Cannes 70 : quelle place pour les compositeurs en 70 compétitions ?

Posté par cannes70, le 9 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-39. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

La musique est l’un des éléments indispensables à beaucoup de chef d’oeuvres du cinéma (que serait Vertigo sans la musique de Bernard Herrmann ?), elle s’est aussi faite remarquer au sein des films des 70 ans de compétitions cannoises. C’est à Cannes que s’est fait entendre pour la première fois le “chabadabada” de Un homme et une femme (1966) de Claude Lelouch sur une musique de Francis Lai.

On peut citer le thème lyrique de Doctor Zhivago (1966) de Maurice Jarre, la ballade de Mon Oncle de Jacques Tati, le thème décalé de Anton Karas joué à la guimbarde dans Le Troisième homme (1949) de Carol Reed, la clarinette de Philippe Sarde dans Le Locataire de Polanski (1975) et sa chanson pour Romy Schneider dans Les Choses de la vie (1970), les expérimentations électroniques de Alain Goraguer pour La Planète sauvage (1973), le synthétiseur de Giorgio Moroder sur Midnight Express (1978) ou celui de Vangelis sur Les Chariots de feu (1981), le saxophone de Bernard Herrmann pour la descente aux enfers de Taxi Driver (1976), la guitare dobro de Ry Cooder pour les grands espaces de Paris, Texas (1984), celle plus fantomatique de Neil Young dans Dead Man (1995) ou celles plus dissonantes de Howard Shore dans Crash (1996) de Cronenberg, le hautbois et les chœurs de Ennio Morricone dans Mission (1986), le thème obsédant de Jerry Goldsmith dans Basic Instinct (1992) ou le piano plus romanesque de Michael Nyman dans La Leçon de piano de Jane Campion (1993).

Qu’elle soit minimaliste et pointilliste (la délicate partition de Carter Burwell pour Barton Fink, 1991, celle plus vagabonde de Caro Diaro de Nicola Piovani) ou plus spectaculaire telle celle de Goran Bregovic dans La Reine Margot, la musique a eu ses gloires à Cannes. Mais il faut avouer que depuis une quinzaine d’année, les musiques marquantes se font plus rares, les deux derniers cas majeurs pouvant être cités seraient les cuivres suaves de Alberto Iglesias sur Tout sur ma mère (1999) de Almodovar, ainsi que les atmosphères lugubres doublés d’instants jazzy de Angelo Badalamenti sur Mulholland Drive (2001) de Lynch. Il ne s’agit pas là que d’une question d’appréciation personnelle, mais de la trace laissée par ces B.O. On peut estimer ce qu’a fait Cliff Martinez pour les films de Refn en compétition (Neon Demon), mais l’impact historique est moindre au regard des exemples pré-cités. Il manque peut-être alors un relais lors du festival et des événements associés.

La musique comme sujet du film

Aussi, il y a différents types de musique de film. Il y a celle qui ne cherche pas à être la vedette, cette musique dont l’objectif est de servir le film, et non de se servir elle-même. C’est de celle-ci dont il était question, et parfois certaines sortent du lot par des choix forts (le choix d’un instrument soliste, la place accordée à un thème). Et il y a aussi la musique comme sujet du film (Bird en 1988, Velvet Goldmine en 1998, Last Days en 2005, Ma Vie avec Liberace et Inside Llewyn Davis en 2013) et de son genre même (la comédie musicale) qui a pu arpenter les 70 ans de festival.

On peut relever par ordre chronologique Ziegfeld Follies (1948) et Un américain à Paris (1952) de Minnelli, Funny Face (1957) de Donen, tous les trois sont avec une musique de Gershwin, Les Parapluies de Cherbourg (1964) de Demy (et les chansons de Michel Legrand), All That Jazz de Bob Fosse, et dans les années 2000, Dancer in the dark (Lars Von Trier / Bjork), Moulin Rouge (Baz Luhrmann / Craig Armstrong), Les Chansons d’amour (Honoré / Beaupain).

Il était plus aisé pour la musique de ces films de se faire remarquer. La musique se fait surtout entendre quand elle se voit.

