Claude Lelouch a peut-être raison de dire qu'on surdramatise le malheur. Même si on ne peut nier les tragédies (et d'ailleurs on peut-être choqué que football et cyclisme soient plus importants que 292 morts dans un attentat à Bagdad), l'atmosphère est anxiogène parce qu'on croit que le malheur est plus vendeur que le bonheur.
Et si on changeait d'angle, si on regardait ailleurs? Un million de spectateurs pour le documentaire Demain qui compilait des actions positives et simples pour protéger la planète. Un demi million d'entrées pour Merci patron! qui rappelait que le grand soir était peut-être moins une histoire de tribun vociférateur et davantage un esprit d'entraide et de solidarité. Être heureux ne ferait pas un récit? Pourtant, nous aimons tous les happy ends, quand le personnage en a bavé. Et si on s'enthousiasmait pour des bonnes nouvelles, si on croyait un peu plus en soi, si on arrêtait cette complaisance dans la déprime, si on retrouvait le goût du toucher, de la parole, du regard, si on préférait aimaer l'autre plutôt que de le haïr?
Cela ne veut pas dire qu'il faut être naïf, que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". Mais la vie est bien plus complexe qu'un Western avec ses bons et ses méchants et c'est à chacun d'entre nous d'aller chercher la lumière plutôt que d'être fasciné par le côté obscur. Que la force soit avec nous. Et c'est justement le propos du solitaire Hibou, de ces employés qui ne savent pas Sur quel pied danser. De cet homme atteint d'un cancer et qui ne sait pas quoi faire de son meilleur ami, le chien Truman, qui en profite pour dire au revoir, en paix, avec le sourire et une sincérité désarmante, à tous ceux qu'il a aimé (ou pas). De ce garçon cubain dans Viva, qui rêve d'imiter les divas d'hier sur la scène d'un cabaret, avec robes et perruques, et qui doit aussi se coltiner son père. Lui aussi est en fin de vie. Il va devoir choisir entre changer son fils ou l'accepter, se faire détester ou l'aimer tel qu'il est. Quel amour transmettre en guise d'héritage?
Vous l'avez compris, la vie est chienne, mais le cinéma, depuis des lustres, nous montre, loin des dogmes et des religions, des morales et des lois, que l'humain, quand il sait être humain, peut produire son propre bonheur. A un moment donné, il faut lâcher prise, arrêter de juger, se respecter, s'affirmer. Chacun sa vie. Être fier d'être so, ne pas oublier que nous vivons sur la même planète, que nous sommes tous reliés comme espèce mais différents et que cette diversité produit nos diverses cultures.
Et se rappeler que "Ce qui empêche l'homme d'accéder au bonheur ne relève pas de sa nature, mais des artifices de la civilisation” comme le disait Claude Levi-Strauss dans Tristes tropiques.