Au Nom du Fils : 10 bonnes raisons d’aller le voir

Posté par kristofy, le 7 mai 2014

Après le film d'horreur Aux Yeux des vivants sorti dans seulement 9 salles en France la semaine dernière, c'est maintenant la comédie Au Nom du Fils qui est victime de la frilosité des distributeurs. Les grands groupes - à commencer par Pathé-Gaumont et Mk2 - en position de domination sur le parc des écrans disponibles tout comme la majorité des multiplexes (comme Kinepolis, Mega CGR...) et même les cinémas Arts et Essai du réseau AFCAE ne satisfont pas assez leurs engagements de diffuser une plus grande diversité de la production cinématographique. Le fait n'est d'ailleurs pas nouveau, déjà l'année dernière le film Désordres (avec Sonia Rolland, Niels Schneider et et Isaach de Bankolé)  n'a pu trouver de salles...

Le cas du film Au Nom du Fils est un cas particulier puisque il est exploité dans différents réseaux en province mais qu'il a failli n'avoir aucune salle à Paris : une censure qui ne dit pas son nom en rapport avec le thème de l'histoire. On y voit dans une famille catholique (islamophobe et homophobe), la mère se lancer dans une expédition punitive contre des prêtres pédophiles protégés par leur hiérarchie... Il s'agit d'une comédie belge anticléricale en apparence mais qui évoque surtout les extrémismes les plus condamnables.

Il y a au moins une dizaine de raisons de ne pas boycotter ce film et d'aller le voir en salles :

1. Ce film a reçu plusieurs récompenses : on est loin d'un brûlot à thèse polémique. Il s'agit surtout d'une comédie avec un humour noir à la fois belge et macabre. Il a remporté le prestigieux Méliès d’or du European Fantastic Film, et a reçu 7 nominations aux Magritte (les César belges).

2. Une parodie en avance sur l’actualité : le Pape lui-même a fait une déclaration ce 11 avril 2014 qui condamne les prêtres pédophiles, demandant pardon pour eux. Les préjugés liés à la religion font recettes au cinéma en ce moment, Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu ? va dépasser les 5 millions de spectateurs et sera l'un des plus gros succès de l'année.

3. Vincent Lannoo est un des meilleurs réalisateurs belges : si les frères Dardenne et Joachim Lafosse ont la côte à Cannes, Vincent Lannoo a eu beaucoup moins de chance avec l'exportation en France de ses films. Le premier Strass réalisé selon les règles Dogma est sorti en salles puis en dvd. Son deuxième, Ordinary Man est un thriller où un homme garde prisonnière une femme dans le coffre de sa voiture. Il n'a pas été distribué. Son troisième Vampires revient à la technique d'une équipe qui filme un reportage : sortie confidentielle puis en dvd. Son quatrième Little Glory dans un décor nord-américain est un très bon  drame vu au festival de Cabourg, mais pas distribué. Au Nom du Fils tourné en 2012 est son cinquième film. Son sixième Les âmes fortes au casting français prestigieux avec Julie Gayet et Pierre Richard est sorti trop discrètement entre les fêtes de fin d'années 2013. Vincent Lannoo affectionne beaucoup le mélange des genres et prépare un Robin des Bois contre les Zombies...

4. Plus de diversité : entre les suites et les remakes du super-héros américains qui se suivent (Captain América, Spider-Man, les X-Men...), il est sain d'aller voir ailleurs si ce n'est pas meilleur. Vous pouvez demandez à votre cinéma habituel de programmer Au Nom du Fils, voir même de débattre de son affiche (par exemple à Versailles ou à Saint-Cloud qui avaient fait enlever celles de l’inconnu du lac), mais, en attendant, il est essentiel de soutenir un film décalé, fin, violent, provocateur, sarcastique, gonflé, jamais blasphématoire qui rappelle Serial Mom de John Waters.Pour qu'il circule, il faut le voir dès la première semaine. Pour que le cinéma puisse encore être un art libre, loin du formatage industriel, permettant d'exprimer toujours et encore un point de vue singulier, quitte à déranger.

