Moyen-Orient (3/4) : la Syrie cherche à dynamiser son cinéma

La Syrie n'est pas, dans nos esprits, un pays très libre. Pourtant, l'Etat souhaite que le secteur privé s'engage davantage dans le développement du cinéma, à l'instar de ce qu'il a fait pour les feuilletons télévisés, qui remportent un grand succès dans le monde arabe.

De nombreuses mesures ont été prises pour favoriser le financement non étatique. L'Organisation nationale du cinéma (ONC), dirigée par Mohammad al-Ahmad,  est le seul organisme produisant des films dans le pays. Mais dorénavant, la promotion du cinéma relève du secteur privé. L'Etat est accusé d'avoir tué le cinéma syrien, alors que les sociétés de productions ont "boosté" les séries TV (une cinquantaine  de séries est produite par an, contre quelques unes quand l'Etat en avait la charge).

L'ONC, avec un budget qui dépasse difficilement le million d'euros, ne finance en effet que deux longs métrages par an, et quelques documentaires, en plus d'organiser le festival de cinéma de Damas. Le festival, qui se déroule en novembre, a été créé en 1979, mais n'en est qu'à sa 18e edition.

Par conséquent, l'Etat a prévu des exemptions d'impôts sur cinq ans afin d'encourager les réalisateurs et les propriétaires de salles de cinémas à acheter de nouveaux matériels, à importer des films et à construire des salles. Pourtant rien ne bouge, hormis l'ouverture récente d'un complexe comprenant deux cinémas, des restaurants et une librairie, baptisé "CinemaCity"  à Damas. Une première en 25 ans dans un pays qui compte 36 salles pour 22 millions d'habitants. Un gouffre comparé aux 158 salles présentes dans les années 60.

Pour les cinéastes, le problème est ailleurs : la censure est encore trop présente, empêchant des films primés à l'étranger d'être diffusés dans leur pays, et l'ONC devrait disposer de trois fois plus de fonds pour pouvoir aider les producteurs.

Si dans la première moitié des années 2000, on a cru une renaissance du cinéma syrien, elle s'est rapidement ensablée. Bien sûr quelques films sont primés dans les festivals de Marrakech, Dubaï ou du Caire.  Mais les grands festivals n'ont rien sélectionné depuis plusieurs années. Le dernier grand succès syrien à l'étranger est Passion (en 2005) de Mohamed Malas, par ailleurs en compétition au FFM de Montréal.

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