3 bonnes raisons de craquer pour Stratton

Posté par wyzman, le 5 avril 2017

Disponible en VàD dès aujourd'hui et en DVD/Blu-Ray le 3 mai, Stratton est l'un de ses nombreux films dont on ne parlera pas assez mais qui vaut tout de même le détour. Afin de rendre justice à Simon West, le réalisateur, voici 3 bonnes raisons de craquer pour son neuvième long-métrage.

C'est un bon film de série B

Alors que l'on ne parlera aujourd'hui que de Power Rangers, A bras ouverts, Les Schtroumpfs et le village perdu (et avec un peu de chance, Les Mauvaises herbes), Stratton s'offre une sortie en VàD qu'il mérite parfaitement. Centré sur les péripéties de John, un agent des forces spéciales britanniques, Stratton représente tout ce que l'on aime dans les films de série B. Pas de grosse star, pas de gros moyens, pas de grosse promo. Mais cela fonctionne. Car loin d'être le film de l'année, Stratton fait le boulot et s'avère être un bon divertissement pour tous les amateurs de films de lutte anti-terroriste sans prise de tête. Les ressorts scénaristiques sont certes usés, mais peu importe. Simon West s'en sort quand même très bien. Après l'affreux Joker, il parviendrait presque à nous réconcilier avec son cinéma lourdingue - en attendant son prochain blockbuster ?

Le casting vaut le coup d’œil

Qu'on se le dise, les acteurs de Stratton seront difficilement nommés aux prochains Oscars. Eh oui, composé de visages familiers, le casting de Stratton regorge d'acteurs souvent secondaires dans d'autres plus grosses productions. Rôle-titre, Dominic Cooper est passé par Need For Speed et Dracula Untold avant d'atterrir dans Warcraft : Le Commencement l'an dernier. Star de Teen Wolf, Tyler Hoechlin a fait un petit tour par Supergirl avant d'être coupé au montage de Cinquante nuances plus sombres. Connu pour son rôle de Drago Malefoy dans la saga Harry Potter, Tom Felton joue actuellement les seconds couteaux dans la saison 3 de The Flash. Star de Humans, Gemma Chan était récemment à l'affiche des Animaux fantastiques. Enfin, après des apparitions dans 90210 : Beverly Hills : Nouvelle génération et Ma Vie avec Liberace, le visage d'Austin Stowell est venu marquer le Whiplash de Damien Chazelle et le Pont des espions de Steven Spielberg.

Aucune suite n'est requise

A un moment où même les pires films sont envisagés sur le long terme (on ne citera personne, rassurez-vous), cela fait toujours plaisir de voir un film d'action tel que Stratton qui se suffit à lui seul. Largué par sa copine au début du film, John finit par retrouver quelqu'un qui lui plaît vraiment après. Lorsqu'un membre de l'équipe s'en va, un remplaçant entre en scène. Les méchants sont appréhendés. Bref, Stratton nous épargne le sentiment de frustration inhérent aux sagas et se regarde avec un certain plaisir. Plus encore, le film n'a pas pour vocation de faire naître en nous l'envie d'une suite tout en restant agréable. Et c'est désormais si rare dans les "grosses" productions anglo-saxonnes que cela méritait d'être signalé.

Tom Hardy chez Pablo Larrain

Posté par vincy, le 5 avril 2017

Pablo Larrain continue son aventure anglo-saxonne. Après Jackie, le cinéaste chilien réaliserait The True American, avec Tom Hardy en tête d'affiche.

Il s'agit de l'adaptation d'un essai d'Anand Giridharadas, qui se situe au Texas juste après les événements du 11 septembre 2001. Il s'agit de l'histoire vraie de Rais Bhuiyan, immigré musulman et vétéran des forces aériennes de Bangladesh, employé à Dallas et victime d'un citoyen islamophobe qui a tiré sur lui.

The True American: Murder and Mercy in Texas a été publié en 2014. Kathryn Bigelow devait réaliser le film. Elle reste sur le projet en tant que productrice selon Deadline.

Tom Hardy reviendra dans les salles avec Dunkerque de Christopher Nolan, cet été. Pablo Larrain a produit récemment Una mujer Fantastica, de Sebastián Lelio, trois fois récompensé à la dernière Berlinale. Le film sort le 5 juillet en France.

Cannes 70: Cachez ces seins qu’il ne faudrait pas voir!

Posté par vincy, le 4 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-44. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Simone Silva Robert Mitchum © WikipediaSi aujourd'hui, on s'offusque de voir une magnifique Claudia Cardinale retouchée sur l'affiche du 70e Festival de Cannes, imaginez ce qui est arrivé quand, en 1954, l'actrice Simone Silva fit scandale durant le Festival de Cannes en étant photographiée "topless".

C'était l'époque des starlettes: en 1953, le cinéma avait créé Brigitte Bardot sur la Croisette, avant la déferlante des comédiennes italiennes.  C'était aussi les prémices de la Révolution sexuelle et du féminisme. En 1954, deux événements littéraires majeurs ont acté la naissance de l'émancipation du corps de la femme. D'abord, en juin, la parution du sulfureux et sado-masochiste Histoire d'O de Pauline Rage, édité par Jean-Jacques Pauvert (qui sera jugé deux ans plus tard pour avoir osé publié les œuvres du Marquis de Sade). Ensuite, la remise du Prix Goncourt à la théoricienne du féminisme, Simone de Beauvoir, pour Les Mandarins, cinq ans après son essai fondamental Le deuxième sexe.

