Ken Russell (1927-2011) dans les nuages de la gloire

Posté par vincy, le 28 novembre 2011

Controversé, enfant terrible, diabolique, obsédé par le sexe, l'église et la musique : Ken Russell, cinéaste culte, est décédé dimanche 27 novembre à l'âge de 84 ans.

Il marque le 7e art avec son mix détonnant de polémique, de sexualité, de rock dans des univers baroques qui ont longtemps contribué à une image du cinéma britannique "moderne".

Parmi les films qui ont marqué sa carrière, on retiendra évidemment Women in Love, d'après le roman de D.H. Lawrence, en 1969. Oliver Reed, Alan Bates et Glenda Jackson sont au coeur d'une guerre des sexes dans l'élite britannique des années 20. Russell est nommé à l'Oscar du meilleur réalisateur tandis que Jackson obtient celui de la meilleure actrice. Ce sera la première fois qu'une comédienne emporte la statuette alors qu'elle y a une scène de nu. Une autre scène de lutte nue entre les deux hommes avait fait scandale. Russell avait flairé l'air du temps : la révolution sexuelle, l'apolitisme, la liberté artistique...

Avant ce film, il avait surtout travaillé pour la télévision, notamment en réalisant de nombreux documentaires (Antonio Gaudi, Isadora Duncan, The Debussy Film...).  Son deuxième film, en 1967, était un thriller, Un cerveau d'un milliard de dollars, avec Michael Caine et Karl Maiden. Ce fut surtout le dernier film de Françoise Dorléac. Russell, contraint contractuellement, ne voulait pas tourner ce troisième épisode de la série des Harry Palmer. Sa première réalisation date de 1964 : French Dressing, une comédie librement inspirée de Et Dieu créa la femme, de Roger Vadim.

Sulfureux, s'épanchant sur toutes formes de sexualité, désinhibé, dingue, Russell, passé par la marine marchande, le ballet, la photographie et le cinéma muet, était surtout un amoureux de la musique. La symphonie pathétique (1970), avec Richard Chamberlain et Glenda Jackson, traite de l'homosexualité de Tchaïkovski. Les diables (1971), d'après un roman d'Aldous Huxley, avec Vanessa Redgrave et Oliver Reed, retrace l'histoire de nonnes françaises réprimées sexuellement. La censure américaine coupera de nombreuses scènes de sexualités entre les soeurs. Puis il adapte la comédie musicale The Boy Friend en 1971, avec Twiggy. Toujours passionné par les artistes, il s'attaque en 1972 au biopic du sculpteur Henri Gaudier-Brzeska dans Savage Messiah. Il enchaine avec un autre biopic,  Mahler, en 1974. Le film reçoit le Grand prix de la technique au Festival de Cannes. Il reviendra sur la Croisette avec un film à segments, Un sketch, en 1987, où le générique le fait coexister avec Robert Altman, Jean-Luc Godard et Bruce Beresford.

Ken Russell fera son grand film en 1975. Oliver Reed, Jack Nicholson, Elton John, Tina Turner, Eric Clapton participent à l'aventure de Tommy, d'après le rock opéra de The Who. Psychédélique, déjanté, hallucinant, le film est un énorme succès.

Il continuera à mélanger cinéma et musique - Lisztomania en 1975, Valentino en 1977, avec Rudolf Nureyev et Leslie Caron - mais il ne retrouvera jamais le succès de Tommy. Il essaya de réaliser une version d'Evita et un film sur Sarah Bernhardt, les deux avec Barbra Streisand, en vain. Il se tourna aussi vers la réalisation de clip vidéo comme ceux de Elton John (Nikita), Bryan Adams (Diana), Cliff Richard (She's so Beautiful).

Il s'essaie à l'horreur (Au-delà du réel, Le repaire du ver blanc, Gothic), au thriller passionnel (Les jours et les nuits de China Blue, Whore - son dernier film en 1991), ... Il revient à ses premières amours - sexe, biopic, décors flamboyants - avec Salome's Last dance, d'après Oscar Wilde en 1988, où il retrouve Glenda Jackson. L'esthétique est toujours magnifiée. Mais les budgets modestes, les scénarios inaboutis, une direction artistique parfois à la limite du kitsch et le changement d'époque le marginalisent.

