Moi, Daniel Blake domine les nominations des British Independent Film Awards

Posté par vincy, le 1 novembre 2016

Avec 7 nominations, Moi, Daniel Blake, Palme d'or cannoise, domine la liste des nommés des British Independent Film Awards, devançant le prix du jury cannois American Honey, Adult Life Skills, présenté à Dinard fin septembre, Notes on Blindness et Under the Shadow, qui en reçoivent six chacun.

Moi, Daniel Blake est nommé comme meilleur film aux côtés de Couple in a Hole (Sauvages) (Hitchcock d'or à Dinard l'an dernier), American Honey, Notes on Blindness et Under the Shadow. La Palme d'or est également nommé dans les catégories meilleur réalisateur (Ken Loach est en compétition avec Andrea Arnold, Babak Anvari, Ben Whitley, et le duo Peter Middleton et James Spinney), meilleur scénario, meilleure actrice, meilleur acteur et meilleur espoir (deux fois).

Dans la catégorie meilleur film indépendant étranger, on retrouve le film français Mustang face à Hunt fot the Wilderpeople, Manchester by the Sea, Moonlight et Toni Erdmann, qui était en compétition à Cannes.

Côté interprétation, la catégorie meilleure actrice oppose Hayley Squires (Moi, Daniel Blake), Jodie Whitaker (Adult Life Skills), Kate Dickie (Couple in a Hole), Narges Rashidi (Under the Shadow) et Sasha Lane (American Honey). Pour les acteurs, on retrouve Dave Johns (Moi, Daniel Blake), Max Records (I Am Not a Serial Killer), Michael Fassbender (Trespass Against Us), Shia LaBeouf (American Honey) et Steve Brandon (My Feral Heart). Le prix du meilleur second rôle féminin départagera Avin Manshadi (Under the Shadow), Gemma Arterton (The Girl with all the Gifts), Naomie Harris (Le traître idéal), Shana Swash (My Feral Heart) et Terry Pheto (A United Kingdom). Pour le second rôle masculin, les votants devront choisir entre Arinzé Kene (The Pass), Breet Goldstein (Adult Life Skills), Christopher Lloyd (I Am not a Serial Killer), Jamie Dornan (Anthropoid) et Sean Harris (Trespass Against Us).

Notons que le duo de Moi, David Blake, Dave Johns et Hayley Squires, cités chacun comme meilleur acteur et meilleur actrice, sont aussi nommés dans la catégorie meilleur espoir, aux côtés de Letitia Wright, Sennia Nanua et Steve Brandon (lui aussi nommé comme meilleur acteur).

Pour le Douglas Hickox Award qui récompense un réalisateur pour un premier film, les nominations sont Adam Smith (Trespass Against Us), Alice Lowe (Prevenge, qui était aussi en compétition à Dinard cette année), Babak Anvari (Under the Shadow), Peter Middleton et James Spinney (Notes on Blindness) et Rachel Tunnard (Adult Life Skills).

Dinard 2015 : 3 questions à Stephen Fingleton

Posté par MpM, le 7 octobre 2015

the survivalist

Présenté hors compétition, The survivalist était probablement le meilleur film de cette 26e édition du Festival de Dinard. Ce premier long métrage perpétuellement sur le fil, qui flirte à la fois avec ultra-réalisme et fantastique onirique, se déroule dans une période terrible de famine et de pillages et suit le quotidien d'un homme qui survit seul en se protégeant de toute intrusion extérieure.

Il s'agit d'une oeuvre forte, violente et intense qui décortique le mécanisme fragile des rapports humains et propose une version minimaliste et épurée du film de survie post-apocalyptique. Un long métrage envoûtant qui n'a pas (encore) de distributeur, mais qu'il serait impossible de ne pas découvrir prochainement en France.

En attendant, nous avons rencontré son réalisateur Stephen Fingleton, présent à Dinard.

Ecran Noir : Comment est née l'idée du film ?

stephen fingletonStephen Fingleton : Je voulais imaginer une relation entre un homme et une femme dans un monde sans argent. J’ai donc conçu une relation transactionnelle entre un homme et une femme qui reposerait sur un échange nourriture contre sexe. J’ai réalisé que les relations seraient exactement du même type que celles qui existent aujourd’hui, basées sur le besoin, la manipulation… et, que quelque part en cours de route, elles se transformeraient en amour.

