Cannes 2017 – les lieux du festival : bienvenue au Petit Majestic

Posté par MpM, le 24 mai 2017

Ici, c'est un peu le QG des festivaliers, l'endroit où l'on passe après la projection du soir dans l'espoir de croiser des connaissances. Il faut savoir que le bar en lui-même n'est pas très grand, et n'a rien de particulièrement attractif (hormis sans doute ses tarifs, bien éloignés du Majestic officiel auquel il fait référence).

Qu'importe, les consommateurs envahissent les deux rues avoisinantes en une marée humaine compacte dans laquelle on distingue parfois une célébrité (à défaut de retrouver facilement ses amis).

Cannes fiction: le Festival en SVàD dans le monde entier

Posté par vincy, le 24 mai 2017

Dix ans après la célébration fastueuse de la 70e édition du Festival, marquée notamment par le surgissement de Netflix et l'affaiblissement du marché du film, mais aussi par un Etat d'urgence très présent en France, Cannes s'est adapté aux technologies pour garder son statut de leader du cinéma d'auteur. Les déplacements trop coûteux (l'inflation des prix des hôtels et des logements a découragé les studios américains), les mesures de sécurité trop importantes (désormais tout Cannes est barricadé, et l'accès n'est autorisé qu'avec des passeports optométriques) et le désintérêt progressif pour un cinéma devenu confidentiel sur les grands écrans ont contraint les grands festivals à changer leur modèle.

Bien sûr Cannes accueille toujours des dizaines de milliers de professionnels, dont 5000 journalistes venus du monde entier. Les exploitants et les directeurs d'autres festivals viennent aussi en nombre. Mais pour maintenir son sex-appeal, le Festival a décidé de doper sa sélection officielle avec plus de 100 films proposés en dix jours, dont ceux en VR.

Pour que chacun puisse les voir dans de bonnes conditions, le site officiel a mis à disposition une plateforme exclusive de streaming exclusivement accessible avec son numéro d'accréditation et une empreinte digitale interactive (on pose le pouce sur l'écran). Malgré tout, Cannes (comme Berlin et Venise) a décidé de ne les mettre en ligne que 24 heures après la projection officielle et la projection presse (désormais simultanés) afin de réserver l'événement pour le grand écran.

Dès le lendemain de la fin du Festival, grâce à un partenariat avec les distributeurs et au changement de règles de la chronologie des médias, la plateforme diffuse tous les films en SVàD, pour 7 euros par séance. Chacun peut se faire Cannes de chez soi, qu'on soit à Chateauroux ou Chengdu : car, en plus tous les films sont traduits avec des sous-titres en 20 langues, y compris en audiodescription pour les malvoyants. Grâce à ce système, les droits de distribution sont repartis à la hausse puisque tous les films peuvent être vus.

Par ailleurs, le festival, qui reçoit un pourcentage sur chaque visionnage, compense financièrement la baisse des aides publiques (voir notre article).

Développée avec son partenaire FranceTélévisions, la plateforme a déjà eu plus de "téléspectateurs" que tous les films cannois distribués en salles l'an passé, dépassant même l'audience de Netflix pour la première fois depuis sa création.

Cannes 2017 : Nos retrouvailles avec Séverine Caneele

Posté par kristofy, le 24 mai 2017

Le jury du Festival de Cannes 1999 présidé par David Cronenberg (entouré de George Miller, qui présida le jury en 2016, Holly Hunter, Jeff Goldblum, André Téchiné, Dominique Blanc, Barbara Hendricks…) est particulièrement séduit par deux films : Rosetta de Jean-Pierre et Luc Dardenne qui reçoit la Palme d’or, et L'Humanité de Bruno Dumont, qui hérite du Grand prix. L’humain est d’ailleurs tellement au centre de ces histoires que le jury décide de cumuler les prix : Prix d'interprétation masculine pour Emmanuel Schotté dans L'Humanité et Prix d'interprétation féminine ex-æquo pour Émilie Dequenne dans Rosetta et pour Séverine Caneele dans L'Humanité. On oublie Tout sur ma mère, Ghost Dog ou Une histoire simple? trois grands récits mélodramatiques signés d'immenses cinéastes. Le néo-réalisme voire le post-réalisme l'emporte.

