Nos coups de coeur de l’année: Miles Teller et l’énergie généreuse de Whiplash

Posté par cynthia, le 25 décembre 2014

miles teller whiplashIl y a des questions qui se posent sans cesse et exigent des réponses complexes. En fin d'année, on vous demande de faire le bilan, vos top 10, etc...«Quel est ton film préféré?» est la plus répandue quand on passe son temps dans les salles de cinéma et les festivals. Et à chaque fois c'est la même chose: je me lançait dans des tirades interminables et hésitantes. Jusqu'à ce jour ensoleillé du 3 septembre 2014, date à laquelle un film a enfin, et déjà, emporté le titre si convoité de «coup de coeur de l'année».

Whiplash de Damien Chazelle. De battre mon cœur s'est arrêté. Quand j'ai découvert le film, j'en ignorais tout, hormis la présence du prometteur Miles Teller. J'avais apprécié ses prestations dans Rabbit Hole et The Spectacular Now. Je suis entrée dans la salle. Un petit coup d'œil sur le dossier presse. Passionnée de batterie depuis toujours (j'aurai rêvé prendre des cours), le sujet m'intrigue.

Damien Chazelle ouvre le bal dans un tourbillon de batterie, Miles Teller qui incarne un jeune batteur de jazz en quête de reconnaissance donne tout son talent (sans doublure) et joue de ses baguettes, J.K Simmons s'ajoute au prologue. En quelques phrases, on devine une comédie "musicale", et pourtant tout bascule après quelques baffes rendant l'atmosphère sado-maso. Tout comme l'élève, on reçoit une claque en pleine face. J'ai commencé le film avec un martèlement cardiaque puis par l'arrêt total de mon cœur dans un soupir, disons-le, orgasmique.

Criblé de références - Full Metal Jacket (la scène de son premier cours), Black Swan (le renfermement de soi, les mains en sang après un entraînement intense et la rivalité omniprésente dans le milieu), Rocky (les mains plongées dans la glace afin de ne plus ressentir la douleur physique) - Whiplash rappelle par ailleurs combien musique et cinéma n'ont cessé de se nourrir mutuellement, tout au long d'un roulement de tambour d'innovations esthétiques, techniques et commerciales.

Pourquoi un film sur la dépossession de soi m'-a-t-il autant marqué? Le personnage d'Andrew? Certes il fait fortement penser à celui de Nina dans Black Swan. Il ne manquait plus qu'une scène sensuelle de masturbation et un échange homosexuel avec son rival rouquin et incroyablement sexy et on y était. Petit gentil de service, timide qui n'ose même pas s'approcher d'une caissière de cinéma qui lui plaît ni rétorquer aux vannes puériles de ses camarades musiciens, le jeune homme se sacrifie au point de prendre des pop-corn aux raisins secs pendant sa séance de cinéma mensuelle d'avec son père, alors qu'il n'aime pas ça. Puis il rencontre ce professeur et tout bascule. En quelques humiliations le voilà réduit à s'endurcir, à se noircir. Il devient entreprenant puis solitaire, préfèrant s'enfermer des jours et des nuits dans son petit mètre carré et jouer de la batterie jusqu'à avoir les phalanges en sang, pour finir par devenir vulgaire envers toutes les personnes qui se mettent en travers de son chemin.

La beauté du film réside principalement dans le talent de Damien Chazelle et la prestation exceptionnelle de Miles Teller. Un duo de choc. Passant de l'ange adorable au psychotique aveuglé par le succès, Miles, avec ses airs de Marlon Brando, décharge une énergie sexuelle. Il suffit de le voir tâter de sa batterie avec violence lors de son dernier solo en est presque sexuel. Accentué par le regard apeuré de son père qui prend conscience que son fils a perdu son âme, j'y ai laissé bien plus que des plumes sur mon siège.

Whiplash n'est donc pas seulement mon coup de cœur 2014, il est un de ceux qui a marqué ma vie de cinéphile.

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Deauville way of life: Whiplash dicte sa loi au palmarès!

Posté par cynthia, le 13 septembre 2014

whiplash

Neuvième et dernier jour de compétition au 40e festival de Deauville. Après une semaine de bataille, on a enfin connu le nom du grand gagnant, même si on s'en doutait déjà. Whiplash de Damien Chazelle rafle les deux récompenses majeures: le Grand prix du jury et le prix du public. Après son Grand prix à Sundance, il semble l'un des films américains incontournables de l'année. Le film sort le 24 décembre en France.

