutes sortes de gens et leur union en sortira renforcée. Ce film sa séduit jusqu'aux Etats-Unis.

Plaisir d'amour, 1990 : Pierre Arditi est une sorte de Don Juan qui veut séduire trois femmes à la fois, sans se douter qu’en fait ce sont elles qui se jouent de lui (avec Françoise Fabian et Dominique Blanc). Une ronde des sentiments qui a été le dernier film réalisé par Nelly Kaplan, qui se consacrera désormais à l'écriture de scénarios

Abel Gance et son Napoléon, 1983 : Napoléon a été un énorme film et reste l'une des œuvres incroyables d'Abel Gance, avec une durée de plus de 5 heures ! Les évolutions de ce projet d'une ampleur inédite en 1927 sont racontées ici dans cette sorte de making-of passionnant.

Ces films qui représentent l'oeuvre de Nelly Kaplan avait été regroupés dans un coffret dvd chez Potemkine.

Hommage à Bernadette Lafont à la Cinémathèque française en présence de Catherine Deneuve

Posté par vincy, le 14 décembre 2013

catherine deneuve serge toubianaVendredi soir, la Cinémathèque française lançait son week-end "Hommage" à Bernadette Lafont, disparue l'été dernier. le président de la Cinémathèque Serge Toubiana, visiblement ému, confessait : "Je regrette de ne pas avoir rendu cet hommage à Bernadette avec elle. Rétrospectivement, c'est une évidence. Bernadette c'est une enfant de la Cinémathèque, une enfant de la cinéphilie." Bulle Ogier, Claudie Ossard, Françoise Lebrun, Jean-Pierre Léaud, Alexandra Stewart étaient présents.

Et puis il y avait Catherine Deneuve. Car pour ce premier soir, la Cinémathèque avait décidé de présenter Zig-Zig du cinéaste Laszlo Szabo, où la blonde Catherine et la brune Bernadette incarnent un duo sublime de chanteuses-danseuses-arnaqueuses dans le Montmartre du début des années 70. Une comédie policière extravagante, une farce un peu sombre où les paumés et les flics, les putes et les rockeurs, les gens de la haute et les rêveurs se mélangent pour le meilleur et pour le pire. Le film idéal pour célébrer la mémoire de cette actrice iconoclaste. Cette tragi-comédie, dotée de situations absurdes très drôles, de dialogues hilarants, illumine les deux comédiennes, magnifiques, et traduit une alchimie rare au cinéma. Deneuve avoue son admiration pour son ancienne partenaire : "C'était une partenaire formidable, pleine d'énergie, de drôlerie, de truculence. Dans mon coeur ce sera toujours une amie." On se demande comment Deneuve a ressenti la projection de Zig-Zig (malgré une copie passablement usée, hélas). Elle ne laissera rien paraître. A la fin de la projection, après avoir signé quelques autographes, elle fonce fumer une de ses longues cigarettes avant de s'engouffrer dans une berline noire dans l'hiver pluvieux parisien. Il est loin le temps de Zig-Ziguer...

zig zig lafont deneuveToubiana a également lu un texte de Brigitte Bardot et invité Bernard Bastide sur scène. Bastide est le co-auteur de Bernadette Lafont, une vie de cinéma, paru fin octobre aux éditions nîmoises Atelier Baie. "C'est un beau livre, avec une âme, une parole, une vibration, parce que Bernadette Lafont s'est confiée longuement" a expliqué Toubiana. Bastide se rappelle lui avoir proposé de faire ce grand livre d'images il y a quelques années. Durant deux ans, ils se voyaient régulièrement toutes les semaines. Elle lui a ouvert ses archives : des lettres inédites de Truffaut - "C'est une locomotive lancée à toute vapeur" disait-il de la comédienne - des photos rares, ... Elle gardait tout, mais elle n'était tournée que vers l'avenir... Ponctué d'hommages de différents cinéastes, Toubiana choisit celui d'Alexandre Astruc, écrit en 1971 : "Une sainte et un phénomène de foire, une martyre et une femme canon". Singulière, comme Arletty ou Fernandel.

