Le 70e Festival de Locarno dévoile une programmation très française

Posté par vincy, le 12 juillet 2017

Adrien Brody honoré par un Leopard Club Award. Mathieu Kassovitz (qui viendra pour le premier film de Samuel Jouy, Sparring) récompensé par un Excellence Award. A ces deux acteurs, s'ajoutent Michel Merkt (Prix du producteur indépendant), Jean-Marie Straub (Léopard d'or d'honneur) et Nastassja Kinski parmi les hommages rendus cette année. Le 70e Festival de Locarno a révélé ce mercredi 12 juillet le programme des festivités.

Lynch, Huppert, Ruiz...

En compétition on retrouve notamment pas mal de productions et coproductions françaises: 9 doigts de F.J. Ossang, As Boas Maneiras de Juliana Rojas et Marco Dutra, Charleston d'Andreï Cretulescu, Good Luck de Ben Russell, Madame Hyde de Serge Bozon, avec Isabelle Huppert et Romain Duris, Mrs. Fang de Bing Wang et Wajib de Annemarie Jacir. A côté de ces films, ont note la présence de Denis Côté (Ta peau si lisse), Xu Bing (Qing Ting Zhi Yan), John Carroll Lynch (Lucky, avec David Lynch), une œuvre posthume de Raul Ruiz (La telenovela Errante), Jim McKay (On the Seventh Day), Travis Wilkerson (Did You Wonder Who Fired Gun?), Aaron Katz (Gemini) ou encore Germano Maccioni (Les astéroïdes - Gli asteroidi, avec Pippo Delbono)

Paradis, Ardant, Argento...

Pour cette édition anniversaire, le cinéma français sera très présent avec Olivier Assayas et Sabine Azéma à la présidence de deux jurys, mais aussi Samuel Benchetrit, Vanessa Paradis et Vincent Macaigne (Chien), Fanny Ardant transgenre (Lola Pater), Noémie Lvovsky et Mathieu Amalric (Demain et tous les autres jours qui ouvrira la prestigieuse programmation de la Piazza Grande), Paul Hamy et Pascal Greggory (9 Doigts) et Jean-Pierre Léaud (36 fillette). Parmi les autres stars attendues Albert Serra, Francesca Comencini, Irrfan Khan et Golshifteh Farahani (The Song of the Scorpions), Vincent Pérez et le cultissime Dario Argento. Locarno a aussi obtenu la comédie indépendante The Big Sick, véritable phénomène à Sundance, et succès inattendu au box office américain cet été dans les circuits art et essai.

Côté diversité, Locarno présentera deux blockbusters Atomic Blonde avec Charlize Theron et le thriller SF de Netflix, What Happened to Monday? avec Noomie Rapace. De Cannes, seul Good Time des frères Safdie a été retenu pour la Piazza Grande.

D'hier à aujourd'hui

Dans la section Cinéastes du présent, on notera le sud coréen Kim Dae-hwan (The First Lap), le japonais Ryutaro Ninomiya (Sweating the Small Stuff), la française Narimane Mari (Le fort des fous) et l'américain Dustin Guy Defa (Person to Person).

Enfin, est-ce pour la francophilie affirmée de cette édition? Mais la Rétrospective 2017 sera consacrée à Jacques Tourneur, disparu il y a 40 ans: "un réalisateur qui n’est encore pas reconnu à la hauteur de son talent. Tourneur a souvent tourné des films classifiés comme « série B », des films qui nous semblent aujourd’hui plus incisifs, plus visionnaires et plus actuels que leurs aînés. Car le réalisateur a toujours su mêler dans son travail l’imaginaire puissant des récits de genre et une poésie visuelle unique, héritée sans doute de sa double identité, européenne et américaine."

