2018 dans le rétro : la bonne année du cinéma de genre

Posté par kristofy, le 27 décembre 2018

C’était quoi le cinéma de genre en 2018 ?

On avait observé l’année dernière que 2017 avait été symbolique d’un certain glissement vers une reconnaissance du cinéma de genre : certains de ces films dépassent ‘leur public’ et obtiennent un plus large succès auprès du ‘grand public’. Le film de monstre La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro, sorti en février, avait reçu le Lion d’or de Venise avant de décrocher 4 Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs décors, et meilleure musique (au français Alexandre Desplat) ; Get Out de Jordan Peele a engrangé 254 millions de dollars de recettes mondiale pour un budget d’environ 5 millions tout en recevant le convoité Oscar du meilleur scénario original ; et en France c’était le film Grave de Julia Ducournau qui avait fait l'évènement pour finir avec le Prix Louis-Delluc et 6 prestigieuses nominations aux Césars.

Ils sont où les films de genre français avec des zombies affamés ou des aliens envahisseurs ? C’est la bonne nouvelle de 2018 : il y a eu plus de films français de ce type distribués en salles, et plusieurs sont des premières œuvres. Parfois l’élément fantastique est central, parfois il réside en périphérie. Il peut prendre la forme d'un polar ou celle d'une introspection intime. En bonus, on y voit aussi quelques noms célèbres sur les affiches.

Une belle diversité

Citons dans ce panorama très diversifié : Burn Out de Yann Gozlan (avec François Civil, Olivier Rabourdin, Manon Azem), Revenge de Coralie Fargeat (l'actrice Matilda Lutz a été retenue dans les 34 révélations pour les prochains Césars), Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico (qui ensuite a reçu le Prix Louis-Delluc du premier film, ex-aequo), La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher (avec Anders Danielsen Lie, Golshifteh Farahani, Denis Lavant), Ghostland de Pascal Laugier, Madame Hyde de Serge Bozon (avec Isabelle Huppert), Dans la brume de Daniel Roby (avec Romain Duris, Olga Kurylenko), Caniba de Verena Paravel & Lucien Castaing-Taylor, Climax de Gaspar Noé, Hostile de Mathieu Turi, High Life de Claire Denis (avec Robert Pattinson et Juliette Binoche), et sur Netflix La Femme la plus assassinée du monde de Franck Ribière (avec Anna Mouglalis). A noter toutefois comme les années précédentes que certains de nos talents doivent chercher un soutien hors de France à l’international pour leurs projets (au Canada, Etats-Unis, Canada, Espagne…), ce qui induit souvent un tournage en langue anglaise (Ghostland, Revenge, Hostile, High Life…).

Le maître du suspens Stephen King a même salué à sa manière le cinéma français avec cette éloge : « Juste quand vous pensiez que les films de zombies ont été épuisés, un film parfaitement remarquable débarque, réalisé par Dominique Rocher, intitulé La Nuit a dévoré le monde. Il va vous laisser bouche bée. »

La France est toujours un peu en retard pour le soutien à ses cinéastes de genre : Xavier Gens à réalisé The Crucifixion et Cold Skin, qui ne sont pas sortis chez nous, Julien Mokrani a vu la production de son projet Les Sentinelles abandonnée… Pourtant les nouveaux talents français sont déjà là et ils sont nombreux : Steeve Calvo, William Laboury, Mael Le Mée, Just Philippot qui ont eu une distribution sur grand écran de leurs courts-métrages en février avec 4 histoires fantastiques. Par ailleurs, les films Tous les dieux du ciel de Quarxx et Girls with balls de Olivier Afonso font le tour des festivals en attendant d’être exploités en salles, tout comme Furie de Olivier Abbou. Combien d’entre eux vont devoir s’exporter ailleurs pour leurs prochains projets ?

Le CNC prend enfin la mesure (tardive) que le film de genre français contribue aussi à faire grandir plusieurs métiers techniques spécialisés (effets spéciaux, maquillages et prothésistes, cascadeurs, décors…) et qu’il faut les soutenir  : « Notre volonté est d’encourager la diversité au cinéma et d’inciter les créateurs à s’engager sur des voies insuffisamment empruntées. En France comme à l’étranger, en particulier au sein de la jeune génération, il y a un réel engouement, pour les films de genre : les créateurs français y ont toute leur place ! ». Trois projets en particulier vont être aidés par une bourse dans leur production : La nuée de Just Philippot, Ogre de Arnaud Malherbe, Else de Thibault Emin (une extrapolation de son court-métrage d’il y a 10 ans, en sortie de Fémis, c’est dire si le chemin est long). Il faudrait désormais que les distributeurs suivent, surtout quand il y a une interdiction aux moins de 16 ans.

