[On va tous au cinéma] Milla (2 décembre)

Posté par redaction, le 29 juin 2020

Le pitch: Milla n’est pas une adolescente comme les autres. Pour la première fois, elle tombe amoureuse, mais d'un jeune dealer. C’est toute sa vie et celle de son entourage qui s’en retrouvent bouleversées. Le pire cauchemar pour ses parents survient.

Le cast: Réalisé par Shannon Murphy, avec Toby Wallace, Eliza Scanlen, Michelle Lotters et Ben Mendelsohn.

L'atout: Meilleur espoir au festival de Venise et meilleur acteur à celui de Marrakech pour Toby Wallace, mention spéciale à Zurich, prix de la jeunesse à Luxembourg, et prix du meilleur premier film à Palm Springs et à Sao Paulo, Milla (Babyteeth à l'origine) a conquis la planète festivalière. Ce premier film bénéficie non seulement d'un bon buzz mais aussi d'une esthétique qui le distingue des films du genre, porté par des comédiens qu'il faudra suivre. A commencer par Eliza Scanlen, remarquée dans les filles du Docteur March et qu'on retrouvera chez M. Night Shyamalan ou encore dans un thriller avec Robert Pattinson.

Sami Bouajila (Un fils): « Dès la première lecture, j’ai vu que c’était une perle »

Posté par vincy, le 24 juin 2020

Sami Bouajila, primé à Cannes en 2006 et césarisé en 2008, est à l'affiche de La terre et le sang (sur Netflix) et d'Un fils de Mehdi Barsoui, pour lequel il a reçu le prix du meilleur acteur à Venise dans la section Orrizonti. Un fils ressort en salles cette semaine, après un début de carrière prometteur interrompu par le confinement et la fermeture des cinémas. Film bouleversant, subtil et sensible, Un fils est l'histoire d'une famille tunisienne moderne et privilégiée. Mais lors d'un week-end dans le sud du pays, Farès, Meriem et Aziz sont pris pour cible par un groupe terroriste et le jeune garçon est grièvement blessé... Il doit subir une greffe en urgence pour être sauvé.

Avec un scénario solide qui vire vers le thriller politique, avec une dose de pardon et de filiation pour lui donner une tonalité plus universelle, ce drame jamais sirupeux mais très maîtrisé, est un premier film plus que prometteur, confirmant la nouvelle vague du cinéma tunisien.

Nous avions rencontré l'acteur lors du festival de Dinard, où il était membre du jury.

Ecran Noir: Comment est arrivé Un fils?

Sami Bouajila : Le cinéaste a écrit en pensant à moi, il m’a envoyé le scénario. Dès la première lecture, j’ai vu que c’était une perle. Et après la rencontre n’a fait que confirmer mon sentiment. J’ai eu à affaire à un cinéaste comme j’aime, surtout pour un premier film : inspiré, une grande acuité, une belle direction, une écriture très épurée. Nos deux personnages sont aussi en perdition dans des espaces de westerns, déserts. C »était super. Le rôle était magnifique, assez emblématique, parce que partagé, traversé par plein de choses. Ce personnage fonctionnait en duo avec ma partenaire (Najla Ben Abdallah, ndlr). C’était passionnant.

Cela change-t-il quelque chose qu'il soit tunisien?

Sa nationalité n’a rien à voir. Il me fait penser à Bentoumi, Kechiche ou Desplechin. Il faut voir l'artiste comme un artiste. Il faut sortir des cloisons. Le cinéma comme la musique sont universels. J’aime les rôles qui me sont proposés. Je voudrais juste faire la même chose avec plus d'ampleur. J'aime rencontrer des cinéastes étrangers, des auteurs français. J'aime les personnages qui ont des choses à dire, des choses à défendre, qui ont un point de vue et un regard qui surprend.

Qu'entendez-vous par "plus d'ampleur"?

Donner de l’ampleur, c’est comme pour un tableau. On commence quelque chose et puis, le tableau   la dimension qu'on veut bien lui donner. Il n’y a pas de fin dans ce métier-là Je me suis inscris sur la longueur. Ça ne peut-être qu’empirique.

Avec une carrière qui a près de trente ans, est-ce que les propositions évoluent?

Ce sont les projets qui me choisissent. Avec le temps, comme vous le dites si bien, il y a une évidence qui se fait. Et du coup j’acquiers une certaine sérénité, et les choses sont encore plus évidentes. J'ai le sentiment de ne faire que commencer, à maîtriser mon instrument. Ce que vous dîtes, je l’ai initié assez tôt. Faire attention de ne pas me retrouver, cantonné, prisonnier dans un seul registre. Après, je n’ai fait que cultiver cette chose-là. Ce que j'essaie de dire, c'est que j'ai l'impression d'atteindre un âge de maturité en tant que personne. Je pense que dans mon travail, je le ressens ainsi.

Mais depuis Indigènes en 2006, et votre prix d'interprétation collectif à Cannes (partagé avec Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem et Bernard Blancan), on a quand même le sentiment que l'ouverture aux acteurs issus de minorités visibles commence seulement?

Vous venez de le dire… je finis vos phrase : qui commence seulement. Ça rejoint ce que je vous disais sur la sérénité.  L’inconscient collectif, notre inconscient collectif à tous, était mûr pour recevoir ce qui se disait dans ce film-là. Ça a déclenché quelque chose dans ce sens là. J’adore mon parcours maintenant et je pense que Roschdy (Zem) pense la même chose. Je n’envie plus les autres. J'aime mon artisanat. J'aime ma place, mes projets. Je crois qu’on écrit une belle histoire du cinéma français.

Quels sont vos projets?

Je viens de finir le film de Farid Bentoumi qui s’appelle Rouge (avec Zita Hanrot et Céline Sallette, en salles le 20 octobre, en sélection à Cannes 2020, ndlr). C'est un petit clin d'œil, en toute modestie, à Ken Loach. J’ai eu affaire encore une fois à un réalisateur en place en phase avec lui-même, avec des sujets qui lui tiennent très fort à cœur, qui viennent de loin.

Et la réalisation, vous y pensez?