EN : Donc au départ, vous n’aviez pas particulièrement dans l’idée de faire un film de survie ?

SF : En fait, j’ai combiné deux idées différentes : d’abord, j’ai réfléchi à la manière dont j’essaierais de survivre si les ressources dont nous dépendons venaient à disparaître face à une croissance trop importante de la population. J’ai imaginé la stratégie que j’adopterais et certains choix du Survivant reflètent les miens. Ensuite, cela s’est combiné à quelque chose de plus personnel qui est une analyse de la « politique du sexe » et d’une certaine manière une analyse de ma propre sexualité. Je veux parler de notre capacité à subvenir aux besoins de l’autre en tant que partenaire. C’est un facteur-clef dans de nombreuses relations. Prenez l’exemple de certains hommes qui ont réussi, qu’on ne considère pas comme spécialement attirants, et qui ont des femmes plus jeunes et plus jolies. Cela reflète les déséquilibres des positions sociales. Quand vous êtes avec quelqu'un qui n’est pas intéressé par vous mais par quelque chose que vous avez ou que vous représentez. J’avais envie de présenter quelqu'un qui veut ce type de relation.

EN : Comment avez-vous travaillé avec les acteurs ?

SF : Il y a eu des moments extraordinaires sur le tournage. Une alchimie parfaite entre les acteurs. Par exemple, la scène où la jeune femme rase le personnage masculin. La scène de massage. La conversation entre les deux femmes, quand elles se demandent si elles vont le sauver ou pas. Nous avons seulement filmé cette scène une fois. Une prise, deux caméras. Le dialogue, puis elles rentrent à l’intérieur, la caméra les suit et elles vont le retrouver. Je vois ce que font les acteurs et je les suis. Nous avions très peu de temps pour tourner car c’est un film à petit budget. Tout devait être fait dans la précipitation. La seule chose pour laquelle je n’ai pas économisé mon temps, c’est pour le travail avec les acteurs. La seule manière de faire était de parler avec eux. J’ai énormément parlé. On a passé tout le week-end à parler des scènes avec chacun. Le plus grand challenge, c’était probablement Martin [McCann] qui n’était pas à l’aise avec les scènes de nudité. Mais quand on les a tournées, il y avait une intensité qui m’a marquée. Je m’en souviendrai toujours.

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Dinard 2015 : retour sur la compétition

Posté par MpM, le 5 octobre 2015

Palmarès dinard 2015

Le palmarès du 26e festival de Dinard a braqué un peu artificiellement toute la lumière sur A couple in a Hole de Tom Geens, lauréat des prix du public et de la mise en scène ainsi que du Hitchcock d'or, plus haute distinction décernée par le grand jury. Pourtant, dans une compétition plutôt homogène, les cinq autres films en lice auraient tout aussi bien pu retenir l'attention des jurés, tant chacun avait une proposition thématique ou formelle à défendre. Retour sur cette compétition éclectique et dense.

Visiblement mieux produit que les autres, Kill your friends de Owen Harris raconte sans fausse note le parcours de Steven, directeur artistique dans une maison de disques, qui cherche à obtenir la promotion de ses rêves.

Cynique, exalté et surtout follement drôle, le film (adapté du roman de John Niven) bénéficie d'une mise en scène stylisée et chic qui rend le spectateur complice du personnage principal, et témoin de ses turpitudes aussi délirantes qu'immorales.

Cerise sur le space cake, Nicholas Hoult campe avec gourmandise ce personnage d'arriviste torturé et désabusé prêt à tuer père et mère pour réussir. Probablement ce qu'on a vu de plus abouti dans la compétition, à découvrir en salles le 2 décembre.

departureDans un autre registre, Departure d'Andrew Steggall est une chronique adolescente subtilement portée par le personnage central, un jeune Britannique fantasque et romantique (merveilleusement incarné par Alex Lawther, un nom à retenir) qui passe quelques jours en France pour aider sa mère à vider leur maison de vacances. La relation qu'il tisse avec un jeune Français plus brut de décoffrage est pleine de charme et d'humour.

