Percy Jackson: que la foudre nous foudroie si on n’a pas vu plus nul!

Posté par Benjamin, le 18 février 2010

percyjackson.jpg

Humeur. Que dire de Percy Jackson, voleur de foudre ? Que dire de cette nouvelle production réservée aux ados qui marchent sur les pas d’Harry Potter du Monde de Narnia et compagnie ? Quelle est sa valeur ? Surpasse-t-il ses semblables ou convient-il seulement aux mangeurs de popcorn boutonneux ?

Les réponses sont extrêmement simples et il est inutile d’écrire une longue tirade pour avancer le fait que Percy Jackson est le parfait reflet d’un cinéma de plus en plus dominant dans nos salles obscures (près de 500 000 spectateurs en France en 8 jours). Un cinéma qui prend parfois l’allure d’une maladie et qui gangrène les esprits de nos jeunes ados. Percy Jackson est un jeune homme dont la coupe de cheveux et le style vestimentaire branchés ne doivent pas cacher son profond mal-être. Non, Percy Jackson n’a pas connu un violent traumatisme durant son enfance. Non, il n’a pas essuyé les dures épreuves de la vie. Percy est en réalité le fils de Poséidon ! Rien que ça et en moins de deux, le voilà catapulté dans un camp pour « demi-dieux » ou chacun délaisse son iPod et ses Converses pour une armure en cuire et une épée ébréchée faut-il y voir un problème phallique?). Durant sa quête et affublé de deux acolytes (un « noir » forcément drôle et un brin « rappeur » et une jeune femme belle mais farouche, aucun clichés, non,non), il affrontera alors les monstres mythologiques les plus emblématiques : du Minotaure jusqu’à Méduse en passant par l’Hydre de Lerne. Une bonne révision avant le remake du Choc des Titans (en avril).

Alors Percy Jackson a-t-il une qualité quelque part ? Dans le scénario aucune, puisque le film suit une trajectoire des plus rectilignes avec toutes les demi-heures une scène d’action pour tenir en haleine le spectateur et avec, bien entendu, un final qui se veut à la fois haletant et spectaculaire. Seulement, tous ces évènements sont prévisibles et les effets spéciaux (parfois terriblement mal faits) n’arrivent pas à relever le niveau. En fait, il faut bien comprendre que Percy Jackson est un produit de consommation qui reflète à la perfection le pathétique de ce cinéma pour ados. Certains auront beau se cacher derrière le discours historico-mythologique, ce n’est qu’une façade. On abaisse le niveau de qualité pour qu’il soit plus accessible au spectateur au lieu de forcer celui-ci à s’élever. Et dire qu'on râlait après Troie. Du coup, le colis livré est bas de gamme. Le plus honteux certainement est le fait d’utiliser les références mythologiques pour les transformer en problèmes d’ados : « je suis mal dans ma peau parce que mon père est un Dieu et je n’ai jamais pu le rencontrer ». Mon Dieu, que l’existence est dure et impitoyable pour ses jeunes gens si beaux, si exceptionnels. Mais le spectacle est plus dur encore pour le pauvre spectateur… Ah non, il y a erreur. Le spectacle sera certainement un ravissement pour le spectateur de ce film qui ne verra peut-être pas la supercherie.

Peut-être que les films comme Percy Jackson n’ont pas lieu d’être. Comme un hot-dog consommé dans la rue. Mais, en perdant l’exigence, en ramollissant au maximum les capacités du consommateur, c’est le cinéma qu’on réduit à sa plus simple expression industrielle et c’est l’art que l’on perd.

Un été italien : langueur et subtilité dans un Winterbottom mineur

Posté par MpM, le 14 avril 2009

Un été italien"Il y a une différence entre changer d’appart' et changer de pays."

L'histoire : Suite à la mort accidentelle de sa femme, Joe (Colin Firth) décide de partir à Gênes avec ses deux filles pour y commencer une nouvelle vie. L’aînée se fait vite de nouveaux amis, mais la petite voit partout le fantôme de sa mère…

Ce que l'on en pense : Michael Winterbottom a le chic pour alterner adaptations littéraires prestigieuses (Jude l’obscur, Redemption), faux documentaires hyper-réalistes (In this world) et biopics décalés (24 hour party people, Un cœur invaincu), aussi ne l’attendait-on pas forcément dans le registre du drame familial intimiste. Et le fait est que cet Eté italien (Genova en version originale) ne fera pas forcément date dans sa filmographie.

L’aspect formel n’est pas en cause, qui réaffirme une nouvelle fois la fluidité de sa mise en scène : fausse caméra subjective portée à l’épaule et suivant les personnages dans le dédale des ruelles génoises labyrinthiques, refus du gros plan lacrymal, sens de l’ellipse. Chaque séquence va droit au but, captant tantôt l’ambiance de cette ville étrangère où le moindre passant semble inquiétant, tantôt les relations complexes qui lient les trois membres de la famille. Fidèle à lui-même, Winterbottom refuse les facilités scénaristiques comme les grosses ficelles émotionnelles, et il évite à peu près tous les écueils, des grandes scènes d’explications mélodramatiques à la révélation de quelque drame secret. Son propos est simplement d’observer la reconstruction d’une famille amputée de l’un de ses membres, les rapports qui peuvent exister entre un père et ses filles, la sensation de parenthèse quand on repart à zéro en un lieu inconnu, avant que la "vraie vie" ne reprenne son cours.

C’est subtil, mais peut-être trop. A force de tout effleurer, de s’arrêter systématiquement avant toute confrontation violente, il finit par donner l’impression de ne pas savoir quelle direction choisir entre la chronique réaliste et le récit fantastique métaphorique. Ainsi, chaque fois que l’intrigue semble atteindre un point déterminant, elle retombe immédiatement dans cette espèce de langueur italienne qui engloutit tout. Le spectateur, lui, a presque envie de secouer les personnages pour qu’ils affrontent enfin leurs problèmes et se décident à régler frontalement leurs conflits. D’accord pour une approche ténue de la question du deuil, de la culpabilité et du ressentiment, mais encore faudrait-il approcher quelque chose. Là, Winterbottom donne surtout l’impression de suggérer une situation insupportable puis d’y apporter artificiellement un dénouement facile, sans jamais prendre la peine de réellement faire parcourir à ses personnages le chemin entre les deux.