En 1954, la France n'a pas encore découvert le naturisme ou les couvertures du magazine Lui. Playboy vient juste de naître outre-Atlantique.

Sur la Croisette cannoise, tout juste élue Miss Festival, l'actrice britannique Simone Silva, 26 ans alors, née en Egypte de parents franco-italiens, fait sensation. Pas loin, Robert Mitchum pique-nique en public aux îles de Lérins. La jeune femme laisse tomber son soutien-gorge dévoilant ainsi son opulente poitrine, tout en cachant ses seins avec ses mains. La voyant mitraillée par les photographes, le "bad boy" d'Hollywood, Mitchum, en bon gentleman qui se respecte et pas dégonflé, joue avec ses paluches autour de ces seins...

Soyons honnêtes: les médias et les photographes ont adoré capter ce moment libertin et ludique, pour ne pas dire "libéré" des carcans puritains. Le Festival a moins apprécié, terrifié par cette publicité considérée comme vulgaire et indigne de sa réputation.

mitchum silva cannes 1954

Car au départ, c'est bien un scandale diplomatique qui se profile à cause de ces seins nus. On est aussi en pleine guerre froide. L’Amérique crie au scandale et demande le boycott du Grand Bob (qui tournera quand même l'un de ses chefs d'œuvre l'année suivante: La nuit du chasseur). Le Festival oblige Simone Silva à quitter Cannes. Sous la pression de l'opinion publique aux Etats-Unis (rappelons qu'on ne montre toujours pas un téton aujourd'hui à la télévision américaine), la délégation américaine suit le mouvement et abandonne le soleil de la Côte d'Azur. Robert Favre Le Bret, alors délégué général du Festival, part négocier pour convaincre les Américains de rester en compétition. Par sanction contre Cannes, "synonyme de débauche", Grace Kelly ne participera pas au Festival. Tant qu'il y aura des hommes de Fred Ziinneman repartira quand même avec un prix spécial.

Le destin de Simone Silva fut tragique par la suite. Elle venait chercher à Cannes une notoriété. L'actrice a cru pouvoir aller travailler à Hollywood. Une fois son visa rejeté, elle revient au Royaume Uni, mais sa carrière ne décolle pas et on la retrouve morte chez elle trois années plus tard. Simone Silva a payé lourdement son audace et sa naïveté.

La justice s'empare du topless

Mais on peut la remercier d'avoir provoqué un déclic, avant l'heure. Car dix ans plus tard, à Saint-Tropez, les femmes commencent à faire du "topless" sur la plage: le monokini arrive dans les rayons et facilite le dévoilement de la partie haute du corps. En juillet, un restaurateur a d'ailleurs demandé à Claudine, une jeune fille du coin, de jouer au ping-pong les seins découverts. Les photographes sont là encore ravis. Mais il faut savoir que des maires ont signé des arrêtés pour interdire cette pratique (ça vous rappelle une autre polémique plus récente?). Le restaurateur et Claudine ont été condamnés en septembre. Non pas à cause du monokini de la jeune femme mais parce qu'elle s'était exhibée contre une rétribution, dans un but publicitaire, et dans le cadre d'une mise en scène planifiée. Autrement dit, la Justice n'a pas condamné les seins nus de la "délinquante" (qui sera finalement relaxée après une longue querelle juridique) mais la manipulation des masses par une image "osée": "Le spectacle de la nudité n'a rien qui puisse outrager une pudeur normale même délicate s'il ne s'accompagne pas de l'exhibition des parties sexuelles, ou d'attitudes ou gestes lascifs ou obscènes." Victoire pour les nénés!

Les seins nus sur les plages vont accompagner le mouvement d'émancipation des femmes, affirmant leur corps, s'affranchissant du passé et des hommes. Dix ans plus tard, les maires autorisent officiellement les femmes à ne porter qu'une culotte sur les plages, aux yeux du public. Et aujourd'hui ça ne choque quasiment plus personne. Les Tartuffe ont perdu la guerre que Simone Silva avait déclenché il y a 63 ans.

Cannes 2017: La Fabrique Cinéma sélectionne 10 projets

Posté par vincy, le 4 avril 2017

La Fabrique Cinéma (anciennement La Fabrique des Cinémas du Monde), organisé par l’Institut français a annoncé les dix projets de sa sélection pour le prochain Festival de Cannes.

Depuis 2009, La Fabrique des Cinémas du Monde a aidé 148 réalisateurs et producteurs, en provenance de 56 pays, dont 21 pays francophones, pour 81 projets. En 2017, un film de La Fabrique Cinéma a fait l'ouverture de la section Panorama au Festival de Berlin (le Sud-Africain John Trengove), et cinq nouveaux films sont prêts à être distribués en salle et en festival.

On compte six projets de premier film et quatre projets de deuxième film. Un film d'animation et un documentaire complètent huit fictions. Les dix projets seront représentés par 7 productrices, 3 producteurs, 7 réalisateurs et 3 réalisatrices.

Les réalisateurs et producteurs profiteront du Festival de Cannes pour promouvoir leur projet.

