Cannes 2017 : « Les Proies », de Don Siegel à Sofia Coppola

Posté par kristofy, le 24 mai 2017

Avant d'être un film, puis un autre film, puis un troisième film par Sofia Coppola, Les proies c'est d'abord un roman de Thomas Cullinan, qui sera d'ailleurs réédité chez Rivages mi-août, une semaine avant la sortie du film aujourd'hui présenté en compétition.

"Le 6 mai 1864, la forêt de la Wilderness est le théâtre de l’une des plus effroyables batailles de la guerre de Sécession. Malgré ses blessures, un caporal nordiste réussit à s’échapper du brasier et trouve refuge dans un pensionnat pour jeunes filles confédéré. Mais l’intrusion soudaine d’un mâle vient perturber la vie de recluses, pétrie de valeurs puritaines et de pulsions refoulées, des huit femmes qu’abrite encore l’institution. Objet de tous les fantasmes, le soldat va s’employer à les incarner avec un art consommé de la manipulation, jusqu’à une nuit où tout bascule..."

Ce roman avait déjà été adapté une première fois au cinéma en 1971 par Don Siegel avec Clint Eastwood, puis il a été l'inspiration, bien plus tard en 2014, de Musarañas en Espagnen réalisé par Juanfer Andrés & Esteban Roel (avec Macarena Gómez, Nadia de Santiago, Hugo Silva...) et produit par Álex de la Iglesia. Voici donc la troisième version signée Sofia Coppola avec Colin Farrell face à Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning et Angourie Rice.

Dans le roman comme dans chacun de ces films, trois thèmes se mélangent : la guerre (et ses traumas), la religion (et la morale), le sexe (et la frustrations de fantasmes).

Les Proies réalisé par Don Siegel :
Clint Eastwood est à l'époque l'incarnation même de la virilité: c'est lui le soldat blessé nordiste ennemi qui sera secouru en étant amené dans un pensionnat de jeunes filles confédéré. Dès le début du film, il y a une scène un peu transgressive : le soldat demande son âge à la fille qui la trouvé, 12 ans bientôt 13 "alors je peux t'embrasser". Le soldat embrasse donc cette enfant mais c'est surtout un stratagème pour la rendre silencieuse quand passe un chariot d'hommes sudistes ; toutefois pour cette ado, c'est déjà un éveil de désir amoureux. Les femmes en général ont intégré qu'elles pouvaient être potentiellement victime de viol de la part de soldats, autant de la part des ennemis que de ceux de leur camp. La seule femme qui est prête à mourir plutôt que d'être violée est d'ailleurs une esclave noire du pensionnat. Après 15 minutes de film, il y a déjà 2 répliques qui exposent les thèmes de l'histoire : « Nous n’aurions pas du nous en occuper, ça aurait fait un ennemi de moins », et «  Si cette guerre doit durer encore longtemps, je finirais par oublier que j’ai été femme ». Le pensionnat compte 9 femmes en fait : six demoiselles d'âges différents entre 12 ans de l'enfance et 17 ans de la puberté, une enseignante vierge, une directrice (ayant expérimenté un amour incestueux avec son frère), une esclave, et donc un soldat ennemi blessé. Il va inspirer du désir chez la plupart et il va d'ailleurs jouer de ça pour aussi les manipuler, d'abord pour rester à l'abri chez elles puis pour pouvoir s'échapper d'elles. Il faut aussi remettre le film dans le contexte de l'époque: des années 60 qui ont libéré le sexe, des années 70 où le porno envahit les écrans. La forte charge sexuelle du film et l'aspect plus crû de la mise en scène contribuent à en faire un film daté.