Malheureusement, le film bascule dans sa 2e partie vers le drame inutile, et flirte presque avec le vaudeville. Sans parler de la fin qui, elle, frise le ridicule. Comme dans plusieurs films de la compétition cette année, le scénario de Departure manque de cohésion et reste inabouti, créant une grande déception tant il était maîtrisé dans sa première heure.

couple in a holeMême problème pour Couple in a hole qui propose des très beaux moments de cinéma avant de se perdre dans des poncifs sur le deuil et la culpabilité.

Si on aime très fort la première partie du film, presque mutique et en fusion totale avec la nature, la surenchère dans le drame lacrymal transforme peu à peu l'appréciation en agacement, voire en incompréhension.

A noter malgré tout que jury et public se sont retrouvés sur le film, qui réunit proposition esthétique presque radicale et émotions universelles.

Just JimAutre exemple de scénario qui perd le fil, Just Jim (première réalisation du jeune acteur Craig Roberts) raconte le quotidien morne de Jim, ado complexé qui est le paria de son lycée. Lorsqu'il rencontre Dean, un mystérieux Américain décidé à le rendre cool, tout semble devoir aller mieux... en apparence.

Souvent drôle et décalé, proposant quelques jolies idées de mise en scène, le film ne tient pourtant pas totalement ses promesses. Il échoue notamment à aller jusqu'au bout de son sujet, pas assez audacieux pour oser un finale plus radical.

The visitorsQuant à The violators d'Helen Walsch, il s'agit du seul film de la compétition qui mette en scène une jeune fille.  Shelly, une adolescente déscolarisée de 15 ans, essaye d'assurer un foyer stable et aimant à son jeune frère qui a été abandonné par sa mère. D'une grande beauté, elle fait la convoitise de tous les hommes du voisinage, dont certains sont prêts à tout pour l'ajouter à leurs tableaux de chasse...

Magnifiquement incarnée par la sublime Lauren McQueenil, cette héroïne ne manque ni de force, ni de volonté, et se défend avec beaucoup d’intelligence contre les prédateurs qui l'entourent. Elle porte et sa famille et le film sur ses épaules, sans pathos ni clichés. On ne peut hélas pas en dire autant du film lui-même qui souffre d'incohérences de scénario et de quelques grosses ficelles désolantes qui en font un objet assez inégal.

A noter qu'American hero de Nick love était lui aussi en course pour le Hitchcock d'or, mais présenté dans une version non définitive. De ce fait, il nous a été interdit d'en parler avant avril 2016.

Nous en profiterons donc pour mentionner à la place ce qui était probablement le meilleur film à Dinard cette année, mais qui figurait hors compétition,The survivalist de Stephen Fingleton. Ce premier long métrage perpétuellement sur le fil, qui flirte à la fois avec ultra-réalisme et fantastique onirique, se déroule dans une période terrible de famine et de pillages. Un homme survit au milieu des bois en cultivant une petite parcelle de terre, et en se protégeant de toute intrusion extérieure. Un jour, deux femmes affamées et épuisées débarquent chez lui et lui demandent de l'aide. Une oeuvre forte, violente et intense qui décortique le mécanisme fragile des rapports humains et propose une version minimaliste et épurée du film de survie post-apocalyptique. Un long métrage envoûtant qui n'a pas (encore) de distributeur, à l'image de quatre des six films en compétition, mais qu'il serait impossible de ne pas découvrir prochainement en France.

Dinard 2015 : une conversation entre Hanif Kureishi et Roger Michell

Posté par kristofy, le 4 octobre 2015

Le 26e Festival du Film Britannique de Dinard a rendu hommage à un maestro de l’écriture dont les histoires ont été transposées dans quantité de films britanniques : Hanif Kureishi.

Le scénariste et romancier est connu notamment pour les scénarios des films de Stephen Frears (My beautiful laundrette, Sammy et Rosie s’envoient en l’air), Patrice Chéreau (Intimité, Ours d'or à Berlin) et Michel Blanc (Mauvaise Passse) et surtout plusieurs films réalisés par Roger Michell : Le Bouddha de banlieue (feuilleton de 4 épisodes), The mother, Venus, Weekend à Paris.