The Sovereign, de Wim Steytler et produit par Cait Pansegrouw (Urucu Media) – 1er long métrage (Afrique du Sud) ;
Amanda and caio, de Daniel Ribeiro (photo) et produit par Diana Almeida (Lacuna Filmes) – 2e long métrage (Brésil) ;
Shock labor, de Marcos Diaz Sosa et produit par Maria Carla Del Rio (Marinca Filmes) - 1er long métrage (Cuba) ;
The Bridge, de Hala Lotfy et produit par Mohamed Samir (Day Dream Art Production) - 2e long métrage (Egypte) ;
Hawa Hawaii, de Amirah Tajdin et produit par Wafa Tajdin (Seven Thirty Films)- 1er long métrage (Kenya) ;
The Maiden’s Pond, de Bassem Breche et produit par Jana Wehbe (The Attic) - 1er long métrage (Liban) ;
A Love Of Boluomi, de Kek-Huat Lau et produit par Stefano Centini (Hummingbird Studio) - 1er long métrage (Malaisie) ;
Renaissance, de Andrey Diarra et produit par Awa Traoré (DS Production) - 2e long métrage (Mali) ;
One Summer Day, de Zay Yar Aung (We Ra) et produit par Aiess Alonso (Green Age Film) – 1er long métrage (Myanmar) ;
Nuna: The Last Myth Of The Wamani, de Jimy Carhuas Tintaya et produit par Diego Lòpez Mobilia (Origami Studio) – 1er long métrage (Pérou).

Cannes 70 : on a testé pour vous… le festival en mode low cost

Posté par cannes70, le 3 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-45. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Imaginez... Fin avril, un ami vous dit : « On va au Festival de Cannes, c'est dans deux semaines ? ». Vous lui rappelez : « Mais on n'a pas d'accréditation, on n'a pas de logement, on n'a pas d'argent, on ne connaît même pas Cannes. » Lui de rétorquer : « Pas grave, on verra là-bas. » Que faites vous ?

A. Vous l'imaginez là-bas en train de galérer quand vous restez confortablement chez vous.
B. Vous changez d'ami.
C. Vous lui dites « Bon, okay, on y va ».
D. Réponse D.

Nous, on a choisi la C.

Cannes. Ville semi-morte pour retraités qui, depuis près de 70 ans, devient pour dix jours le foyer des people, le rendez-vous des professionnels du cinéma et d'une foule d'anonymes qui veulent pouvoir dire : « J'ai vu une star à moins de 20 mètres ». Parmi eux, certains ne disposant d'aucun sésame pour pénétrer à l'intérieur des salles et se poser sur un siège aimeraient se débrouiller pour voir des films (et oui car il est bon de le rappeler : Cannes c'est aussi quelques films entre deux beuveries). Evidemment, pendant cette décade, les prix s'envolent, et tout ce qui est à vendre ou à louer l'est à prix d'or.

Rien de plus saugrenu donc que cette réponse C. Et pourtant, après l'avoir testé en 2013, on le dit : rien d'impossible là dedans. Il faut juste disposer de quelques jours de liberté. Comment donc faire un festival de Cannes Low-Cost sans badge et avec peu de moyens ?

Déjà, la préparation. Il faut savoir que peu importe qui vous êtes, star ou clochard, les séances du soir ont un dress code. Pour les hommes : costume noir, chemise blanche, souliers noirs, nœud papillon noir. Vous portez du bleu foncé, vous préférez les cravates, vos Doc Martens sont classes, votre chemise est grise : vous ne passez pas, même sur invitation. Pour les femmes c'est robe et chaussures de soirée. Après, que vous portiez du Dior ou du Tati, c'est équivalent : les deux se valent quand il s'agit d'accéder au Grand Palais. Donc premier trajet via Le Bon Coin. Ah ! Un costume à ma taille à 14 euros. Voilà c'est fait.

Le Transport : les trains sont bondés, les avions hors de prix, le stop vous rebute. Comment faire ? Plusieurs solutions, on en retiendra deux. Le covoiturage et pour 60 euros vous descendez et vous remontez soit 120 euros aller/retour. Moins cher ? C'est possible aussi. Ouigo propose un TGV Paris Marseille pour 10 euros, une fois arrivé : covoiturage pour Cannes à 10 euros. Soit l'aller/retour à 40 euros. Plus long mais moins onéreux.

Le logement et la nourriture. 9 mètres carrés pour 400 euros c'est trop cher ? Eh bien à 6 km du festival on trouve deux campings avec toujours quelques places. Vous avez une vieille tente, un sac de couchage alors vous voilà parti. Au tarif de 75 euros par personne pour 8 jours, c'est imbattable. Les bus circulent de 6h à 2h pendant le festival et la carte de bus est à 10 euros la semaine. C'est moins confortable qu'un palace, mais c'est aussi bien moins cher et on ne va pas à Cannes pour dormir ! Le budget nourriture peut être faible si on s'incruste dans des soirées ou si on supporte les sandwichs. Au total on en a eu pour environ 8 euros par jour.