Plusieurs tentatives ont avorté. Mais j’ai une idée qui m’accompagne depuis longtemps et je vais enfin la réaliser. J’ai trouvé l’auteur avec qui l’écrire. Ça aurait mis du temps à s’accoucher mais ça va s’accoucher.

[On va tous au cinéma] The Perfect Candidate (12 août)

Posté par redaction, le 8 juin 2020

Le pitch: Maryam est médecin dans la clinique d'une petite ville d'Arabie saoudite.Alors qu'elle veut se rendre à Riyad pour candidater à un poste de chirurgien dans un grand hôpital, elle se voit refuser le droit de prendre l’avion. Célibataire, il lui faut une autorisation à jour signée de son père, malheureusement absent. Révoltée par cette interdiction de voyager, elle décide de se présenter aux élections municipales de sa ville. Mais comment une femme peut-elle faire campagne dans ce pays ?

Le cast: Réalisé par Haifaa Al Mansour, avec Mila Alzahrani, Nourah Al Awad, Khalid Abdulrhim

L'atout: en compétition à Venise l'an dernier, le film est signée de la première cinéaste saoudienne, déjà auteure du très remarqué Wadjda il y a sept ans. Une fois de plus elle s'attaque aux inégalités homme-femme et aux injustices qui frappent les saoudiennes.

Et si on regardait… les films primés aux prix David di Donatello

Posté par vincy, le 10 mai 2020

Vendredi soir, l'Italie célébrait son cinéma avec ses César, les Donatello. Une manière de se réconforter alors que le pays a subit plus de 30000 décès liés a Covid-19. Le cinéma italien avait vécu l'une de ses plus belles années en 2019.

Le traitre. En vidéo à la demande. Injustement oublié au palmarès cannois l'an dernier, le drame de Marco Bellocchio a raflé les prix du meilleur film, réalisateur, scénario, acteur (Pierfrancisco Favino), second-rôle masculin, (Luigi Lo Cascio) et montage. Autant dire que le film est reparti grand vainqueur de la soirée.

Martin Eden. Récompensé à Venise avec le prix du meilleur acteur, le film a reçu le prix du meilleur scénario adapté, mérité tant le travail de transposition du roman de Jack London est impressionnant.

Il primo re. Prix de la meilleure production, de la meilleure image et du meilleur son, le film de Matteo Rovere, sur les origines de Rome et en latin, est disponible sur OCS depuis le 4 mai.

5 est le numéro parfait. Ce thriller / film noir d'Igort a valu à Valeria Golino son 3e Donatello (sur 22 nominations toutes catégories confondues). Elle était aussi nommée en tant que meilleure actrice pour Tutto il mio folle amore. Adapté de la BD du réalisateur, avec Toni Servillo dans le rôle d'un tueur à gage décidé à tout flinguer, le film est disponible en vidéo à la demande.

Pinocchio de Matteo Garrone est reparti avec les prix des meilleurs décors, costumes, effets spéciaux, coiffures et maquillages. Le film devait sortir en salles en France. On ne peut finalement le voir que sur Amazon Prime Video.

Quelques film lauréats ne sont pas encore visibles. Bangla de Phaim Bhuiyan, prix du meilleur nouveau réalisateur. Le film est sorti en janvier en France. Et La dea fortuna de Ferzan Ozpetek. Jasmine Trinca a remporté son 2e Donatello de la meilleure actrice. Le film a aussi été récompensé pour la chanson originale. Pas de sortie prévue en France pour l'instant. On ne peut pas non plus voir Inverno, de Giulio Mastromauro, prix du meilleur court métrage, Mio fratello rincorre i dinosauri, de Stefano Cipani, Prix de la jeunesse ou Il primo Natale, de Ficarra et Picone, Prix du public.

Enfin, Parasite, prix du Meilleur film étranger. Plus besoin de vous présenter la Palme d'or. Visible en vidéo à la demande évidemment. Le film aura décidément tout rafler cette année dans le monde entier.

César 2020: « Les Misérables » triomphe

Posté par vincy, le 28 février 2020

Florence Foresti a ouvert cette cérémonie pas comme les autres, avec Tchéky Karyo, qui ne s'est pas "rasé depuis Nikita". La 45e cérémonie des "connards, euh des César" a commencé avec un film court où elle parodie le Joker, personnage qui, rappelons-le, tente de faire rire en se croyant fait pour le stand-up.

Comme quoi le cinéma américain est toujours plus inspirant pour les ouvertures de cette soirée annuelle. Mais il fallait bien chauffer la salle depuis que ces César étaient menacés de gel. "Ça va la diversité? Vous vous êtes crus à la MJC de Bobigny. ici, c'est l'élite, on dégage".  Une polémique de moins. "Je suis très heureuse d'être là... enfin non... je suis très courageuse. Elle a bien choisi son année pour revenir la Foresti", balance-t-elle. "On est sur du rire bio".

Brillante, évidemment, elle s'est moquée de l'époque avec son autodérision habituelle (blackface et salut nazi): "Il semblerait que je sois blanche, hétéro, d'héritage chrétien. C'est pas grave!" Mais évidemment on l'attendait sur J'accuse -" douze moments où on va avoir un souci". Et elle s'en est bien sortie, avouons-le. Piquant avec humour Céline Sciamma et son équipe à 80% féminine, loin des objectifs du collectif 50/50. Du coronavirus à la bite de Benjamin Griveaux, toute l'actu y est passée pendant la cérémonie. Jusqu'à se payer l'Académie: "Y a plus de patron, c'est pas une intérim qui va m'arrêter". Jusqu'à rencontrer Isabelle Adjani dans un sketch filmé. Rappelons que Foresti avait fait il y a 5 ans une parodie de la star qui est devenue culte. Et Adjani de jouer les fausses folles, reprenant ainsi le sketch télévisuel de Foresti.

Sandrine Kiberlain a alors ouvert la soirée en tant que présidente. "Heureuse et touchée" d'être présidente de cette cérémonie, "la dernière d'une époque, la première d'une nouvelle", elle a pesé chacun de ses mots et clamé un discours résolument féministe. Un discours très social aussi  "Je crois profondément aux vertus de la crise" affirme-t-elle, citant Victor Hugo, mai 68, mais aussi des films oubliés par les nominations comme Les invisibles, C'est ça l'amour et Tu mérites un amour. Classe.