Pour l’occasio,n Roger Michell (Coup de foudre à Nothing Hill, Dérapages incontrôlés...) était donc lui aussi présent à Dinard où il a fait découvrir ses deux dernières réalisations (pour la télévision) The Lost Honour of Christopher Jefferies et Birthday, alors qu'il prépare son prochain film de cinéma My cousin Rachel.

Dans le cadre de cet hommage, une discussion a eu lieu en public entre Hanif Kureishi et Roger Michell, dont voici quelques extraits choisis.

Hanif Kureishi : On s’est connu au théâtre, j’avais environ 18 ans, j’étais auteur et Roger était directeur d’une troupe, je découvrais ce milieu.

Roger Michell : Le théâtre du Royal Court était important, depuis la fin des années 50, on y trouvait déjà le théâtre moderne comme celui de Samuel Beckett. Cet endroit est désormais dans notre ADN, on essayait de comprendre un peu la vie et le monde autour.

Hanif Kureishi : J’écrivais des essais, des articles, des choses sérieuses. Aussi un peu de pornographie pour des magazines à lire d’une main, en tant qu’écrivain ce genre était un moyen de gagner un peu d’argent !

Roger Michell :  Je n’ai pas lu ça, j’ai envie ;-) Plus sérieusement il avait écrit 4 pièces avant son premier roman Le Bouddha de banlieue, la première histoire sur laquelle on a travaillé ensemble pour en faire un film [en fait une série de 4 épisodes pour BBC]. Le décor est d’ailleurs ce milieu du théâtre avec un héros qui essaye d’avoir du succès dans les années 70. On vient donc de voir ici Weekend à Paris, je ne l’avais pas revu depuis deux ans et c’était d’ailleurs ici à Dinard en clôture, le revoir m’a fait me souvenir de la joie de le faire avec Hanif.

Hanif Kureishi : Je me souviens d’un week-end ensemble a Paris dans un hôtel pas terrible avec escalier  et vue sur un mur, on s’était un peu disputé comme le vieux couple du film !

Roger Michell : On a fait ce que la plupart des gens anglais font à Paris et ça s’est retrouvé dans le film, avec comme structure 48 heures d’un couple en voyage a Paris. On s’est  aussi inspiré de quelques petites choses en rapport avec nos différents mariages à l’un et à l’autre.

Hanif Kureishi : Souvent, au cinéma, les héros sont des personnages jeunes, mais la vie continue après 60 ans. D’ailleurs dans notre film Venus il y a un Peter O’Toole vieux qui salive devant une jeune fille de 20 ans, ça raconte beaucoup de choses. Il y a 2 catégories de gens qui vont au cinéma : les jeunes comme nos enfants qui vont voir des gros films en soirée, et les grands-parents qui y vont en après-midi. On voulait une histoire douce-amère de tendresse avec cette génération peu représentée.

Roger Michell : Weekend à Paris est un peu mon hommage à Godard comme par exemple son Bande a part, Godard était assez sérieux et académique comme réalisateur mais aussi joueur. The last honour of Christophe Jefferies, qu’on présente aussi à Dinard, est l’histoire d’un enseignant accusé de meurtre, et ce type d’homme m’avait d’ailleurs fait découvrir Week-end de Godard il y a longtemps. Pour notre film Weekend à Paris on a mis 7 ans d’échanges et de discussions pour le mettre sur pied. Cette notion de temps d’écriture est un aspect a prendre en compte dans le processus de création de film. On avait une idée de casting pour le duo à l’origine et finalement c’est un autre casting dans le film : en faisant évoluer l’histoire on a aussi fait évoluer notre choix vers d’autres acteurs. Nous aimons raconter de belles histoires avec des gens ordinaires qui peuvent parler à tous.

Lors de la cérémonie de clôture de ce Festival du Film Britannique de Dinard, l'écrivain et scénariste Hanif Kureishi a reçu un Hitchcock d'honneur.

Dinard 2015: le jury et le public plébiscitent « Couple in a Hole »

Posté par vincy, le 3 octobre 2015

Le deuxième long métrage du belge londonien Tom Geens, Couple in a Hole, a reçu les faveurs du jury du 26e Festival du film britannique de Dinard, présidé par Jean Rochefort, avec le Hitchcock d'or du meilleur film et le Hitchcock du meilleur scénario, ainsi que celles des festivaliers avec le Hitchcock du Public.