Il revient alors au petit écran (il réalise un feuilleton autour de Lady Chatterley).

Depuis 20 ans il était devenu comédien de manière plus régulière : on le verra dans Invasion of the Not Quite Dead de Tony Lane. Il était à l'affiche cette année de Mr. Nice. Il fut révérend dans un épisode de la série Miss Marple. Fan de Kubrick, il joua meme dans le film Appelez-moi Kubrick, avec John Malkovich. Dans La Maison Russie, avec Sean Connery et Michelle Pfeiffer, il fit une apparition notable en agent britannique très ambivalent et gay.

Ces derniers mois, il écrivait avec Faye Dunaway le scénario du premier film de la comédienne. Master Class sera l'adaptation de la pièce de théâtre mettant en vedette le personnage de Maria Callas.

Cinéaste de l'outrance, de l'iconographie religieuse, des couleurs primaires, ce "Fellini du nord" tel qu'on le surnommait, aimait déranger autant que divertir.

Il avait rédigé son autobiographie en 1989, A British Picture: An Autobiography. Ses photos furent souvent exposées. Il continuait d'écrire dans The Times, dans la rubrique cinéma.

Box office US : un week-end de Thanksgiving décevant

Posté par vincy, le 28 novembre 2011

Les chiffres ont beau être impressionnants : le box office du week-end de Thanksgiving a été moins performant que celui de l'an dernier.

En 2010, Harry Potter et les Reliques de la mort, 1ere partie avait récolté 75 millions de $, et Raiponce, plus de 68 millions. 6 autres films avaient empoché plus de 10 millions de $. Au total, les salles de cinéma avaient encaissé 181 242 458 de $, sensiblement la même somme qu'en 2009.

Cette année, le week-end de Thanksgiving a atteint son niveau de 2008. Cette tendance est la même depuis le début de l'année. Le cinéma ne parvient pas à retrouver son niveau d'avant la crise. C'est d'autant plus inquiétant que les recettes sont calculées sur un prix du ticket de cinéma en hausse constante : la fréquentation est donc en baisse continuelle.

Le week-end de Thanksgiving de 2011 a rapporté 162 960 400 $. Une perte sèche de 20 millions de $ en un an. Le leader, Twilight, chapitre 4, 1ere partie, ne glane ainsi que 62 millions de $. C'est beaucoup moins qu'Harry Potter l'an dernier et même que Raiponce. Cet affaiblissement se retrouve aussi dans le 2e film le plus vu du week-end, Les Muppets, qui n'engrange 42 millions de $. De même, seules 3 nouveautés sont entrées dans le Top 10 (contre 4 l'an dernier). Et avec 5 films en progression (contre 6 en 2010), on voit aussi que les continuités ont moins bien profité de ce long week-end férié.

La saison automnale n'aura donc pas connu de véritable embellie. Twilight 4, Le chat potté, Paranormal Activity 3 sont les seuls films à avoir franchi le cap des 100 millions de $. L'an dernier 5 films avaient réalisé cette performance. Et cinq autres films sortis en décembre avaient dépassé ce score.

Il reste 5 semaines pour que le box office américain rattrape son retard. En 2010, à date équivalente, 1,34 milliard de billets avaient été vendus pour un box office global de 10,57 milliards de $ de recettes. Pour l'instant, en 2011, 1,16 milliard de billets ont été vendus pour un B.O. de 9,23 milliards de $.

Parmi les grosses sorties sur lesquelles mise Hollywood, il y a la comédie New Year's Eve, la suite de la série familiale Alvin et les Chipmunks, la suite de Sherlock Holmes, deux Spielberg (Tintin, Cheval de guerre), le quatrième épisode de Mission : Impossible, le remake de Millenium, et la comédie dramatique We Bought a Zoo.