L’instant Court : The Meth Project, réalisé par Darren Aronofsky

Posté par kristofy, le 18 novembre 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après un extrait du journal du tournage de L’ordre et la morale de Mathieu Kassovitz avec son producteur Christophe Rossignon, voici l’instant Court n° 54.

Entre deux tournages il arrive parfois que certains réalisateurs louent leur talent pour diriger une publicité. Par exemple Mathieu Kassovitz, Patrice Leconte, Jan Kounen, Gérard Jugnot, Guillaume Canet, Gaspar Noé, Roman Polanski... Ils ont déjà réalisé des spots de pub pour quelques grandes marques prestigieuses dans des secteurs comme le parfum, le sport, les médias, l’automobile, ou l’alimentation. Cette activité n’est d’ailleurs pas un job alimentaire car souvent le budget très important permet un vrai exercice de créativité. En général, l’agence publicitaire contacte un réalisateur de cinéma justement pour exploiter le talent qu’on lui connaît : Jean-Pierre Jeunet filme Audrey Tautou pour un parfum, Kim Chapiron filme Oxmo Puccino pour un équipementier de football (tandis que pour son concurrent direct c’est Romain Gavras qui fait un montage où on entendait un extrait de Justice), la créativité de Michel Gondry se retrouve dans presque autant de pubs que de clips.

Après les succès de Black swan et de The wrestler, Darren Aronofsky a lui été contacté pour tourner quelques scènes dans le style de Requiem for a dream où il était question d’addiction : il a réalisé quatre publicités pour une campagne de prévention contre la drogue.

Voila donc Deep End et Loosing control réalisés par Darren Aronofsky, deux spots de la campagne ‘The Meth Project' qui veut inciter le public à se questionner sur les différents dangers et drames que provoquent la dépendance à la drogue (ici la méthamphétamine). Aronofsky présente d’abord un visage en gros plan accompagné d’une voix-off, puis il recule sa caméra pour découvrir ce qui se passe avec un autre personnage...

-   Si j’avais demandé comment arrêter de prendre cette drogue, ma mère ne me demanderait pas qu’est ce que tu as fait ?

-  Si j’avais demandé à quel point la dépendance à la drogue peut modifier le comportement, je ne demanderais pas à mon frère : ou est l’argent ?

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Deep end-The Meth Project.

Jean-Pierre Jeunet se lance à son tour dans la 3D

Posté par vincy, le 18 novembre 2011

Jean-Pierre Jeunet revient derrière la caméra. Il a annoncé aujourd'hui dans Le Film Français qu'il réaliserait l'adaptation du roman L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Reif Larsen. Le titre du film ne devrait pas être celui du livre, selon le magazine. Le scénario a été écrit avec son collaborateur habituel, Guillaume Laurant. Le film sera produit par Epithète, Tapioca, la société de Jeunet, et Gaumont.

Dans son entretien au Film français, Jeunet raconte :"Pour l'anecdote, quand j'ai contacté l'auteur, Reif Larsen (dont il s'agit du premier livre, ndlr), il m'a dit qu'il avait cinq réalisateurs à qui il pensait pour un film : David Fincher, Tim Burton, Wes Anderson, Michel Gondry et moi-même. Et j'étais le premier à le contacter. Depuis, nous n'avons plus cessé de travailler ensemble. (...) C'est une belle rencontre. En plus,  le bouquin est réputé à peu près inadaptable."

Dès janvier, Jeunet avouait avoir été conquis. Sur son blog, il écrivait que "L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (en Anglais The selected works of T.S.Spivet) est un livre magnifique de Reif Larsen dont je suis en train d’acheter les droits. Plutôt que de mal en parler, je vous invite à visiter le site extraordinaire de ce livre extraordinaire : www.tsspivet.com. J’ai rencontré Reif Larsen il y a deux semaines à New York et ai eu l’impression de découvrir un frère jumeau juste vingt huit ans plus jeune que moi. Il m’a dit: « Quand j’ai vu Amélie, j’ai eu l’impression que quelqu’un avait gratté au fond de mon crâne »…"

Le cinéaste explique comment il a été séduit par ce livre. "Quant à moi, j’ai été conquis dés la sixième ligne du livre: "Le téléphone a sonné un après-midi du mois d’août, alors que ma soeur Gracie et moi étions sur la véranda en train d’éplucher le maïs doux dont les grands seaux en fer-blanc. Les seaux étaient criblés de petites marques de crocs qui dataient du printemps dernier, quand Merveilleux, notre chien de ranch, avait fait une dépression et s’était mit à manger du métal.""