5. Astrid Whettnall est une comédienne belge extraordinaire : elle s'est longtemps réservée à jouer des pièces de théâtre mais maintenant le cinéma à l'oeil sur elle. Elle avait déjà un rôle dans Vampires et Little Gory mais ici, dans Au Nom du Fils, le premier rôle c'est elle. ce qui lui valu une nomination en tant que meilleure actrice aux Magritte. Depuis elle apparaît aux génériques de Costa Gavras (Le Capital), Claude Lelouch (Salaud on t’aime), Jalil Lespert (Yves Saint Laurent)…

6. Achile Ridolfi est la révélation belge : lui aussi comédien rompu aux planches du théâtre, il a reçu pour Au Nom du Fils le Magritte du meilleur espoir masculin.

7. Zacharie Chasseriaud va devenir grand : cet adolescent grandit au fur et à mesure des films, il était déjà dans Les Géants de Bouli Lanners à Cannes et dans Tango libre de Frédéric Fonteyne  à Venise. Outre Au Nom du Fils, depuis le début de l'année on a pu le voir dans 2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder, dans Aux yeux des vivants et il a surtout irradié de fraîcheur et de beauté La Belle Vie de Jean Denizot, l'une des belles surprises de ce début d’année.

8. Philippe Nahon en prêtre : Il a marqué de sa présence les films de Gaspar Noé et Haute Tension de Alex Aja. Depuis, il a souvent appelé pour jouer les rôles de salauds ou de tueurs. Pour une fois on le voit dans la robe d'un (in)digne représentant de l'église...

9. Carlo Ferrante toujours inconnu en France : il apparaît ici juste dans un petit rôle secondaire d'un réalisateur d'émission de radio, mais c'est l'un des plus attachant acteurs belges. C'est aussi le complice fidèle de Vincent Lannoo qui en a fait le héros de Strass, Ordinary Man, Vampires.

10. Un peu de philosophie : c'est la période du bac qui approche, voir un film et en parler avec les autres c'est toujours une bonne chose. Deux exemple de sujets en rapport avec Au Nom du Fils: Quelles différences entre servir un Dieu et se servir d'un Dieu ? Peut-on rire de tout ?

Das Kind de Yonathan Levy, l’étonnant parcours d’un film passé du domaine intime à l’universel

Posté par MpM, le 17 avril 2013

das kindL'aventure du film Das Kind commence en 2007, lors que le jeune Yonathan Levy (23 ans) croise le chemin d'André Miko.

Ce dernier tient à raconter l'histoire de sa mère, Irma, née en 1914 à Czernowitz (alors dans l'Empire austro-hongrois), et qui a subi les remous de l'histoire, de Bucarest, où elle fut militante communiste clandestine, à Paris, où elle rallia la "résistance des étrangers" pendant l'Occupation.

La rencontre entre les deux hommes est déterminante : André pensait écrire un livre sur l'incroyable destin d'Irma, et se laisse finalement convaincre d'en faire un film.

Au départ, le projet semble être destiné au cadre familial. Mais Yonathan Levy est persuadé qu'une telle histoire peut avoir une portée plus large. Pendant plus de deux ans, il suit Irma et André sur les routes d'Europe, et filme leurs conversations.

"Ce qui m'a plu", explique le réalisateur, "c'est la démarche. Qu'André veuille capter le témoignage de sa mère. Cela apporte une vraie dimension intime au film. Je l'ai donc fait passer devant la caméra et j'ai choisi de rester en retrait pour qu'Irma se sente plus libre de parler."

Il a également accentué cette notion de transmission de la mémoire d'une génération à une autre en faisant intervenir a posteriori la petite fille d'Irma, Sarah, qui interprète la voix intérieure de sa grand mère dans des intermèdes inspirés du monologue théâtral. "Il y a une vocation didactique dans ces passages" déclare Yonathan Levy. "C'est comme une voix-off à laquelle on ajoute une dimension poétique et plus intime."

On découvre ainsi par bribes das kind l'existence romanesque et surtout extrêmement engagée d'Irma, qui a traversé avec élégance et passion l'histoire troublée de l'Europe du 20e siècle : effondrement de l'empire austro-hongrois, montée de l'antisémitisme, déplacement de population, émergence du communisme, deuxième guerre mondiale...

On est particulièrement frappé par l'engagement d'Irma dans un mouvement spécifique de la résistance française qui consistait à décourager les soldats allemands basés à Paris et à les retourner contre leur camp. Ses retrouvailles avec l'un de ces soldats, Hans, qui déserta en 1944 et rejoignit la division du colonel Fabien, sont d'ailleurs l'un des moments les plus émouvants du film.

