Curiosités

Posté par MpM, le 1 février 2008

Pour être un bon festivalier, il faut être curieux, voire carrément aventureux. En cette veille de week-end, le panorama du cinéma tadjik offrait deux occasions de repousser les frontières de l'expérience cinématographique. Roustam et Soukhrab de Boris Kimiagarov, d'abord, un peplum improbable de 1971 où deux formidables guerriers s'entretuent sans savoir qu'ils sont père et fils. Adapté en cinémascope d'un poème extrait de l'oeuvre Chahname de Ferdousi, qui compte les guerres perpétuelles entre Perses et Tourans aux 8e et 9e siècles, il exacerbe les grandes émotions (haine, vengeance, amour, honneur) sur fond de fresque épique à l'esthétique kitsch et plutôt fauchée. Curieusement, il propose assez peu de scènes d'action, hormis quelques combats singuliers peu spectaculaires et d'innombrables chevauchées échevelées dans des paysages sauvages, mais d'interminables dialogues élégiaques qui font ressembler ces farouches guerriers à de vieilles femmes plaintives. Le destin et l'ironie du sort y jouent bien sûr un grand rôle et sous les yeux ébahis du spectateur, malgré tous les indices, Roustam aveuglé par la haine ne reconnaît pas son fils. Une fois décillé, il se lancera dans une longue diatribe contre l'infamie de la guerre décidée par les gens puissants pour faire mourir les plus modestes...

Dans un genre très différent, Les enfants du Pamir de Vladimir Motyl, également adapté d'un poème (Lénine au Pamir de M. Mirchakar) est une sorte d'ovni cinématographique qui, malgré sa date de réalisation tardive (1963), s'inscrit dans la droite ligne du cinéma soviétique des années 20 d'un point de vue aussi bien esthétique (utilisation de la profondeur de champ, contre-plongées expressives sur les enfants, choix des cadres...) qu'idéologique (il y est questions des bienfaits de la révolution dans un hameau lointain du Pamir). Mais ce qui fait réellement son charme, c'est le mélange extrêmement novateur de scènes expressionnistes, de séquences d'animation et même de passages muets qui donnent à cette histoire désuète une véritable force dramatique.

Voice over

Posté par MpM, le 1 février 2008

Pas toujours facile de trouver des versions françaises d'oeuvres kazakhes ou indiennes, surtout quand elles sont anciennes et inédites. D'où les bienfaits du sous-titrage électronique qui permet aux festivals de proposer une traduction spécifique adaptée aux spectateurs. Mais la technique étant ce qu'elle était, on n'est jamais à l'abri d'une panne ! En pleine projection des Enfants du Pamir, film tadjik, la programmatrice et traductrice Eugénie Zvonkine a ainsi pris le relais au pied levé, proposant une traduction "live" des dialogues, le temps que les circuits électroniques se remettent en route. Les spectateurs, qui ont découvert lors des éditions précédentes les joies des "voice over" soviétiques (une voix-off unique lit une traduction éthérée des dialogues, couvrant les voix des acteurs), ont à peine sourcillé, juste satisfaits que, quoi qu'il arrive, il soit toujours possible de suivre l'histoire.