Le film, déjà présenté aux festivals de Toronto et Zurich, est l'histoire de deux Britanniques (Paul Higgins, Katie Dickie) qui vivent comme des bêtes sauvages dans un trou creusé à même le sol d’une forêt. Moins d’un an auparavant, ils ont tout perdu dans un terrible incendie. En état de choc depuis le drame, le couple se terre, en rupture totale avec la société… Mais un couple de français (Jérôme Kircher, Corinne Masiero) cherche à les aider.

Même si la fin laisse perplexe, Couple in a Hole est une allégorie de la dépression nerveuse post-traumatique chez un couple. Tragique et naturaliste, le film est une immersion dans le psyché d'un homme et d'une femme endeuillés qui préfèrent se couper du monde plutôt que d'affronter la réalité.

Le jury a décidé de donner deux mentions spéciales à Departure d'Andrew Stegall. l'une pour le film, l'autre pour les trois acteurs principaux, Juliet Stevenson, Alex Lawther et le jeune français Phénix Brossard, qu'on reverra bientôt dans Chocolat avec Omar Sy.

Il y a deux points communs entre ces deux films: ils ont été tournés dans la région Midi-Pyrénées et la nature est un personnage à part entière. Et aucun de ces films n'a de distributeur en France.

Le Hitchcock du meilleur court-métrage est décerné à After the End de Sam Southward. Récompensant un film ayant déjà un distributeur, le Coup de coeur de la Règle du jeu est revenu à 45 Years, d'Andrew Haigh, film de clôture du festival projeté juste après la cérémonie du palmarès. Le film avait déjà été primé à Berlin pour ses deux acteurs, Tom Courtenay et Charlotte Rampling.

Enfin le Hitchcock d'honneur récompense l'écrivain et scénariste Hanif Kureishi, qui faisait sa Masterclass cet après-midi en compagnie de Roger Michell.

Dinard 2015: quand les couples s’isolent du monde…

Posté par vincy, le 2 octobre 2015

Deux films présentés hier au 26e Festival du film britannique de Dinard abordaient une thématique similaire, avec un traitement radicalement opposé. Couple in a Hole de Tom Geens et Hide and Seek de Joanna Coates ont en commun l'histoire de couples qui se mettent en retrait du monde.

couple in a hole

Tom Geens a tourné son film essentiellement en France pour une histoire tragique et sacrificielle où un couple écossais vit dans un trou, en pleine forêt, se nourrissant de plantes, de lapins chassés ou de vers grouillants. Couple in a Hole nous enferme dans cette nature protectrice, bienfaitrice mais aussi périlleuse: l'homme est parfois contraint de revenir dans le monde moderne (pour acheter des médicaments), la femme reste "enterrée" dans cette caverne puante et primitive. Cet isolement sert d'allégorie à une dépression psychologique suite à un traumatisme violent. Ici, le couple ne cherche plus à être en contact avec les autres, ne veut plus être connecté, et pense se suffire à lui-même en revenant à l'état primal. Ils s'aiment, partagent la même douleur, et cela leur suffit. Comme s'il était impensable de survivre à un deuil autrement qu'en s'enfermant dans une souffrance irrationnelle... Couple in a Hole, c'est un couple qui se désagrège parce qu'il n'envisage plus de vivre comme avant, après la tragédie qui les a frappés.

hide and seek

A l'inverse, avec le plus enthousiasmant Hide and Seek (Cache-cache), Joanna Coates opte pour l'utopie et la liberté. Avec son scénariste et acteur Daniel Metz, ils ont imaginé le couple dans différentes variations. Deux hommes, deux femmes, quatre possibilités (au minimum). Désireux de se couper de la société et de ses conformismes, d'un système et des contraintes qui en découlent, les quatre jeunes gens se réfugient dans une maison de campagne pour une durée indéterminée. Ils vivent en communauté, sans médias, avec pour rares occupations des jeux et des créations artistiques. Du vin, de l'art et du sexe, voilà la vie idéale selon le film. Le sexe, il y en a. Tout le monde couche avec tout le monde, par deux le plus souvent. Il n'y a plus de genre, plus d'orientation. Homo, hétéro peu importe, et c'est sans doute là le pari le plus audacieux et le plus intéressant du film, qui jamais ne revient sur le chemin des conventions ou de la morale. La chair est un accès au paradis. Il s'agit de se libérer (s'émanciper) en désirant, aimant l'autre sans préjugés. Ni couple, ni trouple, ni simple échangisme orgiaque: c'est un quatuor harmonieux qui va se construire, pour l'éternité. Les couples, ici, coupés du réel, s'épanouissent en partageant l'essentiel. Cet hédonisme, idéaliste, nous interpelle: et si l'amour était infini, à condition de se dépasser et de larguer notre éducation comme notre passé?