Das Kind, entièrement réalisé et produit en dehors des circuits traditionnels, a tout d'abord eu du mal à se faire connaître en France. Achevé en 2010, il a pourtant fait le tour des festivals : Mostra de San Paulo, Crossing Europe à Linz (Autriche), festival du film documentaire à Istanbul, festival du film juif à Washington... Il a même remporté le prix du meilleur film au Festival du film européen indépendant de Paris (Ecu). Mais il est extrêmement compliqué pour un film 100% indépendant de bénéficier des circuits de diffusion traditionnels et c'est seulement cette année, en 2013, que Yonathan Levy a vu les portes commencer à s'ouvrir.

das kindLe Balzac, irremplaçable cinéma indépendant parisien, propose une projection de Das Kind chaque dimanche matin depuis le 24 février, et au moins jusqu'à la fin du mois de mai. Peu à peu, d'autres salles s'y intéressent. Par exemple, le cinéma l'Odyssée à Strasbourg programmera le film une fois par jour à partir du 24 avril. D'autres devraient suivre dès l'obtention du visa d’exploitation qui est en cours.

Car malgré sa genèse atypique, Das Kind a tout ce qu'il faut pour séduire le public. Il a déjà conquis celui du Balzac dont la salle ne désemplit pas. "Le film est porté par le public", confirme Yonathan Levy. La seule qui s'étonne de ces réactions émues et enthousiastes, c'est Irma Miko elle-même. "Elle a du mal à comprendre pourquoi les gens s'intéressent autant à son histoire", souligne le réalisateur. "Pour elle, ses choix ont toujours été évidents. Elle ne s'est jamais mise en avant, alors elle est étonnée d'être le centre de l'attention."

Une situation à laquelle elle devra pourtant s'habituer... Car avec l'émotion qu'il suscite, sans parler de son indéniable intérêt historique, le film n'a probablement pas fini de bénéficier d'un formidable bouche-à-oreille, et d'être montré dans tous les cinémas d'Art et d'essai de France, voire d'Europe. C'est en général ce qui arrive lorsqu'un film transcende suffisamment le cadre intime de son sujet pour lui offrir une résonance éminemment universelle.

Le futur « miniplexe » de Clichy-Batignolles a trouvé son exploitant

Posté par vincy, le 30 mars 2013

L'appel d'offres avait été lancé le 5 novembre dernier par la Ville de Paris (lire notre actualité sur les détails du projet). Mi-février, Paris Batignolles Aménagement et la Mairie ont annoncé leur choix pour exploiter le futur miniplexe cinématographique de la ZAC Clichy-Batignolles, dans le nouveau quartier du XVIIe arrondissement de Paris.

La Société Nouvelle d’Exploitation et de Spectacles (SNES), nouvelle venue dans la gestion de salles parisiennes, gérera les 7 salles (1198 sièges). Le cinéma sera à proximité du bâtiment annexe du Théâtre national de l'Odéon, du futur Palais de justice, et au cœur d'un quartier en construction où l'on attend 6 500 nouveaux habitants et 12 500 emplois supplémentaires. Le cinéma sera desservi par les prolongements du tramway T3 et du métro 14, en plus des accès actuels.

Le cinéma devrait ouvrir en 2017.

Un nouveau cinéma pour le quartier des Batignolles à Paris

Posté par vincy, le 5 novembre 2012

Paris lance aujourd'hui, le 5 novembre, un appel d'offres pour le futur cinéma qui devrait s'installer dans le nouveau quartier Clichy-Batignolles (XVIIe arrondissement).

Cet éco-quartier, prévu à l'origine pour être le village olympique, et où devrait s'installer le futur Palais de justice de Paris, est très mal équipé. Les salles les plus proches sont celles de la Place de Clichy (Pathé Wepler, Cinéma des cinéastes).

La ville espère que ce multiplexe de 7 salles ouvrira en 2017, compensant ainsi le désert cinématographique du nord-ouest parisien. Avec 3 400 logements neufs et la densité actuelle du quartier, les exploitants devraient être attirés par la perspective d'une bonne fréquentation de proximité. S'ajoutent les transports : actuellement desservi par l'une des branches de la Ligne 13 du métro (avec à moins de 10 minutes les villes de Clichy et Asnières) et le RER C, le nouveau quartier sera relié à terme par l'extension de la Ligne 14 (avec Saint-Ouen à 5 minutes), le prolongement de la ligne 3 du Tramway (qui desservira les quartiers périphériques du XVIIe et les quartiers ouest et nord du XVIIIe arrondissement.

