Želimir Žilnik : un cinéaste punk et engagé à (re)découvrir au Centre Pompidou

Posté par MpM, le 25 avril 2019

Depuis mi-avril, les cinémas du Centre Pompidou rendent hommage au cinéaste serbe Želimir Žilnik qui est l'un des principaux cinéastes de la « Black Wave », la nouvelle vague yougoslave, caractérisée par une liberté d’expression et une volonté de réformer le langage cinématographique. Son travail, qui lui a notamment valu un Ours d'or à Berlin en 1969 dès son premier long métrage Travaux précoces, donne un reflet immédiat de la vie dans les Balkans ou en Europe.

Dès la fin des années 60, le réalisateur s'impose en effet à travers ses récits critiques envers le régime de Tito. Il dénonce ensuite sans relâche l'exploitation de la pauvreté dans un contexte historique qui traverse tour à tour le communisme, la montée des nationalismes, les guerres d'ex-Yougoslavie, la redéfinition des frontières, le passage à une économie capitaliste, l'Europe et les problématiques actuelles de migrations.

Il fait notamment la part belle à ceux auxquels la société refuse généralement de donner la parole : des orphelins des rues (Les petits pionniers), des sans-abri (Black Film), des ouvriers étrangers (Inventaire), des ouvrières usées prématurément par le travail (Vera et Erzika)... Cela lui vaut d'être censuré par le gouvernement yougoslave à la fin des années 60, puis par l'Allemagne de l'Ouest lorsqu'il s'y exile dans les années 70.

Il rejoint alors la télévision yougoslave pendant plus d'une décennie, dans l'idée "d'atteindre directement les masses", et se tourne vers le genre du "docu-fiction". C'est à cette époque que le cinéaste met au centre de son processus créatif des personnes venues des marges de la société, en construisant les films avec eux, autour de leurs histoires personnelles. Il continue après son départ volontaire de la télévision, en 1992, de témoigner en vidéo, puis en numérique, des réalités sociales de son pays, et notamment de la situation de ses personnages de prédilection, les laissés-pour-compte et les marginaux.

Il aura fallu attendre 2019, soit après plus de 50 ans d'une riche carrière, pour qu'une rétrospective lui soit enfin consacrée en France. Malgré tout, son oeuvre semble d'une actualité brûlante. Il faut donc  (re)découvrir cet artiste engagé, tenant d'un cinéma activiste, punk et incendiaire, dont le Centre Pompidou dresse jusqu'au 12 mai le portrait sans concession.

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Želimir Žilnik et la "Black Wave"
Centre Pompidou, jusqu'au 12 mai
Informations et programme

Cannes 2017: l’ACID dévoile son affiche et une nouvelle « sélection »

Posté par vincy, le 3 avril 2017

Double cadeau de la part de l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion): d'abord le dévoilement de son affiche pour son édition 2017, signée Sébastien Laudenbach, réalisateur du long métrage d’animation La jeune fille sans mains (nommé aux César, et présenté l'an dernier à l'ACID au festival de Cannes). Ensuite une extension de sa programmation cannoise, "offerte à une association étrangère de cinéastes indépendants impliquée dans les problématiques de diffusion des œuvres et de formation des publics" comme l'indique le communiqué.

L’association de cinéastes serbes Bande à part inaugurera donc ACID TRIP les 19, 20 et 21 mai avec une carte blanche de trois séances (un programme de courts, un long métrage de fiction et un long métrage documentaire).

"En ces temps où les horizons politiques dessinent partout le retour des frontières et des refrains nationalistes, le cinéma a plus que jamais son rôle à tenir : celui de décloisonner les regards, de franchir les lignes, pour cultiver ce que Serge Daney décrivait comme « un sentiment d’appartenance à l’humanité à travers un pays supplémentaire ». Ce sentiment d’appartenance se déploie depuis longtemps dans les films et avec les films. Mais pas seulement. Il s’affine aussi dans la chaîne de solidarité internationale inventée entre ceux qui font les films" précise l'ACID.

Depuis 2015, l’ACID a initié une collaboration avec le Festival du Film d’Auteurs de Belgrade, "dont la programmation est faite depuis 2010 par un groupe de jeunes cinéastes, des auteurs qui ont grandi avec ce festival né en 1984 pendant la guerre en ex-Yougoslavie". De nombreux films ACID ont été programmés et achetés en Serbie et en novembre 2016 les premiers Rendez-vous franco-serbes autour de la production et de la diffusion de films indépendants ont été lancés.

ACID TRIP se fera en partenariat avec ce festival serbe mais aussi l’Institut Français de Serbie, l’Institut Français, le Centre du Cinéma Serbe, le CNC et Cannes Cinéma.

La 25e programmation cannoise de L’ACID sera dévoilée le 25 avril. La sélection la plus "off" du Festival de Cannes se déroulera du 18 au 27 mai.

Teddy Awards 2012 : des films entre romances amères et engagement politique

Posté par vincy, le 18 février 2012

Les Teddy Awards de cette 62e Berlinale ont été remis hier soir, récompensant les meilleurs films ayant pour thématique l'homosexualité de la sélection du Festival.

Teddy du meilleur film, Keep the lights on (photo) de l'américain Ira Sachs est une histoire d'amour de dix ans entre deux garçons assez opposés, qui vont tomber amoureux et connaître une romance intense. Fort, cru, émouvant, le film avait été remarqué à Sundance.

