Cartoon Movie 2018 : les films attendus prochainement sur grand écran

Posté par MpM, le 13 mars 2018, dans Festivals, Films, Projet, tournage.

Parmi les soixante projets présentés lors de cette 20e édition du Cartoon Movie, sept sont terminés et n'attendent plus que de rencontrer leur public, au cinéma ou dans de grands festivals internationaux.

Trois d'entre eux ont même déjà une date de sortie en France : Croc-Blanc d'Alexandre Espigares (28 mars), Léo et les Extra-terrestres de Christoph Lauenstein et Wolfgang Lauenstein (9 mai) et Parvana (The Breadwinner) de Nora Twomey (27 juin).

Par ailleurs, Captain Morten and the spider queen de Kaspar Jancis est attendu en Estonie pour le 30 août tandis que Hodja and the magic carpet de Karsten Kiilerich est sorti dans son pays d'origine, le Danemark, le 8 février dernier.

Restent deux films, non encore datés, qui pourraient tout à fait avoir les honneurs d'un Festival comme Cannes ou Venise : Another day of life de Raúl de la Fuente et Damian Nenow et Chris the Swiss de Anja Kofmel. Ce sont ceux-là qui ont plus particulièrement attiré notre attention, et dont nous avons eu envie de vous parler plus précisément.

Another day of life de Raúl de la Fuente et Damian Nenow

Présenté pour la première fois au Cartoon Movie en 2012, Another day of Life est l’un des longs métrages d’animation les plus attendus par les connaisseurs. Il s’agit de l’adaptation dans une forme hybride (animation, images d’archives, témoignages) du livre de Ryszard Kapuscinski, reporter de guerre pris dans la guerre civile en Angola.

Cette année, à Bordeaux, on a pu découvrir 4 séquences du film terminé. La première contextualise le récit : alors que l’Angola recouvre son indépendance, deux factions se font face (MPLA et UNITA). Kapuscinski implore les autorités de le laisser rejoindre la ligne de front. C’est l’occasion de dépeindre l’effervescence de la capitale, pleine de bruits et d’animation, au milieu des voitures, des piétons apeurés et des rumeurs les plus folles.

Le deuxième extrait nous place au cœur de la guerre dans une séquence impressionnante de combat sanglant. Le reporter et son acolyte sont pris au milieu du feu nourri des deux camps, et font la connaissance de Carlota, égérie du MPLA, le mouvement populaire de libération de l'Angola.

Il est encore question de Carlota dans l’extrait suivant, situé dans un camp du MPLA. Cette guerrière acharnée force l’admiration des deux hommes qui l’observent. Le film embraye alors sur des images d’archives de la véritable Carlota, ainsi que sur un témoignage actuel, face caméra. Le film mêle ainsi les souvenirs subjectifs du personnage principal, la réalité captée à l’époque, et un regard plus « explicatif » sur les événements de l’époque.

Dans le dernier extrait montré au Cartoon Movie, Ryszard Kapuscinski brave tous les dangers pour rallier le camp d'un responsable de la guérilla. Sur la route, il se laisse aller à une rêverie qui donne lieu à une séquence extrêmement onirique, dans des tons bleutés, qui trahit les angoisses du personnage. C'est un moment à la fois suspendu, et de grande tension, car la voiture est violemment attaquée.

A la vue de ces quelques images, on a évidemment très envie de découvrir le film. Peut-être à Cannes, où il ne déparerait pas, soit dans une section toujours engagée en faveur d'un cinéma singulier comme la Semaine de la critique, soit carrément en compétition officielle, où le cinéma d'animation politique, ou évoquant des faits réels, connut autrefois de beaux jours.

Chris the Swiss de Anja Kofmel

Tourné dans un somptueux noir et blanc ultra-contrasté, Chris the Swiss mêle film documentaire et images d'archives pour raconter l'histoire vraie de Chris, un reporter de guerre suisse retrouvé mort en Croatie en janvier 1992, après avoir rejoint une milice internationale d'extrême droite impliquée à la fois dans la guerre en Yougoslavie et dans des trafics de toutes sortes.

Anja Kofmel est la cousine de Chris. Elle propose à travers le film une véritable enquête sur ce qui est arrivé au jeune homme, pris dans un conflit terrible qui l'a peu à peu englouti. A-t-il délibérément rejoint le "First International Platoon of Volunteers" (PIV) ou l'a-t-il infiltré dans le but d'en dénoncer les pratiques ? Et surtout, qui est responsable de sa mort ?

Le film est une plongée brutale dans le contexte de cette guerre sanglante en même temps qu'une enquête intime et personnelle pour comprendre ce qui est, réellement, arrivé à Chris. Anja Kofmel se met en scène, ainsi que certains membres de sa famille qui dressent un portrait de Chris. En parallèle, on suit le jeune homme en Yougoslavie, au contact de ceux qui l'entraîneront dans le PIV.

L'animation joue sur les nuances de gris et les ombres, rendant palpable la confusion et l'ambivalence qui règnent alors dans le pays. L'une des séquences montrée lors du Cartoon movie met également en valeur le travail réalisé par la réalisatrice sur les figures géométriques, notamment dans une scène se déroulant en forêt, inquiétante et anxiogène.

C'est un projet extrêmement ambitieux que propose Anja Kofmel, et on hâte de pouvoir le découvrir dans sa continuité. Lui aussi pourrait avoir les honneurs de la croisette, en raison à la fois de son sujet extrêmement fort et de son esthétique singulière. Un pari de la part de la réalisatrice comme des producteurs, que l'on aimerait voir récompensé en retour par un peu d'audace de la part des sélectionneurs...

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