Les films projetés dans le cadre de l'hommage du 13 au 15 décembre:
Zig-Zig - Laszlo Szabo
Une belle fille comme moi - François Truffaut
La Fiancée du pirate - Nelly Kaplan
La Maman et la putain - Jean Eustache
Personne ne m'aime - Marion Vernoux
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Sylvain Chomet voulait voir Bernadette Lafont « partir en vrille » (interview)

Posté par vincy, le 30 octobre 2013

bernadette lafont dans attila marcelDans un entretien que Sylvain Chomet nous a accordé au Festival des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz, où son dernier film Attila Marcel était présenté en avant-première, le réalisateur des Triplettes de Belleville et de L'illusionniste n'a pas manqué d'évoquer l'actrice Bernadette Lafont, pétillante et épatante en tante cruelle. Le cinéaste, fracassé par la mort de la comédienne cet été, revient longuement sur le travail de la comédienne dans l'interview. Mais avant tout, il explique comment et pourquoi il a souhaité lui rendre un hommage particulier, à la fin de son film.

"Une semaine avant la production, je réécrivais encore mon scénario. Quand j’ai su que j’avais Hélène Vincent et Bernadette Lafont, j’ai voulu écrire de nouvelles scènes pour les voir partir en vrille. C’est de là qu’a émergé la scène de la plage, où elles se gavent de cerises à l’eau de vie en tenant des propos ignobles et même un peu racistes. C’est le tournage de cette scène qui se trouve après du générique de fin, pour rendre hommage à Bernadette. Et d’ailleurs, elle est vraiment tombée, tout en sauvant les cerises à l’eau de vie. Enfin vraiment tombée. Je lui ai quand même demandé et elle m’a avoué : « j’ai senti que je tombais, mais je ne me suis pas rattrapée. » Elle l’a fait exprès. Cette scène je m’en rappellerai toujours. Il y avait beaucoup de vent, et il y avait beaucoup de rires sur le tournage. Je leur avait dit de se lâcher. C’était le plus bel hommage que je pouvais rendre à cette comédienne parce que ça lui ressemblait."

L'idée du film remonte au début des années 2000 : "Attila Marcel est né des Triplettes de Belleville. C’était à Montréal, je revenais du studio où je travaillais sur les Triplettes et j’ai entendu « Attila Marcel » dans ma tête. Et c’est devenu comme une conviction. De là est née la chanson, qu’on a utilisé pour les Triplettes, même si on l’entend très peu, et le personnage du catcheur. Après il y a douze ans de gestation du film."

Attila Marcel sort aujourd'hui en France, dans environ 150 salles.

Paulette deale avec succès en Allemagne

Posté par vincy, le 29 août 2013

Bernadette lafont dans PauletteAvec plus d'un million de spectateur en France, Paulette était déjà un succès surprise dans l'Hexagone. C'est désormais un carton aussi à l'international. Le film a séduit plus de 415 000 spectateurs dans les quelques territoires où il a été distribué, dont 305 000 en Allemagne, depuis sa sortie le 18 juillet. Il est ainsi devenu le plus gros succès français Outre-Rhin cette année. Et son nombre de copies augmente semaine après semaine.

Paulette est déjà sorti au Portugal (70 000 entrées), en Russie et en Italie.

Rappelons que Paulette est le dernier film où l'on a pu voir Bernadette Lafont sur grand écran, dans un rôle principal.

Bernadette Lafont rejoint sa fille Pauline (1938-2013)

Posté par vincy, le 25 juillet 2013

Elle n'arrêtait plus de tourner, et son dernier film, Paulette, qu'elle portait littéralement sur les épaules, avait été un succès inattendu cet hiver. Bernadette Lafont, hospitalisée lundi après un malaise alors qu'elle se trouvait au centre hélio-marin du Grau-du-Roi, est décédée aujourd'hui à l'âge de 74 ans.

inspecteur lavardin laffont poiretFort Chabrol

Égérie de la Nouvelle Vague, Bernadette Lafont, la "Vamp villageoise" comme on la surnommait, reconnaissable à sa voix légèrement gouailleuse et son physique pulpeux, avait débuté en 1958 avec un court-métrage de François Truffaut, Les Mistons (qui la réenrôlera dans Une belle fille comme moi en 1972) et le premier long-métrage sublime de Claude Chabrol, Le beau Serge (Prix Jean Vigo). Cette aventureuse a tourné sans interruption depuis 55 ans, pour le cinéma comme pour la télévision. Chabrol lui offrira quelques uns de ses plus beaux rôles : Les bonnes femmes en 1960, avec Stéphane Audran, Les Godelureaux en 1961, Violette Nozière en 1978, Inspecteur Lavardin face à Jean Poiret, en 1986 et Masques en 1987.