Moins convaincants, les discours des remettants, trop insistants, maladroits, parfois lourds ou plombants (on ne le dira jamais assez: l'écriture est le parent pauvre du cinéma), ou alors complètement insipides. Dommage parce que ça allait dans le bon sens de l'inclusion et de la diversité. Au final, beaucoup d'intermèdes étaient trop longs et assez vains. Il a fallu attendre deux heures et demi pour passer aux catégories reines. Imaginez notre supplice. Heureusement, il y a eu le bel hommage à Agnès Varda, en chanson, en voix et en images.

La diversité, l'égalité et la mixité étaient pourtant sur scène, notamment avec beaucoup de femmes lauréates (y compris dans les métiers techniques). Les remettants, bien sûr, mais aussi du côté des lauréats avec la belle double victoire Papicha. Ce n'est pas la seule réalisatrice couronnée puisque Yolande Zauberman a été primée côté documentaires, succédant à Agnès Varda et Mélanie Laurent dans cette catégorie essentiellement masculine. Et le court métrage a récompensé une co-réalisatrice (Lauriane Escaffre).
Avec sa nouvelle règle, le César du public a échappé à Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu?, champion du box office, au profit des Misérables de Ladj Ly.

C'est une fois de plus le festival de Cannes qui cartonne avec J'ai perdu mon corps, La belle époque, Roubaix une lumière, Portrait de la jeune fille en feu, Parasite, Alice et le maire, Les Misérables et Papicha parmi les vainqueurs. Il n'y a pas eu de vrais perdants parmi les multi-nommés. C'est même plutôt un palmarès plutôt équilibré. Et de Roschdy Zem à Anaïs Demoustier en passant par Fanny Ardant et Swann Arlaud, les remerciements étaient beaux, les prix mérités.

Mais c'est bien Roman Polanski, récompensé personnellement par deux César dont celui de la réalisation, qui aura fait un bras d'honneur à tous.  On aurait tellement aimé, pour le symbole, que Céline Sciamma, soit distinguée. Les professionnels ont finalement fait de la résistance en séparant l'homme de l'artiste. Mais c'est quand même une provocation ce César pour Polanski (certes pas le premier). Un "symbole mauvais" comme anticipait le ministre de la Cuture. Adèle Haenel en a quitté la salle. Elle qui a tout bousculé, ouvert la voie, donner de la voix aux femmes, aura finalement été humiliée par les votants de l'Académie. D'autres personnes, dont Céline Sciamma, la suivent en criant "Quelle honte !". Un silence glacial paralyse la salle. Florence Foresti balance un "écoeurée" sur Instagram.

Heureusement, le seul vainqueur est un premier film venue de la banlieue, métissé et certes très masculin. Les Misérables, et son petit budget, a été récompensé quatre fois et sacré par le prix meilleur film. Le cinéma français, terre de contrastes et de contradictions...

Palmarès

César du meilleur film : Les Misérables
César de la meilleure réalisation : Roman Polanski pour J'accuse
César du meilleur premier film : Papicha de Mounia Meddour
César du film d'animation (long métrage) : J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin
César du film d'animation (court métrage) : La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel
César du meilleur film documentaire : M de Yolande Zauberman
César du meilleur court métrage : Pile poil de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller
César du public : Les Misérables
César du meilleur film étranger : Parasite de Bong Joon-ho

César de la meilleure actrice : Anaïs Demoustier dans Alice et le maire
César du meilleur acteur : Roschdy Zem dans Roubaix, une lumière
César du meilleur second-rôle féminin : Fanny Ardant dans La belle époque
César du meilleur second-rôle masculin : Swann Arlaud dans Grâce à Dieu
César du meilleur espoir féminin: Lyna Khoudri dans Papicha
César du meilleur espoir masculin: Alexis Manenti dans Les Misérables

César du meilleur scénario original : Nicolas Bedos pour La belle époque
César de la meilleure adaptation: Roman Polanski et Robert Harris pour J'accuse, d'après le roman D. de Robert Harris
César de la meilleure musique : Dan Levy pour J'ai perdu mon corps
César de la meilleure photo : Claire Mathon pour Portrait de la jeune fille en feu
César du meilleur montage : Flora Volpelière pour Les Misérables
César des meilleurs décors: Stéphane Rozenbaum pour La belle époque
César des meilleurs costumes: Pascaline Chavanne pour J'accuse
César du meilleur son : Nicolas Cantin, Thomas Desjonquières, Raphaël Mouterde, Olivier Goinard et Randy Thom pour Le Chant du loup

César 2020 : de Polanski à Sciamma

Posté par kristofy, le 28 février 2020

Pas de César d'honneur. Un réalisateur révolté contre un changement de règle (Philippe de Chauveron, qui concoure pour le César du public) et qui décide de boycotter la soirée. Des polémiques à foison du côté des révélations, des finances, des règlements. Une présidente intérimaire tout juste nommée. Une humoriste qui a de quoi ne pas se louper. Une présidente - Sandrine Kiberlain - piégée dans la pire année. Une diffusion en différé pour éviter les couacs en direct. Les César sont trainés dans la boue depuis deux mois. Année zéro ou année de transition: les révélations sur la cuisine des César ont fini par nous en désintéresser.

J'accuse absent de la salle Pleyel

Mais le ministre de la Culture, Franck Riester, a remis une pièce dans le juke-box hier. Un peu tard pour influencer les votes, autant dire inutile, il a déclaré qu'un César pour Roman Polanski serait un "symbole mauvais". Ispo Facto, Alan Goldman, producteur de J'accuse, de Roman Polanski, en tête avec 12 nominations, a déclaré cette après midi qu'aucun membre de l'équipe du film ne viendrait ce soir. Après tout, pourquoi aller à une soirée où on va se faire conspuer, même si les professionnels de la profession ont voté pour que J'accuse apparaisse dans 12 catégories...