Avec le récent Etoile Lilas qui vient d'ouvrir, la cartographie cinématographique parisienne se transforme : on attend un troisième MK2 dans le quartier de la Villette, un Pathé à la Cité des sciences et de l'industrie, le Louxor à Barbès, l'UGC à Porte d'Aubervilliers, l'agrandissement de l'Arlequin à saint-Germain-des-Prés, un Pathé dans le nouveau centre commercial de Beaugrenelle, et certainement un autre Pathé Place d'Italie.

« Les paradis artificiels » victime de l’implacable loi de la chronologie des médias

Posté par vincy, le 31 octobre 2012

Le film Les paradis artificiels, premier long métrage de Marcos Prado, devait sortir dans 15 salles françaises ce mercredi. Mais, in extremis, il a été retiré de 12 d'entre elles. Pour son distributeur Damned, le coup est rude. Cette déprogrammation - le film n'est désormais projeté qu'au Publicis à Paris, au Club à Grenoble et aux Ambiances à Clermont-Ferrand - serait une mesure de rétorsion. Le film avait en effet été diffusé en avant-première sur Dailymotion. Il aurait été consulté plus de 6 000 fois. Comparativement, à la séance de 14h au Publicis Champs Elysées, le film n'a été vu que par 14 spectateurs.

Le film est l'histoire d'Erika et Lara qui viennent participer et mixer à une immense rave party. Elles vont s'initier aux extases de l'amour et des drogues. Deux ans plus tard, Erika rencontre Nando. Entre plaisirs éphémères et sensations éternelles, ils ressentent immédiatement une passion qui les dépasse.

Pour le distributeur, il s'agissait de dynamiser le bouche à oreilles, contournant ainsi le problème de visibilité dont souffrent les petits films actuellement. Il avait été mis en ligne lundi à 22 heures pour un temps limité. Il s'agissait de faire une avant-première ouverte à tous, gratuite et peu coûteuse, mais sur le web. En avril dernier, Dailymotion avait diffusé gratuitement le film polonais Fear of falling, de Bartosz Konopa, finalement sorti le 26 septembre.

En s'autorisant cette webdiffusion, le distributeur a aussi contourné la chronologie des médias, déjà assouplie il y a trois ans. Pour l'instant, le cinéma est, légalement, la première fenêtre de diffusion. Mais, pragmatique, la profession réfléchit à d'autres solutions, notamment les sorties simultanées. Ainsi l'Arp voudrait tester "Tide" (Transversal international distribution in Europe) en sortant quatre films dans cinq territoires européens avec le modèle "Day-and-Date" (sorties simultanées ou quasi-simultanées en salle et en Vidéo à la demande).

Expérimentations et sanctions

Aux dernières Rencontres cinématographiques de l'ARP à Dijon, le sujet a été longuement débattu, mettant l'accent sur la multiplicité des supports. L'Association a demandé aux pouvoirs publics de "repenser une chronologie des médias adaptée à l’économie et aux conditions de diffusion des films, en préservant l’exclusivité de la salle". En étant disponible sur plusieurs écrans, un petit film a sans doute plus de chance d'exister selon les défenseurs de ces expérimentations. Cependant, Le film français rapporte que Rodolphe Belmer, le Dg du groupe Canal+, a mis en garde tout le monde : "Il ne faut pas créer de statut particulier pour des petits films par rapport à des gros films".  Et Alain Sussfeld, Dg d'UGC, a répliqué "qu’il était hors de question de sortir dans le circuit UGC un film qui n’aurait pas respecté la chronologie des médias en vigueur."

Les Paradis artificiels, comme d'autres avant (La journée de la jupe par exemple), a donc subit ce couperet de la part des exploitants.

Qu'en sera-t-il de Nuit #1, premier long métrage canadien distribué par Fondivina Films qui sera disponible durant 12 heures, lundi 5 novembre à partir de 18 h, en France sur Dailymotion alors qu'il sera en salles deux jours plus tard?