Le jeu de Lafont, assez naturaliste, s'adaptait à la perfection à un certain cinéma français. Premier ou second rôle, elle tourne ainsi avec Jacques Doniol-Valcroze (L'eau à la bouche), Edouard Molinaro (La chasse à l'homme, Costa-Gavras (le grandiose Compartiment tueurs), Louis Malle (Le voleur) ou encore Philippe Garrel (Le révélateur). Touchant à différents genres, elle s'impose comme une comédienne tout-terrain dans les années 60.

la maman et la putain léaud lafontFiancée éternelle, Maman idéale

En 1969, elle devient La fiancée du pirate, le film de Nelly Kaplan, où elle incarne dans ce film insolant et drôle (si on aime l'humour noir) une orpheline décidée à se venger d'un village dont la pensée rance rappelle une certaine France. La satire sociale est réussie et Lafont impose son talent avec un personnage aussi glamour qu'insoumis.

Sans jamais avoir été une "star" (d'ailleurs Laszlo Szabo lui donnera un personnage de "starlette" dans Les gants blancs du diable), elle aura été une vedette populaire et surtout aura eu du flair pour choisir quelques-uns des films les plus marquants du cinéma à cette période là. Au sommet de cette filmographie, il y a bien entendu La maman et la putain, de Jean Eustache (1973). Avec Jean-Pierre Léaud, elle crée l'un des plus grands couples du 7e art. Grande réflexion sur la femme, en plein activisme féministe, et sur l'infidélité, avec un texte qui pourrait être à lui seul un roman, le film a reçu le Grand prix au Festival de Cannes.

l'effrontée gainsbourg lafontEffrontée

Elle fut fidèle à certains réalisateurs comme Laszlo ou Nadine Trintignant. S'égara dans des comédies de séries B (Le Roi des cons, Retour en force, ...). Elle interpréta une Reine (Gwendoline, une pharmacienne, une infirmière, une concierge.... Après La maman et la putain, les choix étaient moins glorieux, disons-le. Mais les années 80 allaient la faire revenir sur le devant de l'écran. Chez Chabrol, déjà. Mais aussi chez Jean-Pierre Mocky, au sommet de sa carrière, avec Le Pactole et Les saisons du plaisir ; chez Claude Miller surtout, dans L'effrontée, prix Louis-Delluc : Bernadette fut récompensé par un César du meilleur second-rôle féminin amplement mérité.

A l'instar des Bébel, Noiret et autres grandes gueules du cinéma français, elle s'installe, comme Annie Girardot, dans la mémoire collective des spectateurs, entre films populaires et oeuvres de grands auteurs, grands rôles et personnages secondaires qu'on aime affectueusement.

Bernadette Lafont PauletteRetraitée active

On la revoit ainsi chez Raoul Ruiz, aux côtés de Deneuve, dans Généalogies d'un crime, Pascal Bonitzer dans Rien sur Robert, Claude Zidi dans Les Ripoux 3... que de grands écarts. Elle retrouve le chemin du succès avec Prête-moi ta main, où de nouveau elle donne la réplique à une Charlotte Gainsbourg moins effrontée mais bien plus grande, se permet quelques jolies participations où son jeu fait souvent la différence dans une scène. Les spectateurs l'apprécient ainsi dans La première étoile, Le skylab, et surtout Paulette, film à petit budget qui devint millionnaire en début d'année. La tête haute, elle part ainsi dans nos têtes avec l'image d'une mamie rebelle, dealeuse et drôle.

