En tant que président du grand jury, l'acteur Robin Renucci s'est vu confier la lourde tâche de récompenser le meilleur scénario de court métrage écrit dans le cadre du marathon d'écriture. C'est lui également qui en a inventé le sujet, mêlant une jeune Anglaise perdue dans les rues de Bourges, le Palais Jacques Coeur et une mystérieuse conductrice. Mais il a également profité de sa présence au Festival des Scénaristes pour rencontrer son public, et parler de ce qui lui tient à cœur : le partage et l'éducation populaire.
Que pensez-vous du Festival des Scénaristes ?
C'est un lieu de pratique et de partage. Or, ce qui unit les êtres humains, c'est de partager quelque chose. Souvent dans le monde, il y a ceux qui montrent et ceux à qui l'on montre. Ici, il est question de transmission de savoirs et de savoir-faire. On produit quelque chose qui n'a d'autre but que d'être partagé.
Ce qui rejoint votre intérêt pour l'éducation populaire...
Je cherche à rendre chacun à la culture. Je ne dis pas que les choses étaient mieux avant, mais j'analyse le remplacement d'un certain savoir-faire par des services payants : la société nous a privés de choses que l'on savait faire comme la mémoire, la cuisine ou le soin apporté aux morts pour nous le vendre par le biais de plats cuisinés, de téléphones qui retiennent tout à votre place ou de sociétés qui s'occupent de vos défunts. Ce qui arrive aujourd'hui, c'est une perte de désir. Nous sommes véritablement devenus des consommateurs. Moi, je crois en l'éducation à l'image ou même à la publicité. J'aime le rapport de transmission induit par l'éducation populaire, le fait que ce soit intergénérationnel.
C'est pourquoi vous vous engagez...
Je ne sais même pas comment on peut ne pas être engagé ! Je cherche tout simplement à mettre des actes sur mes mots. C'est comme cela que sont nées les Rencontres internationales de théâtre en Corse et que nous avons lancé un atelier d'écriture dans un village de montagne de la vallée du Guissani. J'ai parlé avec les gens de là-bas et je me suis rendu compte que leur plus grande peur, c'est de disparaître. Ils ont inventé une farce autour de cela, dans laquelle ils réussissent à vaincre la mort. C'est le scénario de mon premier long métrage, Sempre vivu ? Qui a dit que nous étions morts ?
Crédits photo : Alfredo Altamirano pour le Festival des Scénaristes.