Petit rappel. Voici la présentation de l'Académie des César : « La gloire vient à un film de cinéma de trois manières : par le plaisir du public (les entrées en salles, les achats vidéo, les audiences télévisées), par les faveurs de la critique (les médias et les festivals), et par la reconnaissance des professionnels de l’industrie cinématographique (les Académies nationales de cinéma). L’Académie des Arts et Techniques du Cinéma, usuellement appelée l’Académie des César, est l'institution qui, en France, organise cette troisième voie de distinction cinématographique, dédiée aux films et aux personnes qui les font. Elle est composée de plus de 4700 membres qui vont chaque année distinguer par leurs votes les artistes, les techniciens et les films qui leur ont paru les plus remarquables, en leur décernant un trophée appelé "César". »

Recevoir des nominations ou recevoir un César est bel est bien une récompense qui symbolise la reconnaissance des professionnels de l’industrie cinématographique pour une oeuvre ou l'un des membres qui y a participé.

C'est donc uniquement cette reconnaissance qui est mise en lumière ce soir, alors que les César sont trainés dans la boue depuis deux mois.

Nominations légitimes?

Les 12 nominations pour le film J'accuse de Roman Polanski ont pour seule valeur de saluer le travail artistique réalisé sur ce film, et ces nominations concernent la musique, les décors, les costumes, les acteurs... Ainsi il n'y a pas du tout 12 nominations pour Polanski. En fait, il y en a seulement 3 (meilleur réalisateur, meilleur adaptation pour le scénario partagée avec le romancier Robert Harris, et meilleur film partagée avec le producteur Alain Goldman). Il n'y a donc qu'une seule nomination qui concerne pleinement Roman Polanski, celle de meilleur réalisateur. Et vu le contexte, on parierait presque que le film reparte bredouille.

Et cette nomination n'est pas absurde. Son film J'accuse a déjà été récompensé deux fois : Un grand prix du jury au Festival de Venise, avec une présidente du jury féministe argentine, et un Prix Lumières décerné par la presse internationale dans la catégorie réalisateur. Ni tribunal, ni défenseur de l'ordre moral, les César n'ont pas vocation à envoyer un message particulier hormis saluer un talent artistique pour une œuvre spécifique.

L'avis d'Adèle

Les nominations aux César de J'accuse sont indépendantes du passé judiciaire de Roman Polanski, mais c'est pourtant la cause de la polémique actuelle. Les violences faites aux femmes en écho au mouvement #MeToo aux Etats-Unis se cristallisent en France, en particulier par les différentes prises de parole de l'actrice Adèle Haenel.

Elle s'est exprimée sur le sujet, sur son expérience personnelle (avec un autre réalisateur mis en cause) à trois moments.

Octobre 2019 : le film J'accuse de Roman Polanski est projeté au festival de La Roche-sur-Yon. Invitée à la manifestation, Adèle Haenel demande à y organiser un débat sur 'la culture du viol' et sur la notion de 'différence entre l'homme et l'artiste' pour accompagner la séance.

Novembre 2019 : Adèle Haenel livre un témoignage de son expérience (sur le site Mediapart) et provoque un débat national. « Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. On n'est pas là pour les éliminer, mais pour les faire changer » dit-elle à propos du viol.

Février 2020 : Adèle Haenel radicalise son propos dans une interview au New York Times avec cette sortie liée aux César « Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, ‘ce n’est pas si grave de violer des femmes’ ».

Il y a certes plein de choses à revoir et cela est déjà en cours de réflexion avec une nouvelle direction et des nouveaux statuts pour l'Académie des César: les règles et accès aux nominations, les oublis incompréhensibles qu'il faut éviter, le manque de diversité, le choix du César d'honneur, des catégories à revoir (animation, film étranger), etc...

Mais cette année, soyons objectifs, il y a eu principalement quatre films français qui ont été reconnus pour leur impact en France et à l'international : Grâce à Dieu de François Ozon, Grand prix à Berlin; Portrait de la jeune fille en feu de Céline Siamma (avec donc Adèle Haenel), prix du scénario à Cannes; Les Misérables de Ladj Ly, prix du jury à Cannes; et J'accuse de Roman Polanski, Grand prix du jury à Venise.

Ethique variable

C'est logique que ces films aient autant de nominations (respectivement 8, 10, 11 et 12) dans la plupart des catégories artistiques. Le casier judiciaire de Roman Polanski et celui de Ladj Ly deviennent pour certains un motif de protestation contre ces nominations : une 'bonne moralité' devrait-elle être exigée avant une reconnaissance d'un travail artistique sur un film ? Si le critère du casier judiciaire est retenu, on pourrait alors en inventorier d'autres : domiciliation fiscale hors de France, consommation de drogue, opération de chirurgie esthétique, contrat publicitaire avec une marque de luxe qui pollue et exploite des enfants ailleurs dans le monde..., et il n'y aurait plus beaucoup d'actrices et d'acteurs qui pourraient alors recevoir une nomination !

Est-ce que l’avenir des César est d'exclure des gens (Polanski comme d’autres) sur des critères de moralité ? Le défi est bel et bien celui d'une meilleure inclusion et d'une meilleure représentativité des femmes et autres minorités (le racisme et l'homophobie sont aussi des sujets à évoquer) dans le cinéma français. Bref, les César gagneraient à rendre visible les invisibles. En cela, les tribunes, prises de paroles qui vont dans ce sens sont le bienvenues. Et les protestations qui auront lieu le 28 février en dehors et dans la salle Pleyel ne sont pas à moquer.

Mais on espère que ce qui rassemblera un jour ces familles du cinéma fracturées sera plus artistique que politique. Si les César déçoivent c'est avant tout pour le manque d'audace des votants à choisir des films moins formatés.

Portraits de la jeune fille en feu et de la jeune fille et la mort

Ainsi on imaginerait bien une rencontre autour du 7e art entre Céline Siamma et Roman Polanski. À travers des personnages féminins forts dans les films de Roman Polanski (Repulsion, Rosemary's baby, Tess, La jeune fille et la mort, qui d'ailleurs forment une condamnation de l'acte de viol et parlent de ce traumatisme), il y a une discussion à avoir sur la représentation de la femme à l'écran.

