Deauville Asia 2014 : Monsterz de Hideo Nakata en première mondiale
C’est l’un des maîtres du cinéma de genre, sauf que son genre à lui est plus le surnaturel que l’hémoglobine… C’est avec ses mots que le réalisateur Hideo Nakata a reçu un hommage du Festival du film asiatique de Deauville. La vidéo maudite à ne pas voir dans Ring a été vue partout, et depuis la figure de la femme fantôme avec des longs cheveux qui masquent ses yeux est devenue un nouveau mythe du cinéma fantastique.
En 1998, Ring fut un tel succès que Hideo Nakata en réalisa la suite Ring 2 l’année suivante, il sera même appelé aux USA pour diriger le remake avec Naomi Watts. Son film culte Dark Water en 2002 aura aussi un remake américain, et en 2010 il réalise Chatroom avec un casting britannique (Aaron Taylor-Johnson, Imogen Poots, Hannah Murray…) qui sera présenté à Un Certain regard à Cannes. Si son influence va jusqu’en occident, Hideo Nakata tourne surtout ses films au Japon, et déjà avant le phénomène Ring, son premier film en 1996 était L’actrice Fantôme qui avait marqué les esprits.
« Je suis très honoré de recevoir cet hommage à mon travail, même si je me suis dit que c’était un peu tôt. J’ai fait 17 films, et j’ai bien envie d’en faire 17 autres et même plus. Vous n’avez encore rien vu ! C’est aussi un plaisir d’accompagner en France mon nouveau film Monsterz, au Japon il n’a pas encore été vu puisqu’il sortira en mai, c’est la première mondiale ici. »
Monsterz est en fait le remake d’un film coréen (Haunters de Kim Min-Suk) transposé au Japon par Hideo Nakata. On y entend Kenji Kawai pour la musique, les acteurs principaux sont Tatsuya Fujiwara (le héros de Battle Royale, Death Note, à Cannes dans Shield of Straw) et Takayuki Yamada (Crows Zero, à Venise dans 13 assassins). Un homme développe depuis son enfance un pouvoir de télékinésie unique, il peut à distance manipuler les autres : faire s’immobiliser les gens ou en guider certains comme des robots sans qu’ils ne se souviennent de rien ensuite. Par exemple, il fait un hold-up dans une banque tout en restant à l’extérieur : pendant que tous sont immobiles, une personne lui apporte l’argent, puis tous reprennent ce qu’ils étaient en train de faire l’instant avant qu’il les contrôle.
Dès le début du film ce pouvoir est montré comme une sorte de malédiction, dans son enfance son père détestait son anormalité et voulait l’abandonner… Devenu adulte, il utilise son pouvoir à différentes occasions, jusqu’au jour où il découvre que celui-ci est totalement inefficace sur un autre homme qu'il ne peut pas manipuler comme les autres. Cette résistance inhabituelle en fait quelqu’un à éliminer, mais cet autre homme a un don tout aussi incroyable qui en fait un rival : s'il n’est pas manipulable, alors il doit quitter ce monde…
Après différentes séquences qui exposent la personnalité des deux hommes, ils vont ensuite s’affronter lors de différents duels qui impliquent au fur et à mesure de plus en plus de gens autour d’eux jusqu’à un final grandiloquent puis mélodramatique. Monsterz rappelle par plusieurs aspects des caractères de héros américains (les X-Men, Incassable) mais s’attache surtout à deux personnages hors-normes (des mutants ?) qui s’interrogent sur leur place dans l’humanité, avec comme profond désir de ne pas être considéré comme des monstres.
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