Le nouveau film de Brian De Palma arrive comme le dernier évènement des films en compétition de ce 69ème Festival de Venise. Passion raconte une histoire déjà connue pour les francophone puisqu’il s’agit en fait du remake de Crime d’amour, dernier film d'Alain Corneau, qui avaita ttiré près de 500 000 spectateurs dans les salles françaises en 2009. Les grandes lignes du scénario sont semblables, mais Brian De Palma y ajoute quelques variations typiques de son univers.
Le décor est délocalisé en Allemagne (pour des raisons de coproduction on s'en doute), on y entend d’ailleurs quelques dialogues en allemand tandis que tous parlent en anglais. Les prénoms des deux héroïnes ont été conservés : Rachel McAdams devient Christine (Kristin Scott Thomas) et Noomi Rapace se mue en Isabelle (Ludivine Sagnier).
La différence d’âge et de stature qui mettait en avant un rapport hiérarchique entre elles se transforme ici en un contraste plus classique entre une blonde et une brune. Les rapport de domination-soumission sur le lieu de travail du film originel est toujours présent mais atténué dans cette nouvelle version. Brian De Palma privilégie beaucoup plus la séduction et la perversion, thèmes majeurs de sa filmographie.
Passion montre assez vite avec une charge érotique entre ces deux femmes avant de partir en direction du thriller. Brian De Palma y joue le marionnettiste en faisant évoluer ses personnages vers un meurtre que l'on attend ; il joue avec les faux-semblants pour enfin conclure avec un final un peu différent de Crime d’amour.
La ‘patte’ de Brian De Palma est omniprésente, il n'hésite pas à s'autociter, quitte à se répéter. On y trouve une séquence en split-screen (comme dans Carrie), un plan d'une femme sous la douche avant d'être tuée (comme dans Blow out), l'usage d'une perruque (comme dans Pulsions), des images relevant de l’imagination (comme dans Femme fatale).
Le suspens de Passion est accompagné de la musique de Pino Donaggio, son compositeur habituel. Crime d’amour apparaît du coup comme un scénario qui semble avoir été écrit pour le cinéaste qui démontre à travers Passion , une nouvelle fois, toute la sophistication formelle de son cinéma. Ni plus, ni moins.