Intégrale Jean-Marie Straub et Danièle Huillet au Centre Pompidou

Posté par MpM, le 16 juin 2016

Straub et HuilletJusqu'au 3 juillet, le Centre Pompidou propose une rétrospective intégrale de l'oeuvre foisonnante de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, figures majeures du cinéma contemporain à qui l'on doit plus d'une quarantaine de films (Chronique d’Anna Magdalena Bach, De la nuée à la résistanceLothringen !, Amerika - Rapports de classe...) depuis leurs débuts dans les années 50. Les films réalisés par Jean-Marie Straub depuis le décès de Danièle Huillet en 2006 (Corneille-Brecht, Kommunisten...) sont également présentés, dont certains sous forme d'installation.

Les adjectifs qui reviennent le plus souvent pour qualifier l'oeuvre de ce véritable couple de cinéma sont "engagée", "libre" ou encore "exigeante", soulignant les caractéristiques de leur "méthode" consistant en une "mise en espace sonore et visuelle d’œuvres littéraires (Brecht, Corneille, Barrès, Pavese) et musicales (Schönberg)". "La recherche essentielle de la forme s’opère sous nos yeux et se joue dans la découpe scrupuleuse des plans, le cisèlement de la langue, l’opacité des silences et des tunnels « au noir », à l’intérieur desquels la conscience politique semble toujours se régénérer. Faire vibrer la langue est l’essence même du projet. Le texte, déclamé par des « récitants », se connecte aux éléments, flotte dans l’air et imprègne les sens" écrit également la critique Sandrine Marques dans le catalogue.

De son côté, le philosophe Jacques Rancière donne quasiment une méthode pour regarder, appréhender et apprécier les films de Straub et Huillet : "Regarder un film, c'est quelque chose qui vient au bout d'un certain temps, il n'y a aucune évidence sensible ou visible là-dedans. La vision « normale » d'un film zappe 80% des éléments - l'histoire, le sens, tout est tellement médiatisé qu'on n'a pas besoin de regarder partout -, alors que les films des Straub supposent qu'on doive pratiquement intégrer tous les éléments de chaque plan. En un sens, on peut qualifier ce cinéma d'exemplaire car tout y est sensible, mais c'est précisément ce qui est déroutant."

Pour l'occasion, deux films signés par le couple rejoignent la collection du centre Pompidou : Introduction à la « Musique d’accompagnement pour une scène de film » d’Arnold Schoenberg (1972) et Toute révolution est un coup de dés (1977) et deux films inédits, Pour Renato (2015) et Où en êtes-vous, Jean-Marie Straub ? (2016), sont  également projetés en avant-première.

Une table ronde est par ailleurs organisée ce samedi 18 juin en présence de Jean-Marie Straub et des plus fins connaisseurs du travail de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub qui donneront à revoir et à entendre sa puissance et son importance dans l’histoire de la création contemporaine. La rencontre sera suivie d'une séance de signature du livre collectif L’Internationale straubienne (Éditions de l’Œil, en coédition avec le Centre Pompidou) qui réunit les réponses de critiques, collaborateurs, artistes ou amis "des Straub-Huillet" à la question : "Quel est votre Straub/Huillet de chevet ?".

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Rétrospective intégrale Straub et Huillet au Centre Pompidou
Jusqu'au 3 juillet
Infos et programme

Locarno 2011 : Isabelle Huppert parmi la foison d’hommages

Posté par vincy, le 20 juillet 2011

Le Festival du film de Locarno remettra l’Excellence Award Moët & Chandon 2011 à Isabelle Huppert, le 7 août sur la Piazza Grande ; le même jour le public pourra assister à une conversation avec l’actrice animée par Jean-Marc Lalanne et Olivier Père. "À l’occasion de la remise de ce prix seront projetées à Locarno La Dentellière de Claude Goretta, Loulou de Maurice Pialat, Merci pour le Chocolat de Claude Chabrol, La Pianiste de Michael Haneke, White Material de Claire Denis et Villa Amalia de Benoît Jacquot" précise le communiqué.

