Jodie Foster présidera les 36e Cesar

Posté par vincy, le 10 janvier 2011

Actrice doublement oscarisée, réalisatrice (The Beaver sort cette année avec Mel Gibson), productrice et surtout adulée du public français (elle est souvent citée comme l'actrice hollywoodienne la plus populaire), la "smart girl", révélée dans Taxi Driver à 14 ans (Palme d'or), Jodie Foster présidera la cérémonie des Cesar le 25 février prochain. La soirée sera animée par Antoine de Caunes.

Pourquoi ne pas profiter de sa présence sur le sol français après tout? Elle va tourne Le Dieu du carnage dans les studios de Bry Sur Marne en Région Parisienne sous la direction de Roman Polanski à partir de février (voir actualité du 4 novembre 2010). C'est la première fois depuis 1993 (Marcello Mastroianni) qu'un Président de cérémonie n'est pas de nationalité française, et la 9e fois en 36 ans.

Bilingue, Jodie Foster a tourné en langue française dans Moi fleur bleue d'Eric Le Hung, Le sang des autres de Claude Chabrol et Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. Elle se double elle-même en français. Considérée comme enfant prodige du cinéma hollywoodien, tout en étant farouchement indépendante du système, elle a porté sur ses épaules huit gros succès du box office entre 1991 et 2006 (le plus important restant Le silence des agneaux). Du mélo au thriller, Jodie Foster a tissé un lien fort avec le public, considérée comme l'une des rares comédiennes à l'égal des hommes grâce, notamment, à des personnages aussi virils que sensibles.

Point Blank – Le Point de non retour (reprise) : The Killer inside me

Posté par Claire Fayau, le 10 janvier 2011

"- Hé ! Quel est mon nom de famille ?
- Quel est mon prénom ?
"

Synopsis : A la suite d’un hold-up retentissant, Walker s’est fait doubler par son complice Reese qui s’est enfui avec sa femme et les 93 000 dollars du butin, après l’avoir laissé pour mort dans la prison désaffectée d’Alcatraz. Se remettant de ses blessures, Walker n’a désormais plus qu’une idée en tête : assouvir sa vengeance. Aidé par un mystérieux individu, il comprend peu à peu que Reese n’est qu’un rouage d’une gigantesque entreprise criminelle, l’Organisation…

Notre avis : De  la violence, du sexe, du style... Le Point de non retour est une adaptation du roman Comme une fleur (The Hunter) de Richard Stark alias Donald E. Westlake, roman qui a aussi inspiré le récent Payback. Thriller très stylisé et totalement "seventies", Point blank était pour l'époque un cocktail détonnant. En 2010, on ressent toujours un certain malaise, malgré le gavage d'hémoglobine hollywoodien subi depuis.

Surtout, le film est un grand moment de tension sexuelle, de suspense et et d'embarras ... De l'amour vache, presque masochiste, des coups (et pas seulement bas) ponctuent les séquences. Angie  Dickinson , superbe à  36 ans, assume ce rôle de femme fatale et piégée, qui la malmène avec aplomb! Ses moments avec Lee  Marvin, tout en non dits, sont parmi les meilleurs du film. Sans parler de leur scène de sexe , assez étonnante où leurs corps se confondent avec ceux de  Lynne et de Reese. On a parfois l'impression que Walker hallucine en permanence.

L'halucination préempte tout le film. John Boorman l'a voulu ainsi. Recommandé par Lee Marvin pour être derrière la caméra, il expérimente en permanence l'aspect visuel :  costumes assortis au décors jaunes ou verts .... Flashbacks nerveux, gros plans sur  des mélanges de cosmétiques dans une baignoire vide, panorama urbain désolés. Comme si Boorman, réalisateur britannique,  voulait à la fois se démarquer tout en assimilant les codes du films de gangsters américains.

Boorman conserve pourtant une trame classique, celle d'un film noir, avec un homme "emprisonné", où l'innocence n'existe plus. Du générique avec les barbelés et les barreaux, on le sent comme enfermé en permanence dans un cauchemar auquel il est impossible d'échapper. Comme d'habitude chez le cinéaste, la nature n'est pas absente. Elle symbolise le bonheur, la rédemption possible.

Entre ces images métaphoriques, le réalisateur insuffle une mise en scène baroque et n'oublie pas le scénario, pessimiste. On y voit d'ailleurs les prémices des films de la nouvelle vague américaine (Coppola et sa mafia, Scorsese et ses bas-fonds, Peckinpah et sa violence humaine). Le présent et le passé vont s'entrelacer, le mental et le sensoriel vont fusionner. Mais au final : tout est toujours pareil, rien ne change, et chaque jour qui passe est juste un réveil qui se répète.

Car à chaque fois, on revient à la case départ. Un film qui n'avance pas : un comble pour le cinéma. Et pourtant, une idée de génie.

À noter que c'est le premier  film à avoir été tourné à Alcatraz après sa désaffection...

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Le Point de non retour . Un film de John Boorman
Thriller – Etats-Unis – 1967 – 92 min – Couleur – Visa 33 857
Avec Lee Marvin, John Vernon et Angie Dickinson
Re-Sortie le 12 janvier 2011