Et le plus important : les films. Là, ça se complique, mais plusieurs solutions s'offrent à vous. Déjà, les invitations sont de deux couleurs. Les meilleures sont censées être les bleues, celles pour les sans badge. Mais les roses fonctionnent aussi. Il suffit de demander à quelqu'un d'accrédité de dire au vigile que vous êtes avec lui, et ça marche. Enfin ça marchait en 2013, on espère que le règlement restera toujours le même .

La première : vous connaissez une personne qui bosse dans le cinéma, ou un ami d'un ami connait quelqu'un qui bosse dans ce milieu ? Il y a 80% de chances qu'il soit là-bas, le monde cannois est tout petit donc vous le croiserez et les accréditations pleuvent bien plus vite qu'on ne l'imagine. Ce fut le cas cette année-là. A peine arrivé devant le palais des festivals, voilà venir deux charmantes attachées de presse de Carlotta : « On a deux places pour le film de demain à 8h, ça vous dit ? ». Et voilà déjà un film.

Deuxième solution : vous ne connaissez absolument personne. Sur place, vous vous retrouverez au milieu de gens avec des affiches : « Une place, SVP. » Une chose à savoir : pour la sélection officielle, les places sont gratuites, impossible d'en acheter et nul n'a le droit de vous en vendre, mais on les donne facilement. Pourquoi ? Imaginez une équipe avec 6 personnes accréditées, ils ont 6 places pour tel film mais ils ne sont que 3 à effectivement aller le voir. Si les 3 places restantes ne sont pas utilisées, leur quota d'invitations diminuera. Ils ont donc tout intérêt à les donner. Toutefois, on déconseillera les affichettes ridicules. Vous pourrez vous promener longtemps sans résultat. La seule méthode efficace consiste à aller voir les gens qui ont des tickets dans les mains et tenter votre chance. Ne vous inquiétez pas, ils ont l'habitude. Pour la sélection officielle, toutes séances sauf celle de 19h, le résultat est surprenant. En 3 minutes, voilà deux places pour Only god forgives, en 5 minutes c'est La Vie d'Adèle ou The Immigrant et 30 minutes Only lovers left alive. Parfois très bien placées, à quelques rangs du jury. Tentez aussi les séances de minuit, les gens boivent déjà et des dizaines de places sont disponibles.

Pour 19h et la fameuse montée des marches, c'est autre chose. La meilleure technique : faire le vautour. Enfilez un costume, allez vers les vigiles et attendez. Vous aurez toujours quelques rebelles pour ne pas croire au pouvoir du dress code. Une fois que les vigiles les auront sortis, vous vous (jetez sur eux) les regardez avec compassion et vous récupérez leur place. Il est trop tard pour trouver un costume adéquat, ils n'auront plus rien à faire de leur ticket, donc ils le donneront si tout va bien ! [NDLR : On a vu des festivaliers si mécontents d'être refoulés qu'ils en ont déchiré leur billet. Mais c'est l'exception qui confirme la règle.]

Pour les autres sélections, c'est plus délicat car les badgés entrent sans invitation donc très peu circulent. Pour La Quinzaine des réalisateurs, vous pourrez acheter des places si le portefeuille vous en dit. La Semaine de la critique est toujours bondée, pas de places à acheter et donc difficile d'y entrer. Reste Un certain regard dans le petit palais. Peu d'invitations mais on parvient à en trouver régulièrement car même si les films sont souvent excellents, ils sont moins médiatisés, plus pointus et peu de gens cherchent. Deux dernières programmations : l'ACID un peu excentrée mais les invitations circulent bien et Cannes Classic avec des tickets jaunes qu'on trouve aussi facilement devant le Palais. Moins le réalisateur est connu, plus le film est ancien, plus la séance est tôt ou tard, et plus les places seront faciles à obtenir.

Au final, en huit jours, on aura obtenu des places pour : Bends de Flora Lau, As I lay dying de James Franco, Sarah préfère la course de Chloé Robichaud, Les Salauds de Claire Denis, La Jaula de oro de Diego Quemada-Diez, Magic magic de Sebastián Silva, My sweet pepper land de Hiner Saleem, Plein soleil de René Clément, Borgman d'Alex van Warmerdam, Only God forgives de Nicolas Winding Refn, Nebraska d'Alexander Payne, The Immigrant de James Gray, La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, Zulu de Jérôme Salle, La Vénus à la fourrure de Roman Polanski, Only lovers left alive de Jim Jarmusch, Blind detective de Johnnie To, la cérémonie de clôture d'Un certain regard, une table ronde professionnelle.

On a aussi obtenu des places pour d'autres films, impossibles à voir car ils chevauchaient certaines séances, preuve que les places sont nombreuses. Seuls trois d'entre eux (Borgman, Plein soleil, Magic magic) ont été vus grâce à des connaissances qui nous ont donnés les billets. Le reste : système D expliqué ci-dessus. Films ratés (car oui tout n'est pas parfait, il faut un temps pour se roder) : Inside Llewyn Davis et Behind the candelabra.

Argent dépensé au total : environ 200 euros pour 8 jours, tout compris.

Et pour les chasseurs de tête, quelques personnalités (un tout petit peu connues) passées devant nous (et pas au loin dans une foule) sans même qu'on le cherche : Steven Spielberg, Nicole Kidman, Ang Lee, Christoph Waltz, Tony Leung, Sean Connery, Agnès Varda, Thomas Vinterberg, Alexander Payne, Max Von Sydow, James Franco, Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Vincent Lindon, Jane Campion, Kylie Minogue, Leos Carax, Claire Denis, Michael Cera, Mads Mikkelsen, Golshifteh Farahani (deux fois), Alain Delon, Forest Whitaker, et last but not least, le meilleur pour la fin : Bernard Menez (trois fois).