Pour Olivier Père, Directeur artistique du Festival c'est l'occasion de rendre hommage à l'«une des meilleures actrices de son temps.» «Isabelle Huppert a construit une œuvre en choisissant des rôles complexes et inoubliables mais aussi des cinéastes qui comptent parmi les plus fortes personnalités du cinéma moderne. Son jeu d’une palette qui semble infinie est fait de maîtrise et de passion, d’instinct et d’intelligence, de travail et d’abandon. C’est un immense honneur d’accueillir Isabelle Huppert au Festival del film Locarno, où elle avait présenté L’Inondation d’Igor Minaiev, et de lui remettre l’Excellence Award Moët & Chandon. »

D'autres hommages ont déjà été annoncés : Hitoshi Matsumoto, qui présentera en avant-première internationale Saya-zamurai (Scabbard Samurai), en plus de ses deux autres films, eux autres longs métrages du réalisateur : Dai-Nipponjin (Big Man Japan, 2007) et Shinboru (Symbol, 2009) ; Abel Ferrara qui recevra le Pardo d’onore Swisscom, prix attribué chaque année à un réalisateur contemporain pour l’ensemble de son œuvre. L’Ange de la vengeance (Ms. 45, 1981), King of New York (1990), Bad Lieutenant (1992) et Mary (2005) seront projetés ; le producteur américain Mike Medavoy, qui sera récompensé du Prix Raimondo Rezzonico et qui tiendra une Masterclass.

Locarno rendra hommage à diverses personnalités, avec, en bonus des prix Pardo d'honneur pour l'ensemble de leur carrière : la star italienne Claudia Cardinale (avec 8 1/2 de Federico Fellini) ; le comédien allemand Bruno Ganz (avec La chute, La Marquise d'O et Le couteau dans la tête) ; le réalisateur suisse de 82 ans Claude Goretta (avec La dentellière, L'invitation, La provinciale et un documentaire sur lui réalisé par Lionel Baier, Bon vent Claude Goretta).

Trois autres hommages sont prévus dans le cadre de séances spéciales : le réalisateur iranien interdit de filmer par les autorités de son pays Jafar Panahi (avec la projection du Miroir, 1997) ; l'artiste albanaise Anri Sala (dont on pourra voir son nouveau film, 1395 Days without Red) ; et Jean-Marie Straub, avec trois films en avant-première (L'inconsolable, Schakale und Araber, Un héritier).

Le 60e Prix Jean Vigo pour les Chants du Mandrin

Posté par vincy, le 5 mai 2011

Pour ses 60 ans, les prix Jean Vigo, décernés le mercredi 4 mai ont récompensé le long métrage Les Chants de Mandrin, de Rabah Ameur-Zaimeche et au court métrage La dame au chien de Damien Manivel.

Le premier prime "un grand cinéaste" et "la liberté, la poésie et l'esprit de joyeuse contrebande" de son univers. Le tournage a eu lieu l'été dernier dans le sud de la France, avec Jacques Nolot. Le film n'étant pas sélectionné à Cannes, il pourrait faire son avant-première à Locarno. Ameur-Zaïmeche a déjà réalisé Wesh Wesh (2001), Bled number one (Un certain regard 2006) et Dernier maquis (Quinzaine des réalisateurs 2008).

Le second a été salué pour son "incongruité" et son "audace peu commune pour un premier film".

Un prix spécial au réalisateur Jean-Marie Straub, pour "avoir su maintenir au fil d’un œuvre exemplaire une ligne de conduite indépendante, originale et toujours novatrice", a été rajouté au palmarès.

Le prix Jean Vigo, créé en 1951, honore un réalisateur français indépendant d'esprit. Dans l'histoire du prix, on remarque Resnais, Chabrol, Godard, Robert, Enrico, Bertucelli, Garrel, Charef, Moullet, Assayas, Fontaine, Beauvois, Dumont, Ducastel et Martineau... L'an dernier Un poison violent, de Katell Quillévéré, avait gagné le prix une semaine avant sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.