Teddy du meilleur documentaire, Call me Kuchu de Malika Zouhali-Worrall et Katherine Fairfax Wright retrace le parcours de David Kato, militant gay ougandais qui a notamment lutté contre la loi anti-homosexuels régulièrement présentée devant le parlement du pays. Ce militant a été assassiné durant le tournage du film.

Prix du jury, Jaurès, du français Vincent Dieutre, est une docu-fiction où les confessions du cinéastes à une amie comédienne, Eva Truffaut, entrecroisent deux histoires, celle d'une rupture avec son copain et une autre autour d'un groupe de réfugiés afghans qui résident en bas de chez lui

Prix Siegesaule (du nom du magazine gay berlinois), Parada, film serbo-croate de Srdan Dragojevic, est une comédie à la Kusturica. On y suit un groupe de militants gays qui essaie d'organiser une gay pride (en Serbie, les homosexuels ont beaucoup de mal à imposer leurs droits). Il s'associe avec des mafieux locaux pour organiser leur protection face aux menaces des groupes néo-nazis. Le film est paradoxalement un succès dans toute l'ex-Yougoslavie, l'une des régions les plus homophobes d'Europe.

Prix du meilleur court métrage à la réalisatrice péruvienne Claudia Llosa pour Loxoro.

Deux Teddy Awards d'honneur ont été remis :

- l'un à Ulrike Ottinger, cinéaste, documentariste et photographe allemande : son documentaire Prater en 2007 avait reçu l'équivalent du César du meilleur documentaire tandis que sa Jeanne d'Arc de Mongolie avait été en compétition à Berlin en 1989.

- l'autre à Mario Montez, acteur et icône d'Andy Warhol, l'un des pionniers de la culture gay underground au cinéma.

Kusturica invite Huppert, Benicio del Toro, les Dardenne et le réalisateur d’Une séparation

Posté par vincy, le 30 décembre 2011

Belle affiche pour le 5e Festival international du film et de la musique de Küstendorf (Drvengrad), en Serbie. Créé par Emir Kusturica en 2008, le Festival s'offre cette année Isabelle Huppert, Benicio Del Toro, Jean-Pierre et Luc Dardenne et Asghar Farhadi, le réalisateur d'Une séparation (Ours d'or à Berlin). Le réalisateur double Palme d'or réside dans cette ville montagneuse de Serbie.

Par ailleurs, le Festival présentera Arirang de Kim Ki-duk et Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan, respectivement primés par le prix Un certain regard et le Grand prix du jury au dernier festival de Cannes. les deux cinéastes seront honorés par des rétrospectives.

Le jury, présidé par l'actrice iranienne Leila Hatami (Une séparation), devra départager 20 films de jeunes réalisateurs en vue de décerner l'Oeuf en or. La compétition proposera des films venus du monde entier dont le français Moussa de Christophe Nanga-oly. Hors compétition, des films comme Poulet aux prunes et Corpo Celeste seront projetés, en plus d'une importante sélection de films nationaux.

Le 5e Festival international du film et de la musique de Küstendorf se déroulera du 17 au 23 janvier 2012. Il a la particularité de donner autant de place au cinéma qu'à la musique.

Emir Kusturica reconstitue le village en pierre du « Pont sur la Drina »

Posté par MpM, le 17 mars 2011

Pour les besoins de son prochain film, Emir Kusturica a élaboré le projet de construction d'un ancien village en pierres d'une cinquantaine de maisons. Le réalisateur serbe deux fois palmé à Cannes a en effet décidé d'adapter Le pont sur la Drina de l'écrivain yougoslave Ivo Andric (prix Nobel de littérature en 1961), un roman retraçant l'histoire de la Bosnie et de ses communautés qui se croisent et se déchirent.

"Nous construirons une ville qui sera comme si elle était édifiée il y a 400 ans", a déclaré le cinéaste. "Dans les rues de cette ville, sur ses places, sur les façades, les remparts, les toits et les pavés, on lira l'histoire qui s'est évaporée comme l'eau salée au soleil et qui a laissé derrière elle le scintillement des cristaux." Le projet bénéficie du soutien des dirigeants de la Republika Srpska, l'entité des Serbes de Bosnie où sera construit le village.

Les travaux de construction devraient commencer en juin à proximité du célèbre pont ottoman du XVIe, sur quelque 14 000 m2. Ils coûteront plus de dix millions d'euros, en partie financés par la Republika Srpska et le gouvernement de Serbie. Après le tournage, "Kamengrad", ou  "La ville d'Andric" comme on appelle également le projet, devrait se transformer en attraction touristique.

Ralph Fiennes passe à la réalisation

Posté par vincy, le 26 mai 2009

Le comédien Ralph Fiennes, révélé par La liste de Schindler et incarnant Voldemort dans Harry Potter, va faire ses débuts derrière la caméra avec Coriolanus. Fiennes incarnera le personnage principal. Il a aussi enrôlé William Hurt, Vanessa Redgrave et la toute jeune Jessica Chastain pour cette adaptation d'une pièce Shakespearienne. Le scénario a été écrit par John Logan (à qui l'on doit The Aviator). Les décors de la Rome Antique seront reconstitués en Serbie pour un tournage début 2010 et une sortie en salles l'hiver suivant.