Musarañas réalisé par Juanfer Andrés & Esteban Roel :
On est dans les années 50 en Espagne, une période marquée par l'après-guerre et le régime dictatorial de Franco mais aussi par la forte influence de la religion. Un homme est blessé à la jambe dans un escalier (lui aussi veut se cacher d'un 'ennemi' que l'on découvrira plus tard), il est secouru dans un appartement où vivent deux soeurs : la cadette commence à s'émanciper avec ses 18 ans et à sortir avec un ami, l'aînée vit recluse, malade de ne pouvoir supporter franchir le palier (mais les choses ne sont pas vraiment ce qu'elle paraissent) et hantée par le souvenir du père disparu. Le sexe est forcément un pêché. Les deux femmes vont s'affronter avec l'emprise de l'aînée dont la cadette doit s'affranchir. « Un homme ne me fera pas plus de mal que toi » lui balance-t-elle. Le film s'inspire des Proies tout en ré-inventant ce récit, transposant l'histoire dans une autre époque et optant pour d'autres références, celles de Qu'est-il arrivé à Baby Jane? et de de Misery. Ici la plupart des personnes de l'extérieur ne sont pas forcément une menace, certaines qui s'aventureront dans ce repaire féminin n'en ressortiront pas du tout. L'horreur est plus palpable, les meurtres plus fréquents! L'homme sera maintenu prisonnier un peu de la même manière. En pire.

Les Proies réalisé par Sofia Coppola :
On aurait voulu espérer une nouvelle adaptation du roman original de Thomas Cullinan, malheureusement c'est bien plutôt un remake (trop) fidèle au film de Don Siegel, et surtout bien plus lisse. Les aspérités les plus rugueuses du roman et du film de 1971 ont été pour la plupart supprimées du scénario : par exemple, il n'y a plus du tout la présence d'une esclave noire (une mention indique qu'elle est partie), les soldats ne viennent plus à la porte avec une idée de viol mais de protection, et le rôle de la tortue devient anecdotique (alors que sa destinée était un élément déclencheur de la fin). Le changement le plus dommageable au scénario est du côté du caractère du groupe de jeunes filles: elle sont presque toujours obéissantes et du même avis, sans vraiment prendre d'initiatives personnelles pour leur donner une identité propre. Ainsi la plus jeune ne semble plus s'imaginer avec innocence un amoureux ; la plus grande n'est plus ouvertement provocante pour une relation sexuelle ; ce n'est pas de la jalousie qui pousse l'une d'entre elles accrocher un foulard bleu à la grille pour dénoncer le soldat ; on ne sait pas que l'institutrice n'a rien connu d'autre que le pensionnat puisqu'elle a grandit là (ce qui dans le livre exacerbe son envie de partir ailleurs avec n'importe quel homme qui la trouverait jolie) ; si une relation sexuelle est montrée c'est surtout avec l'institutrice (au lieux de la lolita mineure). Coppola a préféré accentuer l'autorité de la directrice (Nicole Kidman), donner plus d'importance de la religion (il faut faire une prière à plusieurs moments) et obéit aux convenances (elle désapprouve le décolleté d'une robe de Kirsten Dunst, qui devra couvrir ses épaules). les années 2000 sont décidément prudes: la directrice n'est plus une femme perturbée par le sexe (ici tout au plus elle hésite à donner un baiser, sans le faire, et elle a une poussée de désir en nettoyant le corps nu du soldat évanoui).
Que le film de Sofia Coppola soit un peu moins féministe que celui du macho Don Siegel c'est une surprise...

Cannes 2017: Qui est Angourie Rice ?

Posté par cynthia, le 24 mai 2017

Elle a 16 ans à peine. La première fois que la jeune Angourie Rice frappe les yeux du grand public, c'est à Cannes, l'an dernier pour le film The Nice Guys de Shane Black aux côtés de Ryan Gosling et Russell Crowe. Sa prestance sur le tapis rouge est si douce qu'on a été facilement conquis par ses yeux limpides. Son émotion habite l'actrice à l'écran. Mais là c'était nous qui étions émus de voir cette adolescente parmi les grands du cinéma. Angourie Rice, actrice australienne née en 2001 à Melbourne, fait ainsi une entrée fracassante en incarnant la fille de Ryan Gosling.