La dernière séquence de Portrait de la jeune fille en feu de Céline Siamma montre Noémie Merlant dans une salle de spectacle qui observe en hauteur Adèle Haenel qu'elle avait aimée, un regard lourd de sens puisque ici les convenances de la société patriarcale ont gagné contre elles (le féminisme a perdu, temporairement).

La dernière séquence qui termine La jeune fille et la mort de Roman Polanski est identique : Sigourney Weaver dans une salle spectacle observe en hauteur Ben Kingsley, qui avait reconnu l'avoir violée et torturée. Un regard lourd de sens puisque ici elle ne s’est pas vengée en tuant son bourreau ni en détruisant sa famille (#MeToo nait en fait dans ce film de Polanski).

Etonnant mais vrai, Céline Sciamma a donc mis en scène une fin de film de la même manière que Roman Polanski 20 ans avant elle : il y a déjà une amorce de dialogue de cinéma entre eux. Ce qui n'empêche pas d'avoir sa propre opinion sur le réalisateur. Le reste, et Adèle Haenel l'a très bien compris, est une affaire de justice. Quiconque est accusé doit être jugé et pouvoir se défendre. C'est un Etat de droit. Ce n'est pas l'Académie des César.

César 2020: J’accuse, Les Misérables, La belle époque et Portrait de la jeune fille en feu en tête des nominations

Posté par vincy, le 29 janvier 2020

Florence Foresti sera la maîtresse de la 45e cérémonie des César, qui aura lieu le 28 février à la salle Pleyel et sera retransmise en direct et en clair sur Canal+. Sandrine Kiberlain présidera la cérémonie. Et l'affiche rend hommage à Anna Karina.

Les favoris des prochains César sont quatre : 12 nominations pour J'accuse, 11 ex aequo pour Les misérables et La belle époque et 10 pour Portrait de la jeune fille en feu. Notons quand même que Grâce à Dieu et Hors Normes cumulent 8 nominations et Roubaix, une lumière 7. Autant dire qu'il faut s'attendre à un palmarès façon puzzle, sans véritable vainqueur au final.

Meilleur film
La belle époque
Grâce à Dieu
Hors normes
J'accuse
Les misérables
Portrait de la jeune fille en feu
Roubaix, une lumière

Meilleure réalisation
Nicolas Bedos - La belle époque
François Ozon - Grâce à Dieu
Eric Tolédano, Olivier Nakache - Hors normes
Roman Polanski - J'accuse
Ladj Ly - Les misérables
Céline Sciamma - Portrait de la jeune fille en feu
Arnaud Desplechin - Roubaix, une lumière

Meilleure actrice
Anais Demoustier dans Alice et le maire
Eva Green dans Proxima
Adèle Haenel dans Portrait de la jeune fille en feu
Noémie Merlant dans Portrait de la jeune fille en feu
Doria Tillier dans La belle époque
Karin Viard dans Chanson douce
Chiara Mastroinanni dans Chambre 212

Meilleur acteur
Daniel Auteuil dans La belle époque
Damien Bonnard dans Les misérables
Vincent Cassel dans Hors normes
Jean Dujardin dans J'accuse
Reda Kateb dans Hors normes
Melvil Poupaud dans Grâce à Dieu
Roschdy Zem dans Roubaix, une lumière

Meilleure actrice dans un second rôle
Fanny Ardant  dans La belle époque
Josiane Balasko dans Grâce à Dieu
Laure Calamy dans Seules les bêtes
Sara Forestier dans Roubaix une lumière
Hélène Vincent dans Hors normes

Meilleur acteur dans un second rôle
Swann Arlaud dans Grâce à dieu
Grégory Gadebois dans J'accuse
Louis Garrel dans J'accuse
Benjamin Lavernhe dans Mon inconnue
Denis Ménochet dans Grâce à dieu

Meilleur espoir féminin
Céleste Brunnquell dans Les Eblouis
Lyna Khoudri dans Papicha
Luàna Bajrami dans Portrait de la jeune fille en feu
Nina Meurisse dans Camille
Mama Sané dans Atlantique

Meilleur espoir masculin
Anthony Bajon dans Au nom de la terre
Benjamin Lesieur Hors normes
Alexis Manenti Les misérables
Liam Pierron La vie scolaire
Djebril Zonga Les misérables

Meilleur premier film
Atlantique de Mati Diop
Au nom de la terre de Edouard Bergeon
Le chant du loup d'Antonin Baudry
Les misérables de Ladj Ly
Papicha de Mounia Meddour

Meilleur film étranger
Douleur et gloire de Pedro Almodovar
Le jeune Admed de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Joker de Todd Philips
Lola vers la mer de Laurent Micheli
Once upon a time in Hollywood de Quentin Tarantino
Parasite de Bong Joon-Ho
Le traitre de Marco Bellocchio

Meilleur film documentaire
68, mon père et les cloux de Samuel Biguiaoui
La cordillière des songes de Patricio Guzman
Lourdes de Thierr Demaizière et Alban Teurlay
M de Yolande Zauberman
Wonder boy Olivier Rousteing, né sous X de Anissa Bonnefont

Meilleur film d'animation

Long métrage animation
La fameuse Invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti
Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

Court métrage animation

Ce magnifique gâteau
Je sors acheter des cigarettes
Make it soul
La nuit des sacs plastiques

Meilleur court métrage
Chien bleu de Fanny Liatard, Jérémy Trouilh
Beautiful loser de Maxime Roy
Le chant d'Ahmed de Foued Mansour
Netfa football club de Yves Piat
Pile poil de Lauriane Escaffre, Yvonnick Muller

Meilleur scénario original
Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu
François Ozon pour Grâce à Dieu
Nicolas Bedos pour La belle époque
Eric Tolédano, Olivier Nakache pour Hors normes
Ladj Ly, Giordano Gederlini, Alexis Manenti pour Les misérables

Meilleure adaptation
Costa Gavras - Adults in the room
Roman Polanski, Robert Harris - J'accuse
Jérémy Clapin, Guillaume Laurant - J'ai perdu mon corps
Arnaud Desplechin, Léa Mysius - Roubaix une lumière
Dominik Moll, Gilles Marchand - Seules les bêtes

