Oscars 2020: l’immense sacre de Parasite

Posté par vincy, le 10 février 2020

Certains y voient la dernière cérémonie d'un monde ancien. Netflix v. Disney, la suprématie blanche, la domination masculine... Et puisqu'il n'y a plus d'animateur pour envoyer quelques flèches acides sur le manque de diversité et l'absence de femmes, c'est Janelle Monae, "fière d'être une artiste noire black", avec Billy Porter, qui, en ouvrant la cérémonie, ont changé les paroles de sa chanson "Come Alive" pour rendre hommage aux nommés. Les femmes ont aussi pris leur revanche avec le discours égalitariste d'un trio de femmes d'action - Sigourney Weaver, Gal Gadot et Brie Larson - présentant l'Oscar de la meilleure musique. Pour la première fois, le chef d'orchestre de la cérémonie était une cheffe. Et l'Oscar a récompensé une islandaise, Hildur Guðnadóttir.

Ces Oscars restent un rituel incontournable à Hollywood. Avec quelques moments de TV telle la prestation d'Eminem chantant Lose Yourself, qui n'avait pas été chantée à l'époque où le morceau avait été sacré par les Oscars. Plus insolite, Tom Hanks qui fait la promo du futur musée de l'Académie, qui s'ouvrira le 14 décembre 2020. Moqueurs, les Oscars ont osé une référence à Cats, fiasco et horreur visuelle de l'année, en déguisant James Corden et Rebel Wilson pour présenter les meilleurs effets visuels. Cats a raflé tous les Razzies Awards hier soir. Vous l'aurez compris, chacun y allait de son moment d'humour, avec plus ou moins de réussite.

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Cette année, peu de surprises sont attendues. Quelques catégories sont "ouvertes", mais en remettant les statuettes avec trois semaines d'avance, le parcours a été raccourci et, depuis les Golden Globes, un grand nombre de vainqueurs semblent désignés d'avance, raflant à chaque fois le prix, notamment chez les acteurs. On s'attend d'ailleurs à un palmarès éparpillé sur plusieurs films, sans réel favori, et à une cérémonie un peu ronronnante. Pour désigner le vainqueur, le nombre d'Oscars ne suffit pas. Pourtant, il y a eu une méga-surprise. 1917 a été snobé (trois statuettes techniques), malgré sa position de favori.

Parasite gagne par K.O. en s'inscrivant quatre fois au palmarès, dans quatre des catégories les plus prestigieuses: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur film international et meilleur scénario original.

Parasite a d'abord récolté l'Oscar du meilleur scénario original, soit le premier Oscar de l'histoire remis pour le cinéma sud-coréen, rejoignant ainsi dans cette catégorie les "étrangers" Claude Lelouch, Jane Campion et Pedro Almodovar. Le cinéaste a battu Almodovar pour l'Oscar du meilleur film international. Là encore c'est la première fois qu'un film sud-coréen était nommé dans cette catégorie. Mais avec une troisième statuette, celle du meilleur réalisateur, Bong Joon-ho, s'est inscrit dans l'histoire hollywoodienne. Apportant joie et émotion à la soirée, le réalisateur a fait applaudir Martin Scorsese et Quentin Tarantino auxquels il a rendu hommage. Mais c'est bien la Palme d'or qui a réussi son O.P.A. sur Hollywood. C'est le deuxième cinéaste asiatique, avec Ang Lee, deux fois oscarisé, à remporter le prix du meilleur réalisateur. Et c'est aussi le deuxième cinéaste à être oscarisé pour un film en langue étrangère, un an après Alfonso Cuaron et Roma. Un sacré parcours qui sacre un cinéma parmi les plus riches du monde depuis 30 ans. Il peut en effet fêter ça en buvant jusqu'au petit matin...

Historique. Ce n'était pas terminé puisque le film a finalement vaincu tous les autres, devenant le premier film en langue étrangère à remporter l'Oscar du meilleur film. Un doublé Palme d'or-Oscar jamais vu depuis Marty, de Delbert Mann, palmé en 1955 et oscarisé en 1956. C'est aussi la première fois qu'un film récompensé dans la catégorie meilleur film international fait la pair avec la catégorie du meilleur film. Pour sa première fois aux Oscars, le cinéma coréen a fait plier Hollywood, déboutant 1917, Tarantino et Scorsese.

Après trois nominations aux Oscars, un prix d'interprétation à Venise et un autre à Cannes, Joaquin Phoenix l'a finalement gagné. Et a délivré un discours engagé sur la lutte contre les dominants, critiquant l'égocentrisme, la désunion des peuples, la destruction de la nature. "Je pense qu'on a peur du changement" a-t-il expliqué, espérant plutôt que la créativité des humains l'emporte. Il a terminé son discours au bord des larmes en citant son défunt frère River Phoenix, et en lançant un de ses conseils bien-être, "Cours après l'amour". L'excès et les névroses payent. Les transformations aussi, comme toujours.

