Les ressorties de l’été 2016 (2) : space opera écologique avec Silent running de Douglas Trumbull
Après le film culte Macadam à deux voies de Monte Hellman, on (re)découvre cette semaine l'étonnant Silent running, signé en 1972 par Douglas Trumbull, le créateur des effets spéciaux de 2001 Odyssée de l'espace et de Blade runner, et co-écrit par le cinéaste Michael Cimino. Parfois considéré comme le précurseur de la science fiction moderne, le film sort mercredi 6 juillet en DVD et Blu-Ray, pour la première fois dans une version HD, et accompagné de bonus, suppléments et d'un livret exclusif.
Visionnaire par bien des poins, le film imagine un futur dans lequel la végétation a disparu de la Terre suite à une guerre nucléaire. Dans l'espoir d'inverser la situation, de grandes serres sont cultivées dans l'espace. C'est à cette tâche que se consacre assidûment le botaniste Freeman Lowell à bord du vaisseau Valley Forge, au grand dam de ses collègues peu sensibilisés à l'importance de leur mission. Mais un jour, la décision tombe : les serres doivent être détruites pour des raisons économiques...
Peut-être, à l'heure du tout numérique et des effets spéciaux toujours plus réalistes, Silent running semblera-t-il un poil vieilli. Mais on imagine le choc, en 1972, des spectateurs découvrant ce space opera marchant résolument sur les pas de 2001 tout en proposant un message plus personnel (et clairvoyant) sur la nécessité de préserver la planète. Visuellement, tout est monumental : le décor des serres géantes, les vues spatiales, les explosions des différents modules... Philosophiquement, on a affaire à un huis-clos rageur et anxiogène, dans lequel la solitude conduit inexorablement à une forme de folie, et où tout espoir en l'Humanité semble anéanti.
Allégorie de la condition humaine
Complètement habité par son personnage, Bruce Dern en fait incontestablement des tonnes en amoureux fou de la nature. Mais son jeu exubérant aux confins de la folie peut aussi se lire comme une allégorie de la condition humaine, condamnée à l'autodestruction et à la démence. L'alternative proposée par la fin du film (qui est un grand classique de science fiction) en dit d'ailleurs long sur la confiance que l'équipe de scénaristes avait encore en ses congénères.
A un degré plus profond, le dilemme proposé par Silent running est lui aussi un thème fort et récurrent du cinéma et de la littérature d'anticipation : vaut-il mieux un monde parfait (sans maladie, ni guerre, ni chômage), mais dans lequel tout est pareil, ou un monde plein d'imperfections et donc de vie, qui laisse chacun prendre son destin en mains ? Le scénario répond sans ambiguïté, quitte à manquer parfois de mesure ou de subtilité (on frôle même le kitsch avec les chansons de Joan Baez).
Qu'à cela ne tienne, le film est une véritable curiosité cinématographique qui pose la question sous-jacente à laquelle les sociétés contemporaines n'ont toujours pas répondu : et si l'être humain était moins important que la sauvegarde la nature ?
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Silent running de Douglas Trumbull
Sortie le 6 juillet en DVD et Blu-Ray, version HD
Distribué par Wild side
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