Meilleure musique originale
Alexandre Desplat pour J'accuse
Fatima Al Qadiri pour Atlantique
Dan Lévy pour J'ai perdu mon corps
Marco Casanova, Kim chapiron pour Les misérables
Grégoire Hetzel pour Roubaix, une lumière

Meilleure image
Nicolas Bolduc pour La Belle époque
Pawel Edelman pour J'accuse
Julien Poupard pour Les Misérables
Claire Mathon pour Portrait de la jeune fille en feu
Irina Lubtchansky pour Roubaix, une lumière

Meilleur montage
La belle époque
Grâce à dieu
Hors normes
J'accuse
Les misérables

Meilleur son
La belle époque
Le chant du loup
J'accuse
Les misérables
Portrait de la jeune fille en feu

Meilleurs costumes
La belle époque
Edmond
J'accuse
Jeanne
Portrait de la jeune fille en feu

Meilleurs décors
La belle époque
Le chant du loup
Edmond
J’accuse
Portrait de la jeune fille en feu

Les acteurs votent Parasite et les producteurs choisissent 1917

Posté par vincy, le 20 janvier 2020

Les producteurs et les acteurs ont rendu leur verdict ce week-end avec leurs palmarès annuels. Dans le premier cas, la Producers Guild choisit souvent ce qui va devenir l'Oscar du meilleur film. Les producteurs avaient notamment choisit des films pas forcément favoris comme Démineurs, The Artist, 12 Years a Slave, Birdman... Ils se sont trompés en 2015 et 2016 avec The Big  Short et La La Land. Cette année les PGA ont choisi 1917 de Sam Mendès face à Joker, Once Upon a Time in Hollywood et The Irishman, les trois autres grands favoris des Oscars. Côté animation, Toy Story 4 a dominé la compétition, tandis que Apollo 11 a remporté le prix pour le documentaire. Chernobyl, Succession et Fleabag l'ont emporté pour la télévision.

Mais la compétition reste ouverte puisque les acteurs ont préféré un autre film. La Screen Actors Guild, la plus puissante avec un cinquième des votants aux Oscars, a opté pour Parasite de Bong Joon-ho, Palme d'or à Cannes. Même si, depuis Spotlight en 2015, aucun film couronné pour l'ensemble de son casting n'a été sacré par l'Oscar du meilleur film, cela donne un bon indicateur sur la compétition qui s'annonce. C'est la première fois qu'un film en langue étrangère remporte ce prix convoité. Il a aussi pu compter sur l'absence de 1917 dans cette catégorie qui comprenait Bombshell, The Irishman, Jojo Rabbit et Once Upon a Time in Hollwyood.

Plus important, il semble que les quatre comédiens récompensés hier soir soient le quatuor qu'on retrouvera le soir des Oscars, tant ils raflent tout chacun dans leur catégorie: Joaquin Phoenix (Joker) en meilleur acteur, Renee Zellweger (Judy) en meilleure actrice, Brad Pitt (Once Upon a Time in Hollywood) en meilleur second-rôle masculin et Laura Dern (Marriage Story) en meilleur second-rôle féminin. Avengers:Endgame a été distingué pour l'ensemble de ses cascadeurs.

Pour le petit écran, soulignons les victoires de Sam Rockwell et Michelle Williams pour la mini-série Fosse/Vernon, de Peter Dinklage, enfin sacré pour Game of Thrones, de Jennifer Aniston qui vaut à Apple son premier prix majeur, de Phoebe Waller-Bridge et Tony Shalhoub en comédie et surtout de la saison 3 de The Crown et de The Marvelous Mrs Maisel pour l'ensemble de leur casting.

BAFTA 2020: 1917, seul favori britannique dans la course

Posté par redaction, le 7 janvier 2020

Les "Oscars" britanniques ont plébiscité trois productions américaines Joker, Once Upon a Time in Hollywood et The Irishman. Les Bafta, British Academy of Film and Television’s Film Awards, ont donné respectivement 11 nominations au premier et 10 nominations aux deux autres. 1917, fort de son Golden Globe du meilleur film dramatique hier, en récolte 9, alors qu'il s'agit d'une production bien plus anglaise.

Les Bafta ne sont pas à l'abri d'une polémique avec un manque de diversité flagrant tant dans les films nommés que dans leurs composantes: des films d'hommes blancs. Même du côté des acteurs, il n'y a aucune diversité. Tous blancs. Les femmes ne représentent qu'un tiers des nommés. La Palme d'or sud-coréenne Parasite semble l'arbre qui cache le désert.

Scarlett Johansson obtient une double nomination pour Marriage Story et Jojo Rabbit. Et Margot Robbie est deux fois nommée dans la même catégorie (meilleur second-rôle féminin) avec Once Upon a Time in Hollywood et Bombshell.

Notons que les Bafta ont aussi introduit une nouvelle catégorie, celle des chefs de casting.

Côté cinéma britannique, les nominations ont privilégié 1917, le documentaire Pour Sama, Rocketman, The Two Popes, Bait et Sorry We Missed You. Tandis que dans la catégorie des films en langue étrangère, Pour Sama est en compétition avec L'Adieu, Douleur et gloire, Parasite et Portrait d'une jeune fille en feu.

Résultats le 2 février pour cette 73e cérémonie qui sert d'antichambre aux Oscars et démontre un peu plus chaque année la colonisation du Royaume-Uni par Hollywood. Car dans toute cette liste, il y a majoritairement des américains.