Il restera à la voir dans Attila Marcel, de Sylvain Chomet. César d'honneur en 2003, prix spécial d'interprétation à Locarno en 1994 (Personne ne m'aime) elle était un peu à la marge du système tout en étant l'une de ses valeurs patrimoniales les plus sûres.

La fêlure et l'envie

On pourrait aussi pleurer la comédienne de théâtre, celle qui a joué du Copi, du Guitry, du Daudet, du Pagnol et même du Ruquier. Sa dernière prestation fut à l'Opéra Comique avec l'immense Michel Fau, dans Ciboulette, en mère Pingret. Toujours prête à des expériences novatrices, rajeunissantes. Elle a aussi écrit : La fiancée du cinéma, Mes enfants de la balle et Le roman de ma vie.

Née le 26 octobre 1938 à Nîmes, sa mère l'appelait Bernard parce qu'elle voulait un garçon. Après de la danse classique, elle avait commencé sans apprendre à jouer, tout en rêvant d'être comédienne, improvisant devant les caméras de jeunes cinéastes qui aimait sa fraîcheur, ses yeux splendidement tragiques et son humour. Pétillante et piquante, en rien calculatrice, toujours prête à servir de jeunes talents, à s'entourer de comédiens qui pouvaient être ses enfants et même petits-enfants, Bernadette Lafont était comme ces mamans qui couvent leurs progénitures : rassurante et protectrice. Effondrée par la disparition tragique de sa fille Pauline, il y a 25 ans, un 11 août.

lafont brialy le beau sergeLa fiancée idéale, la maman rêvée et au final une comédienne qui, sans artifices esthétiques, avait vieillit comme un grand vin. 120 films au compteur, ce n'est pas anodin. "Je n'ai jamais voulu être cataloguée, ni avoir d'étiquette" disait-elle.

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Filmographie en quelques photos sur notre Tumblr

Le Petit Nicolas prend ses vacances à Noirmoutier

Posté par vincy, le 22 juin 2013

Le petit Nicolas ne prend pas de vacances : pour pouvoir sortir le 9 juillet 2014, tout le monde travaille cet été. Le tournage de la suite, Les vacances du petit Nicolas, a débuté cette semaine à Noirmoutuer.

Laurent Tirard est toujours aux manettes. Valérie Lemercier, Kad Merad, François-Xavier Demaison et Daniel Prévost ont une fois de plus répondu à l'appel. Bernadette Lafont (dans le rôle de la mémé), Francis Perrin et Bouli Lanners se sont ajoutés à la bande. Et Maxime Godart (désormais trop vieux à 15 ans) s'est fait remplacé par Mathéo Boisselier dans le rôle principal du garnement. Il a triomphé des dizaines de gamins qui se sont présentés durant les séances de casting (800 au total).

Le livre de Goscinny et Sempé a été adapté par le cinéaste, Grégoire Vigneron (collaborateur fidèle de tous les films de Tirard) et, plus étrangement, Jaco Van Dormael (Toto le héros). L'histoire s'installe à l'Hôtel Beau-Rivage où naîtra une romance entre Nicolas et la belle Isabelle.

L'enjeu est de taille : le premier film avait séduit 5,7 millions de Français. Et les ventes des livres avaient amplement relancées...

L’instant Court : Du poil de la bête, avec Bernadette Lafont et Louise Monot

Posté par kristofy, le 19 janvier 2013

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage La souris coiffeur réalisé par Michel Gondry, voici l’instant Court n° 98.

Cette semaine l’évènement est évidement Django Unchained de Quentin Tarantino. Mais, pour une alternative, il y a aussi la comédie Paulette où une mamie se lance dans le trafic de drogue pour arrondir ses fins de mois. Ce film a la particularité de remettre en vedette sur l’affiche dans un premier rôle Bernadette Lafont. Il faut se souvenir qu’elle a été la plus belle muse du mouvement de La Nouvelle Vague.

