Les salles de cinéma indépendantes sont en danger

Posté par Sarah, le 27 septembre 2010

salle_cineLe saviez-vous? Votre salle de cinéma préférée est peut-être en danger, faute de financement suffisant. En effet, à l'occasion de son congrès annuel, qui se déroulait du 20 au 24 septembre à Deauville, la Fédération française du Cinéma français publie le « Livre blanc des salles obscures », où l’on apprend que nos salles de ciné indépendantes auraient même besoin d'un sacré coup de rééquilibrage financier pour ne pas péricliter. Quand on pense que pour les deux tiers d'entre nous, le cinéma est un loisir indispensable, il serait temps d'agir !

On ne va pas vous mentir, la crise des médias est passée par là, mais ce n'est pas la seule cause. En effet, les petits et les moyens cinémas souffrent de difficultés financières chroniques, et le développement des téléchargements illégaux ou en p2p par exemple ont porté un nouveau coup  à leur économie. Ces dernières 20 années, on a pu constater que de nombreux investissements ont été engagés pour rénover les salles de cinéma. Près de 2 milliards d'euros ont donc été investis, ce qui a favorisé une augmentation de la fréquentation des salles à partir des années 1992. En tout, 72% des Français pensent que les salles se sont modernisées.

Certes, les propriétaires ont vu le nombre d'entrées plus que doubler en 10 ans (+128%) pour les films français, et seulement 42% pour les films américains. Cela conforte au passage les salles de ciné dans leur rôle de premier contributeur de la filière cinématographique française. En même temps, ces investissements ont coûté cher, le prix de la construction d'un fauteuil a augmenté de 87% en 10 ans. Contrairement à une idée reçue, le prix du billet n'a pas suivi avec exactitude cette augmentation; il a subi une hausse de 11%, ce qui est bien moins que l'inflation sur la même période (19%). Si on ajoute à cela l'adoption de la loi création et internet (Hadopi), la durée d'exploitation des films par les salles est désormais de 4 mois (contre 12 auparavant), ce qui fragilise encore plus l'équilibre économique des salles.

Face à cela, des mesures vont bien être engagées. Tout d'abord, il s'agit de mesures fiscales visant à ne pas pénaliser les salles dont les enseignes et affiches de film constituent la seule publicité. Ensuite, dans un but de réajustement économique de la filière en faveur des petits et moyens cinémas, il s'agit de procéder soit à un abaissement du plafond légal de location des films, soit à un aménagement de la répartition du soutien financier aux salles de ciné. L'autorisation du recours pour les distributeurs de film à la communication publicitaire télévisée pour la sortie des films sur grand écran pourrait être un vrai bol d'air pour les petites salles. En effet, seules les grandes villes bénéficient d'une couverture publicitaire assez importante pour attirer un nombre suffisant de spectateur. Bien sûr, avec internet, il est possible d'être plus facilement touché, mais encore faut-il avoir un ordinateur personnel et une connexion appropriée... ce qui n'est pas le cas partout.

Il ne faut pas oublier que les salles de cinémas remplissent un rôle de créateur de lien social et de divertissement important dans les villes. Elles sont bien souvent les seuls établissements à être ouverts 365 jours par an. De plus la France dispose du premier réseau d'Europe et du 3e parc mondial au monde. Inutile de préciser que nos salles sont bien plus qu'un divertissement mais aussi une réelle spécificité culturelle. Il est donc grand temps d'agir pour faire perdurer leurs activités.

Il n’y a pas que le Méliès…

Posté par vincy, le 12 mars 2008

Jusqu'à la fin du mois, le cinéma de Mons-en-Montois (Seine-et-Marne), alias le plus petit cinoche de la région Ile de France, est fermé. Baisse de fréquentation à l'automne, coîts de chauffage en forte hausse, faiblesse des subventions (à peine 1 000 euros par mois) : la trésorerie est à sec. La salle de 50 places doit donc ferme plutôt que de perdre de l'argent. Bien sûr, cela ne concerne que 424 habitants et un peu plus avec la zone d'achalandise.

A l'autre bout du spectre, l'UGC Triomphe, l'une des salles les plus connues des Champs Elysées. Une salle appartenant au plus grand des réseaux sur l'avenue la plus prestigieuse de la capitale. La pression immobilière (qui a touché aussi le bureau de poste et la pharmacie) a conduit à la fermeture définitive. Au delà des coûts, la concurrence de l'UGC Cité Ciné de La Défense a porté un coup terrible à la fréquentation du site. Les salles des Champs ont toutes menacées, sans exception. Même le Planet Hollywood (et sa salle privée) ont du renoncer à cette adresse. A terme, l'UGC Normandie et le Balzac pourraient fermer.