Émilie Dequenne est belge, elle avait 18 ans et c’était son premier rôle au cinéma, et depuis elle a joué dans plus d’une trentaine de films et téléfilms. Elle s'est installée dans le paysage et a obtenu quatre nominations aux César.
Séverine Caneele est belge, elle avait 25 ans et c’était son premier rôle au cinéma, et depuis ? Alors que Emmanuel Schotté a préféré ne plus faire l’acteur, Séverine Caneele avait, de son côté, le désir de continuer ce métier et de peut-être quitter l’usine où elle travaillait. Mais le cinéma ne s’est plus vraiment tourné vers elle.

Elle a quand même été l’héroïne (une prisonnière) de Une part du ciel en 2002 réalisé par Bénédicte Liénard. Peut-être que Séverine Caneele était beaucoup trop humaine pour le cinéma et ses artifices… Certains cinéastes qui cherchent des ‘natures’ lui ont malgré tout permis de continuer d’apparaître dans quelques scènes en 2004 : dans Quand la mer monte... de Yolande Moreau et Gilles Porte et dans Holy Lola de Bertrand Tavernier. Mais rien par la suite. Jusqu’à cette année.

Depuis une quarantaine d’années déjà, le réalisateur Jacques Doillon ne cesse d’étudier les sentiments, il cherche justement à explorer la nature humaine en choisissant aussi bien des acteurs confirmés que des débutants. Pour son Rodin, le sculpteur est incarné par Vincent Lindon. Izïa Higelin y est sa nouvelle muse et l’un de ses maitresses Camille Claudel, prenant la suite d'Adjani et Binoche, et Séverine Caneele interprète celle qui fût son modèle favori avant devenir sa femme, Rose Beuret. Une forte femme, terrienne, sans artifice, justement.

18 ans après son Prix d'interprétation féminine, Séverine Caneele est donc de retour au Festival de Cannes dans un film en compétition. Cela fait 13 ans qu'elle n'a pas tourné. On va enfin se rendre compte de son talent. Dans L'Humanité, elle était apparue comme un corps avec quelques scènes de nudité (et une doublure) qui avaient fait beaucoup parler d'elles. Il aura fallu bien des années pour que le cinéma par l’entremise de ce Rodin de Jacques Doillon voit Séverine Caneele comme un visage. Un come-back aussi surprenant que fascinant. Sculpté à sa mesure.

Daily Cannes: des étoiles mais pas de feu d’artifice

Posté par cynthia, le 24 mai 2017

Hier si vous n'étiez pas à Cannes, vous avez raté votre vie. Je sais, c'est cru comme révélation, mais la vérité fait mal : mardi 23 mai, on a frôlé les étoiles et l'orgasme pour la célébration des 70 ans de Cannes. Malheureusement, l'esprit n'était pas la fête: Roger Moore nous a quitté et surtout le monde était en deuil à cause un attentat à Manchester.

Avant la fiesta, la douleur...

Suite aux horribles attentats survenus pendant le concert d'Adriana Grande à Manchester (je ne sais pas pour vous mais je sens que, pour ma part, je vais bientôt troquer ma vie de journaliste contre une vie de moine et d'éleveuse de lamas dans une montagne au fin fond du Pérou!), Cannes s'est plongé dans le silence pendant une minute et a annulé de nombreux événements tels que son feu d'artifice ou la promotion de Cars 3 des Studios Disney/Pixar. Passé cette douleur et cet effroi (parce qu'on est plus fort que tous les cons remplis de haine qui existent sur notre planète pleine d'amour), Cannes a quand même célébré son anniversaire.

Happy birthday to youuuuu (avec la voix de Marilyn Monroe)

Entouré d'invités prestigieux, le Festival de Cannes a célébré sa 70e édition. L'occasion de parler cinéma, réalisateurs, acteurs, actrices, etc...

