C'est une longue histoire d'amour entre Cannes et De Niro. Elle débuta en 1976, de la meilleure manière : une Palme d'or, et encore aujourd'hui son plus grand succès en France : Taxi Driver. L'acteur débarque alors sur la Croisette avec le rôle d'un psychopathe qui laissera longtemps des traces dans nos mémoires de cinéphiles. C'est aussi le sacre d'un couple mythique du 7e art : Scorsese et lui. Une naissance glorieuse qui fera de l'acteur une icône du cinéma de ses 40 dernières années, entre auteurs audacieux, choix culottés, succès populaires et aussi le passage à la réalisation, la production et même la création, il y a dix ans, d'un Festival à New York, Tribeca. "Il est pour toujours le dernier nabab, Vito Corleone, Jack la Motta, Sam “Ace” Rothstein…" s'enflamment les organisateurs. Ce n'est pas faux. Deux fois oscarisé (et au total six fois nommé aux Oscars),
"En tant que co-fondateur des festivals de Tribeca et de Doha, j’ai acquis une grande estime pour les jurys qui jouent un rôle décisif en distinguant des films de la plus haute qualité. Les festivals favorisent les connections au sein de la communauté cinématographique internationale et ont un impact culturel pérenne" a ajouté Robert De Niro: "Ayant été par deux fois président de jury dans les années 80, je sais que ce ne sera pas une tâche facile pour mes amis jurés et moi-même mais je suis honoré et heureux du rôle qui m’est confié par le Festival de Cannes."
Comme le disent si bien Gilles Jacob et Thierry Frémaux, il est "doté d'une plasticité de caméléon, il compose ses personnages sans qu'on sache s'il prend la mesure du rôle ou si le rôle s'adapte à ses mesures".
En 1976, il est aussi à Cannes pour 1900, de Bernardo Bertollucci, hors compétition. Il revient en 1983 dans un autre Scorsese, La Valse des Pantins, en compétition. L'année suivante, il porte sur ses épaules l'épique Il était une fois en Amérique, hors-compétition. En 1986, avec Jeremy Irons, il est de l'aventure de The Mission, de Roland Joffé. Une deuxième Palme d'or à son actif, cas plutôt rare. Cinq ans plus tard, retour à la compétition avec La Liste noire. En 1993, il monte les marches, hors-compétition, pour Mad Dog and Glory. Et il fera la clôture de Cannes 2008 dans What Just Happened? de Barry Levinson.
Autant dire qu'il n'a pas présenté à Cannes ses meilleurs films dans les vingt dernières années, plutôt réservés à Berlin. En même temps, depuis Jackie Brown en 1997, aucun de ses choix n'a été artistiquement marquant. Mais il a toujours été un fervent fidèle du festival, remettant la Palme d'or en 2008 à Entre les murs, décerné par le Président du jury, son ami Sean Penn. Car, étrangement, Cannes a encore choisit une star américaine pour son jury. C'est la cinquième fois depuis les années 2000, la troisième fois en quatre ans.
Avec De Niro, Cannes donne une fois de plus le trône à un enfant doué du cinéma américain, l'un de ceux qui, grâce à son statut, oeuvre pour la préservation d'une diversité qui nous est chère.