Nicolas Thys de Critique-Film

Cannes 2017: l’ACID dévoile son affiche et une nouvelle « sélection »

Posté par vincy, le 3 avril 2017

Double cadeau de la part de l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion): d'abord le dévoilement de son affiche pour son édition 2017, signée Sébastien Laudenbach, réalisateur du long métrage d’animation La jeune fille sans mains (nommé aux César, et présenté l'an dernier à l'ACID au festival de Cannes). Ensuite une extension de sa programmation cannoise, "offerte à une association étrangère de cinéastes indépendants impliquée dans les problématiques de diffusion des œuvres et de formation des publics" comme l'indique le communiqué.

L’association de cinéastes serbes Bande à part inaugurera donc ACID TRIP les 19, 20 et 21 mai avec une carte blanche de trois séances (un programme de courts, un long métrage de fiction et un long métrage documentaire).

"En ces temps où les horizons politiques dessinent partout le retour des frontières et des refrains nationalistes, le cinéma a plus que jamais son rôle à tenir : celui de décloisonner les regards, de franchir les lignes, pour cultiver ce que Serge Daney décrivait comme « un sentiment d’appartenance à l’humanité à travers un pays supplémentaire ». Ce sentiment d’appartenance se déploie depuis longtemps dans les films et avec les films. Mais pas seulement. Il s’affine aussi dans la chaîne de solidarité internationale inventée entre ceux qui font les films" précise l'ACID.

Depuis 2015, l’ACID a initié une collaboration avec le Festival du Film d’Auteurs de Belgrade, "dont la programmation est faite depuis 2010 par un groupe de jeunes cinéastes, des auteurs qui ont grandi avec ce festival né en 1984 pendant la guerre en ex-Yougoslavie". De nombreux films ACID ont été programmés et achetés en Serbie et en novembre 2016 les premiers Rendez-vous franco-serbes autour de la production et de la diffusion de films indépendants ont été lancés.

ACID TRIP se fera en partenariat avec ce festival serbe mais aussi l’Institut Français de Serbie, l’Institut Français, le Centre du Cinéma Serbe, le CNC et Cannes Cinéma.

La 25e programmation cannoise de L’ACID sera dévoilée le 25 avril. La sélection la plus "off" du Festival de Cannes se déroulera du 18 au 27 mai.

Brie Larson, candidate présidentielle

Posté par vincy, le 3 avril 2017

Brie Larson va incarner une candidate à l'élection présidentielle des Etats-Unis. On avait déjà eu une vice-présidente (Glenn Close dans Air Force One), une Présidente d'un monde parallèle (Carmen Ejogo dans Les animaux fantastiques), une Présidente face à des aliens (Sela Ward dans Independence Day: Resurgence) et pas mal de présidentes dans des récentes séries (Veep, Homeland, Commander in Chief, Scandal...).

Mais, refroidi par l'élection de Donald Trump face à la favorite Hillary Clinton, Hollywood a décidé de rafraîchir les mémoires avec un biopic sur la première femme qui a brigué la Maison Blanche dans l'histoire américaine, Victoria Woodhull (1838-1927). Féministe, première agent de change de sexe féminin, militante de l'amour libre, réclamant le droit de vote des femmes et passionnée d'automobiles, elle s'était présentée à l'élection présidentielle de 1872 sous la bannière du Parti de l'égalité des droits.

Malheureusement, elle n'avait que 34 ans et l'âge légal pour pouvoir se présenter était alors de 35 ans. Les bulletins de votes manuscrits en sa faveur n'ont pas été comptés et son parti n'avait pas pu fournir de bulletins à son nom. Elle fut, en plus, empêchée de faire campagne. Victoria Woodhull a été arrêtée en novembre 1872 pour propos obscènes dans sa revue (où elle faisait le plaidoyer de l'infidélité).

[Finalement ce fut le républicain (et héros de la guerre de Sécession- Ulysses S. Grant qui fut largement réélu, même si ce second mandat fut un calvaire politique.]

Brie Larson interprétera Victoria Woodhull, et produira ce films déjà acquis par Amazon Studios. Le scénario a été rédigé par Ben Kopit.

L'actrice oscarisée en 2016 et actuellement à l'affiche de Kong: Skull Island, sera à l'affiche prochainement de The Glass Castle (de Destin Cretton), Unicorn Store (qu'elle réalise), Basmati Blues (de Dan Baron). Ayant obtenu le rôle de Carol Danvers, elle sera aussi au générique de Avengers: Infinity War et tête d'affiche de Captain Marvel.

Cannes 70: la Palme d’or maudite

Posté par vincy, le 2 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-46. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Il y a plusieurs malédictions pour un cinéaste cannois. La plus sensationnelle fut sans doute celle de l'annulation du palmarès en 1968 pour cause de grève générale en France. Imaginez: 25 cinéastes en compétition dont Milos Forman, Alain Resnais, Carlos Saura, Miklos Jancso, Alexandre Zarkhi ou encore Jiri Menzel. Et aucun ne peut recevoir la Palme d'or.