Jour 7: la journée des futurs gagnants

Tous nos favoris n'ont pas été primés cependant. Ainsi le choix étrange d'A girl walks alone at night réalisé par Ana Lily Amirpour et qui reçoit ainsi le prix de la révélation Cartier.

Jour 2: les recettes de l'émotion

Joie et allégresse de voir le dérangeant It Follows de Robert David Mitchell récompensé (prix de la critique internationale).

Jour 8 : I can't get noooooo... (Satisfaction)

Ravie aussi de trouver le doux et émouvant The Good Lie de Philippe Falardeau (prix du jury) au palmarès.

Jour 5: la vérité est plus facile à dire au cinéma

Enfin c'est Things People do de Saar Klein qui se voit sacré par le prix du 40e anniversaire.

Par ailleurs le prix Michel d'Ornano a été décerné à Elle l'adore de Jeanne Henry, déjà primé à Angoulême, et le prix Lucien Barrière au livre Le fils de Philipp Meyer.

Après une cérémonie riche en émotions, le public pouvait enfin découvrir Sin City 2. Pour ma part j'ai préféré m'éclipser et squatter le cocktail des lauréats. Voir des gens se faire trancher la gorge à tout va, j'ai eu ma dose avec Game of Thrones! J'ai ainsi pu féliciter Miles Teller et lui souhaité une futur excellente cérémonie des Oscars (ça m'a l'air bien parti) "Oh Jesus thank you so much!" Euh je ne m'appelle pas Jésus mais bon sorti de la bouche de Miles j'accepterai même une insulte en guise de prénom. Damien Chazelle aussi était là et hésitait dans ses poses face au photographe officiel : "fait un geste de batteur" lui dis-je avant qu'il ne s’exécute dans un éclat de rire (oui à Deauville c'est comme dans les colonies de vacances, on se tutoie et on rigole ensemble).

Après un cocktail de bulles de champagne et autres boissons, une assiette végétarienne m'attendait à la table de Mike Cahill au dîner des lauréats. Sans rancune, le réalisateur du film I Origins avoue que le tout jeune Damien Chazelle mérite les deux prix qu'il a reçu. Bon si tout le monde est d'accord, il n'y a plus qu'à se remuer à la villa Cartier avant de reprendre le train le lendemain en emportant un peu de Deauville dans sa tête et sa valise.

En espérant que tous ces films sortiront dans les salles de cinéma françaises. Or, trois des films récompensés ce soir - The Good Lie, A Girl Walks Homme et Things People Do - n'ont aucune date de sortie prévue.

Deauville way of life, jour 7 : la journée des futurs gagnants?

Posté par cynthia, le 12 septembre 2014

whiplashSeptième jour à Deauville (déjà!!!), et ce n'est pas la plus reposante de la semaine. On a eu les yeux éblouis par I Origins de Mike Cahill, notre cœur s'est arrêté devant le grand film de Damien Chazelle Whiplash, on a parlé masturbation avec Miles Teller, réincarnation avec Mike Cahill et on a déjà notre petite idée sur le grand gagnant de ce 40eme festival du film américain.

La journée a commencé fort avec le petit bijou "scientifique" de Mike Cahill, I Origins. Mélangeant la science et le spirituel, ce film qui retrace la vie d'un scientifique bouleversé par la rencontre d'une jeune fille (la sublime Astrid-Bergès Frisbey) a ému la salle obscure du CID. Notre liquide lacrymal a bien fait son travail et a coulé avec entrain devant la prestation de Michael Pitt et de la jolie française. Je ne vous en dis pas plus... Le film est à voir les yeux grands ouvert! On a croisé le réalisateur baba cool . Adorable à souhait il s'amuse à sortir des blagues à tout va et n'hésite pas à vous dire «Bonjour» dès qu'il vous croise à la villa Cartier. Un amour sur pattes!

Pour la suite, on a eu des frissons, des crises d'angoisses et de rires, et une émotion folle devant le Whiplash de Damien Chazelle. Avis assez personnel, mais je le vois grand favori de la compétition. L'histoire d'un jeune musicien de batterie qui, entre humiliation et stress, est prêt à tout pour être le meilleur. Une sorte de Black Swan de la musique, la scène de masturbation en moins. «Si, on l'a tournée mais on l'a coupée au montage» nous dit avec humour Miles Teller, l'interprète principal. Sera-t-elle en DVD? «oui elle y sera» nous affirme-t-il avec un sourire taquin le jeune acteur de 26 ans. Bien évidemment, calmez vous les filles, c'était une blague il n'y a pas de scène de masturbation de prévu dans Whiplash. Pour voir l'anatomie de Miles il faudra attendre la sortie d'Awkward Moment avec Zach Efron en janvier.