Musique originale versus musique prééxistante

Il faut également distinguer la musique dite “originale” (celle qui implique le travail sur mesure d’un compositeur), à la musique dite “préexistante”. Celle-ci, convoquant bien souvent des morceaux que l’on reconnaît, se fait plus facilement remarquer et évince même la reconnaissance du compositeur impliqué quand ces deux musiques co-existent. Kavinski pour Drive a éclipsé la partition de Cliff Martinez, et personne ne se souvient du compositeur au générique de Polisse de Maïwenn (Stephen Warbeck), mais tout le monde a en tête la chanson de Keedz sur laquelle danse Joey Starr. Quelle injustice d’entendre des auditeurs dans un bar écoutant cette chanson dire “ah, c’est la musique de Polisse”...

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Cannes 2017: auteurs et blockbusters qui alimentent les rumeurs

Posté par vincy, le 9 avril 2017

Dans quelques jours, Thierry Frémaux va présenter le programme de la sélection officielle cannoise. Un peu plus tôt que prévu pour un festival qui commencera un peu plus tard que d'habitude, élection présidentielle française oblige. Il y aura des habitués, des espoirs montants et des auteurs réputés. Le cocktail habituel.

Après avoir parcouru la liste des habitués de la Croisette et celle des cinéastes émergents mais néanmoins réputés, finissons avec les grands auteurs, plus rares à Cannes, et les blockbusters, souvent hors-compétition.

Deux œuvres dans cette liste sont prévues pour la télévision, et c'est ce qui rend les choses encore plus excitantes. D'abord Okja de Bong Joon-ho pour Netflix (lire notre article du 15 août 2016 et bien sûr Twin Peaks de David Lynch, Palme d'or, et par conséquent membre du club VIP du Festival.

Côté Hollywood, beaucoup se sont désistés, de Alien à Pirates des Caraïbes, en passant par Dunkerque (really?). Mais il y a un favori avec War Machine de David Michôd, qui signerait le retour de Brad Pitt sur les marches. Sinon on peut recenser les autres divertissements de la saison comme King Arthur: Legend of the Sword de Guy Ritchie, le Pixar Cars 3, seul film d'animation américain qui tient la corde depuis que Moi moche et méchant 3 a préféré faire son AP mondiale à Annecy en juin, ou encore La Momie, avec Tom Cruise.

Mais les américains ont d'autres cartouches pour venir en force cette année avec How to Talk to Girls At Parties de John Cameron Mitchell, The Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, Detroit Riot Project de Kathryn Bigelow, Suburbicon de George Clooney, Mother! de Darren Aronofsky ou encore Borg vs MacEnroe de Janus Metz Pedersen. Seul souci: les studios visant les Oscars préféreront sans doute présenter ces films dans un festival d'automne, et certains sont encore en montage ou en post-prod.  Le Cameron Mitchell semble quand même parmi les favoris pour la compétition. Mais allons-y,r êvons (beaucoup) avec une avant-première de Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve!

Et sinon, on peut aussi compter sur Victoria et Abdul de Stephen Frears, Blade of the Immortal de Takashi Miike, Face de Malgorzata Szumowska, The Snowman de Tomas Alfredson, Le vénérable W. , documentaire de Barbet Schroeder, Roma d'Alfonso Cuaron (la présence du réalisateur oscarisé pour Gravity ferait l'événement, même s'il a davantage de liens avec Venise) et surtout Sunset de Laszlo Nemes, s'il est prêt, puisqu'il est en tournage selon nos informations. Il signerait le come-back du réalisateur du Fils de Saul, deux ans après avoir été révélé à Cannes.

De France, les grands noms ne manquent pas non plus. Le Rodin de Jacques Doillon (dont la sortie est calée le 24 mai en France) semble assurer du déplacement. Mais c'est aussi parmi ces non habitués cannois que se trouvent les projets les plus excitants pour cette 70e édition du Festival: Les lunettes noires de Claire Denis, Au revoir à-haut de Albert Dupontel, Les gardiennes de Xavier Beauvois, Marvin d'Anne Fontaine, Fleuve noir d'Erick Zonca, 20 ans après La vie rêvée des anges,  La douleur d'Emmanuel Finkiel ou encore l'adaptation de HHhH de Laurent Binet (prix Goncourt du premier roman en 2010) par Cédric Jimenez avec Jason Clarke et Rosamund Pike. En animation, le retour du coréalisateur de Ernest & Célestine, Benjamin Renner, avec Le grand méchant renard, aurait sa place.