Bernadette Laffont avait déjà raconté sa vie et ses rencontres en 1978 dans une biographie titrée La fiancée du cinéma :  un jour la toute jeune Bernadette Lafont qui n'a alors même pas 20 ans et son compagnon-acteur Gérard Blain discutent cinéma avec un critique nommé François Truffaut et un copain Jean-Claude Brialy, puis elle rencontre l’équipe de la revue Les Cahiers du Cinéma : Eric Rohmer, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard (et Kast, Doniol-Valcroze, Domarchi, Rivette…) qui ne faisaient alors que débattre et écrire sur des films sans encore en faire… Extraits choisis où Bernadette Laffont se souvient de son premier tournage de cinéma :

« Je campais souvent aux Cahiers, et un jour il fut décidé que nous irions à Cannes pour le festival. En intervenant dans une polémique autour de la santé du cinéma français, Truffaut dépassait ses prérogatives, on estimait qu’il allait trop loin. Mais, pour lui, il n’y avait aucune ambiguïté : la critique est un état qu’il faut nécessairement dépasser. En l’occurrence, son but n’était rien d’autre que la mise en scène. Un bel après-midi, je me dorais au soleil avec Gérard. Truffaut arrive sur la plage, nous dévisage et dit en regardant la mer : "dans trois mois je tourne un film. Il y a surtout deux rôles. Je voudrais que Bernadette en fasse un. Gérard tu feras l’autre." Le 13 août 1957 fut le premier jour de tournage. Nos pauvres moyens nous dispensaient de la mythologie hollywoodienne. C’est tout juste si nous avions l’impression de tourner un film. De plus, je n’étais pas dans la peau d’un personnage. Bernadette, c’était moi. La caméra ne m’intimidait plus. Avec Truffaut, tout était complicité au deuxième degré. De grands gosses imitant le cinoche, se gorgeant de références. Les Mistons m’auront appris beaucoup de choses. Je naissais à mon métier et à ma passion dans des conditions idéales. Nous vivions seulement l’apparence du cinéma. J’avais fait un film. »

Voici donc un court-métrage avec une apparition de Bernadette Lafont : Du poil de la bête réalisé par l'acteur Gregori Baquet, une ‘comédie animalière’ impertinente en 3 actes (qui est en fait une publicité pour des bijoux), avec aussi Louise Monot et Albert Delpy. On y découvre des filles qui jouent avec des animaux de compagnie…

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Du poil de la bête.

Mon premier festival : Jacques-Rémy Girerd et Bernadette Lafont parlent d’Une vie de chat

Posté par MpM, le 29 octobre 2010

La nouvelle production du studio Folimage, Une vie de chat de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol, a fait l’ouverture mercredi 27 octobre de l'édition 2010 de Mon premier festival. Avant de le découvrir lors de sa 2e projection le 30 octobre prochain au Studio des Ursulines ou dès le 15 décembre en salles, rencontre avec Jacques-Rémy Girerd (La prophétie des grenouilles, Mia et le Migou), le producteur du film, et Bernadette Lafont, qui a prêté sa voix à l’un des personnages, la mystérieuse Claudine.

Ecran Noir : Parlez-nous du film…

Jacques-Rémy Girerd : Il s’agit d’un polar où le personnage principal est un chat qui partage sa vie entre la maison d’une petite fille dont la mère est commissaire de police, et les toits de Paris où il accompagne un "monte-en l’air" dans ses expéditions. Ces deux mondes vont se rencontrer et faire des étincelles.

EN : A qui s’adresse-t-il ?

JRG : Ce serait une erreur de croire qu’il s’agit seulement d’un film pour les enfants. Les adultes eux-aussi peuvent y prendre plaisir. Le film est bourré de clins d’œil ! Son histoire emporte tout le monde et l’esthétique est de tous les âges.

EN : Quelle technique a été utilisée ?

JRG : Il s’agit tout simplement d'un dessin animé. Mais la particularité est que les dessins ont été faits à la craie grasse, ce qui donne un velouté esthétique original. C’est une technique unique et à ma connaissance, c’est la première fois que c’est utilisé dans un long métrage. Par ailleurs, le film part des voix. Nous avons enregistré les dialogues il y a environ 4 ans et ensuite les dessins ont été créés et animés en fonction des voix. Il ne s’agit pas de doublage comme d’habitude, où l’on plaque des mots sur des dessins, mais d’une véritable création de la voix et du personnage.