De grands films snobés

L'autre malédiction, c'est évidemment celle de présenter un grand film, si ce n'est son meilleur film, et de repartir bredouille. D'être un immense réalisateur, reconnu, respecté, et de ne pas être consacré à Cannes. Ce n'est pas si rare. On pense à Jean Eustache avec La maman et la putain, Claude Sautet avec Les choses de la vie, Alfred Hitchcock avec L'homme qui en savait trop ou La loi du silence, Joseph L. Mankiewicz avec All about Eve, Vincente Minnelli avec Un Américain à Paris, Eric Rohmer avec Ma nuit chez Maud, François Truffaut avec Les 400 coups, Jacques Tati avec Les vacances de monsieur Hulot ou encore David Lean et son Docteur Jivago.

docteur jivago david lean

Et puis surtout, il y a ce sortilège qui s'abat sur certains: de multiples fois sélectionnés, ces habitués, vénérés par les cinéphiles, souvent récompensés au gré des palmarès, et qui ont récolté de beaux prix à Cannes, mais jamais la suprême Palme.

Des habitués refoulés

Et là, avouons-le, la liste est longue. Si longue qu'on ne sait pas comment l'énoncer. Alors on va procéder par une forme de hiérarchie: le nombre de sélection en compétition sans Palme au final. La liste n'est pas exhaustive, mais elle reste significative. En plus d'être sélectionnés plusieurs fois, nombreux sont ceux, dans cette liste, qui ont d'ailleurs reçu un (ou plusieurs) Grand prix du jury ou prix de la mise en scène mais aussi des Ours d'or ou des Lion d'or, des César ou/et Oscars (ou des nominations).

Trois réalisateurs ont ainsi échoué 8 fois. Trois autres 7 fois (mais deux d'entre eux peuvent encore "espérer"). Et quand on regarde ce "panthéon" des maudits, c'est assez digne qu'ils entrent tous dans notre propre cinémathèque. Parfois, certains ont frôlé la Palme, favori des critiques, de certains jurys parallèles. D'autres n'ont pas forcément présenté leur plus grand film. D'autres encore ont tout simplement trouvé plus fort qu'eux dans des années très riches en films de qualité.

Cela a conduit le Festival à distribuer des Palmes d'or d'honneur afin de réparer ces oublis, manques, fautes de goût des jurés. Quelques uns ont même été président du jury de la compétition.

8 films
Marco Ferreri (Grand Prix Spécial du Jury pour Rêve de singe) ; Carlos Saura (Grand Prix Spécial du Jury pour Cria Cuervos ; Prix de la meilleure contribution artistique pour Carmen) ; Ettore Scola (Prix de la mise en scène pour Affreux, sales et méchants ; Prix du scénario pour La Terrasse)

7 films

Michael Cacoyannis (Prix de la meilleure transposition cinématographique pour Electre) ; Hou Hsiao-hsien (Prix du Jury pour Le Maître de marionnettes, Prix de la mise en scène pour The Assassin) ; Jim Jarmusch (Caméra d'or pour Stranger than paradise ; Prix de la meilleure contribution artistique pour Mystery Train ; Grand Prix pour Broken Flowers)

6 films

Ingmar Bergman (Prix de l'humour poétique pour Sourires d'une nuit d'été ; Prix spécial du Jury pour Le Septième sceau ; Prix de la mise en scène pour Au seuil de la vie) ; Atom Egoyan (Grand Prix pour De beaux lendemains) ; Jean-Luc Godard (Prix du Jury pour Adieu au langage) ; James Ivory (Prix du 45e anniversaire pour Retour à Howards End) ; Paolo Sorrentino (Prix du jury pour Il Divo) ; André Téchiné (Prix de la mise en scène pour Rendez-Vous)

5 films

Pedro Almodovar (sélectionné pour la première fois avec son 13e film, il a obtenu le Prix de la mise en scène pour Tout sur ma mère et le Prix du scénario pour Volver) ; Olivier Assayas (Prix de la mise en scène pour Personal Shopper) ; Mauro Bolognini ; Youssef Chahine (Prix du cinquantième anniversaire pour Le Destin) ; David Cronenberg (Prix du jury pour Crash) ; Arnaud Desplechin ; Clint Eastwood (Prix spécial du 61e Festival pour L'Échange) ; Naomi Kawase (Caméra d'or pour Suzaku ; Grand Prix pour La Forêt de Mogari) ; Mario Monicelli ; Manoel de Oliveira (Prix du jury pour La Lettre) ; Alan Parker (Grand Prix pour Birdy) ; Alain Resnais (Grand Prix pour Mon oncle d'Amérique et Prix exceptionnel pour l'ensemble de sa carrière et sa contribution à l'histoire du cinéma pour Les herbes folles); Alexandre Sokourov ; Andrei Tarkovski (Grand Prix pour Solaris et Le Sacrifice et Grand Prix du cinéma de création pour Nostalghia) ; Bo Widerberg (Grand prix pour Les Troubles d'Adalen et Prix du jury pour Joe Hill)