Angourie Rice tourne pourtant depuis qu'elle est enfant. A 12 ans, elle est au générique du thriller apocalyptique australien de Zak Hilditch, These Final Hours, présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2014 (mais inédit en salles). La même année, elle joue dans les séquences live du film d'animation Sur la terre des dinosaures. On la croise ensuite dans Nowhere Boys : Le Livre des Ombres de David Caesar. Autant dire qu'elle débute.

Du haut de son mètre cinquante-sept, fille de cinéaste et d'actrice et écrivaine, connue dans son pays pour sa participation à des pubs, et formée par une série de courts métrages, c'est une enfant de la balle.

Cette année, elle va littéralement être sous les feux des projecteurs. D'abord sur la Croisette avec Les Proies (en compétition) de Sofia Coppola aux côtés de Nicole Kidman, Kristen Dunst et Elle Fanning (rien que ça) avant de séduire le grand public dans le prochain Spider-man: Spider-man: Homecoming, qui sort en juillet. De quoi aussi se faire connaître du grand public tout en tapant dans l'œil des producteurs internationaux. Angourie Rice n'a pas fini de faire parler d'elle puisqu'elle est aussi à l'affiche d'un film australien, Jasper Jones, aux côtés de Hugo Weaving et Toni Collette.

10 nouvelles actrices qui feront le cinéma de 2017

Posté par kristofy, le 9 mars 2017

Parce que l'on ne croit pas qu'une seule journée suffise à réaffirmer les droits des femmes, c'est toute l'année que nous avons envie de mettre en lumière le travail des femmes qui contribuent à faire du cinéma mondial un art puissant, mais aussi (il n'est pas inutile de le rappeler), une force économique tout sauf négligeable. En ce lendemain du 8 mars, nous nous penchons donc sur les 10 actrices découvertes récemment et qui feront le cinéma de demain. En attendant de parler des réalisatrices, des scénaristes et des productrices à suivre.

Haley Bennett : son nom reste inconnu et c’est complètement injuste : rien qu’en 2016 elle était dans les films Hardcore Henry, Les 7 Mercenaires, La Fille du train !

Son visage sera reconnu en 2017 sans doute puisqu’elle sera aux génériques de L'Exception à la règle de Warren Beaty, Song To Song de Terrence Malick, A Kind of Murder avec Patrick Wilson et Thank You For Your Service avec Miles Teller.

Sofia Boutella : parmi les françaises qui font carrière à Hollywood, il n’y a pas que Marion Cotillard, Eva Green, Léa Seydoux : il y a aussi Sofia Boutella dont le visage est différent d’un film à l’autre depuis le succès de Kingsman: Services secrets en 2015.

Depuis on pense à elle pour les films qui ont besoin d’une femme pour des scènes d’action, comme en 2016 Star Trek Sans limites. En 2017 on le verra dans The Coldest City (avec Charlize Theron et James McAvoy,) et surtout dans le très attendu La Momie face à Tom Cruise !

Lucy Boynton : on est tombé tout simplement tombé amoureux d’elle cette année dans Sing Street ! Le genre fantastique lui va bien aussi dans February et I Am The Pretty Thing That Lives In The House sortis en dvd/vod, à venir Don’t Knock Twice.

En 2017 on continuera d’être sous le charme (de son talent) avec Rebel In The Rye (avec Nicholas Hoult et Kevin Spacey) et Le Crime de l'Orient-Express (avec Kenneth Branagh, Daisy Ridley Daisy Ridley, Johnny Depp, Dench Judi Dench, Michelle Pfeiffer…).

Lily-Rose Depp : elle était la it-girl en train de grandir à l’ombre de ses parents stars, égérie d’une marque de luxe via sa mère Vanessa Paradis et une apparition dans le film Tusk dans lequel joue son père Johnny Depp… Elle a vite été adoptée par le cinéma qui l’a fait devenir actrice pour ses 16 ans. Après Tusk, son personnage et celui de sa meilleure amie Harley Quinn Smith sont devenues les héroïnes de Yoga Hosers de Kevin Smith (avec encore Johnny Depp, et une apparition de Vanessa Paradis…) pour se battre contre des clones de nazis en forme de mini-saucisses… (vu au BIFFF, sortie française en vod ce 13 mars).

