Putain de film? En tout cas, Tenue de Soirée, qui a valu à Michel Blanc un prix d'interprétation masculine à Cannes en 1986, a été un sacré succès en salles et au festival. Les répliques de Bertrand Blier ont bien visé: "Une serrure il faut qu'ça mouille, c'est comme tous les orifices. Tu la démarres à la salive et t'attends qu'elle se donne." Ici le sexe est avant tout paroles.
Enfin, à quelques nuances. Car Tenue de Soirée c'est un peu "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir pour sodomiser un hétéro sans jamais oser le demander".
En trois phrases dites par Michel Blanc, on comprend tout.
Acte I: - Ton passé on le connaît… Collection de bites et puis c'est tout.
Acte II: - Mais je vais quand même pas me faire enculer sous prétexte que c'est un ami.
Acte III : - Le mec qu'est dans ton lit, il vient de se faire enculer, ma petite fille. Voilà. Après ça, on me dira que la vie est belle.
Top and Bottom. Il y a le dominant, Depardieu, et le dominé, Blanc. L'actif qui lime le passif. C'est cru. Et ça ne choque pas. Tout le monde finit sur le trottoir, les deux mecs en travestis. Et ça fait sourire. Dans ce ménage à trois, la femme laisse tomber son époux et le jette dans les bras d'un homme plus amateur de couilles que de seins. L'époux va devenir épouse, très jalouse. C'est caustique.
Au départ Tenue de Soirée était une sorte de suite des Valseuses, avec le même trio, dix ans plus tard: Depardieu-Miou Miou-Dewaere. Ce dernier a mis fin à ses jours, Blier a laissé trainer le projet, et finalement Blanc a repris le rôle, se rasant la moustache du loser des Bronzés et changeant d'image en se convertissant à des rôles dramatiques.
Ce qu'on retient surtout, au delà des provocations qui font jubiler son auteur, c'est que Tenue de soirée est une comédie grinçante, complexe, où réalité et fantasme s'entremêlent. Mais surtout il est un des premiers films populaires français à poser des questions sur l'identité sexuelle et le genre. 30 ans plus tard, il est toujours aussi efficace sur ce point.