Après autant de superbes rencontres et une journée bien remplie comme celle-ci, on aurait bien troqué nos vêtements contre une couette bien chaude dans un lit moelleux. Mais comment voulez-vous passer à côté du nouveau film d'espionnage de Pierce Brosnan, ex 007, The November Man. Le repos c'est pour les faibles! Il suffit de voir Mr Brosnan pour en avoir la preuve. Désormais recruté par la CIA, Brosnan continue à manier les armes et les femmes comme personne dans un thriller haut en couleurs et aussi bien ficelé que les barrières de sécurité du 40ème festival de Deauville.

Tiens des barrières...quelque chose me dit qu'on attend du «lourd» demain. Mais ce ne serait pas Mick Jagger par hasard qui arrive? Affaire à suivre...

Deauville way of life, jour 4 : God bless America

Posté par cynthia, le 9 septembre 2014

camp w rayLes pieds dans l'eau et la tête dans les étoiles, la quatrième journée du festival du film américain était parfaitement raccord avec la bannière des États-Unis.

On débute cette quatrième journée de compétition par l'ennui avec le film War Story de Mark Jackson. Ennui, le mot est faible. Supporter une femme enfermée dans une chambre qui déplace ses meubles pendant 15 min, c'est comme lorsque Marion Cotillard meurt dans le troisième opus de la saga Batman : insoutenable ! Alors vite on sort de la salle et on se défoule par un jogging sur la plage en écoutant le dernier Maroon 5 avant de s'enfermer dans le Camp X-Ray de Peter Sattler aux côtés de Kristen Stewart.

Juste avant de se délecter (ou pas) de KRIIIIIISTEEEEEEN, la légende John McTiernan (Piège de cristal, Predators) a reçu un hommage. Le réalisateur à succès a offert un discours assez étrange mais pourtant plein de bon sens sur le déclin de son pays. « Je critique l'élite » dit-il avec fermeté après avoir pas mal remonté les bretelles à l'Oncle Sam et à sa politique. Serait-ce une transition pour annoncer le film de Peter Sattler qui se passe à la prison de Guantanamo ? En tout cas « c'est plutôt bien synchronisé » avoue le réalisateur de Camp X-Ray (et en français en plus).

Pour son premier film en tant que réalisateur, Peter Sattler tape fort, mais vraiment fort, et détruit le mythe de l'innocente Kristen dans sa forêt de vampires qui brillent. ENFIN ! Elle se révèle (presque) actrice. La belle aux yeux de chat joue le rôle d'une soldat qui se lie d'amitié avec un détenu. Un rôle assez intense où elle aurait pu avoir un sans faute si elle n'avait pas une nouvelle fois eu recours aux tics qui ont fait d'elle l'actrice le plus critiquée du net. Et que je tripote mes cheveux, et que je me mords les lèvres et me lèche les babines à tout va... Mais ce n'est pas le pire. Le pire, ce sont ses respirations incessantes en fin de phrase lorsqu'elle joue le stress.

Dis-moi, jolie Kristen, ne serais-tu pas asthmatique? Non parce qu'à chaque fois que tu fais cela, c'est-à-dire tout le temps, j'ai l'impression de revoir le personnage de Steevie dans la série Malcolm. Ce qui est dommage car tu aurais pu être parfaite dans ce rôle, mais, voilà, tes tics ont repris le dessus. Pourtant je serais de mauvaise fois si je prétendais qu'elle ne m'a pas émue ou transportée. Camp X-Ray remet en question le choix difficile de punir tout en prenant conscience que le détenu en face est un être humain comme nous. Un film humain dont on a bien besoin en ce moment.

« C'est le meilleur film du festival » dit une jeune fille à côté de moi. En mon for intérieur, je pense « elle n'a pas encore vu Whiplash de Damien Chazelle, celle-ci ! ». Car une chose est sûre : pour l'instant, la compétition n'est pas à son apothéose. Il va falloir attendre mercredi pour enfin entrer dans la compétition avec le nouveau Gregg Araki, le superbe I Origins de Mike Cahill et bien-sûr l'exceptionnel et incroyable Whiplash de Damien Chazelle.