En Italie, les films sortiront le jeudi

Posté par vincy, le 30 juillet 2012

Les nouveautés, en Italie, sortaient le vendredi, comme dans de nombreux pays (Royaume Uni, USA, Canada ...) et parfois le mercredi, dans le cadre de "premières". Les distributeurs et les exploitants du pays ont décidé, qu'à partir du 4 octobre, les films sortiraient le jeudi, uniformément.

Officialisée le 26 juillet, cette nouvelle a un objectif : "booster" l'un des jours les plus creux de la semaine : le jeudi. Avec des mercredis déjà très creux et des vendredis envahis de nouveautés, le 4e jour de la semaine voyait ses salles se vider.

En sortant le jeudi, les différents organismes professionnels responsables du changement espèrent aussi dynamiser l'intérêt du public pour les films : une journée supplémentaire pour favoriser le bouche à oreille dans un marché dépressif.

Le box office de démarrage passera ainsi de 3 à 4 jours.

Un premier bilan sera effectué après six mois, au printemps 2013.

Le cinéma d’animation en progression sur l’année 2011

Posté par MpM, le 7 juin 2012

Alors que le Festival du film d'animation d'Annecy bat son plein, le CNC a publié pour la 4e année consécutive une étude sur le marché de l'animation. On y apprend que les entrées des films d'animation ont connu une forte progression en 2011 (+7 %) avec 32 millions d’entrées, soit le plus haut niveau depuis plus de dix ans. Les neufs films français (sur les 34 longs métrages ayant fait l'objet d'une exploitation en salles sur cette période) réalisent à eux-seuls 4,58 millions d'entrées, soit près de 15% de part de marché.

Côté recettes en salles, la progression est de 6,8 % avec plus de 211 millions d'euros tandis que dans un marché de la vidéo physique en recul, les ventes de longs métrages d’animation augmentent de 12,8 % pour atteindre 133 M€, soit 17,4 % du chiffre d’affaires du cinéma en vidéo.

Enfin, le public du cinéma d'animation semble se diversifier, puisqu'il est composé à part quasiment égale d’enfants et d’adultes, avec une percée des jeunes hommes entre 15 et 24 ans pour les films en 3D.

Le Lincoln ferme à son tour ses portes pour Noël

Posté par MpM, le 19 décembre 2011

Le Lincoln, c'est l'autre cinéma indépendant des Champs Elysées, qui peut lui-aussi s’enorgueillir d'une programmation de qualité. Jusqu'à mardi soir, on peut notamment y découvrir Le cheval de Turin, chef d’œuvre de Bela Tarr que l'on ne recommandera jamais assez, et Le tableau de Jean-François Laguionie, un conte animé plein de poésie et de délicatesse.

Or, le Lincoln, comme son voisin Le Balzac, traverse une période particulièrement difficile. Faute d'un accès suffisant aux films d'art et d'essai "importants" et aux auteurs aujourd'hui reconnus que, bien souvent, il a contribué à révéler, le cinéma voit sa fréquentation s'éroder inexorablement.

"Il y a urgence ! Notre survie est menacée à court terme ! Et avec elle, celle de nombreuses salles indépendantes qui, très vite, connaîtront le même sort !", déclarent Jean-François Merle (exploitant du Lincoln) et Xavier Blom (programmateur) dans un communiqué commun. Ils expliquent ainsi leur décision de fermer le cinéma durant la semaine du 21 au 28 décembre. Avec un bémol bienvenu : afin de ne pas pénaliser Ne nous soumets pas à la tentation de Cheyenne Carron (en salle unique au Lincoln le 21 décembre), un écran restera spécialement ouvert pour le film.

Ce début d'épidémie de fermetures est un signal d'alarme inquiétant à destination des pouvoirs publics, mais aussi des spectateurs. Si de plus en plus de cinémas indépendants sont menacés dans leur propre survie, c'est toute la diversité de l'offre cinématographique française qui est en danger. Les grands circuits ne peuvent pas capter toutes les œuvres à potentiel économique, et ne laisser aux salles indépendantes que les films fragiles, exigeants ou difficiles, dont l'exploitation relève plus d'un choix artistique courageux que d'une perspective lucrative. Une répartition harmonieuse, partant d'une volonté ferme, doit être faite entre les différents écrans parisiens. Faute de quoi, on risque fort de se retrouver avec les mêmes quelques films diffusés sur tous les écrans ce qui, quelle que soit la qualité de ces heureux élus, serait un profond constat d'échec.

