Un ange à la mer, une bouée à la dérive

Posté par Morgane, le 29 juin 2010

un ange a la merL’Histoire?: Louis, 12 ans, vit au Maroc avec son père, sa mère et son grand frère. C’est un enfant heureux qui aime la mer, les mots de Baudelaire, jouer au football et courir sur la plage. Mais sa vie change le jour où son père lui révèle un terrible secret. À partir de ce jour, Louis perd l’innocence de l’enfance et plonge lentement dans le monde obscur de son père.

Notre avis?: Louis est un jeune garçon accroché au fil ténu de la vie il surveille, nuit et jour, ce père qu’il a peur de perdre à jamais. Entre accès de colère et dépression, le père (Olivier Gourmet qui sait tout autant vivre en retenue qu’exploser de fureur) pèse désormais sur son fils qui se refuse à vivre, à respirer, à parler même. La symbolique de ce bégaiement soudain semble d’ailleurs un peu trop appuyé, manquant de subtilité.

Le scénario n’a rien de la légèreté de l’ange. L’histoire manque même d’une sorte de crédibilité; on n’y croit pas vraiment. Les personnages, très (trop) extrêmes, surprennent mais ne convainquent pas toujours. Et finalement, le spectateur ne s’envole pas, il reste cloué au sol plombé par certaines longueurs du film. Le seul personnage qui illumine le film par sa force est celui de la mère interprétée par Anne Consigny. Souvent très froide elle essaie simplement de vivre comme si tout était normal juste pour ne pas mourir, pour ne pas se laisser entraîner vers le fond par son mari et pour protéger ses propres enfants du mal-être de leur père.

Cette première fiction de Frédéric Dumont a néanmoins l’avantage d’être réalisée par un habitué du documentaire. Pour ce qui est de l’atmosphère, le film en ressort plus fort, le spectateur ressentant presque physiquement la chaleur marocaine, symbole ici du poids pesant sur cette famille. Mais cette atmosphère ne réussit pas à elle seule à faire oublier les autres petits travers d’Un ange à la mer.

Moyen-Orient (3/4) : la Syrie cherche à dynamiser son cinéma

Posté par vincy, le 29 juin 2010

La Syrie n'est pas, dans nos esprits, un pays très libre. Pourtant, l'Etat souhaite que le secteur privé s'engage davantage dans le développement du cinéma, à l'instar de ce qu'il a fait pour les feuilletons télévisés, qui remportent un grand succès dans le monde arabe.

De nombreuses mesures ont été prises pour favoriser le financement non étatique. L'Organisation nationale du cinéma (ONC), dirigée par Mohammad al-Ahmad,  est le seul organisme produisant des films dans le pays. Mais dorénavant, la promotion du cinéma relève du secteur privé. L'Etat est accusé d'avoir tué le cinéma syrien, alors que les sociétés de productions ont "boosté" les séries TV (une cinquantaine  de séries est produite par an, contre quelques unes quand l'Etat en avait la charge).

L'ONC, avec un budget qui dépasse difficilement le million d'euros, ne finance en effet que deux longs métrages par an, et quelques documentaires, en plus d'organiser le festival de cinéma de Damas. Le festival, qui se déroule en novembre, a été créé en 1979, mais n'en est qu'à sa 18e edition.

Par conséquent, l'Etat a prévu des exemptions d'impôts sur cinq ans afin d'encourager les réalisateurs et les propriétaires de salles de cinémas à acheter de nouveaux matériels, à importer des films et à construire des salles. Pourtant rien ne bouge, hormis l'ouverture récente d'un complexe comprenant deux cinémas, des restaurants et une librairie, baptisé "CinemaCity"  à Damas. Une première en 25 ans dans un pays qui compte 36 salles pour 22 millions d'habitants. Un gouffre comparé aux 158 salles présentes dans les années 60.

Pour les cinéastes, le problème est ailleurs : la censure est encore trop présente, empêchant des films primés à l'étranger d'être diffusés dans leur pays, et l'ONC devrait disposer de trois fois plus de fonds pour pouvoir aider les producteurs.

Si dans la première moitié des années 2000, on a cru une renaissance du cinéma syrien, elle s'est rapidement ensablée. Bien sûr quelques films sont primés dans les festivals de Marrakech, Dubaï ou du Caire.  Mais les grands festivals n'ont rien sélectionné depuis plusieurs années. Le dernier grand succès syrien à l'étranger est Passion (en 2005) de Mohamed Malas, par ailleurs en compétition au FFM de Montréal.

Le Festival de Moscou, aux couleurs françaises, prime Hermano, un hymne au football

Posté par vincy, le 29 juin 2010

Le 32e Festival de Moscou  (17-26 juin) a décerné son prix Golden George du meilleur film au cinéaste vénézuélien Marcel Rasquin pour son film Hernano (Frère), qui sort dans quelques jours au Vénézuéla. Il s'agit de l'histoire de deux garçons, élevés comme des frères, qui se sortent de leur bidonville grâce au football. L'un est un capitaine dans l'âme quand l'autre est un buteur hors pair. Mais les deux sont confrontés à un destin qui n'a rien de tranquille et où les rêves sont difficiles à atteindre.

Le Festival a aussi récompensé L'Albanais de Johannes Naber (prix spécial du jury), Jan Kidawa-Blonski (prix du meilleur réalisateur pour son film Little Rose), Nik Xhelilaj et Cilma Cibulkova (prix d'interprétation).
Deux prix spéciaux du jury ont été remis à des français : le cinéaste Claude Lelouch et l'actrice Emmanuelle Béart. Lelouch avait présenté son nouveau film, Ces amours-là en ouverture du festival. Le film de clôture était un autre film français, Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, de Luc Besson. Besson, par ailleurs, et Chabrol ont eut les honneurs d'une rétrospective. De plus, Copie Conforme et The Ghost-Writer étaient présentés lors de séances spéciales. Cette omniprésence de la France est explicable : 2010 célèbre les Années France-Russie. Le concert était diffusée lors d'une des soirées de gala, hors compétition.

Depuis 1999, le Festival de Moscou n'est plus une biennale. Fellini, Kieslowski, Rivette, Wajda, Kurosawa ont fait partis du palmarès moscovite depuis 1959.