A travers ces deux films, le cinéma anglais, dans un registre dramatique ou dans un genre plus poétique, mais tous les deux naturalistes, transgresse quelques tabous et nous interroge sur notre capacité à dépasser nos limites, pour le pire ou pour le meilleur.

Dinard 2015 : le cinéma anglais sort de ses frontières

Posté par kristofy, le 1 octobre 2015

La 26ème édition du Festival du film britannique de Dinard fait venir autour de la plage de l'Ecluse le meilleur du cinéma d’outre-Manche, et souvent le plus inédit. Sur les 46 films présentés en compétition et hors compétition, 9 seulement disposent d'un distributeur en France. Dinard se veut plus que jamais être le lieu où le cinéma britannique est montré pour être découvert, et partagé. Certains des films ayant déjà gagné le Hitchcock d’or ont été nombreux à être plébiscités par le public une fois sortis en salles : The Full Monty de Peter Catan, Billy Elliot de Stephen Daldry, Bloody Sunday de Paul Greengrass, Boy A de John Crowley, Tyranosaur de Paddy Considine, Le Géant égoïste de Clio Bernard…, soit autant d’histoires avec une identité typiquement british.

Cette année la sélection montre un glissement vers un dépassement des frontières, avec des films qui, en majorité, nous racontent des histoires tournées vers l’ailleurs où filmées par un regard extérieur. Hussam Hindi, le directeur artistique, en avait fait la remarque : « ce qui frappe c’est le nombre de films tournés en dehors des frontières du Royaume-Uni (American Hero, Couple in a hole, Departure…) ou qui évoquent l’ailleurs, l’éloignement, le voyage. Des films réalisés par des étrangers (The Lobster par le grec Yorgos Lanthimos, Up & down par le français Pascal Chaumeil) ou qui font appel à des acteurs non-britanniques (Denis Ménochet dans Norfolk, Jérome Kircher dans Couple in a Hole) sont aussi au programme. »

Le festival sera rythmé aussi par un hommage au scénariste Hanif Kureishi et à l’acteur Tom Hollander.

© vincy thomas ecran noir

La composition du jury qui a pour président monsieur petites-blagues Jean Rochefort, habitué des lieux de cette côte d’émeraude, montre aussi une bonne parité français-britanniques : Emma de Caunes (la fille de l'animateur viré de Canal + dixit Rochefort), Mélanie Doutey, Alexandra Lamy (celle dont l'ex-mari a vu sa carrière s'effondrer avec la fin du cinéma muet dixit encore Rochefort), Bernard Lecoq, Pierre Salvadori, le producteur Bertrand Faivre, et Amara Karan, la productrice Helena Mackenzie, Natalie Dormer et Noah Taylor. Le hasard fait que ces deux derniers ont déjà été au générique de la série "Game of Thrones", tout comme l’actrice Kate Dickie présente pour découvrir pour la première fois en même temps que le public le film qu’elle accompagne Couple in a Hole… d’ailleurs en grande partie tourné en France. Virginie Efira, finalement, n'a pas pu rejoindre le jury comme initialement prévu mais l'actrice belge devrait passer le week-end à Dinard.

