Le nouveau film de Kassovitz fait tempête dans le Pacifique

Posté par vincy, le 23 août 2010, dans Actualité, société, Business, Cannes, Projet, tournage.

Y a du rififi dans le pacifique. L'ordre et la morale, le nouveau film de Mathieu Kassovitz, retrace le drame d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, où 21 personnes (19 indépendantistes, 2 militaires) avaient trouvé la mort en 1988 (voir aussi actualité du 20 juin 2009).

Mais voilà, le tournage ne se déroule pas en Nouvelle Calédonie, mais dans un autre territoire ultramarin français : la Polynésie française.

Le film, intitulé L'ordre et la morale, mettra en scène ce drame qui s'était soldé par la mort de 21 personnes, 19 indépendantistes néo-calédoniens qui avaient pris en otage des gendarmes et deux militaires ayant donné l'assaut.

La protestation est politique.Le député UMP et président de l'Assemblée de la Province sud de Nouvelle-Calédonie, Pierre Frogier, a adressé un courrier de protestation à Gaston Tong Sang, président de la Polynésie française, à propos de l'aide apportée par Tahiti.  "C'est avec regret que j'apprends que la Polynésie française a accepté d'accueillir le tournage du film 'L'ordre et la morale' relatant les événements d'Ouvéa de 1988 et que votre gouvernement a décidé de subventionner cette production", lit-on dans ce courrier publié par Les Nouvelles de Tahiti.

Le même député souligne que la Nouvelle-Calédonie a refusé de donner son feu vert au tournage du film "suite aux réticences fortes de la population et notamment des habitants d'Ouvéa". Christophe Rossignon, producteur du film, ne comprend pas la sortie du député UMP. "Pierre Frogier fait des amalgames et des raccourcis quand il dit que la population de Nouvelle-Calédonie n'est pas d'accord. Je ne sais pas pourquoi il joue à ça. Je n'ai pas vu le coup venir. Quand il dit que la population d'Ouvéa est contre le film, ce n'est pas vrai. Les coutumiers, la grande chefferie, la mairie d'Ouvéa nous disent le contraire. Pour le maire d'Ouvéa, la population est très majoritairement pour le film."

Après des mois de repérages sur place, Mathieu Kassovitz avait expliqué en mai que les Calédoniens lui avaient demandé de ne pas faire le film chez eux. "Ils ont subi cette tragédie et c'est encore trop proche", avait-il dit.

Le tournage, qui commence ce week-end, devrait durer deux mois et se déroulera essentiellement sur le petit atoll de Anaa, dans l'archipel des Tuamotu, qui est un équivalent de l'île d'Ouvéa, mais également à Tahiti et à Rurutu aux Australes.

Le tournage se révèle périlleux. Il n'y a qu'un vol par semaine vers Anaa (460 habitants). L'armée a refusé de collaborer pour fournir des véhicules d'époque, la météo est plus que variable, ... et la Polynésie a des soucis budgétaires. Et désormais il y a cette polémique politique. Mais Le président autonomiste Gaston Tong Sang, et son adversaire indépendantiste, le président de l'assemblée Oscar Temaru, ont apporté leur soutien au film.

"En plus des équipes qui viennent de métropole, on va embaucher 81 techniciens locaux, plus de 250 figurants, et une trentaine de Kanaks qui vont arriver de Nouvelle-Calédonie", assure la productrice exécutive en Polynésie, Marie-Eve Tefaatau.

Le réalisateur, aussi scénariste et acteur, interprètera l'un des principaux personnages, aux côtés de Sylvie Testud et Malik Zidi. Le budget global de la production est estimé à 14 millions d'euros, dont plus de la moitié dépensés en Polynésie française.

La sortie du film est prévue pour le prochain festival de Cannes.

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