Passade est un film de Gorune Aprikian. Il sort en salles le 9 août.
Le pitch: Paul et Vanessa viennent de coucher ensemble. Ils ne sont pas destinés à se revoir. Elle est drôle, jolie, piquante. Lui a gardé une âme d'enfant. Intrigué par cette jeune femme espiègle et mystérieuse, il va faire de son mieux pour la retenir. Mais qui manipule qui ? Arrivera-t-il à assouvir son besoin d'amour et surmonter la peur, la maladresse, les conventions qui l'encombrent ?
Une nuit, une chambre d’hôtel, un homme et une femme : des multiples possibilités. Une rencontre a déjà eu lieu, ils ont déjà ‘fait’ l’amour et pourtant tout va commencer : la séduction… Alors que nombre de films romantiques se terminent au moment où deux personnages qui envisagent de former un couple s’embrassent enfin avant de passer au lit, le film Passade débute justement dans un lit avec deux personnes qui ne sont pas un couple. La nuit commence…
Le réalisateur Gorune Aprikian nous invite dans l’intimité de deux personnes qui vont apprendre à se connaître durant une nuit entre un lit et une porte. Passade nous arrive comme une nouvelle proposition de ‘film de chambre’ dans la lignée par exemple de ceux de Jacques Doillon où plus particulièrement Nuit d’été en ville de Michel Deville (avec le couple Marie Trintignantmis et Jean-Hugues Anglade mis à nu…), ou encore de En la cama de Matías Bize et Room in Rome de Julio Medem.
Passade reunit Fanny Valette et Amaury de Crayencour le temps d’une nuit pour la découverte de l’autre et le dévoilement de soi, mais les apparences peuvent être trompeuses…
Après une première séance au Festival romantique de Cabourg avec l’équipe, une rencontre dans un hôtel :
Ecran Noir : Passade s’est d’abord présenté à vous avec un scénario atypique. Il s'agit seulement un huis-clos avec un minimum de personnages. Qu’est ce qui vous a séduit ou effrayer dans ce projet ?
Fanny Valette : Je pense que ce qui nous a attirés dans ce projet c’est justement qu’il nous a fait un peu peur aussi, avant que le réalisateur nous explique et nous rassure sur ses intentions. Ce qui est intéressant, c’est justement une forme de challenge, c’est ce côté atypique et original de l’exercice du huis-clos et des dialogues, avec aussi un côté poétique. Je trouve que c’est un film courageux à ces niveaux là.
Amaury de Crayencour : Oui, complètement. Ce qui a pu nous faire peur peut-être au début est ce qui nous a séduit, et c’est pour ça qu’on l’a fait. C’est excitant d’avoir ce défi là à jouer. On a tourné pendant un mois et demi dans l’ordre chronologique. On a eu cette sensation de vivre cette nuit que les personnages vivent mais de manière étirée, il fallait retrouver chaque jour l’énergie avec laquelle on avait terminé la veille.
EN : Les dialogues sont très très écrits. Est-ce que le réalisateur Gorune Aprikian était aussi très directif ou vous a-t-il laisser une part d’improvisation dans la manière de les dire ou de comment vous mouvoir dans l’espace ?
Amaury de Crayencour : On était assez libre sur la chorégraphie, on pouvait proposer pas mal de choses. On lui disait omment on avait envie de se déplacer dans cette chambre et il suivait. Pour le texte il y tenait beaucoup, c’était un défi de rendre vivant ce texte. En le mettant dans notre bouche, si on trouve qu’un mot comme ‘ok’ est mieux que ‘d’accord’, il fallait quand-même dire ‘d’accord’, c’est un bête exemple mais juste pour dire qu’il fallait suivre le texte comme il était écrit. Le film n’est pas réaliste ou naturaliste sur le plan du jeu, c’est quelque chose d’assez poétique et c’est assez beau pour ça. Mais du coup c’est un défi de rendre ce texte sans trop entendre du texte justement, tout en le respectant.
EN : Le film débute dans un lit où tous les deux vous êtes nus puis au fur et à mesure vous vous habillez légèrement. Est ce que le degré de nudité montré a été un sujet avant ou pendant le tournage ?