T.S. Spivet sera ainsi son premier film en 3D et sera tourné en anglais."J'ai écrit T.S.Spivet en le concevant en 3D. Je vais l'utiliser sans sur-découper comme le font beaucoup de films, mais de manière contemplative et narrative. Un peu comme les effets spéciaux pour Amélie qui servaient l'aspect poétique et narratif du film. Je veux prendre le contre-pied de ce qu'on voit habituellement."

L'histoire est celle d'un pré-ado surdoué, dessinant tout ce qu'il voit,. En apprenant qu'il gagne un prix, il s'aventurera à traverser seul les USA pour aller recevoir sa récompense. Jeunet a commencé les repérages au Canada. Il restera à trouver le casting, qui devrait être américain.

Le livre est paru en France en avril 2010 chez NIL, et en format poche en juin dernier.

Hormis sa publicité pour Chanel n°5, Jeunet n'a rien tourné depuis Micmacs à tire-larigot, sorti en 2009, et relatif échec pour le cinéaste habitué aux succès.

Senna en DVD : sans peur, sans reproche, mais avec régal

Posté par mathilde, le 18 novembre 2011

Le 25 octobre dernier, Studio canal a sorti le DVD-événement du documentaire de Asif Kapadia Senna : sans peur, sans reproche, sans égal. Produit  par James Gay-Ress et Working title (la maison s'attelant pour la première fois à un documentaire), le film se voit comme un roman tragique.

Extraordinaire destin que celui d'Ayrton Senna : pilote de F1 sans égal, mort à 34 ans sur le circuit d'Imola, dont le style fut aussi flamboyant que sa vie. Le film est-il réservé uniquement à un public d'aficionados ? Que nenni, tout amateur de sport, de vie hors du commun ou tout simplement d'humanité, sera  bouleversé par ce récit éternel du héros à la recherche de ses propres limites. De ses premières compétitions de karting à l'adolescence (il est champion d'Amérique du Sud à 17 ans) à ses courses dans l'écurie Lotus en Formule 1 ; de ses conquêtes amoureuses à sa contribution au rayonnement du Brésil, son pays natal ; tout passionne chez cet épris de vitesse et de vie.

Le film s'attarde bien sûr sur la profonde rivalité qui le liait à Alain Prost, au sein de l'équipe Mac Laren, à la fin des années 1980. Cette guerre psychologique que se livrèrent les deux hommes est ici incroyablement rendue, poignante et précise. Ayrton Senna apparaît comme mur, sûr de lui, audacieux, terriblement à part. La fin de cette épopée sonne comme un coup de tonnerre dans le ciel de sa jeunesse.

La dernière séquence, sur le drame d'Imola, est réellement bouleversante et souligne la tragédie de la perte d'un tel talent. Ce dernier décès, qui amènera la Fédération Internationale de l'Automobile à prendre toute une série de décisions drastiques concernant le renforcement de la sécurité en circuit, est dépeint à la fois avec pudeur et intensité.

Asif Kapadia (The warrior, Far north) s'est résolument orienté vers la pure image d'archive, ainsi que les témoignages des proches, sans fioriture, sans effet narratif appuyé, sans voix off à l'effet suranné... De nombreux plans sont inédits, et intéresseront donc même les connaisseurs du sujet. Les courses sont tellement haletantes, les protagonistes tellement passionnés, que le film devient une sorte de fiction monumentale, dédiés à la vitesse et à la compétition. Se suivent les réflexions et témoignages des proches, de la famille, mais aussi de professionnels du milieu, comme Ron Dennis, Pierre van Vliet, Patrick Tambay, Philippe Alliot.... On comprend sans peine que le film ait reçu le Prix du meilleur documentaire au festival de Sundance 2011.

A noter que le DVD comprend en bonus la Bande-Annonce et un documentaire :  Senna, vu par... . Il sort également en version collector, avec un livre de 128 pages et 140 photos. En tout état de cause, un excellent matériau pour nourrir sa passion ou s'initier à la Formule 1.