Cannes 70 : Caméra d’or, l’avoir… ou pas

Posté par cannes70, le 12 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-67.


En février dernier, la réalisatrice et scénariste hongroise Ildikó Enyedi obtenait l'Ours d'or à Berlin pour son cinquième long-métrage, On Body and Soul. Il y a presque trente ans, en 1989, elle recevait la caméra d'or des mains de Raf Vallone lors du 42e festival de Cannes, pour son premier film  Mon XXe siècle. Entre les deux récompenses, elle a présenté deux films à Venise, un à Locarno, et a notamment été membre du jury au festival de Berlin. Elle a également connu une longue traversée du désert (elle n'avait pas tourné pour le cinéma depuis 1999) avant ce retour triomphal.

Un destin étonnant, dont on a eu envie de se demander s'il est singulier dans l'histoire de la Caméra d'or, ou au contraire plutôt exemplaire. Que deviennent en effet ces cinéastes distingués dès leurs premiers pas dans le long métrage et dont on pourrait dire que les meilleures fées (qui ont pour noms Michel Deville, Abbas Kiarostami, Agnès Varda ou encore Wim Wenders) se sont penchées sur leur berceau ?

Un prix de cinéphiles


C'est Gilles Jacob qui a l'idée, en 1978, de créer un prix pour distinguer le meilleur premier film toutes sélections confondues (y compris Cannes Classic et, jusqu'à sa suppression, la section Perspective du cinéma français). Au départ, ce sont les critiques présents qui votent, puis à partir de 1983, un  jury spécifique est constitué, en majorité de journalistes, de critiques et de "cinéphiles". Il se dote en 1987 d'un président du jury (c'est le compositeur Maurice le Roux qui inaugure la fonction) et se professionnalise peu à peu (la dernière mention d'un juré "cinéphile" remonte à 2005).

Dès le départ, il y a derrière cette récompense symbolique la volonté de rappeler que Cannes ne peut pas seulement être le lieu du couronnement et de la validation, mais doit également chercher à être celui de la découverte et du renouveau. C'est dans cette optique qu'est créée cette même année la section Un Certain regard  (destinée à l'origine à promouvoir des œuvres singulières et des auteurs en devenir), puis en 1998 la Cinéfondation qui invite des films d'école.

Ceux qui l'ont eue... et les autres


Près de 40 ans après la remise de la première Caméra d'or (pour Alambrista ! de Robert Malcom Young), on a largement le recul nécessaire pour constater que les différents jurys ont parfois révélé des cinéastes devenus incontournables, mais aussi que certains lauréats auront été les hommes (ou les femmes - elles ont réalisé ou coréalisé 14 longs métrages récompensés sur les 40) d'un seul film. Sans doute parce qu'une Caméra d'or, comme la plupart des prix couronnant des premières œuvres, est toujours en partie un pari sur l'avenir. Il y a finalement peu de réalisateurs, aujourd'hui habitués cannois, qui aient remporté cette récompense : ni Wong Kar wai sélectionné en 1989 pour As tears go by, ni Jacques Audiard (Regarde les hommes tomber en 1994), ni Quentin Tarantino (Reservoir dogs en 1992), ni Xavier Dolan (J'ai tué ma mère en 2009), ni même Steven Soderbergh (Sexe, mensonges et video en 1989) qui, lui, a eu directement la palme d'or... excusez du peu !

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Cannes 2011 : le jury de la Cinéfondation et des courts métrages

Posté par vincy, le 20 avril 2011

Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages, on le sait depuis février, est présidé par Michel Gondry. Aujourd'hui, le réalisateur sait qu'il sera accompagné de l'actrice et productrice française Julie Gayet (membre du jury Un certain regard en 2009), la réalisatrice et productrice autrichienne Jessica Hausner (primé par la Cinéfondation en 1999, sélectionné deux fois à Un certain regard), le réalisateur roumain Corneliu Porumboiu (2e prix de la Cinéfondation en 2004, caméra d'or en 2006, prix Fipresci avec un film sélectionné à Un certain regarde en 2009) et le réalisateur portugais João Pedro Rodrigues (sélectionné à la Quinzaine en 2005, à Un certain regard en 2009).

Le jury devra choisir parmi les seize films de fins d’études de la Sélection Cinéfondation : les trois premiers Prix, dotés chacun de 15 000€, 11 250€ et 7 500€. Les prix seront remis le 20 mai. Ils devront aussi désigner la Palme d’or parmi les 9 courts métrages, qui sera remise lors de la cérémonie de Clôture, dimanche 22 mai.

Arras fait le plein pour ses 10 ans

Posté par MpM, le 11 novembre 2009

ArrasOn vous avait annoncé un programme alléchant pour la dixième édition du Festival international d'Arras, et l'on ne s'y est pas trompé. A mi-festival, le bouche à oreilles a déjà si bien fonctionné que l'on voit de grandes files d'attente se former devant le cinéma où ont lieu la plupart des projections. D'ailleurs, la manifestation affichait déjà 5 000 spectateurs sur les trois premiers jours, soit une augmentation de 60% par rapport à l'an dernier ! A ce rythme-là, le record de 2008 (environ 20 000 entrées) sera probablement dynamité à la fin de la semaine...

Pour expliquer un tel succès, il suffit de se pencher sur le détail de la programmation quotidienne. Un jour comme mardi, les spectateurs avaient le choix entre pas moins de 16 films dont un ciné-concert (Le fantôme de l'opéra), une comédie musicale hongroise déjantée (Made in Hungaria), une avant-première française (Le père de mes enfants de Mia Hansen-love) ainsi que plusieurs inédits et reprises.

Deux des pays adoubés par Gilles Jacob en mai dernier comme "nouveaux centres cinématographiques", Israël et la Roumanie, étaient également représentés avec des oeuvres fortes et denses qui sous prétexte d'intrigue policière, décortiquent le fonctionnement de leurs sociétés respectives. Ajami de Yaron Shani et Scandar Copti montre les différentes facettes de la ville de Jaffa, violente et étouffante, où de complexes hiérarchies s'érigent entre les communautés qui cohabitent tant bien que mal.

Moins sombre, avec l'humour et l'auto-dérision qui semble caractériser le nouveau cinéma roumain, Policier, adjectif de Corneliu Porumboiu suit un enquêteur lancé dans une filature minutieuse et répétitive d'un groupe d'adolescents  consommateurs de haschisch. Tiraillé par des questions de morale et de conscience, il est confronté à la fois aux rouages de la bureaucratie et à la rhétorique absurdement retorse de ceux qui l'entourent.

Et parce qu'un anniversaire est aussi l'occasion de faire la fête, la journée s'est achevée par la projection du cultissime Rocky Horror Picture Show animée par la troupe des Sweet transvestites bien connue des habitués du Studio Galande. Le spectacle était ainsi à l'écran, sur scène et dans la salle, avec jets de riz et de confettis, course-poursuites, blagues potaches et reprise en choeur des refrains. Quelques spectateurs ont même eu la "chance" de participer plus activement à l'action en devenant l'espace d'une scène l'un des protagonistes du film... Suffisamment déjanté, foutraque et au final bon enfant pour que toute la salle, constituée en grande partie de "néophytes", se laisse prendre au jeu.

Après tout, c'est aussi cela, la "magie du cinéma". Et si Arras fait habilement le grand écart entre la complexité de la situation israélo-palestinienne et les facéties d'un "transsexuel travesti", l'exercice a de quoi faire définitivement taire ceux qui ne croient pas que diversité, audace et exigence sont les meilleurs ingrédients pour obtenir un festival véritablement populaire et chaleureux.