Fanny Valette : Pour moi principalement oui, c’est quelque chose qui me faisait un peu peur. J’en ai beaucoup parlé avant et pendant. C’était important pour moi que ça soit suggéré et qu’on ne voit pas grand-chose, et que ça soit très "ellipsé" et donc joli.
EN : Amaury, quelques mots pour décrire votre travail durant Passade avec Fanny ?
Amaury de Crayencour : C’était bienveillant, c’était joyeux, c’était sexy, c’était chouette !
EcranNoir : Fanny, également quelques mots pour décrire votre travail sur ce film avec Amaury ?
Fanny Valette : C’était surprenant, d’ailleurs pendant la scène où tu parles de ta femme j’étais à la fois mon personnage et aussi spectatrice. Les mêmes mots que toi, l’écoute, le partage, la bienveillance, c’était très agréable.
EN : Puisque vous accompagnez l’avant-première de Passade au Festival romantique de Cabourg… A un moment les deux personnages regardent un film en dvd qui les fait se rapprocher. Quel film romantique aurait ce pouvoir de faire se rapprocher deux personnes ?
Amaury de Crayencour : Moi j’aime beaucoup les films romantiques, j’adore Coup de foudre à Notting Hill qui est d’ailleurs aussi la rencontre de deux personnes très différentes. Il y a une star de cinéma jouée par Julia Roberts et un type timide qui tient une librairie par Hugh Grant. Je retrouve cette sorte de rapport dans Passade, mon personnage met vraiment sur un piédestal celui de Fanny parce que justement elle lui fait penser à une femme de cinéma, à son personnage de bande-dessinée qu’il a inventé, il la regarde comme une espèce d’objet d’admiration. Coup de foudre à Notting Hill c’est un film d’adolescence pour moi, je l’ai vu trois fois au cinéma.
Fanny Valette : il y a Quand Harry rencontre Sally que j’aime bien et qui est un chouette film romantique de rencontre. On nous a comparé un peu à un Pretty Woman des temps modernes, on a entendu ça comme compliment.
"Je crois que c’est important d’avoir des films comme ça qui sont un peu différents"
EN : Lors de cette première au Festival de Cabourg pour faire découvrir Passade à un premier public, quelle sensations avez-vous ressenti dans la salle ?
Amaury de Crayencour : C’était assez excitant parce qu’on a eu avant quelques projections du film qui était plutôt techniques ou professionnelles, et ici à Cabourg c’était un peu le baptême du feu pour Passade. C'est-à-dire que c’était la première fois que du "vrai" public voyait le film, et c’était chouette. Il y a eu effectivement une dame qui nous a dit que c'était un Pretty Woman des temps modernes. Tant mieux.
Fanny Valette : On a eu un super accueil, vraiment. Le film a étonné parce qu’il est particulier dans le bon sens du terme, et on a eu des jolis retours après, c’était très agréable. La première en public c’était quand-même assez stressant, alors c’est chouette de savoir qu’on a participé à un projet qui touche les gens.
Amaury de Crayencour : Je crois que c’est ça, ça touche les gens. En tant que spectateur on est vraiment avec ces deux personnages-là dans leur intimité. Comme si on regarde par le trou d’une serrure ce qui se passe la nuit dans cette chambre d’hôtel, et ensuite on dépasse le trou de serrure parque qu’on est vraiment très proche d’eux. On s’attache aux personnages et on a envie de savoir ce qui va leur arriver. Je crois que c’est ce qui ressort de ce film, on s’attache à ces deux personnalités qui ont encore une part d’enfance en eux, et qui sont plein de fragilité, et qui se trouvent le temps d’une nuit.
Fanny Valette : Ce genre de terme atypique ne veut pas dire qu’il faut avoir peur, au contraire. C’est intéressant de défendre un premier film, et un film qui a été fait avec un tout petit budget. C’est poétique, c’est du vrai cinéma, c’est particulier, je crois que c’est important d’avoir des films comme ça, qui sont un peu différents, et qu’il faut les encourager.