Meilleur film
1917 ; THE IRISHMAN ; JOKER ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD ; PARASITE

Meilleur film britannique
1917 ; BAIT ; FOR SAMA ; ROCKETMAN ; SORRY WE MISSED YOU ; THE TWO POPES

Meilleur première œuvre (scénario, réalisation, production)
BAIT ; FOR SAMA ; MAIDEN ; ONLY YOU ; RETABLO

Meilleur film en langue étrangère
THE FAREWELL ; FOR SAMA ; PAIN AND GLORY ; PARASITE ; PORTRAIT OF A LADY ON FIRE

Meilleur documentaire
AMERICAN FACTORY ; APOLLO 11 ; DIEGO MARADONA ; FOR SAMA ; THE GREAT HACK

Meilleur film d'animation
FROZEN 2 ; KLAUS ; A SHAUN THE SHEEP MOVIE: FARMAGEDDON ; TOY STORY 4

Meilleur réalisateur
1917 - Sam Mendes ; THE IRISHMAN - Martin Scorsese ; JOKER - Todd Phillips ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD - Quentin Tarantino ;
PARASITE - Bong Joon-ho

Meilleur scénario
BOOKSMART ; KNIVES OUT ; MARRIAGE STORY ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD ; PARASITE

Meilleure adaptation
THE IRISHMAN ; JOJO RABBIT ; JOKER ; LITTLE WOMEN ; THE TWO POPES

Meilleure actrice
JESSIE BUCKLEY - Wild Rose ; SCARLETT JOHANSSON - Marriage Story ;SAOIRSE RONAN - Little Women ; CHARLIZE THERON - Bombshell ;
RENÉE ZELLWEGER - Judy

Meilleur acteur
LEONARDO DICAPRIO - Once Upon a Time in Hollywood ; ADAM DRIVER - Marriage Story ; TARON EGERTON - Rocketman ; JOAQUIN PHOENIX - Joker ; JONATHAN PRYCE - The Two Popes

Meilleur second-rôle féminin
LAURA DERN - Marriage Story ; SCARLETT JOHANSSON - Jojo Rabbit ; FLORENCE PUGH - Little Women ; MARGOT ROBBIE - Bombshell ;
MARGOT ROBBIE - Once Upon a Time in Hollywood

Meilleur second-rôle masculin
TOM HANKS - A Beautiful Day in the Neighborhood ; ANTHONY HOPKINS - The Two Popes ; AL PACINO - The Irishman ; JOE PESCI - The Irishman ; BRAD PITT - Once Upon a Time in Hollywood

Meilleure musique
1917 - Thomas Newman ; JOJO RABBIT - Michael Giacchino ; JOKER - Hildur Guonadóttir ; LITTLE WOMEN - Alexandre Desplat ; STAR WARS: THE RISE OF SKYWALKER - John Williams

Meilleur chef de casting
JOKER ; MARRIAGE STORY ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD ; THE PERSONAL HISTORY OF DAVID COPPERFIELD ; THE TWO POPES

Meilleure image
1917 ; THE IRISHMAN ; JOKER ; FORD V FERRARI ; THE LIGHTHOUSE

Meilleur montage
THE IRISHMAN ; JOJO RABBIT ; JOKER ; FORD V FERRARI ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD

Meilleurs décors
1917 ; THE IRISHMAN ; JOJO RABBIT ; JOKER ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD

Meilleurs costumes
THE IRISHMAN ; JOJO RABBIT ; JUDY ; LITTLE WOMEN ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD

Meilleurs maquillages et coiffures
1917 ; BOMBSHELL ; JOKER ; JUDY ; ROCKETMAN

Meilleur son
1917 ; JOKER ; FORD V FERRARI ; ROCKETMAN ; STAR WARS: THE RISE OF SKYWALKER

Meilleurs effets visuels
1917 ; AVENGERS: ENDGAME ; THE IRISHMAN ; THE LION KING ; STAR WARS: THE RISE OF SKYWALKER

Meilleur court métrage d'animation britannique
GRANDAD WAS A ROMANTIC. ; IN HER BOOTS ; THE MAGIC BOAT

Meilleur court métrage britannique
AZAAR ; GOLDFISH ; KAMALI ; LEARNING TO SKATEBOARD IN A WARZONE (IF YOU’RE A GIRL) ; THE TRAP

Prix du nouveau talent
AWKWAFINA ; KAITLYN DEVER ; KELVIN HARRISON JR. ; JACK LOWDEN ; MICHEAL WARD

[2019 dans le rétro] Le cinéma de genre en quête d’un nouveau souffle

Posté par kristofy, le 4 janvier 2020
C’était quoi le cinéma de genre en 2019 ?

L'année dernière parmi une production pléthorique au niveau international, il y avait tout de même eu une dizaine de films français notables (dont Revenge de Coralie Fargeat, La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher, La Femme la plus assassinée du monde de Franck Ribière...). Les surprises les plus fortes de 2018 en films de genre, de la SF à l'horreur, nous étaient venues en fait des plus grands cinéastes : Guillermo del Toro avec La Forme de l'eau, Steven Spielberg avec Ready player one, Lars von Trier avec The House that Jack built, la version en 3D de Détective Dee: la légende des Rois Célestes de Tsui Hark, et Ghostland du français Pascal Laugier.

Une fois ce souvenir ravivé, force est de constater que pour ce qui est des films sortis en salles en 2019, il y a toujours une belle diversité, mais beaucoup moins de succès populaire qui séduit au delà des spectateurs aficionados de sensations fortes, sauf à quelques exceptions.

Le genre sacré dans les festivals

Le succès d'estime de l'année avec un bouche-à-oreille de la part de ceux qui l'ont vu est sans doute le cauchemardesque Midsommar de Ari Aster. Même si, avec autant de buzz, on s'attendait à un succès bien plus large. Sans doute un excès de vanité et un culte peut-être trop prématuré (le film a été ressenti comme très flippant pour beaucoup, et trop long et navrant pour d'autres).

Bien évidemment on peut toujours compter sur les films coréens à sous-texte politique comme Le Gangster, le flic et l'assassin de Lee Won-tae (passé par le Festival de Cannes), billard à trois bandes efficace. L'année 2019 aura d'ailleurs été marquée par un autre succès plus extraordinaire lié au cinéma de genre mais qui dépasse ce type même de cinéma, un succès d'autant plus extraordinaire puisqu'il a déjoué n'importe quelle prédiction : il s'agit de Parasite de Bong Joon-ho qui a reçu la Palme d'or et attiré en salles par plus de 1,6 million de spectateurs en France (devenant le film à Palme d'or le plus vu depuis 15 ans et le film coréen le plus populaire de l'histoire). Tellement fédérateur, qu'il figure dans le top des favoris de l'année de tout le monde,  avec peut-être bientôt l'Oscar du meilleur film international... A cette Palme d'or, Venise a répondu par un Lion d'or à un autre film "de genre", et le sempiternel combat du Bien contre le Mal si américain, avec Joker de Todd Phillips, qui a su renouveler le film de super-héros.

