Invité par Ecran Noir à sélectionner trois courts métrages qui l’ont particulièrement marqué au cours de sa vie, le réalisateur Sébastien Betbeder (notre parrain pour cette 3e édition du Jour le plus court) a choisi (après Mon enfance de Bill Douglas) le moyen métrage Scènes de chasse au sanglier de Claudio Pazienza.
Ce documentaire à la première personne a remporté de nombreux prix, notamment le Prix de la Création à Clermont Ferrand et le Prix spécial du jury à Nyon - Visions du Réel.
C'est lors d'une projection hors compétition au Festival de Pantin, où il lui fit une forte impression, que Sébastien betbeder l'a découvert. Il revient sur les raisons de ce deuxième choix.
« Claudio Pazienzia est un Suisse italien qui a fait plusieurs films entre documentaire et essai. Celui que j’adore, qui m’a vraiment bouleversé pour le coup, s’appelle Scènes de chasse au sanglier. C’est un film qui doit durer 45 minutes, et c’est une sorte d’essai poétique et cinématographique sur le deuil et la question très générale de ce qu’on filme et de comment on le filme. Il l’a tourné au moment de la mort de son père. Le film mélange du 16mm, de la vidéo numérique et des plans pris avec un téléphone portable.
Il y a une scène en particulier où il filme avec son portable le visage de son père mort. Avec une déclamation chuchotée de réflexions sur la nature des images, le questionnement sur ce qu’est une image. Ca n’a pas l’air, comme ça, mais c’est un film qui est très ludique aussi. Plein d’humour.
Il appelle ça Scènes de chasse au sanglier car à un moment il se promène dans une forêt avec un des amis de son père et il installe un dispositif de plusieurs caméras au cœur de la forêt. Ils sont dans l’attente du sanglier, et il y a un sanglier en animation qui arrive dans le champ. Il y a quelque chose de très poétique entre la trivialité de la chasse et cette idée de fabriquer des images. C’est un film très très beau, plein d’invention, un mélange des genres très détonnant.
Et ce que je n’ai pas dit, c’est qu’il s’auto-filme. Par exemple, quand il est avec ce vieux monsieur, c’est lui qui se filme, et parfois il s’adresse à la caméra dans un dispositif très documentaire. Il y a un côté work in progress dans son cinéma qui est très beau. »
Découvrir deux extraits du film :