"Ce soir, nous célébrons ensemble 70 années de mariage entre Cannes et le cinéma… Pour Jean Cocteau qui présida le Jury en 1953, le Festival n’avait de sens véritable que s’il était une rencontre des esprits et des cœurs. Et c’est peut-être ça le secret d’un mariage qui dure, le secret de 70 ans d’histoire d’amour, la rencontre des esprits et des cœurs" a rappelé Isabelle Huppert, après un long montage sur les grandes ouvertures du festival de Cannes. Le 70e anniversaire c'était un photocall historique et cette soirée au Grand Théâtre Lumière. Pas de film spécial. Pas de grand barnum où tout le monde aurait pu faire la fête. Juste une soirée somptueuse, un peu fade, pour les invités sélectionnés.

L’actrice, qui a présidé la soirée aux côtés de Thierry Frémaux, lance alors le second montage thématique sur l’histoire du Festival, "Car force est d’admettre", dit-elle pour l'introduire, "qu’année après année, le Festival a su mettre en valeur des portraits, des histoires et des points de vue de femmes."

D’autres films de montages - Palmes d'or, scandales, remises de prix et enfance - sont venus rythmer la célébration de souvenirs et d’émotions, avant de laisser place à la musique avec un concert et une longue soirée arrosée. Pourquoi s'obliger à écouter Vianney? Cela reste un mystère. Les artistes étrangers doivent s'interroger sur l'état de la musique française après cela. Cela jurait avec le beau discours de Vincent Lindon, qui citait Vaclav Havel, André Bazin ou encore Albert Camus: "Nous fêtons les 70 ans du gardien d'une intégrité exigeante sans lequel le cinéma mondial ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui."

Sous le signe de l'ouverture, du photocall aux marches, les grands noms cannois ont défilé: Ken Loach, Bille August, Michael Haneke, Nanni Moretti, David Lynch, Roman Polanski, Jane Campion, Pedro Almodovar, Jessica Chastain, Will Smith,, Agnès Jaoui, Paolo Sorrentino, Catherine Deneuve, André Dussolier, Nicole Kidman, Elle Fanning, Monica Bellucci, Oliver Stone, George Miller, Antonio Banderas, Marion Cotillard, Claudia Cardinale, Claude Lelouch, Costa-Gavras, Juliette Binoche, Nicole Garcia, Victoria Abril, Emmanuelle Bercot, Valeria Golino, Valérie Donzelli, Alejandro G. Inarritu, George Miller, Guillermo del Toro, Mathieu Kassovitz, Cristian Mungiu, Nicolas Winding Refn, Michel Hazanavicius, Claudia Cardinale, Carole Bouquet, Sandrine Bonnaire, Adèle Exarchopoulos, Karin Viard, Marina Foïs, Cécile de France, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Devos, Diane Kruger, Bérénice Bejo, Salma Hayek, Uma Thurman, Laura Morante, Tilda Swinton, Charlize Theron, Benoît Magimel, Gael Garcia Bernal, Mads Mikkelsen, Christoph Waltz, Niels Schneider, Louis Garrel ou encore Adrien Brody.

Le tweet du jour
Il est du patron de la société Le Pacte, Jean Labadie, qui ne manque jamais vraiment d'humour, et qui sait écrire de bonnes punchline.

Cannes 2017: Qui est Angourie Rice ?

Posté par cynthia, le 24 mai 2017

Elle a 16 ans à peine. La première fois que la jeune Angourie Rice frappe les yeux du grand public, c'est à Cannes, l'an dernier pour le film The Nice Guys de Shane Black aux côtés de Ryan Gosling et Russell Crowe. Sa prestance sur le tapis rouge est si douce qu'on a été facilement conquis par ses yeux limpides. Son émotion habite l'actrice à l'écran. Mais là c'était nous qui étions émus de voir cette adolescente parmi les grands du cinéma. Angourie Rice, actrice australienne née en 2001 à Melbourne, fait ainsi une entrée fracassante en incarnant la fille de Ryan Gosling.

Angourie Rice tourne pourtant depuis qu'elle est enfant. A 12 ans, elle est au générique du thriller apocalyptique australien de Zak Hilditch, These Final Hours, présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2014 (mais inédit en salles). La même année, elle joue dans les séquences live du film d'animation Sur la terre des dinosaures. On la croise ensuite dans Nowhere Boys : Le Livre des Ombres de David Caesar. Autant dire qu'elle débute.