Le cinéma de genre français se (re)cherche...
Il ne faut pas se le cacher: ce type de film représente un risque financier (un peu moins s'il est en langue anglaise), d'autant plus s'il est soumis à l'interdiction aux moins de 16 ans qui fait peur aux distributeurs et aux exploitants. Pourtant le public est bel et bien là comme le prouve les gros succès de certains films américains prémâchés et formatés (Ça - chapitre 2, Annabelle 3, Simetierre...).

L'embellie de l'année dernière est passée et malheureusement, en 2019, le cinéma de genre français dans les salles était quasiment invisible. Girls with balls de Olivier Afonso a connu une regrettable difficulté avec son distributeur initial et a dû être diffusé sur la plateforme Netflix. En fait, le seul film a être sorti discrètement en salles aura été Tout les dieux du ciel de Quarxx. Pour se consoler il y a eu tout de même une poignée d'autres films qui en s'approchant de certains éléments du genre sont à saluer : le sous-marin en guerre de Le Chant du Loup de Antonin Baudry, efficace, le rite vaudou de Zombi Child de Bertrand Bonello, délirant, et différentes folies meurtrières jouissives dans Le Daim de Quentin Dupieux (avec Jean Dujardin) ou dans Furie de Olivier Abbou, sans oublier le plutôt drôle Rebelles de Allan Mauduit (avec Cécile De France). On en voudrait plus... Pour se regonfler notre égo on peut se dire que le meilleur film de genre de 2018 avait été Ghostland réalisé par le français Pascal Laugier, qui a cartonné à l'international. Et il en est de même encore en 2019 (là encore tourné en langue anglaise) avec le "survival" dans une maison inondée en plein ouragan face à des alligators de Crawl de Alexandre Aja. Cela pourrait changer dans les années qui viennent depuis que le CNC a mis à disposition une aide spécifique aux films de genre. Mais il reste toujours le problème de la diffusion.

Le cinéma de genre américain capitalise ses recettes...
Au global les plus gros succès aux Etats-Unis en millions de dollars sont, comme d'habitude, des suites avec des super-héros. Le cinéma de genre est donc aussi inclus dans cette exploitation d'un univers déjà connu avec diverses suites : Godzilla 2: Roi des monstres, Retour à Zombieland, Happy Birthdead 2 You, et bien sûr Star Wars, épisode IX: l'ascension de Skywalker. Et quand on ne fait pas de suite alors on produit un reboot d'une histoire bien connue mais avec un autre acteur comme le nouveau (et raté) Hellboy de Neil Marshall, et l'ambitieux Alita: Battle Angel de Robert Rodriguez, qui espérait en faire une trilogie. Parfois le plaisir (coupable) est bien là, mais souvent bien que le spectacle soit plaisant la déception s'invite aussi.

Les grands noms ne font plus recette...
Il y a quelques années certains noms sur une affiche étaient suffisamment vendeur pour remplir les salles, un succès précédent était la promesse d'un nouveau succès, mais ce n'est clairement plus le cas. Il y a eu plusieurs résultats (à divers degrés) très en dessous des espérances des distributeurs, et surtout de celles du spectateurs. C'est le cas pour Gemini Man de Ang Lee avec Will Smith, malgré ses prouesses techniques, Glass de M. Night Shyamalan avec Bruce Willis, alors que le film remplissait son contrat, Ad Astra de James Gray avec Brad Pitt, sans doute trop métaphysique, et The Dead don't die de Jim Jarmusch avec Bill Murray, trop léger. Cette année on a frôlé l'overdose de nouvelles adaptations d'histoires de Stephen King : Doctor Sleep (la suite de Shining), Simetierre (le remake), Ça: chapitre 2 (la suite du remake). Mais King reste une valeur sûre en salles si on en croit le box office des deux derniers.

A noter toutefois que c'est avec le cinéma de genre que l'actrice noire Lupita Nyong'o regagne en popularité depuis son Oscar pour 12 Years a Slave en 2013. Après avoir reçu peu de propositions, elle a su rebondir sur le carton de Black Panther l'année dernière. Cette année, elle était l'héroïne principale de deux films fantastiques, à se battre contre des zombies dans Little monsters (récompensé du Corbeau d'or au BIFFF) et contre son double maléfique dans Us de de Jordan Peele.

Les surprises les plus rafraîchissantes...
Si les gros films, pour généraliser, n'ont pas été cette année à la hauteur des attentes, il y a eu d'autres films plus modestes qui ont été des bonnes surprises (comme chaque année d'ailleurs). Captive State de Rupert Wyat ayant connu un échec aux Etats-Unis est sorti presque inaperçu courant avril tout comme la comédie-phnéomène cultissime Ne coupez pas! du japonais Shin'ichirô Ueda, sortie très discrète aussi de Brightburn: l’enfant du mal de David Yarovesky.

C'est clairement le cinéma nordique qui renouvelle le plus le cinéma de genre, même si il est relativement ignoré, faute d'un manque de diffusion des films : Cutterhead du danois Rasmus Kloster Bro, The Quake du norvégien John Andreas Andersen, The Unthinkable du collectif suedois Crazy Pictures (sorti en dvd), et Border en Suède par le danois Ali Abbasi sorti en salles début janvier 2019 (après une récompense au Festival de Cannes 2018). N'oublions pas le norvégien André Øvredal, qui a réalisé aux Etats-Unis Scary Stories (co-scénarisé par Guillermo Del Toro).

Pour conclure, finissons sur un espoir pour l'année à venir. La nouvelle actrice qui peut prétendre au titre de la 'Screaming Queen' de 2019 est Samara Weaving dans l'attrayant Wedding Nightmare...