4 films
John Boorman (deux Prix de mise en scène pour Leo the last et The general, Prix de la meilleure contribution artistique pour Excalibur) ; Robert Bresson (au palmarès pour chacun de ses films) ; Jules Dassin (Prix de la mise en scène pour Du rififi chez les hommes) ; James Gray ; Werner Herzog (Grand Prix pour L'Énigme de Kaspar Hauser et Prix du jury pour Fitzcarraldo) ; Aki Kaurismäki (Grand Prix pour L'Homme sans passé) ; Elia Kazan (Prix du film dramatique pour A l'est d'Eden) ; Hirokazu Kore-eda (Prix du jury pour Tel père, tel fils) ; Sidney Lumet (Prix du scénario pour La Colline des hommes perdus) ; Nagisa Ôshima (Prix de la mise en scène pour L'Empire de la raison) ; Satyajit Ray (Prix du document humain pour  La complainte du sentier) ; Istvan Szabo (Prix du scénario pour Méphisto et Prix du jury pour Colonel Redl) ; Wong Kar-wai (Prix de la mise en scène pour Happy together) ; Jia Zhangke (Prix du scénario pour A touch of sin)

3 films
Andrea Arnold (à chaque fois récompensée par un prix du jury) ; Bruce Beresford ; Alain Cavalier (Un prix du jury pour Thérèse) ; Patrice Chéreau (Prix du jury pour La Reine Margot) ; Bruno Dumont (deux fois Grand prix du jury) ; Han Hsiang-li ; Krzysztof Kieslowski (Prix du Jury pour Tu ne tueras point) ; Pier Paolo Pasolini (prix du scénario pour Les jeunes maris de Mauro Bolognini et Grand prix pour Les Mille et une nuits) ; Otto Preminger ; Zhang Yimou (Grand Prix pour Vivre !)

Moonlight sacré aux GLAAD Media Awards 2017

Posté par wyzman, le 2 avril 2017

C'est hier soir qu'avait lieu la première partie de la 28ème cérémonie des GLAAD Media Awards. Organisée et présentée par l'alliance gay et lesbienne contre les diffamations, les Media Awards récompensent chaque année les programmes qui valorisent la représentation des personnes LGBT. Ainsi, c'est sans surprise que Moonlight est reparti de la cérémonie avec le Graal, le Media Award du meilleur film (sorti sur tout le territoire nord-américain). Déjà sacré aux Oscars (après la gaffe du siècle), Moonlight est l'oeuvre de Barry Jenkins. Avant de revenir à la série pour Amazon et Netflix, il s'est intéressé aux tourments d'un jeune homme noir issu des quartiers pauvres de Miami. Film le plus récompensé de l'année,  Moonlight n'avait de concurrent que Star Trek Beyond hier soir.

Dans le reste de cette première partie de cérémonie, on retiendra bien évidemment les sacres de Other People (en sortie limitée), Transparent (meilleure série comique) et Shadowhunters (meilleure série dramatique). Face à The Fosters, The OA et How to Get Away with Murder, la série diffusée sur Freeform a créé la surprise. En montrant sur deux saisons les difficultés qu'Alec rencontre avec son homosexualité et l'homophobie latente de ses parents, Shadowhunters a conquis le cœur des votants. Ou serait-ce dû au charme incomparable de son interprète, Matthew Daddario ? Pour rappel, la deuxième partie des GLAAD Media Awards 2017 aura lieu ce jeudi 6 avril à New York.

Outstanding Film – Wide ReleaseMoonlight (A24)

Stephen F. Kolzak Award: Troye Sivan

Outstanding Comedy SeriesTransparent (Amazon)

Outstanding Drama Series: Shadowhunters (Freeform)

Vanguard Award: Patricia Arquette

Outstanding Film – Limited ReleaseOther People (Vertical Entertainment)

Outstanding TV Movie or Limited SeriesEyewitness (USA Network)

Outstanding Individual Episode: “San Junipero” Black Mirror (Netflix)

Outstanding Daily DramaThe Bold and The Beautiful (CBS)

Outstanding Comic BookThe Woods, écrit par James Tynion IV (BOOM! Studios)

Cannes 70 : c’est bon de rire parfois…

Posté par cannes70, le 1 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-47. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


La sélection officielle en 2016 fut quasiment une exception : il y eut beaucoup d'occasions de sourire voire de rire franchement, grâce aux facéties du père dans Toni Erdmann pour redonner le sourire à sa fille, cadre dynamique trop froide ; à une euthanasie administrée via des voies naturelles inattendues dans Rester vertical d'Alain Guiraudie ; aux failles morales et vestimentaires des sinistres bourgeois de Ma Loute de Bruno Dumont ; à la liberté de ton d'Isabelle Huppert alias Elle pour Paul Verhoeven ou grâce au désormais fameux carton d'introduction de The Last Face de Sean Penn. Cette liste valide cette idée que la franche comédie - ce qu'aucun de ces films n'est – reste bien rare en compétition. Et au passage, rappelons que tous ces films sont repartis bredouilles…

La Palme d'or... et comment l'avoir pour une comédie


En 1965, contre toute attente, alors que la sélection comprenait des futurs classiques bien sombres (La 317e Section de Pierre Schoendoerffer, L'Obsédé de William Wyler, La Colline des hommes perdus de Sidney Lumet...), le jury présidé par Olivia de Havilland ose l'inattendu : remettre une Palme d'or à une comédie, une vraie : The Knack... et comment l’avoir de Richard Lester. Un film délirant, à la croisée du slapstick de l'âge d'or du muet et de la folie furieuse de Helzappoppin (sommet de burlesque sans queue ni tête des années 40), mais dans le style plus réaliste et humain du Free Cinema qui bouleversa les codes du cinéma anglais dans les années 60.