Si Yoga Hosers n’est certes pas le meilleur film de Kevin Smith, c’est en tout cas pour le moment le meilleur de Lily-Rose Depp. On la voit même chanter et faire des combats… Sa révélation se fera en France avec ses deux films suivants, d’abord au Festival de Cannes où elle accompagne l’équipe de La Danseuse de Stéphanie Di Giusto (avec SoKo) puis en novembre, c’était la sortie de Planétarium de Rebecca Zlotowski (avec Natalie Portman). On attend de la revoir dans un autre film, avec ou sans saucisses de petite taille.

Bella Heathcote : vénéneuse, la comédienne Australienne séduit avec un beau cv : Time out de Andrew Niccol, Dark shadows de Tim Burton, Cogan de Andrew Dominik (vu à Cannes)… Elle se révèle en 2016 dans Orgueil et Préjugés et Zombies et The Neon Demon de Nicolas Winding Refn.

En 2017 elle sera dans le biopic Professor Marston and The Wonder Women, et aussi dans les suites sulfureuses Cinquante nuances plus sombres et Cinquante nuances plus claires

Riley Keough : son grand-père est le king du rock ‘n roll Elvis Presley et sa première apparition à l’écran est dans le biopic rock Les Runaways mais c’est le cinéma indépendant qui ne peut plus se passer d'elle : Dixieland au Festival de Deauville 2015, amoureuse de Juno Temple dans Jack and Diane, Kiss of the Damned, qui est un film de Alexandra Cassavetes, et en 2015 le blockbuster Mad Max: Fury Road

En 2016 elle a beaucoup tourné et elle nous a impressionné surtout dans le rôle principal de la série The Girlfriend Experience (avec d’ailleurs une nomination au Golden Globe) et à Cannes dans American Honey (sortie le 8 février) : en 2017 elle sera dans Logan Lucky de Steven Soderbergh et Under the Silver Lake de David Robert Mitchell.

Sophie Nélisse : dès son premier rôle dans Monsieur Lazhar elle a reçu à 11 ans deux prix d’interprétation au Canada, puis quatre autres prix aux Etats-Unis à 12 ans pour La Voleuse de livres (avec Geoffrey Rush et Emily Watson). L’adolescente confirme son talent précoce en 2016 dans La Fabuleuse Gilly Hopkins et L'Histoire de l'Amour de Radu Mihaileanu.

Elle est épatante dans Mean Dreams découvert à Cannes puis à Deauville, et qui sortira en avril 2017. En mars 2017, on pourra également la retrouver dans 1:54 avec Antoine-Olivier Pilon (Mommy), suivra ensuite Wait Till Helen Comes avec Maria Bello.

Angourie Rice : elle avait 15 ans en 2016 à Cannes où elle était venue présenter The Nice Guys de Shane Black avec Ryan Gosling et Russell Crowe. On peut donc dire que sa carrière est bien lancée !

Cette année (à nouveau sur la croisette ?), elle sera dans The Beguiled le remake des Proies de Don Siegel par Sofia Coppola et dans le reboot de Spider-Man: Homecoming de Jon Watts, avec Tom Holland dans le rôle de Peter Parker.

Ruby Rose : son charisme a relancé l’intérêt de Orange is the new black quand elle a intégré la série, au point d’enchaîner juste après les tournages musclés.

Début 2017 elle est en effet à l’affiche de xXx : Reactivated avec Vin Diesel, Resident Evil: chapitre final avec Milla Jovovich, et John Wick 2 avec Keanu Reeves !!!

C'est définitif, Rose is the new star.

Anya Taylor-Joy : la femme-enfant inquiète et inquiétante de 2016 c’est elle : The Witch et Morgane.

Et en 2017, c'est encore elle avec Split de M. Night Shyamalan en février puis à venir Marrowbone