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26e édition du Festival du film britannique de Dinard
du 30 au 04 octobre 2015
Infos et programmation sur le site de la manifestation Mot-dièse pour les réseaux sociaux: #DinardFilm2015

Rachel Weisz et Sam Claflin dans le remake de « Ma cousine Rachel »

Posté par vincy, le 28 septembre 2015

Roger Michell va adapter le roman de Daphne du Maurier, Ma cousine Rachel. Rachel Weisz et Sam Claflin devraient être à l'affiche de cette nouvelle version du classique de l'écrivaine britannique. Ma cousine Rachel avait déjà été transposé au cinéma en 1952 par Henry Koster, avec Olivia de Havilland et Richard Burton dans les rôles principaux.

Film noir, entre suspens et romance, Ma cousine Rachel est l'histoire d'un jeune homme orphelin, Philip (Claflin), qui croit que sa mystérieuse et superbe cousine Rachel (Weisz) a tué son époux richissime Ambrose pour hériter de sa fortune. Mais Ambrose en fait lègue toute sa fortune à Philip, qui reste cependant soupçonneux. Il cherche à faire éclater la vérité et à se venger mais tombe amoureux fou de la jeune femme, qui en est déjà à son deuxième veuvage.

Les romans de Daphne du Maurier ont toujours séduit le cinéma. Alfred Hitchcock a librement adapté La Taverne de la Jamaïque, Rebecca et Les Oiseaux. L'aventure vient de la mer, avec Joan Fontaine, Le bouc émissaire, avec Bette Davis, Ne vous retournez pas, avec Julie Christie ont aussi été transposés sur grand écran.

Actuellement à l'affiche de Youth, le plus grand succès de Paolo Sorrentino en France, Rachel Weisz sera bientôt en salles avec The Lobster, prix du jury à Cannes, et a deux projets en cours, The Light Between the Oceans de Derek Cianfrance, avec Michael Fassbender et Alicia Vikander et Denial, avec Tom Wilkinson.

Sam Claflin, révélé dans le dernier Pirates des Caraïbes en date, a surtout été repéré pour son rôle de Finnick dans la franchise Hunger Games. On le verra également dans The Huntsman, aux côtés de Chris Hemsworth, et dans Me Before You, face à Emilia Clarke.

Roger Michell va recevoir un hommage cette semaine au Festival du film britannique de Dinard. On lui doit, entre autres, Coup de foudre à Notting Hill, Dérapages incontrôlés, Morning Glory, The Mother, Week-end royal et Un week-end à Paris.

Deauville 2015 rend un hommage mérité à Sir Ian McKellen

Posté par kristofy, le 10 septembre 2015

© ecran noir

Encore un hommage au Festival du film américain de Deauville , et encore pour un acteur d’origine britannique, par ailleurs anoblit par la reine d'Angleterre : Sir Ian McKellen. Le malicieux et fringuant septuagénaire (76 ans) est connu des plus jeunes pour ses rôles de Gandalf dans la franchise Le Seigneur des anneaux (il en a d'ailleurs gardé un tatouage sur son bras qu'il a montré sur le tapis rouge) et de Magnéto dans celle de X-men. C'est aussi un légendaire acteur de théâtre qui a joué sur scène (et pour la télévision) tous les classiques, Hollywood s'intéresse à lui surtout durant les années 90 : Last Action Hero (1993), Bent ((1997), Ni dieux ni démons (1998), Un élève doué (1998), Da Vinci Code (2006)...

« Je suis fier de ces gros films Le Seigneur des anneaux et X-Men, ils sont bien fait et ils ont eu un grand succès international, ils ont été une expérience de tournage extraordinaire. Je ne veux plus être enfermés dans un personnage de franchise. La jeune génération d’acteurs n’a sans doute pas besoin de mes conseils, je leur dirais de se construire une carrière, de ne pas chercher la gloire ou l’argent, de travailler avec cœur. Avec l’expérience j’ai appris à être drôle, c’est difficile, l’expérience apporte de la confiance en soi. Quand un metteur en scène dit ‘cut, ok elle est bonne’ c’est toujours un soulagement et une satisfaction d’avoir réussi, car on peut encore être désarmé devant un projet de film particulier. »

Un Holmes inédit

Acteur engagé, Ian McKellen est venu présenter à Deauville son dernier film Mr Holmes réalisé Bill Condon, qui avait été découvert  au festival de Berlin et qui sera bientôt à celui de Dinard (du 30 septembre au 4 octobre): on y découvre le célèbre détective Sherlock Holmes à la retraite qui va revenir sur une affaire non-résolue...