A l'instar de Renée Zellweger qui s'est métamorphosée en Judy Garland, jusqu'à chanter ses chansons (avec brio, notons-le). Déjà deux fois nommée dans la catégorie meilleure actrice en 2002 et 2003, et oscarisée en meilleur second-rôle il y a seize ans, c'est un come-back époustouflant pour l'actrice, qui a dédié son prix à Garland, qui n'avait pas eu d'Oscar d'interprétation, rappelle-t-elle.

Enfin gagnante après 35 ans de carrière et deux nominations, Laura Dern apporte le premier Oscar d'interprétation de l'histoire pour un film Netflix (qui gagne aussi l'Oscar du meilleur documentaire, récompensant deux nouveaux producteurs, Barack et Michelle Obama). Là encore, on est dans un jeu très expressif.

A l'inverse, avec son minimalisme, Brad Pitt, déjà oscarisé en tant que producteur pour 12 Years a Slave, repart avec son premier Oscar d'interprétation, dans un second-rôle de premier plan. Il a fait un discours plus sage que d'habitude, ému apparemment.

Roger Deakins repart avec son deuxième Oscar, deux ans après celui de Blade Runner 2049, qui avait été une réparation après 13 nominations infructueuses. Idem pour le français Guillaume Rocheron, qui avait déjà été récompensé pour les effets visuels avec L'Odyssée de Pi en 2013. C'est d'ailleurs le seul français récompensé de la soirée. Sir Elton John reçoit aussi son deuxième Oscar de la meilleure chanson, 25 ans après "Can You Feel the Love Tonight" dans Le Roi Lion (cette année-là, John avait été nommé trois fois dans la catégorie).

Le palmarès intégral:


Meilleur film: Parasite
Meilleur réalisateur: Bong Joon-ho pour Parasite
Meilleure actrice: Renée Zellweger (Judy)
Meilleur acteur: Joaquin Phoenix (Joker)
Meilleur second-rôle féminin: Laura Dern (Marriage Story)
Meilleur second-rôle masculin: Brad Pitt (Once Upon a time in Hollywood)
Meilleur film international: Parasite de Bong Joon-ho
Meilleur long-métrage documentaire: American Factory de Julia Reichert, Steven Bognar
Meilleur court-métrage documentaire: Learning to Skateboard in a Warzone de Carol Dysinger
Meilleur long-métrage d'animation: Toy Story 4 de Josh Cooley
Meilleur court-métrage d'animation: Hair Love de Matthew A. Cherry
Meilleur scénario original: Bong Joon Ho, Jin Won Han pour Parasite
Meilleur scénario adapté: Taika Waititi pour Jojo Rabbit
Meilleure musique: Hildur Guðnadóttir pour Joker
Meilleure chanson originale: “I’m Gonna Love Me Again” de Sir Elton John et Bernie Taupin pour Rocketman
Meilleure photo: Roger Deakins pour 1917
Meilleur montage: Michael McCusker, Andrew Buckland pour Le Mans 66
Meilleurs décors: Barbara Ling et Nancy Haigh pour Once Upon a time in Hollywood
Meilleurs costumes: Jacqueline Durran pour Les filles du Dr March
Meilleurs maquillages et coiffures: Kazu Hiro, Anne Morgan, Vivian Baker pour Scandale
Meilleur montage son: Don Sylvester pour Le Mans 66
Meilleur mixage son: Mark Taylor, Stuart Wilson pour 1917
Meilleurs effets visuels: Guillaume Rocheron, Greg Butler, Dominic Tuohy pour 1917

Les acteurs votent Parasite et les producteurs choisissent 1917

Posté par vincy, le 20 janvier 2020

Les producteurs et les acteurs ont rendu leur verdict ce week-end avec leurs palmarès annuels. Dans le premier cas, la Producers Guild choisit souvent ce qui va devenir l'Oscar du meilleur film. Les producteurs avaient notamment choisit des films pas forcément favoris comme Démineurs, The Artist, 12 Years a Slave, Birdman... Ils se sont trompés en 2015 et 2016 avec The Big  Short et La La Land. Cette année les PGA ont choisi 1917 de Sam Mendès face à Joker, Once Upon a Time in Hollywood et The Irishman, les trois autres grands favoris des Oscars. Côté animation, Toy Story 4 a dominé la compétition, tandis que Apollo 11 a remporté le prix pour le documentaire. Chernobyl, Succession et Fleabag l'ont emporté pour la télévision.

