Attribués vendredi soir, les Prix Lumières 2013 sont décernés chaque année par les correspondants étrangers en poste à Paris, réplique des Golden Globes américains. La cérémonie était présidée par Victoria Abril à la Gaîté lyrique à Paris.
La Tunisie était le pays mis à l'honneur (projections de films, Master Class animée par le réalisateur Férid Boughedir à l'Institut International de l'Image et du Son 3IS à Trappes) et un hommage a été rendu à "une enfant du pays" Claudia Cardinale, née à Tunis il y a 75 ans.
L'Académie des Lumières a également organisé ses premières Rencontres Francophones.
Côté palmarès, Amour de Michael Haneke a remporté trois prix principaux, De rouille et d'os, deux et Camille redouble deux autres. Trois films cannois ont donc séduit le corps électoral de cette Académie, créée en 1996. Ils étaient les favoris par le nombre de nominations (14 au total à eux trois). Holy Motors repart bredouille. Un avant-goût des Césars, dont les nominations seront connues vendredi prochain?
Audiard reçoit pour la deuxième fois le prix du meilleur réalisateur.
- Meilleur scénario: Jacques Audiard et Thomas Bidegain, pour De rouille et d’os
- Meilleure actrice: Emmanuelle Riva (Amour)
- Meilleur acteur: Jean-Louis Trintignant (Amour)
- Meilleurs espoirs féminins: Judith Chemla, Julia Faure, India Hair (Camille redouble)
- Meilleur espoir masculin: Ernst Umhauer (Dans la maison, de François Ozon)
- Meilleur film francophone (Hors de France): La pirogue, de Moussa Touré
- Prix spécial de la CST (Commission supérieure technique de l’image et du son), qui récompense le meilleur directeur photo: Antoine Heberlé, pour Héritage et Quelques heures de printemps
Cette semaine l’évènement est évidement Django Unchained de Quentin Tarantino. Mais, pour une alternative, il y a aussi la comédie Paulette où une mamie se lance dans le trafic de drogue pour arrondir ses fins de mois. Ce film a la particularité de remettre en vedette sur l’affiche dans un premier rôle Bernadette Lafont. Il faut se souvenir qu’elle a été la plus belle muse du mouvement de La Nouvelle Vague.
Bernadette Laffont avait déjà raconté sa vie et ses rencontres en 1978 dans une biographie titrée La fiancée du cinéma : un jour la toute jeune Bernadette Lafont qui n'a alors même pas 20 ans et son compagnon-acteur Gérard Blain discutent cinéma avec un critique nommé François Truffaut et un copain Jean-Claude Brialy, puis elle rencontre l’équipe de la revue Les Cahiers du Cinéma : Eric Rohmer, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard (et Kast, Doniol-Valcroze, Domarchi, Rivette…) qui ne faisaient alors que débattre et écrire sur des films sans encore en faire… Extraits choisis où Bernadette Laffont se souvient de son premier tournage de cinéma :
« Je campais souvent aux Cahiers, et un jour il fut décidé que nous irions à Cannes pour le festival. En intervenant dans une polémique autour de la santé du cinéma français, Truffaut dépassait ses prérogatives, on estimait qu’il allait trop loin. Mais, pour lui, il n’y avait aucune ambiguïté : la critique est un état qu’il faut nécessairement dépasser. En l’occurrence, son but n’était rien d’autre que la mise en scène. Un bel après-midi, je me dorais au soleil avec Gérard. Truffaut arrive sur la plage, nous dévisage et dit en regardant la mer : "dans trois mois je tourne un film. Il y a surtout deux rôles. Je voudrais que Bernadette en fasse un. Gérard tu feras l’autre." Le 13 août 1957 fut le premier jour de tournage. Nos pauvres moyens nous dispensaient de la mythologie hollywoodienne. C’est tout juste si nous avions l’impression de tourner un film. De plus, je n’étais pas dans la peau d’un personnage. Bernadette, c’était moi. La caméra ne m’intimidait plus. Avec Truffaut, tout était complicité au deuxième degré. De grands gosses imitant le cinoche, se gorgeant de références. Les Mistons m’auront appris beaucoup de choses. Je naissais à mon métier et à ma passion dans des conditions idéales. Nous vivions seulement l’apparence du cinéma. J’avais fait un film. »
Voici donc un court-métrage avec une apparition de Bernadette Lafont : Du poil de la bête réalisé par l'acteur Gregori Baquet, une ‘comédie animalière’ impertinente en 3 actes (qui est en fait une publicité pour des bijoux), avec aussi Louise Monot et Albert Delpy. On y découvre des filles qui jouent avec des animaux de compagnie…
Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Du poil de la bête.