Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski "ne sera pas extradé vers les Etats-Unis et les mesures de restriction de sa liberté sont levées", a annoncé aujourd'hui lors d'une conférence de presse à Berne, la ministre de la Justice helvétique, Mme Eveline Widmer-Schlumpf. Elle a expliqué que "les clarifications approfondies qui ont été menées à bien n'ont pas permis d'exclure avec toute la certitude voulue que la demande d'extradition américaine présentait un vice". Avec un tour de vis supplémentaire, elle a ajouté que "les autorités suisses ont en outre jugé que la mise en oeuvre du traité d'extradition avec les Etats-Unis devait tenir compte du "climat de confiance" qui s'était établi." Pour elle, "Roman Polanski ne se serait certainement pas rendu au Festival du film de Zurich en septembre 2009 s'il n'avait pas eu confiance dans le fait que ce voyage n'aurait pas de conséquences juridiques."
Le bracelet électronique a été enlevé au cinéaste dès midi. Il leur portait depuis son assignation à résidence en décembre 2009 dans son chalet de Gstaad, le "Milky Way". Polanski a quitté les lieux vers 14h30 selon son entourage.Sa femme, l'actrice et chanteuse Emmanuelle Seigner a par ailleurs ajouté : "C'est avec un immense plaisir que je viens d'apprendre la libération de mon mari. C'est la fin d'un cauchemar pour mes enfants et pour moi-même."
Les Etats-Unis ne peuvent pas faire appel de cette décision. Pour le Ministère de la Justice, le refus des autorités américaines de transmettre le procès-verbal d'une audition du procureur Roger Gunson, en invoquant une décision de justice qui concluait à son caractère confidentiel, a rendu impossible l'extradition du réalisateur. "Ce document devait permettre de confirmer que le juge avait bien assuré aux représentants des parties, lors d'une séance le 19 septembre 1977, que les 42 jours que Roman Polanski avait passés dans la division psychiatrique d'une prison californienne couvraient la totalité de la peine d'emprisonnement qu'il devait exécuter. Si ces faits sont avérés et que Roman Polanski a dès lors effectivement exécuté l'intégralité de sa peine, la demande d'extradition des autorités américaines et, a fortiori, la procédure d'extradition sont dénuées de fondement."
Le ministère américain de la justice n'a pas voulu faire de commentaire.
Ecran Noir ne pourrait pas mieux dire que Thierry Frémeau, délégué général du Festival de Cannes : "Souhaitons que ce soit pour Roman Polanski le dernier des drames qui ont jalonné son existence, et qu'après avoir retrouvé les siens, il puisse rapidement se consacrer à nouveau tout entier à son travail de cinéaste".
Son dernier film, The Ghost-Writer lui a valu un prix de la mise en scène au Festival de Berlin en février dernier. Il a attiré 6,9 millions de spectateurs dans le monde.
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