Le charme discret de Stéphane Audran s’envole (1932-2018)

Posté par vincy, le 27 mars 2018

Elle était l'actrice chabrolienne par excellence. Stéphane Audran, née Colette Dacheville le 8 novembre 1932; s'est éteinte le 27 mars à l'âge de 85 ans. A l'affiche de deux films oscarisés (Le charme discret de la bourgeoisie, Le festin de Babette), Prix d'interprétation à Berlin (Les biches), à San Sebastian (Le boucher), aux Bafta britanniques (Le charme discret..., Juste avant la nuit) et César du meilleur second-rôle féminin (Violette Noziere), la comédienne était l'une des figures emblématiques du cinéma français des années 1960 et 1970.

Au delà de cette beauté (rousse, blonde ou brune selon les rôles) qui captait si bien la lumière, de ses yeux verts hypnotiques et de sa voix reconnaissable entre mille, elle avait un talent réel à composer des personnages éclectiques dans des univers souvent dramatiques, avec cette distance un peu froide qui lui était propre. ESi elle a tourné en 1959 avec Eric Rohmer, dans Le signe du lion, c'est bien sa rencontre avec Claude Chabrol (décédé en 2010) qui forgea son destin cinématographique. C'est Gérard Blain qui organisa le rendez-vous. Elle obtient alors un petit rôle dans Les cousins (1959). Chabrol et elle entament une relation amoureuse, qui sera fusionnelle à l'écran.Il lui fera tout jouer, séductrice, angoissée, calme, douce, criminelle... La bourgeoise idéale. Ensemble, ils tournent Les bonnes femmes, Les Godelureaux, L'œil du malin, Landru, Marie-Chantal contre le docteur Kha, La ligne de démarcation, Le scandale.... Pas souvent les meilleurs films du réalisateur, et souvent des échecs financiers. En 1968, avec Les biches, avec Jean-Louis Trintignant, reçoit un Ours d'argent à Berlin. Audran est enfin remarquée comme actrice et Chabrol renaît. Il l'enrôle ensuite pour La femme infidèle et surtout Le boucher, avec Jean Yanne (1970), film noir sous tension sur un amour impossible. Chabrol continue ainsi sa filmographie avec sa première muse (avant Huppert): Meurs filmographies semblent indissociables: La rupture, Juste avant la nuit, Les noces rouges, Folies bourgeoises, Les liens du sang, Violette Nozière durant les années 1970, puis plus sporadiquement ensuite avec Le sang des autres, Poulet au vinaigre, Jours tranquilles à Clichy, Betty et L'ivresse du pouvoir.

Stéphane Audran, épouse de Jean-Louis Trintignant dans les années 1950, en concubinage avec Claude Chabrol à partir de 1959 (et mère de Thomas Chabrol) avant de se marier puis de divorcer en 1980, a connu ses plus grands rôles quand elle s'est émancipée de son pygmalion. La comédienne a été à l'affiche de nombreux films moyens signés pourtant Jacques Pinoteau, Jean Delannoy, Philippe Labro... Mais avec les reconnaissances pour Les biches et Le boucher, son élégance et son magnétisme ont séduit Luis Bunuel (Le Charme discret de la bourgeoisie), une histoire de repas impossible entre notables. La gastronomie, thème chabrolien par excellence, va aussi être son porte-bonheur. Ce film lui ouvre les portes des grands cinéastes et du cinéma anglo-saxon. Dans les années 1970, elle tourne avec Orson Welles (dans l'inachevé The Other Side of the Wind, bientôt restauré et complété), Samuel Fuller (Un pigeon mort dans Beethoven Street, Au-delà de la gloire, Les voleurs de la nuit), une adaptation internationale d'un Agatha Christie (Dix petits nègres) et surtout Claude Sautet (Vincent, François, Paul… et les autres, où elle est la femme d'Yves Montand, qu'elle quitte).

Dans un registre plus populaire on la voit chez Michel Audiard et Georges Lautner, dans La cage aux folles 2 et 3. Ces vingt dernières années, elle apparaît dans des comédies oubliables comme Arlette, Belle-Maman, J'ai faim, Ma femme d'appelle Maurice... En 1981, elle retrouve Huppert, sa partenaire de Violette Nozière dans Coup de Torchon de Bertrand Tavernier, épouse de Noiret policier devenu assassin. Parmi les films qui ont marqué sa carrière, on note aussi Mortelle randonnée de Claude Miller, Les saisons du plaisirde Jean-Pierre Mocky, et La fille de Monaco d'Anne Fontaine, son dernier film il y a dix ans.

Mais Stéphane Audran s'est offert un chant du cygne somptueux, avec une autre grande bouffe, Le festin de Babette (1987) de Gabriel Axel. C'est sans doute son dernier grand rôle, mais aussi l'un des plus beaux. En cuisinière renommée fuyant une France répressive dans un Danemark austère, elle brille à la lumière des bougies, accomplissant des merveilles avec la nourriture: elle habite littéralement ce film, sélectionné à Cannes et oscarisé l'année suivante.

Ce qui plaisait chez Audran, c'était son jeu subtil, jamais dans l'effet ou la surdramatisation. Sa sincérité transperçait l'écran. Actrice discrète, elle revendiquait cette sobriété. Pas étonnant alors que ce démystificateur de Chabrol ait trouvé en elle toutes les facettes de la femme, qu'elle soit infidèle ou sans amour, vulgaire ou fatale, garce ou vulnérable. Honnête (et engagée), mal exploitée par le cinéma français, l'actrice restera l'une de ces incarnations d'une France en mutation, à la fois enracinée et libérée, classique et moderne, "pompidolienne" en quelque sorte.