Fermeture temporaire du Balzac : le triste Noël de M. Schpolianski

Posté par MpM, le 14 décembre 2011

Le célèbre cinéma d'art et d'essai du quartier des Champs Élysées sera fermé du 21 au 27 décembre prochains. C'est la mort dans l'âme que Jean-Jacques Schpolianski, son directeur, a finalement pris cette décision après son premier appel à la mobilisation la semaine passée (voir notre actualité du 9 décembre).

Les raisons en sont dramatiquement simples : le Balzac n'a "rien de substantiel" à mettre sur ses écrans, après s'être vu refuser successivement Le Havre d'Aki Kaurismaki et A dangerous method de David Cronenberg qui sortent tous deux le 21 décembre.

Par cet acte symbolique, Jean-Jacques Schpolianski espère donc alerter le public comme les professionnels "sur la situation désespérée dans laquelle se trouvent aujourd'hui de nombreux cinémas indépendants en centre ville, faute d'avoir un accès suffisant aux films", précise le communiqué du Balzac.

En effet, de nombreuses salles indépendantes sont privées des films d'art et d'essai "porteurs" qui sont accaparés par les grands circuits. Or, l'absence de ces films représente un terrible manque à gagner pour des cinémas qui ont besoin de financer leur politique d'exigence et de découverte. Au Balzac, fin novembre, le nombre d'entrées était ainsi 10% moins bon qu'en 2010, année pourtant déjà médiocre.

Jean-Jacques Schpolianski conclut avec une question à la fois provocatrice et déchirante : "un cinéma comme le Balzac est-il encore utile et souhaité aux Champs-Elysées ?" Pour nous, la réponse est incontestablement oui. Déjà parce que la mort d'un cinéma est toujours un échec. Ensuite, parce que la programmation du Balzac permet une offre vraiment différente dans un univers cinématographique qui a tendance à s'uniformiser : films "confidentiels" en exclusivité, œuvres fragiles à qui l'on permet de rester quatre ou cinq semaines d'affilée à l'affiche, séances jeune public, concerts, opéra... Le Balzac n'est pas seulement un cinéma, c'est un véritable acteur culturel qui refuse de prendre le spectateur pour une vache à lait décérébrée. Dans le quartier, il faut avouer que c'est plutôt rare !

Aussi, c'est à chacun de prendre ses responsabilités pour que l'on ne construise pas un fast-food, un magasin de vêtements ou un parking, en lieu et place de ce véritable temple de la cinéphilie intelligente et conviviale.

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Mise à jour : Dans un communiqué de presse revenant sur la situation du Balzac, Christophe Girard, adjoint au maire de Paris chargé de la culture, a émis le souhait "que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et le Médiateur du cinéma puissent réunir rapidement l’ensemble des acteurs de l’exploitation sur les Champs-Elysées ainsi que les distributeurs, afin que des engagements clairs puissent être pris, pour garantir une réelle diversité de l’exploitation cinématographique à Paris et une bonne exposition des films." A suivre, donc.

Mobilisation pour le Balzac

Posté par MpM, le 9 décembre 2011

Le Balzac, cinéma historique des Champs Elysées, est aussi l'un des plus agréables du quartier, qui propose de nombreuses exclusivités art et essai, des ciné-concerts, des séances de courts métrages... soit toute une programmation originale et de qualité. Las, cette indépendance d'esprit, et cette offre devenue rare de ce côté-ci de la Seine, sont menacées.

Le directeur du Balzac, Jean-Jacques Schpolianski, lance un appel à la mobilisation pour sauver le Balzac de la marginalisation et de l'asphyxie. En effet, les difficultés croissantes de programmation (on vient de lui refuser A dangerous method) lui font envisager d'abandonner sa politique actuelle de première exclusivité pour se tourner vers des films d'auteurs plus "porteurs", en partenariat avec l'une des grandes enseignes du quartier (Gaumont ou UGC). Car les films d'auteurs fragiles, pour passionnants qu'ils soient, ne suffisent pas à assurer l'équilibre financier des trois salles de la rue Balzac, s'ils ne sont accompagnés d’œuvres plus grand public.

Or, dans cette nouvelle déclinaison du combat de David contre Goliath, c'est bien au public de jouer les arbitres. Donc, comme le répète souvent Jean-Jacques Schpolianski en préambule des séances : "si un film se donne dans plusieurs salles, venez le voir au Balzac !".