Dinard 2015 : 3 questions à Stephen Fingleton

Posté par MpM, le 7 octobre 2015, dans Dinard, Festivals, Films.

the survivalist

Présenté hors compétition, The survivalist était probablement le meilleur film de cette 26e édition du Festival de Dinard. Ce premier long métrage perpétuellement sur le fil, qui flirte à la fois avec ultra-réalisme et fantastique onirique, se déroule dans une période terrible de famine et de pillages et suit le quotidien d'un homme qui survit seul en se protégeant de toute intrusion extérieure.

Il s'agit d'une oeuvre forte, violente et intense qui décortique le mécanisme fragile des rapports humains et propose une version minimaliste et épurée du film de survie post-apocalyptique. Un long métrage envoûtant qui n'a pas (encore) de distributeur, mais qu'il serait impossible de ne pas découvrir prochainement en France.

En attendant, nous avons rencontré son réalisateur Stephen Fingleton, présent à Dinard.

Ecran Noir : Comment est née l'idée du film ?

stephen fingletonStephen Fingleton : Je voulais imaginer une relation entre un homme et une femme dans un monde sans argent. J’ai donc conçu une relation transactionnelle entre un homme et une femme qui reposerait sur un échange nourriture contre sexe. J’ai réalisé que les relations seraient exactement du même type que celles qui existent aujourd’hui, basées sur le besoin, la manipulation… et, que quelque part en cours de route, elles se transformeraient en amour.

EN : Donc au départ, vous n’aviez pas particulièrement dans l’idée de faire un film de survie ?

SF : En fait, j’ai combiné deux idées différentes : d’abord, j’ai réfléchi à la manière dont j’essaierais de survivre si les ressources dont nous dépendons venaient à disparaître face à une croissance trop importante de la population. J’ai imaginé la stratégie que j’adopterais et certains choix du Survivant reflètent les miens. Ensuite, cela s’est combiné à quelque chose de plus personnel qui est une analyse de la « politique du sexe » et d’une certaine manière une analyse de ma propre sexualité. Je veux parler de notre capacité à subvenir aux besoins de l’autre en tant que partenaire. C’est un facteur-clef dans de nombreuses relations. Prenez l’exemple de certains hommes qui ont réussi, qu’on ne considère pas comme spécialement attirants, et qui ont des femmes plus jeunes et plus jolies. Cela reflète les déséquilibres des positions sociales. Quand vous êtes avec quelqu'un qui n’est pas intéressé par vous mais par quelque chose que vous avez ou que vous représentez. J’avais envie de présenter quelqu'un qui veut ce type de relation.

EN : Comment avez-vous travaillé avec les acteurs ?

SF : Il y a eu des moments extraordinaires sur le tournage. Une alchimie parfaite entre les acteurs. Par exemple, la scène où la jeune femme rase le personnage masculin. La scène de massage. La conversation entre les deux femmes, quand elles se demandent si elles vont le sauver ou pas. Nous avons seulement filmé cette scène une fois. Une prise, deux caméras. Le dialogue, puis elles rentrent à l’intérieur, la caméra les suit et elles vont le retrouver. Je vois ce que font les acteurs et je les suis. Nous avions très peu de temps pour tourner car c’est un film à petit budget. Tout devait être fait dans la précipitation. La seule chose pour laquelle je n’ai pas économisé mon temps, c’est pour le travail avec les acteurs. La seule manière de faire était de parler avec eux. J’ai énormément parlé. On a passé tout le week-end à parler des scènes avec chacun. Le plus grand challenge, c’était probablement Martin [McCann] qui n’était pas à l’aise avec les scènes de nudité. Mais quand on les a tournées, il y avait une intensité qui m’a marquée. Je m’en souviendrai toujours.

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