Cannes 2018: Ursula Meier présidera le jury de la Caméra d’or

Posté par vincy, le 27 mars 2018

La réalisatrice suisse Ursula Meier présidera le jury de la Caméra d'or, qui récompense la meilleure première œuvre présentée en Sélection officielle, à la Quinzaine des Réalisateurs et à la Semaine de la Critique.

Depuis 1994, Ursula Meier est l'auteure de 5 courts métrages, dont Tous à table trois fois primé à Clermont-Ferrand en 2001, 2 œuvres pour la télévision, 2 documentaires et 2 longs métrages pour le cinéma. Ancienne assistante-réalisatrice d'Alain Tanner (Fourbi, 1996). A Cannes, en sélection officielle, elle était venue présenter en 2014 Les Ponts de Sarajevo, œuvre collective portée par 13 cinéastes européens.

Son premier long métrage, présenté à la Semaine de la critique, Home (2008), avec Isabelle Huppert et Olivier Gourmet, a été nommé au César du meilleur film étranger. Il avait reçu trois prix aux "César" suisses: meilleur film, meilleur scénario et meilleur espoir pour Kacey Mottet Klein. En 2012, avec L’Enfant d’en haut, elle obtient un Ours d’argent à la Berlinale, mais aussi un prix d'interprétation à Cabourg pour Léa Seydoux, une nomination aux César pour Kacey Mottet Klein et de nouveau trois prix aux "César" suisses: meilleur film, meilleur scénario et meilleur acteur pour Kacey Mottet Klein.

Sa dernière œuvre, Journal de ma tête, met en scène Fanny Ardant et Kacey Mottet Klein. Elle a été projetée dans la section Panorama à la dernière Berlinale.

"Un premier film, déclare la Présidente nouvellement désignée dans le communiqué du Festival de Cannes, c’est le lieu de tous les possibles, de toutes les audaces, de toutes les prises de risques, de toutes les folies. On dit souvent qu’il ne faut pas tout mettre dans un premier film mais c’est tout le contraire, il faut tout mettre dans un premier film, tout, comme il faut tout mettre dans chaque film en gardant au fond de soi, toujours, ce désir originel, vital, brutal, sauvage de la première fois. Quelle immense excitation et quelle immense joie de découvrir tous ces films !"

Ursula Meier et son jury remettront le prix de la Caméra d’or lors de la soirée de Clôture du Festival de Cannes, le samedi 19 mai. L'an dernier Jeune Femme de Léonor Serraille (Un Certain Regard) avait remporté la prestigieuse récompense.

Deux films en projet pour Joe Wright (Les heures sombres)

Posté par vincy, le 27 mars 2018

Joe Wright a le vent en poupe. Les heures sombres, nommé à l'Oscar du meilleur film, oscarisé avec Gary Oldman dans la catégorie meilleur acteur, a récolté 145 millions de dollars dans le monde, soit cinq fois son budget de production.

Le réalisateur a désormais deux projets en cours. Il était attaché à Stoner, une adaptation du roman de John Edward Williams, dont l'édition française a été traduite par Anna Gavalda. Il s'agit de l'histoire du jeune William Stoner, né pauvre dans une ferme du Missouri à la fin du XIXe siècle, qui est envoyé par ses parents, au prix de grands sacrifices, à l'université pour y étudier l'agronomie. Il devient professeur et coupe les ponts avec son passé. Mais la vie ne lui pardonne pas cette trahison. Jusqu'ici Casey Affleck et Tommy Lee Jones étaient au générique de ce film. Mais les accusations de harcèlement sur Affleck pourraient fragiliser le projet.

Depuis hier, Joe Wright a ajouté son nom à un autre projet: The Woman in the Window (La femme à la fenêtre), premier roman d'A.J. Finn qui vient de paraître en France. Le récit est celui d'Anna, docteur de profession, qui vit recluse dans sa maison de Harlem depuis le départ de son mari et de sa fille. Entre alcool, ordinateur, médicaments et lectures, elle espionne ses voisins et notamment la famille Russel, qui vient d'emménager en face. Un soir, elle est témoin d'un crime. Mais, doutant de la véracité de ses souvenirs, elle peine à convaincre les policiers.

Le scénario sera écrit par Tracy Letts, l'auteure lauréate du Prix Pultizer pour August, Osage County (déjà adapté au cinéma).

Joe Wright n'a pas encore précisé dans quel ordre il tournerait ces deux films.

Les nommés pour les prix Romy-Schneider et Patrick-Dewaere 2017

Posté par vincy, le 27 mars 2018

Le comité d’organisation des Espoirs du Cinéma français a révélé les comédiens nommés pour la 36e édition des prix Romy-Schneider et Patrick-Dewaere.

Pour le Prix Romy-Schneider, Laetitia Dosch (Jeune femme), Adeline d’Hermy (Maryline) et Camélia Jordana (Le brio, Cherchez la femme) sont en lice. Camélia Jordana semble favorite après son César du meilleur espoir féminin.

Pour le Prix Patrick-Dewaere, Nahuel Pérez Biscayart (120 battements par minute, Au revoir là-haut), Benjamin Lavernhe (Le sens de la fête), Vincent Macaigne (Le sens de la fête, Des plans sur la comète), et Finnegan Oldfield (Marvin ou la belle éducation, La promesse de l'aube) ont été sélectionnés. Là encore, Nahuel Pérez Biscayart part favori avec son César du meilleur espoir masculin.

L'an dernier, les prix avaient été décernés à Lou de Laâge et Vincent Lacoste. Le Prix Romy-Schneider a récemment récompensé Anaïs Demoustier, Bérénice Bejo, Céline Sallette, Adèle Exarchopoulos et Adèle Haenel. Le Prix Patrick-Dewaere a distingué ces dernières années Gilles Lellouche, JoeyStarr, Raphaël Personnaz, Pierre Niney et Reda Kateb.