Du haut de son mètre cinquante-sept, fille de cinéaste et d'actrice et écrivaine, connue dans son pays pour sa participation à des pubs, et formée par une série de courts métrages, c'est une enfant de la balle.

Cette année, elle va littéralement être sous les feux des projecteurs. D'abord sur la Croisette avec Les Proies (en compétition) de Sofia Coppola aux côtés de Nicole Kidman, Kristen Dunst et Elle Fanning (rien que ça) avant de séduire le grand public dans le prochain Spider-man: Spider-man: Homecoming, qui sort en juillet. De quoi aussi se faire connaître du grand public tout en tapant dans l'œil des producteurs internationaux. Angourie Rice n'a pas fini de faire parler d'elle puisqu'elle est aussi à l'affiche d'un film australien, Jasper Jones, aux côtés de Hugo Weaving et Toni Collette.

Cannes 2017 – les lieux du festival : bienvenue dans l’espace VIP du Miramar

Posté par MpM, le 23 mai 2017

Mais que se passe-t-il dans ces lieux clos et gardés où il faut montrer patte blanche avant d'entrer ? Aujourd'hui on vous emmène dans l'espace VIP du Miramar, la salle de projection de la Semaine de la Critique. Un endroit simple et convivial où les invités peuvent tranquillement s’asseoir et siroter un verre en attendant le début de la séance.

Sur les murs, on peut admirer des panneaux mettant en lumière les courts métrages sélectionnés. C'est là aussi qu'ont lieu les photocalls des équipes avant de monter en scène. Rien de si exceptionnel, au fond.

Mais ne soyez pas trop déçus, ce n'est pas tant le lieu qui compte, que ceux qui y défilent. Et en l'occurrence, cet espace VIP a eu l'occasion d'accueillir son lot de célébrités, de Kirsten Dunst à Jeff Nichols, de James Franco à Laetitia Casta, en passant par Chloë Sevigny et Alejandro González Iñárritu. Et sans compter celles de demain.

Cannes en livres : « Double vague », pour comprendre le nouveau cinéma français

Posté par vincy, le 23 mai 2017

Le pitch: C'est une enquête qui donne la parole aux cinéastes français de double culture et issus des quartiers populaires, à partir d'une centaine d'interviews réalisées entre 2005 et 2016.

Le style: Claire Diao fait parler Houda Benyamina, révélée l'an dernier à la Quinzaine des réalisateurs avec Divines (Caméra d'or), Franck Gastambide, qu'on ne présente plus et qui sera la star et le réalisateur du prochain Taxi prévu dans les salles au printemps 2018, Jean-Pascal Zadi, Alice Diop, Maïmouna Dacour, Steve Achiepo, Ouleya Amamra, Mehdi Idir, Rachid Djaïdani, Djinn Carrénard, Kim Isker, Jalil Naciri, Julien Abraham, Hicham Ayouch ou Mohamed Hamidi. Souvent autodidactes, souvent primés dans les festivals internationaux, ces auteurs de cette nouvelle Nouvelle Vague montrent surtout comment ils veulent se débarrasser des clichés autour du cinéma de banlieue. Entre réalisme et audace, en misant sur la diversité, le livre est avant tout une prise de parole salutaire alors que pour beaucoup, ils avaient "assimile? le fait qu’e?tre Franc?ais c’est e?tre Blanc, e?tre belle c’est e?tre blonde, e?tre intelligent c’est ne pas avoir d’accent, e?tre basane? ou musulman c’est e?tre me?chant ou de?linquant."

La remarque: Claire Diao, journaliste et critique de cinéma franco-burkinabè, a collaboré au Bondy Blog, a expliqué le titre de son livre ainsi: "Double, parce que défendant la double culture de ceux qui l’entourent ; vague, parce que déferlant sur un cinéma français considéré comme trop parisien, trop «rive gauche», trop dans l’entre-soi."

Double vague : le nouveau souffle du cinéma français, de Claire Diao. Paru Au Diable Vauvert, le 18 mai.

