Découvrez Grandpuits et petites victoires avant tout le monde

Posté par MpM, le 1 juillet 2011

Au départ, c'est une belle histoire d'entraide. En octobre 2010, en pleine mobilisation contre la réforme des retraites, la raffinerie Total de Grandpuits en Seine et Marne est en grève. Face aux tentatives de réquisitions, les grévistes tiennent bon, et voient se lever autour d'eux une vague de solidarité. Les soutiens sont si nombreux que les syndicalistes peuvent redistribuer une partie des dons à d’autres caisses de grève et au-delà des raffineries.

L'affaire se finit comme on sait, avec l'adoption de la loi, et la fin de la grève à Grandpuits comme ailleurs. Mais les caméras des Mutins de Pangée, qui avaient fait le déplacement, ont capté l'essentiel, et le diffusent sur leur site sous forme de reportages quotidiens. Début 2011, suite à de nombreuses demandes, la coopérative audiovisuelle (totalement indépendante) de production, d'édition et de diffusion décide de donner une deuxième vie à ces images en en faisant un film, Grandpuits et petites victoires, qui sera sur les (bons) écrans le 12 octobre prochain.

Et dans le salon des plus malins au cours du mois de juillet. Il est en effet possible de découvrir une version longue du film en DVD, tout en apportant son soutien à toute l'opération, en répondant très vite à la souscription qui s'achève le 3 juillet. Le principe est simple : remplir le formulaire en ligne, envoyer son paiement (12€ seulement le DVD), et attendre de recevoir le DVD collector contenant le long métrage documentaire signé Olivier Azam, une préface de Daniel Mermet, ainsi que 45 minutes de compléments vidéos.

Non seulement cette souscription permet de participer aux actions toujours salutaires des Mutins de Pangée (Bernard ni Dieu ni chaussettes, Fin de concession...), mais elle aide également la coopérative audiovisuelle à offrir un DVD aux 200 grévistes de Grandpuits. Cinéma, militantisme et solidarité, comment résister à ce véritable tiercé gagnant ?!

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Grandpuits et petites victoires d'Olivier Azam
Voir la bande annonce
Souscrire un DVD (avant le 3 juillet)
Découvrir les mutins de Pangée

Fin de concession, docu juste sur les médias, victime de sa faible exposition médiatique

Posté par geoffroy, le 31 octobre 2010

Voilà peu ou prou ce que le dernier film documentaire de Pierre Carles, agitateur de talent, poil à gratter des puissants, pourfendeur de la pensée unique et des connivences en tout genre – avec une préférence pour celle entre les journalistes et le monde politique –, m’inspire.

Néanmoins, ce billet n’envisage nullement d’établir un deuxième avis sur son film que l’on trouvera, de toute façon, parfaitement analysé ici.

En l’espèce, il ne s’agit pas de « descendre » un homme, journaliste de profession, dont la démarche jusqu’au-boutiste vise, depuis des années, à dénoncer les dérives d’un système politico-médiatique. A ce titre, je dois saluer la persévérance du bonhomme qui, en 1998 avec son Pas vu Pas pris, s’en prenait déjà aux grands médias nationaux et ses têtes de gondoles cathodiques. Visiblement rien n’aurait changé, à commencer par Carles lui-même. Il demeure toujours ce personnage haut en couleur plutôt sympathique continuant, vaille que vaille, son travail de sape contre le système médiatique. Peu importe que TF1, par l’intermédiaire de Patrick LeLay (ancien président directeur général de la chaine), ai reconnu phrase à l’appui sa fonction première : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau disponible ».

A vrai dire, le problème est ailleurs et ne vise pas la logique de sa démarche, au demeurant fort légitime, mais plutôt son statut. En effet, Pierre Carles n’est pas un marginal au sens premier du terme puisqu’il se définit lui-même comme un Don Quichotte de l’investigation. En le voyant travailler, je me dis qu’il ressemble au prototype de l’électron libre, sorte de père fouettard déambulant hors des sentiers battus avec comme seul attirail sa caméra de poche et son franc-parler. Comme un  inébranlable chevalier blanc, Monsieur Carles joue de la voix – in et off –, use et abuse de la caméra cachée, savoure ses moqueries ou les pièges qu’il tend aux puissants, délivre quelques belles contradictions, se répète, fatigue, se met continuellement en scène et, pour finir, cultive l’autocritique. Du bel art, à n’en pas douter. Mais vain. Comme un uppercut qui n’atteindrait jamais sa cible ou si peu.

Mais que lui manque t-il pour faire mouche ? De l’audace ? Assurément non. De l’impertinence ? Non plus. De liberté ? Encore moins puisqu’il ne dépend d’aucune rédaction. Il semblerait, comble du comble, qu’il lui manque ce que, précisément, il s’évertue à vitupérer sans défaillance aucune depuis des années: la puissance médiatique, cette « vitrine » télévisuelle capable de toucher, de sensibiliser ou de moduler à loisir les masses dormantes que nous sommes. De fait, il tourne en rond comme un lion en cage, roule des yeux et fomente des stratagèmes invraisemblables pour réussir à obtenir des réponses à défaut de véritables scoop. Son message se retrouve brouillé du simple fait d’être ce qu’il est devenu : un paria du journalisme institutionnel. Les portes se sont jadis fermées, les illusions avec. Mais pas le sens du devoir ni le goût de l’affrontement dans ce besoin de démêler le mensonge de la vérité. Même si nous sentons poindre, à l’occasion, une pointe d’abattement entre deux interviews, deux missions coup de poings, deux documentaires, deux prises de parole. Passagère, elle souligne la difficulté de son combat, la rudesse d’un engagement plus ou moins habilement restituée à l’image et la latitude d’expression qui lui reste. A n’en pas douter celle-ci devient de plus en plus étroite. Allons bon, Pierre Carles se serait-il perdu définitivement dans sa propre virtualité journalistique ?

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