[Dossier] Cannes, centre du monde cinématographique ? — Episode 1 Rencontre avec le réalisateur Erwan Le Duc

Posté par MpM, le 10 mai 2019, dans Cannes, Cannes, centre du monde cinématographique ?, Festivals.

Le Festival de Cannes, ses palmiers, son tapis rouge et ses paillettes… Il y a des images dont on a parfois du mal à se défaire. Pourtant, si certains considèrent Cannes comme le plus grand festival du monde, et si des professionnels du monde entier s’y précipitent chaque printemps, ce n’est pas pour aller à la plage. Qu’est-ce qui fait que le Festival occupe cette place privilégiée dans l’agenda de la planète cinéma, et qu’il s’impose chaque année comme le centre de ce petit monde ? Et au fait, comment “vit-on” Cannes lorsqu’on est producteur, distributeur, organisateur de festival ou réalisateur ? A quelques jours de l’ouverture de cette 72e édition, nous sommes allés à la rencontre de ces festivaliers pas comme les autres dont les réponses nous aident à comprendre pourquoi Cannes bénéficie depuis si longtemps de cette indéfectible aura internationale.

Le réalisateur Erwan Le Duc est déjà venu à Cannes en 2016 pour présenter son court métrage Le Soldat vierge à la Semaine de la Critique. Trois ans plus tard, il est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs avec son premier long métrage, Perdrix. L'occasion de lui demander comment il s'apprête à vivre cette deuxième expérience sur la Croisette, et quel regard il porte sur Cannes en général.


Ecran Noir : Quel est votre rapport au Festival de Cannes ? Est-ce un endroit où vous allez régulièrement ?
Erwan Le Duc : Je n'y avais jamais mis les pieds avant d'y présenter mon court-métrage Le soldat vierge à la Semaine de la critique en 2016, mais je le suivais par la presse, surtout écrite. Je savais que pendant deux semaines, il y aurait quatre pages de cinéma par jour dans les journaux, ce que je trouvais réjouissant. On me donnait des nouvelles du cinéma, de celui qui allait venir, des films qui allaient sortir, même si c"était parfois des mois plus tard.

EN : Vous y serez cette année avec un film en sélection à la Quinzaine des Réalisateurs, Perdrix. Pouvez-vous nous parler du film en quelques mots ? Comment avez-vous réagi à cette sélection ? Est-ce l'excitation ou le stress qui domine ?
ELD : Oh c'est l'excitation qui domine, puis le stress, puis l'excitation, puis le stress... L'annonce de la sélection à la Quinzaine a évidemment été très joyeuse, pour toute l'équipe. Il y a un an, je ne savais pas si on arriverait un jour à le tourner, ce film, tout était encore très incertain. Et puis comme dans le film, tout est allé très vite, d'un coup... Perdrix est une histoire d'amours et d'aventures, au pluriel. Un garçon rencontre une fille, quelque chose se passe, et tout se met à bouger autour. Il y a des nudistes révolutionnaires, une reconstitution historique, des vers de terre, du ping-pong, du désir et du désordre...

EN : Cannes est un moment intense, c'est notamment la première fois que le film sera présenté à un public, et il y aura aussi beaucoup d'échanges autour. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cet aspect ?
ELD : Oui, ce sera la première projection publique du film. J'ai plutôt hâte de le montrer, je suis très curieux de voir comment il sera reçu, compris, ressenti, et discuté... mais je suis encore dans la fabrication du film, il nous reste quelques jours de mixage, des derniers choix à faire, et ça m'oblige à rester dans cette concentration.

EN : De votre côté, avez-vous des attentes ou un but particulier, au-delà de l’accompagnement de votre film, notamment en termes de rencontres, ou peut-être de films à voir ?
ELD : Je ne me projette pas trop, je vais préparer la présentation de mon film au mieux, l'accompagner joyeusement, et fêter ça avec l'équipe. Pour le reste, on verra, je sais aussi, l'ayant vu brièvement lors de mon passage à la Semaine de la critique en 2016, que le festival peut réserver de grands moments de solitude, à cause de l'effervescence qui y règne, de la profusion de films, l'un chassant l'autre, ça peut être violent.
Par rapport aux films à voir, j'essaierai de me glisser dans quelques projections, selon mon agenda. Je suis très curieux de Yves, de Benoit Forgeard, qui fera la clôture de la Quinzaine. Ou d'Atlantiques de Mati Diop, de Parasite de Bong Joon-ho, à l'Officielle. Et de tous ces autres films dont je ne sais rien...

EN : En quoi le festival se distingue-t-il selon vous des autres festivals internationaux, le rendant presque incontournable ?
ELD : N'ayant pas une grande expérience des autres festivals internationaux, je ne suis pas très bien placé pour répondre à cette question. Si ce n'est pour signaler que le festival de Cannes a lieu à Cannes, ce qui le distingue déjà assez nettement des autres.

EN : C'est la deuxième fois que l'un de vos films est sélectionné à Cannes. Quelle différence cela fait-il pour un film d'avoir cette exposition ? On dit souvent que Cannes est primordial pour présenter un premier long métrage, est-ce également votre ressenti ?
ELD : Pour ce qui est de mon court-métrage, cela a offert au film une exposition unique, suscitant une curiosité sur le moment, mais il faut bien avouer que c'est parti comme c'est venu, assez vite. Donc c'était très agréable, mais un peu frustrant.
Par rapport à un premier long-métrage, cela n'a plus rien à voir, l'attente est beaucoup plus forte, on sent que le film suscite la curiosité, ce qui fait aussi monter la pression, et l'excitation, c'est à double tranchant. Et puis on entre dans des logiques économiques. Le festival est (surtout ?) un grand marché, une sélection y devient très importante par rapport à ces questions-là, à la vente du film et à sa diffusion à venir. Après, est-ce que c'est primordial, je ne sais pas, mais c'est important, ça rend certaines choses plus concrètes. Dans mon cas précis, la sélection à la Quinzaine a permis de préciser une date de sortie du film (le 14 août). C'est donc déjà un coup d'accélérateur.

EN : D'ailleurs, la sélection de votre court métrage "Le Soldat vierge" a-t-elle eu une influence sur votre projet suivant ?
ELD : Une influence sur le projet de Perdrix en lui même, pas vraiment. Par contre, cette sélection m'a donné plus de crédibilité lors de discussions qui ont été menées ensuite, ce qui n'était pas négligeable.

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