Mais la compétition reste ouverte puisque les acteurs ont préféré un autre film. La Screen Actors Guild, la plus puissante avec un cinquième des votants aux Oscars, a opté pour Parasite de Bong Joon-ho, Palme d'or à Cannes. Même si, depuis Spotlight en 2015, aucun film couronné pour l'ensemble de son casting n'a été sacré par l'Oscar du meilleur film, cela donne un bon indicateur sur la compétition qui s'annonce. C'est la première fois qu'un film en langue étrangère remporte ce prix convoité. Il a aussi pu compter sur l'absence de 1917 dans cette catégorie qui comprenait Bombshell, The Irishman, Jojo Rabbit et Once Upon a Time in Hollwyood.

Plus important, il semble que les quatre comédiens récompensés hier soir soient le quatuor qu'on retrouvera le soir des Oscars, tant ils raflent tout chacun dans leur catégorie: Joaquin Phoenix (Joker) en meilleur acteur, Renee Zellweger (Judy) en meilleure actrice, Brad Pitt (Once Upon a Time in Hollywood) en meilleur second-rôle masculin et Laura Dern (Marriage Story) en meilleur second-rôle féminin. Avengers:Endgame a été distingué pour l'ensemble de ses cascadeurs.

Pour le petit écran, soulignons les victoires de Sam Rockwell et Michelle Williams pour la mini-série Fosse/Vernon, de Peter Dinklage, enfin sacré pour Game of Thrones, de Jennifer Aniston qui vaut à Apple son premier prix majeur, de Phoebe Waller-Bridge et Tony Shalhoub en comédie et surtout de la saison 3 de The Crown et de The Marvelous Mrs Maisel pour l'ensemble de leur casting.

John Lasseter réalisera Toy Story 4

Posté par vincy, le 7 novembre 2014

toy story 3On croyait John Lasseter à l'écart de la réalisation depuis qu'il a pris ses fonctions de directeur artistique dans le groupe Walt-Disney Animation-Pixar. Que nenni.

Disney-Pixar a non seulement annoncé qu'un quatrième épisode de Toy Story serait sur les écrans en 2017 (le 16 juin aux Etats-Unis), mais en plus il sera réalisé par John Lasseter, créateur et réalisateur du premier (et du deuxième) opus des aventures de Woody et Buzz L'éclair. Toy Story 1 était le premier long métrage de Pixar, en 1995, et le premier film d'animation entièrement réalisé par ordinateur.

Dans un communiqué du groupe, Lasseter explique: « Nous adorons ces personnages, ils font partie de la famille. C’est pour cela que nous ne ferons rien avec eux qui ne soit au moins aussi bien, si ce n’est mieux, que ce qui a déjà été fait. Toy Story 3 achevait si parfaitement l’histoire de Buzz et Woody avec Andy que pendant longtemps, nous n’avons pas même songé à une suite potentielle. Mais Andrew, Pete, Lee et moi avons eu une toute nouvelle idée, de celles qu’on n’arrive plus à oublier une fois qu’elles ont pointé le nez… Je la trouve passionnante. Je sentais qu’il fallait absolument que l’on fasse ce film et que j’en sois le réalisateur ! »

Toy Story 4 a été scénarisé par Rashida Jones et Will McCormack, auteurs du film Celeste & Jesse Forever, d'après une histoire imaginée par l'équipe d'origine: John Lasseter, Andrew Stanton, Pete Docter et Lee Unkrich. Tom Hanks et Tim Allen, les voix respectives du cow boy et de l'astronaute, continueront leur collaboration.

On ne sait pas grand chose du pitch, hormis que ce quatrième film ouvrira un nouveau chapitre dans la vie des personnages.

La saga Toy Story a rapporté près de 2 milliards de recettes dans le monde dans les cinémas (il faudrait ajouter les droits TV, les ventes vidéos et les produits dérivés). Le troisième épisode a rapporté à lui seul plus de 1 milliard de $. Il est l'un des 100 films les plus vus depuis la seconde guerre mondiale aux Etats-Unis, la 13ème recette historique dans le pays et dans le monde. C'est le film d'animation le plus lucratif de Pixar mais aussi le 2ème film d'animation le plus lucratif aux Etats-Unis, après Shrek 2.

John Lasseter a réalisé les deux premiers Toy Story mais aussi 1001 pattes (A Bug's Life) en 1998 et les deux épisodes de Cars. Toy Story 4 marquera son retour à la réalisation après six ans de hiatus (Cars 2, 2011).

Pixar sortira son prochain film en juin 2015 (Inside Out) avant The Good Dinosaur dans un an et Finding Dory en juin 2016. Planifiées également les suites de Cars et des Indestructibles (lire notre actualité du 20 mars 2014)