Les prix France Culture récompensent Costa Gavras, Sébastien Laudenbach et Rudi Rosenberg

Posté par vincy, le 23 mai 2017

Les trois prix France Culture ont été décernés à Cannes dimanche 21 mai. Costa-Gavras a reçu le Prix France Culture Consécration pour l’ensemble de son œuvre. Le cinéaste, réalisateur et producteur français a signé plusieurs films très engagés dès les années 1960? et notamment Z, qui avait reçu deux Oscars, et deux prix au Festival de Cannes. Depuis juin 2007, il est élu à l’unanimité à la tête de la Cinémathèque Française. Son dernier film, Le Capital, date de 2012.

Sébastien Laudenbach est le lauréat du Prix France Culture Cinéma des étudiants pour son film d'animation La Jeune Fille sans mains. Enseignant, réalisateur et illustrateur, cet auteur de 8 courts-métrages avait présenté l'an dernier à l'Acid au festival de Cannes son premier long, La jeune fille sans mains, mention spéciale du jury au festival d’Annecy. Il a aussi été nommé pour le César du meilleur film d’animation et a remporté le Grand Prix du Festival d’animation de Tokyo.

Enfin, le prix International Students Award UniFrance / France Culture a distingué Rudi Rosenberg pour son film Le Nouveau. Ce prix est choisi par des étudiants étrangers en écoles de cinéma. Le film était sorti en décembre 2015. Il succède à Deniz Gamze Erguven pour Mustang.

Le plus dandy des James Bond, Roger Moore, tire sa révérence (1927-2017)

Posté par vincy, le 23 mai 2017

Sept fois 007, Sir Roger Moore est décédé ce mardi 23 mai à l'âge de 89 ans, en suite, des suites d'un cancer. Le James Bond le plus nonchalant et gentleman, n'a pas pu échappé à la mort cette fois-ci. A 5 ans, une pneumonie avait failli l'emporter. Dans les années 1990, il avait du soigner un cancer de la prostate. En 2003, il s'était écroulé sur une scène new-yorkaise, victime d'un arrêt cardiaque. "Il me semble que je me suis évanoui" avait-il expliqué par la suite.

De tous les acteurs ayant incarné l'espion de Ian Fleming, Roger Moore avait été le plus prolifique, en tournant sept films de la franchise. Ce qui avait passablement bousillé sa carrière. De 1973 à 1985, 007 avait eu une emprise sur lui bien trop importante pour que d'autres cinéastes lui proposent d'autres rôles consistants. Contrairement à Sean Connery, Moore s'est laissé emprisonner par le cachet mirobolant et un certain confort. Trop beau en 1962 et recalé pour Dr. No, il est devenu trop vieux sur la fin pour jouer les héros. Il avait déjà 45 ans quand il a succédé à Sean Connery. Nabab, il rechignait à faire le moindre effort sportif, abusant des doublures même pour des courses à pieds.

Il a su insuffler un charme très british, une forme de dandysme au personnage. Cet humour distillé dans des 007 inégaux, du Moonraker voguant sur la vague Star Wars au burlesque Octopussy en passant par le très sobre Homme au pistolet d'or, aura malgré tout permis à 007 de résister aux blockbusters américains qui commençaient à envahir les salles.

Roger Moore a surtout été une star du petit écran: éternel The Saint qui l'a rendu mondialement célèbre dans les années 60, puis compère de Tony Curtis dans Amicalement Vôtre au début des années 70, il était la quintessence du beau mâle aristocratique britannique, désinvolte et dragueur. Playboy, il l'était aussi dans la vie. Il avait aussi essayer la réalisation en tournant des épisodes des deux séries.

Une carrière de remplaçant

Outre James Bond et la télévision, la carrière de Roger Moore au cinéma n'a pas beaucoup croisé de grands cinéastes. Plutôt abonné aux comédies, films de guerre ou thrillers de deuxième catégorie, signalons pour la postérité: La Seconde Mort d'Harold Pelham (The Man who Haunted Himself) de Basil Dearden, Les Oies sauvages (The wild geese) d'Andrew V. McLaglen, Bons baisers d'Athènes (Escape to Athena) de George Pan Cosmatos, L'Équipée du Cannonball (The Cannonball Run) de Hal Needham, ou encore L'Héritier de la panthère rose (Curse of the Pink Panther) de Blake Edwards. Il se souciait peu de de la qualité des scénarios et dépréciait souvent ses personnages, considérant même des situations de 007 comme ridicules.

