Festival Lumière – Jour 1 : Alice n’est plus ici mais Martin Scorsese est dans toutes les têtes
Octobre est arrivé et avec lui, comme chaque année depuis 7 ans maintenant, le Festival Lumière et son lot de films, de rencontres, de master class, de dédicaces… Lyon va battre au rythme du 7e Art pendant toute une semaine (du 12 au 18 octobre).
Cette année, Le Prix Lumière sera remis vendredi soir au grandiose Martin Scorsese! La semaine sera alors ponctuée de 15 de ses films et de 5 de ses documentaires. Mais ce n'est pas tout, il y a aussi la Carte blanche à Martin Scorsese, de nombreux hommages à Akira Kurosawa, Julien Duvivier, Larissa Chepitko, l'anniversaire des 30 ans de Pixar avec John Lasseter en invité, des invitations à Sophia Loren, Nicolas Winding Refn, Géraldine Chaplin, Mads Mikkelsen et Alexandre Desplat et de nombreux autres cycles (les ressorties, les grandes projections, la nuit de la peur, les curiosités des années 1980, les trésors des archives, les nouvelles restaurations etc.)
Environ 150 Films projetés en une semaine, c'est certain, il faut faire des choix! Pour ma part, Prix Lumière à Martin Scorsese je commence donc par un de ses films, son troisième plus exactement, qu'il réalise après Mean Streets et juste avant Taxi Driver: Alice n'est plus ici (1974). Cette oeuvre est un peu à part dans sa filmographie puisqu'il s'agit de son premier film hollywoodien et, plus ou moins, d' une commande de l'actrice principale, Ellen Burstyn. On n'y retrouve pas forcément ses thèmes de prédilection mais il porte tout de même sa griffe à travers la bande-son rock et un rythme assez rapide. Jodie Foster tient également le rôle d'Audrey, jeune ado laissée à la dérive par sa mère. on la recroisera chez Scorsese dans le rôle qui fera décoller sa carrière, avec le Scorsese suivant, Taxi Driver.
Avec Alice n'est plus ici, Martin Scorsese nous entraîne dans un road-movie entre une mère et son fils. Liaison atypique que Scorsese filme crument mais avec beaucoup de bienveillance et qui donne à cette relation un aspect très attendrissant. Malgré le caractère quelque peu soumis d'Alice aux hommes, c'est une femme forte qui prend la route, avec son fils sous le bras, à la mort de son mari. Au fur et à mesure que la route défile, son caractère se modifie et on sent une pointe de féminisme qui transparaît dans ce film. C'est d'ailleurs le seul film de Scorsese où le héros est en réalité une héroïne!
Ici, ni mafia, ni vengeance. C'est presque un électron libre, très scorsesien, mais à des années lumières de ce qui suivra durant plus de 40 ans.
Cette première journée de Festival est également marquée par la soirée d'ouverture qui, comme chaque année, se déroule dans l'immense Halle Tony Garnier. Jean-Paul Belmondo, qui revient deux ans après nous avoir fait partager un moment très émouvant aux côtés de Quentin Tarantino, est ovationné. Se succèdent John Lasseter (qui vient souffler les 30 bougies de la petite lampe de chevet), Nicolas Winding Refn (qui présentera deux de ses films, donnera une master class et présentera sa collection d'affiches de films), Mélanie Thierry, Raphaël, Jean Becker, Laurent Gerra, Vincent Elbaz, Louise Bourgoin, Rolf de Heer (qui est là pour la ressortie de son film Bad Boy Bubby), Alex Lutz, Bernard Pivot, Paul Belmondo (qui présentera en compagnie de son père le documentaire qu'il a réalisé sur ce dernier), Dario Argento (pour son film Les Frissons de l'angoisse récemment restauré) et sa fille Asia Argento, Jacques Audiard, Daniel Auteuil et bien d'autres encore…
Discours de Thierry Frémaux (sans Bertrand Tavernier cette fois, qui se remet d'une opération mais qui devrait être présent en fin de festival), petit film en forme de bande annonce alléchante de cette nouvelle édition, montage "tribute to Lasseter", projection de La sortie d'usine avec le cinématographe original des Frères Lumière... Chaque spectateur a également reçu son traditionnel morceau de pellicule qui cette année appartenait au film Jeux Interdits de René Clément.
Lindon parmi les monstres sacrés
On a ensuite eu droit à un hommage en images à Vincent Lindon, qui est ensuite monté sur scène pour présenter le film surprise de cette soirée d'ouverture. Film surprise qui ne l'est pas resté longtemps puisque le nom lui a échappé dès ses premières phrases. C'est donc La fin du jour de Julien Duvivier qui sera projeté en ce premier soir. Film pour les acteurs puisqu'il se passe dans une maison de retraite pour anciens comédiens! Discours émouvant et drôle à la fois de la part du Prix d'interprétation masculine cannois de l'année. Il remercie Thierry Frémaux d'avoir sélectionné La loi du marché à Cannes, remercie également Jean-Paul Belmondo qu'il admire, puis nous raconte sa passion pour le cinéma de Carné, Renoir, Duvivier et plus généralement de cette époque-là et de ce cinéma populaire. Véritable admirateur de Julien Duvivier qu'il considère malheureusement comme un cinéaste sous-estimé, il présentera également La Bandera et Pépé le Moko du même réalisateur durant la semaine. Il avoue tout de même : "je vais être franc, La fin du jour n'est pas mon préféré, mais je l'aime beaucoup quand même".
La suite se passe en images aux côtés de Louis Jouvet, Michel Simon, François Périer, Victor Francen, Madeleine Ozeray... Il y a pire compagnie pour se mettre en appétit avant l'orgie cinéphile qui s'annonce.
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