EN : Est-ce que les acteurs ont ainsi une influence sur leur personnage ?

JRG : Oui, d’autant qu’on filme les acteurs à travers la vitre pendant qu’ils enregistrent, donc on peut s’inspirer de ces images pour les dessins et l’animation. Même physiquement. Par exemple, dans La prophétie des grenouilles, Michel Galabru interprétait un éléphant coincé dans une fenêtre. On ne voyait que ses yeux et sa trompe. L’animateur a observé Galabru et au final, le personnage lui ressemble ! Avec trois fois rien, on peut capter l’âme d’un personnage. C’est la magie du dessin animé… Et parfois du hasard. Dans le scénario, le "méchant" - Vincent Costa - était directement inspiré de l'acteur Joe Pesci. Au moment d'enregistrer les textes, on a demandé à Jean Benguigui d'incarner le personnage. Or lui-même a doublé Joe Pesci dans Les affranchis de Scorsese...

EN : Bernadette Lafont, vous interprétez le personnage de la nounou. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Bernadette Lafont : Ce n’est ni du doublage ni de la synchronisation. On part d’une histoire, d’un texte, un peu de l’univers graphique, et c’est tout. C’est comme enregistrer un texte pour un livre audio. Ensuite, c’est formidable de voir la voix incarnée. C’est très joyeux. Là ce n’est pas fini car il y a encore le plaisir de la découverte.

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Une vie de chat de de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol
en salles le 15 décembre
avant-première dans le cadre de Mon premier festival le 30 octobre à 14 h 15 au Studio des Ursulines
Informations sur le site de la manifestation

La première étoile : Noirs fondus de blanc

Posté par benoit, le 24 mars 2009

la  premiere etoileL'histoire : Jean-Gabriel, marié et père de trois enfants, vit de petits boulots et passe son temps au bar PMU du coin. Un jour, pour faire plaisir à sa fille, il promet un peu vite à toute la famille de les emmener en vacances au ski. Seul problème : cette fois-ci, s'il ne tient pas sa promesse, sa femme le quitte. Il va devoir faire preuve d'imagination sans limite pour y parvenir...

Notre avis : La première étoile, enfant naturel de La chèvre de Francis Veber et de Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon, possède dans son jeu un atout en plus : une sincérité tendre et familiale puisque ce premier film du comédien Lucien Jean-Baptiste – la voix française de Will Smith, c’est lui ! - s’inspire de ses propres souvenirs d’enfance. Si vous avez 7 ou 77 ans, et pourquoi pas entre les deux, unissez-vous et allez voir en famille un film de blacks qui n’a pas peur de faire tache sur la poudreuse. Malgré une grande faiblesse de réalisation, il arrive parfois à cette oeuvre d’être traversée par une grâce mélancolique. Ce trait, malheureusement trop rare, la distingue des productions françaises hebdomadaires qui condamnent le public à rire trop souvent pour le pire.
Toutes les étoiles de ce long-métrage sont à décerner à l’ensemble de sa distribution : Lucien Jean-Baptiste, Anne Consigny, Jimmy Woha-Woha, Ludovic François, Lorena Colombo, Michel Jonasz, Bernadette Lafont… Mais la raquette d’or revient à Firmine Richard dont la présence digne d’une Whoopi Goldberg, hisse le personnage de Bonne Maman au sommet des codes de la comédie. Il faut la voir chanter à table de toute son âme une mélodie créole dédiée à De Gaulle face à son fils, quadra largué, qui la regarde médusé. Cette séquence aussi drôle que féroce réunit à elle seule les problèmes de l’intégration, le matriarcat étouffant, le gouffre qui sépare les générations et le peu de rêve qu’offre la société actuelle aux êtres flottants, différents. Sans céder au mauvais jeu de mot, cette noirceur souterraine évite aux films tous les écueils « racisto-civiquo-démago » et offre, dans une grande fantaisie, une plage ou plutôt un pic de tolérance. Par les temps qui grondent, c’est déjà beaucoup…

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Ne pas manquer l'interview de Firmine Richard pour Ecran Noir.