Des hits au box office

Cette année dans les salles de cinéma le public a eu beaucoup d’occasion de frissonner. Le surnaturel a fait peur avec Verónica de Paco Plaza, Hérédité de Ari Aster (avec l'excellente Toni Collette), Sans un bruit de John Krasinski (avec la non moins excellente Emily Blunt), L'Exorcisme de Hannah Grace de Diederik Van Rooijen et La Nonne de Corin Hardy (avec Taissa Farmiga et Demian Bichir), qui, avec 1,4 million d'entrées en france se hisse au niveau de Ron Howard et Guillermo del Toro. L’horreur s’est cachée dans Le Secret des Marrowbone de Sergio G. Sánchez (avec Anya Taylor-Joy et Mia Goth), Strangers: Prey at Night de Johannes Roberts (avec Christina Hendricks), American Nightmare 4 : Les Origines, qui est aussi millionnaire en entrées, The Strange Ones de Christopher Radcliff, sans compter quelques frayeurs du côté du monde jurassique ou du labyrinthe post-apocalyptique.. L’Asie dont les multiples pays produisent des dizaines de bons films de genre a été quasiment ignorée cette année 2018, mis à part les sorties trop discrètes de Battleship Island de Ryoo Seung-wan et de Avant que nous disparaissions, d'Invasion de Kiyoshi Kurosawa. De son côté, le japonais Shinsuke Sato a gagné pour la seconde fois le Corbeau d'or au BIFFF avec Inuyashiki, film toujours invisible en France...

Les surprises les plus fortes de l’année en films de genre, de la SF à l'horreur, nous sont venues en fait des plus grands cinéastes : Guillermo del Toro avec La Forme de l'eau, Steven Spielberg avec Ready player one, Lars von Trier avec The House that Jack built, la version en 3D de Détective Dee : La légende des Rois Célestes de Tsui Hark, et Ghostland de Pascal Laugier. 2018 a été aussi l’occasion de redécouvrir le classique de Stanley Kubrick 2001 : l'odyssée de l'espace dans une restauration célébrant son 50ème anniversaire.

Hollywood continue encore de produire/distribuer des suites ou des remakes de grands succès passés: Halloween de David Gordon Green (avec Jamie Lee Curtis), Suspiria de Luca Guadagnino (avec Dakota Johnson et Tilda Swinton), The Predator de Shane Black. Ou s'acharne à écrire de mauvais films dans l'air du temps comme Unfriended, Action ou vérité?, Escape room. Parallèlement, de nombreux titres pourtant de qualité, portés par des sélections en Festivals, sont ignorés (Tigers are not afraid de Issa Lopez) ont n’arrivent qu’en DVD/VàD (comme Muse de Jaume Balagero). Il faut donc aussi désormais évoquer la plateforme Netflix : c’est là qu’il fallait aller pour découvrir Apostle de Gareth Evans, Hold the dark de Jeremy Saulnier, Illang the wolf brigade de Kim Jee-woon, Psychokinesis de Yeon Sang-ho, The night comes for us de Timo Tjahjanto, Annihilation d'Alex Garland, avec Natalie Portman, Bird Box de Susanne Bier, avec Sandra Bullock, et donc aussi La Femme la plus assassinée du monde de Franck Ribière (avec Anna Mouglalis).

Le genre était de genre féminin, assez logiquement. La plupart des films marquants, soit par leur popularité, soit par les louanges reçues, avaient une ou plusieurs héroïnes, victimes ou/et combattantes.

Alors finissons avec une belle promesse (au féminin) pour 2019: Alita: Battle Angel. Réalisé par Robert Rodriguez et coproduit par James Cameron, cette adaptation du manga japonais Gunnm nous transporte le futur... bien au-delà de 2019

L’instant Court : Ceci n’est pas un film réalisé par Dominique Rocher

Posté par kristofy, le 2 septembre 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le clip de Loredana en 3D avec Nicolas Ullmann, voici l’instant Court n° 43.

On vous propose un rébus :

- Mon premier travaille peut-être au 7ème étage et demi de Spike Jonze

- Mon second se demande "qu’est ce que c’est la Matrix ?"

- Mon troisième découvre comme François Truffaut que le cinéma serait plus fort que la vie...

Mon tout est : une "filmisterie".

Voila donc Ceci n’est pas un film, un court-métrage réalisé par Dominique Rocher, et qu'il désigne lui même par le terme "filmisterie". En moins de 4 minutes, il fait se succéder une suite d’évènements aussi bien visuels que sonores pour nous entraîner vers une autre réalité…

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Ceci n’est pas un film.