« Avant de faire Mr Holmes je n’ai pas regardé d’autres films de Sherlock Holmes avant de tourner, il y a dû y avoir une centaine de Sherlock Holmes différents. Quand on joue Hamlet on fait le texte de Hamlet sans aller voir comment d’autres ont joué Hamlet. Au théâtre ce qui compte c’est la silhouette, tandis que au cinéma c’est le visage. Au cinéma on ne voit jamais les pieds des personnages, au théâtre on les regarde des pieds à la tête avec leurs démarches. Je viens du théâtre, j’ai le goût pour la dimension physique du personnage où tout le corps doit jouer. Ce Mr Holmes là est en fait très particulier et n’avait jamais été fait, je le joue d’ailleurs à deux âges différents. Ce Mr Holmes est comme une sorte de cadeau unique. »

Dinard 2015: jury, compétition et avant-premières

Posté par vincy, le 1 septembre 2015

dinard 2015Le 26e festival du film britannique de Dinard (30 septembre-4 octobre) s'ouvrira avec Up & Down (A Long Way Down), dernier film de Pascal Chaumeil, décédé ce week-end. Cette comédie très britannique avait été présentée à Berlin en 2014. Une comédie noire et drôle avec Pierce Brosnan, Toni Collette et Imogen Poots, quoi de mieux pour donner le tempo à un programme chargé et varié?

Jury

Présidé par Jean Rochefort - la classe - le jury sera composé des actrices françaises Alexandra Lamy, Emma de Caunes, Mélanie Doutey, de l'actrice belge Virginie Efira, de l'actrice britannique Amara Karan (A bord du Darjeeling Limited), du comédien français Bernard Lecoq, du réalisateur britannique Julien Temple et du producteur Bertrand Faivre.

Compétition

On ne connait que 5 des 6 films en compétition. Mais  il y a un des films anglais les plus attendus de l'année: Kill Your Firends d'Owen Harris, avec Nicholas Hoult, Ed Skrein, James Corben et Rosanna Arquette. Les quatre autres films déjà connus pour la compétition sont: Just Jim de et avec Craig Roberts et aussi Emile Hirsch ; Departure d'Andrew Stegall, avec Juliet Stevensen et Alex Lawther ; American Hero de Nick Love avec Stephen Dorff et Eddie Griffin; et Couple in a Hole de Tom Geens, avec Paul Higgins et Jérôme Kircher.

Avant-premières

Outre Up & Down en ouverture, 19 films autres films seront présentés aux festivaliers: 45 Years d'Andrew Haigh, avec Charlotte Rampling et Tom Courtenay (double prix d'interprétation à Berlin cette année), Hide and Seek de Johanna Coates (meilleur film anglais à Edimbourg), The Lobster de Yorgos Lanthimos, avec Colin Farrell, Rachel Weisz, Ben Wishaw et Lea Seydoux (prix du jury à Cannes cette année), Norfolk de Martin Radich  (sélectionné à Rotterdam), Still de Simon Blake (meilleur réalisateur au festival indépendant de Londres), Hector de Jake Gavin avec Peter Mullan (sélectionné au Festival d'Edimbourg), Mr. Holmes de Bill Condon, avec Ian MacKellen et Laura Linney.

Les autres avant-premières sont Birthday de Vadim Jean, Bypass de Duane Hopkins, Dough de John Hordschmidt avec Jonathan Pryce, The Ecstasy of Wilko Johnson, documentaire de Julien Temple, Gold de Nial Heery, Lapse of Honour de Rayna Campbell, Orthodox de David Leon, The Survivalist de Stephen Fingleton et Love is blind de Dan Hodgson.

Dinard projettera plusieurs films de Roger Mitchell: The Lost Honour of Christopher Jefferies et Birthday en avant premières, The Mother, Venus et Un week-end à Paris dans le cadre de l'hommage au scénariste et écrivain Hanif Kureishi. Ce dernier et Roger Mitchell feront une Master class. D'autres films scénarisés par Kureishi seront présentés: My Beautiful Laundrette et Samie et Rosie s'envoient en l'air de Stephen Frears, Mon fils le fanatique de Udayan Prasad et Intimité de Patrice Chéreau.