Dans cette chronique romantique chorale se croisent quelques jeunes hommes et femmes vivant avec plus ou moins de sérieux et de bonheur leur quête d'amour ou d'affections éphémères. Dans un entretien accordé aux Cahiers du Cinéma à Cannes cette année là, le réalisateur précisait ses intentions : «The Knack est un film sur la non-communication des jeunes entre eux : ils sont dans une pièce, et chacun parle pour soi, chacun parle de choses différentes, sans écouter les autres, ce qui est très réaliste. Cela me fait penser à un vieux sketch radiophonique : il y a quatre boutons, correspondant à quatre programmes, un agricole, un religieux, un musical, un d'information. Si l'on appuie sur les quatre à la fois, on obtient un torrent d'absurdités. Voilà ce qu'est The Knack».

De ces oppositions et enchevêtrements de situations souvent embarrassantes naît le rire franc, net, massif mais aussi une forme de tristesse, liée à la complexité des relations amoureuses. The Knack, sans être parfait, est une heureuse combinaison d'un portrait réaliste de la jeunesse contemporaine du temps de son tournage et d'un décalage cartoonesque (voir le montage à la Tex Avery dans la scène des portes ci-dessous). Lester avait auparavant dirigé les Beatles dans Quatre garçons dans le vent (A Hard Day's Night) et c'est accompagné de John Lennon qu'il récupéra son trophée, ce dont peu de réalisateurs peuvent se vanter. Petite ironie de l'histoire, il réalisa une dizaine d'années plus tard La Rose et la flèche, avec Audrey Hepburn dans le rôle de Marianne, l'éternelle fiancée de Robin des Bois immortalisée à la fin des années 30 par Olivia de Havilland ! L'autre grand film comique anglais, et plus franchement drôle encore, récompensé à un niveau élevé est le film à sketchs des Monty Python, le Sens de la vie (voir notre texte sur John Cleese).

Etaix bien sérieux, tout cela ?

La même année que The Knack, une comédie plus poétique était également en lice : Yoyo de Pierre Étaix, jolie rencontre quasiment muette entre un milliardaire désabusé, ancien clown (heureux) devenu très très riche (et très très malheureux) et un charmant petit garçon qui va lui redonner le goût de la liberté. Le scénario écrit avec Jean-Claude Carrière est un hommage à un certain génie du cinéma américain des débuts du 7e Art, Chaplin étant clairement l'inspiration première, dans sa capacité à émouvoir et amuser. Petite digression charmante : lors d'une présentation à la Cinémathèque, un enfant rêveur demanda à Etaix pourquoi l'écharpe du personnage était orange. L'acteur-réalisateur-clown fut désarmé par cette question délicieusement absurde, le film étant en noir et blanc !

Pierre Etaix a également contribué à Mon Oncle de Jacques Tati (prix spécial du jury en 1958) en imaginant quelques gags et en interprétant plusieurs petits rôles. Les Vacances de Monsieur Hulot du même Tati fit partie de la compétition en 1953, Etaix signera d'ailleurs une affiche pour l'une de ses multiples rééditions. Ces deux grands noms de la comédie française, aux univers visuels et comiques bien particuliers, n'ont ainsi pas été oubliés par des sélectionneurs attentifs, lorsque qu'ils trouvent des candidats de qualité suffisante, à inviter des comédies soignées et au fort potentiel populaire. Parmi les regrets évoqués par Gilles Jacob sur les grands absents de ses sélections, deux comédies qui résistent fort bien à l'épreuve du temps : Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodovar et Quatre mariages et un enterrement de Mike Newell. Nobody's perfect comme dirait Osgood Fielding !

Souris, puisque c'est grave


L'une des Palmes d'or les plus drôles de l'histoire est un film situé dans un contexte tragique. Avec les mésaventures de chirurgiens potaches dans un hôpital militaire de campagne durant la guerre de Corée, Robert Altman est distingué en 1970 pour ce qui était clairement dans son intention un brûlot anti-Vietnam, comme il l'expliquait au journaliste David Thompson dans son livre d'entretiens Altman on Altman : « J'avais réussi à cacher le fait que l'histoire se déroulait en Corée mais le studio m'a imposé un carton d'introduction. Je voulais que M.A.S.H. soit vu comme une œuvre contemporaine et toutes les considérations politiques dans le film évoquent Nixon et le Vietnam ». Nul n'est dupe en réalité, et la charge est féroce. La causticité du propos repose sur l'attitude faussement désinvolte de Hawkeye (Donald Sutherland) et Trapper (Elliott Gould) alors que la guerre fait rage quelques kilomètres plus loin. Observateurs relativement protégés des combats, ils cultivent le mauvais esprit contre leurs supérieurs trop sérieux et multiplient les blagues d'ados attardés, visant surtout l'infirmière major guindée, surnommée par leurs soins Lèvres de feu et dénudée bien malgré elle en public. Lire le reste de cet article »