Star mondiale maniant l'humour anglais avec brio, conservateur dans l'âme, évadé fiscal notoire, il était philosophe: "Si je conservais toutes les mauvaises critiques sur moi, il me faudrait deux maisons" confiait-il. Mais il était assez fier d'être une star, et pour lui une star c'était un acteur dont on pouvait épeler le nom à Vladivostok.

Né le 14 octobre 1927, d'un père policier et d'une mère au foyer, officier militaire, il a débuté en figurant en 1944 dans César et Cléopâtre, avec Vivien Leigh. Il s'inscrit ensuite à la Royal Academy of Dramatic Art et tient son premier succès avec la série Ivanhoé dans les années 1950.

Selon lui, son plus grand rôle était celui d'ambassadeur itinérant de l'Unicef pour le Fonds pour l'enfance des Nations unies, où il succéda à Audrey Hepburn. "Dresser le sourcil pour Bond était une chose mais sensibiliser l'opinion pour la cause des enfants est beaucoup plus important" disait-il en 2003.

Cannes en Séries : Quand le « P’tit Quinquin » ravit la Croisette

Posté par wyzman, le 23 mai 2017

Si l'édition 2014 du Festival de Cannes a été marquée par la présidence de Jane Campion (seule réalisatrice à avoir remporté la Palme d'or) et le prix du jury ex-æquo pour Xavier Dolan (Mommy) et Jean-Luc Godard (Adieu au langage), revenons sur le cas P'tit Quinquin.

Écrite, réalisée et montée par Bruno Dumont, cette mini-série a été présentée à la Quinzaine des réalisateurs - en séance spéciale. Et alors que la polémique autour de la non-sortie d'Okja en salle est toujours d'actualité, notons qu'à l'époque personne n'avait bronché face à cette projection d'une œuvre qui ne serait jamais montrée au cinéma.

Cela étant dit, P'tit Quinquin avait pour elle d'être portée par un casting d'acteurs non-professionnels au talent certain et dont la Croisette raffole. Plus encore, il s'agissait d'une production française signée par un réalisateur qui a reçu deux fois le Grand prix du jury en compétition ! Et si le festival de Cannes continue de vouloir assumer son rôle de plus grand festival de cinéma international du monde, difficile de passer outre son petit côté chauvin. Et à un moment où les nouvelles manières de faire du cinéma étaient discutées, la présence d'une mini-série avait quelque chose de novateur.

Centrée sur les péripéties d'un adolescent vivant dans le Pas-de-Calais, P'tit Quinquin est parvenue à mélanger les genres, policier et comédie. Un mix qui, s'il est le plus souvent rentable du côté des productions de TF1 ou France 3, est rarement gage de qualité. Mais Arte a (plus que) bien fait les choses en laissant carte blanche à Bruno Dumont. L'an dernier, il est par ailleurs revenu au festival de Cannes avec Ma Loute, un film nommé neuf fois aux derniers César. Cette année, il est de nouveau à la Quinzaine, Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc.

Si quelques spectateurs ont pu regretter que P'tit Quinquin véhicule certains clichés concernant les gens du Nord, la série a été un carton d'audience pour Arte. Plus encore, la presse l'a adorée. Et pour les organisateurs du festival, c'était sans doute tout ce qui comptait : rester à la pointe de la découverte avec un programme (certes produit pour la télévision) mais de grande qualité.

Et avant le lancement du premier festival international des séries (le "Cannes du petit écran"), la Croisette se tourne cette année encore vers le petit écran. Eh oui, pour rappel, les deux premiers épisodes de la saison 3 de Twin Peaks seront diffusés le vendredi 26 mai à 16 heures et l'intégrale de la saison 2 de Top of the Lake le samedi 27 dès 13 heures. Malgré le fait que la saison 2 de P'tit Quinquin ne sera sans doute jamais projetée en avant-première au festival de Cannes, nous pouvons tout de même remercier ses programmateurs d'avoir ouvert leur sélection et permis aux critiques du monde entier de faire la connaissance de Bruno Dumont dans un autre registre que celui qu'on lui cinnaissait ! Comme quoi, derrière chaque polémique peut se cacher une bonne nouvelle...