Tout cela se fait discrètement. Le cinéma du monde sur les Grands boulevards devrait être transformé en salle de théâtre pour Jamel. Le Gaumont Gobelins devrait accueillir la Fondation Pathé. L'UGC convention est désormais un souvenir lointain, détruit. Et n'oublions pas les grands écrans : le Kinopanorama ou plus récemment, le Grand écran Italie. Que de salles qui disparaissent.

Le mètre carré trop cher ou le nombre d'entrées en baisse n'expliquent pas tout. Les habitudes des cinéphiles ont changé, et surtout leurs lieux de sortie. Montparnasse, les Champs et Opéra, à Paris, ont fait place à l'Est parisien (de Stalingrad à Bercy/Bibliothèque nationale). De nombreux multiplexes ont émergé en très proche banlieue. La capitale n'est plus au coeur des sorties des franciliens. Manque de transports le soir et la nuit, coût astronomique des restaurants, ... de nombreux facteurs expliquent la désertion de certaines zones.

Les salles art et essai sont sans doute les plus vulnérables en terme de coûts. Mais devant l'opacité des recettes (en France on ne donne que les chiffres d'entrée), impossible de savoir quelles sont les plus fragiles. Cependant, il est évident que la présence d'un cinéma dans un quartier, une ville, une zone rurale est primordiale en terme d'action culturelle ; que cela impacte sur les autres commerces qui peuvent en tirer une dynamique économique ; que des aides publiques ne sont pas forcément de la distorsion de concurrence ; qu'il va bien falloir réguler les prix du marché de l'immobilier ou fixer un tarif fixe pour les baux à usage culturel.   

Il y a une injustice à voir des salles respectées pour leur programmation ne pouvant pas développer leur "business" (le Méliès à Montreuil, le Rex à Paris, Utopia à Bordeaux) à cause de décisions parfois plus politiques que fondées. Mais il va surtout falloir démontrer que le modèle économique des grands réseaux et celui des indépendants peut coexister sainement. De par leur mission, ils diffèrent. L'un doit remplir ses salles en réduisant la tarif du billet et faire des bénéfices avec le pop corn quand l'autre cherche à fidéliser en proposant festivals, expositions, débats, concerts...  Là encore personne n'a à craindre l'autre. C'est la pluralité qui permettra au cinéma d'être toujours varié, généreux, et créatif.

Le plus bel exmple vient d'ailleurs de MK2. En plein quartier latin, il y a deux MK2 face à deux UGC. Un monopole complet pour ceux qui ont des cartes "illimitées". Le MK2 Odéon est situé sur le boulevard Saint-Germain, visible de tous. Programmation art et essai et grand public, de Dany Boon à Sean Penn. Le MK2 Hautefeuille, à quelques pas, dans une rue cachée, propose plutôt des reprises, des films qui sont sortis il y a longtemps, des exclusivités confidentielles, des cycles, des cartes blanches aux artistes. C'est bien cette dualité sur laquelle repose toute l'industrie du cinéma, du Festival de Cannes aux Oscars, du Box Office aux cinéphiles et critiques pointues.

Plutôt que de faire la guerre aux cinémas, petits ou gros, prestigieux ou isolés, aidons-les. C'est à la fois la vitalité d'un quartier qui est en jeu mais aussi la diversité des films.

Sorties en bonus

Posté par vincy, le 21 février 2008

Semaine étrange où un film ressort plusieurs mois après son lancement initial et un autre s'autorise une exploitation locale (pour ne pas dire communautariste) avant sa diffusion nationale.

César et Oscars oblige, Pathé relance Le scaphandre et le papillon. Le film, malgré son prix de la Mise en scène au Festival de Cannes, n'avait séduit que 310 000 spectateurs en France. Un échec commercial si l'on considère l'accueil critique et le potentiel du best-seller de Jean-Dominique Bauby. Le distributeur espère quelques prix pour remplir les salles qui repassent la copie. Mais il s'agit surtout de lancer le DVD, dans les rayons depuis hier...

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Mercredi 20 février, justement, était le jour de la sortie locale de Bienvenue chez les ch'tis, la comédie ethnique de Dany Boon. Puisque les gens du Nord sont à l'honneur, le film s'offre une diffusion régionale (et régionaliste) avant de conquérir tous les "méridionaux". Déjà expérimenté avec le Disney de Noël au Grand Rex ou Taxi à Marseille, ce type de promotion, aidé par des médias nationaux prêts à soutenir l'événement, a déjà fait ses preuves. Résultat, 29 000 nordistes se sont précipités dans les salles en une journée, soit 6 000 spectateurs de plus que lors du premier jour d'exploitation d'Astérix aux Jeux Olympiques il y a trois semaines.