Sapphire crystal de Virgil Vernier : une soirée en compagnie de la jeunesse dorée de Genève

Posté par MpM, le 14 juillet 2020

Nous vous en parlions déjà en fin d'année dernière : Sapphire crystal de Virgil Vernier (Mercuriales, Sophia Antipolis), présenté en compétition au Festival de Locarno, figurait parmi nos courts métrages préférés de 2019. Il est désormais l'un de nos incontournables de 2020, grâce à une double sortie en salle et en VOD / SVOD rendue possible par Shellac.

Avec ce moyen métrage tourné avec un téléphone portable et fabriqué en collaboration avec les étudiants de la Haute-école d’art et de design (HEAD), le réalisateur poursuit son oeuvre singulière, à la frontière entre la fiction et le documentaire, en s’intéressant à la jeunesse plus que dorée de Genève. Il s’inspire d'ailleurs, notamment pour son casting, de photos de soirées postées sur le compte instagram de la boîte de nuit la plus chic de la ville.

On entre ainsi dans le récit par le rituel évocateur de la “crystal shower” consistant à s’asperger avec de grandes quantités de champagne (à 1000 euros la bouteille) lors de soirées en boîte. Le procédé crée un débat au sein du groupe d’amis qui est au centre du film : une jeune femme fustige le concept, jugé vulgaire, tandis que d’autres revendiquent le droit d’exposer leur richesse de manière ostentatoire. Ce qui ne les empêchera pas de poursuivre tous ensemble une soirée placée sous le signe de l’insouciance et du paraître, entre shots de vodka, coupes de champagne et lignes de cocaïne à l’or pur.

Le portrait, édifiant, a des effets ambivalents : on est forcément agacé par les conversations et les postures de ces jeunes qui semblent évoluer dans une dimension parallèle. Mais il y a aussi quelque chose de fascinant dans cette réalité à la fois proche et inaccessible, qui oscille entre des conversations aussi banales qu’ailleurs (ambitions affichées, scènes de drague maladroites, confessions tardives…) et une désarmante propension à prendre l’existence pour acquise.

Virgil Vernier joue habilement de la confusion du spectateur, qui peut croire au premier abord qu’il assiste à une véritable soirée entre amis. La banalité des dialogues l’encourage d’ailleurs dans cette voie, de même que la mise en scène rudimentaire qui imite une vidéo prise sur le vif pour capter des instants de vie. Peu à peu, pourtant, la fiction affleure, sans que cela vienne invalider la démonstration. Au contraire, en appuyant là où c’est le plus sensible, le réalisateur questionne le regard que l’on porte sur ce microcosme en même temps qu’il le replace dans notre monde, dont il n’est qu’une des multiples déclinaisons.

Black Movie Festival : le cinéma indépendant dans tous ses états à Genève

Posté par MpM, le 18 janvier 2016

Black Movie 2016Le Black Movie Festival de Genève, manifestation entièrement consacrée au cinéma indépendant,  promet pour sa 17e édition "un cocktail des sens, sans dessous", soit une "cuvée 100% cinéma". Ce sont en effet 117 films (très exactement 6315 minutes de projection) qui seront présentés dans la 2e ville de Suisse du 22 au 31 janvier prochain.

Outre les traditionnelles compétitions qui permettront de distinguer 5 films par des jurys professionnels et amateurs, le Black Movie 2016 propose une table ronde autour du cinéma roumain, une rétrospective Sono Sion et une carte blanche au ciné Guimbi (cinéma mythique du Burkina Faso), ainsi que les nouveaux films de Hong Sang-Soo (Right now, wrong then), Serguei Lonitza (The event), Apichatpong Weerasethakul (Vapour), Tsai Ming-Liang (Afternoon), Athena Rachel Tsangari (Chevalier) et plein d'autres.

Les différentes sections (poétiquement nommées "100% adrénaline", "80% hallucinogène" ou "72% aphrodisiaque") mêlent par ailleurs "films survoltés et décoiffant", cinéma "chaud chaud chaud", œuvres "spirituelles" ou encore programmes jeune public, sans oublier une grande première : la projection live de The Garbage Helicopter de Jonas Selberg Augustsén, en simultané avec plus de 40 salles européennes, et en partenariat avec le Festival de Rotterdam où est sélectionné le film.

Un programme riche et éclectique conçu pour répondre aux objectifs des organisateurs : oublier "tous les obstacles" et réfléchir "mieux au monde qui nous entoure, grâce à ce cinéma qui nous paraît de plus en plus beau et surprenant". Chiche ?

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17e Black Movie Festival
Du 22 au 31 janvier 2016
Informations sur le site de la manifestation

Incertitudes sur le sort du réalisateur syrien Mohammad Malas

Posté par MpM, le 6 mars 2014

Le réalisateur Mohammad Malas a été arrêté mardi 4 mars par les autorités syriennes alors qu'il s'apprêtait à rejoindre Beyrouth, puis Genève où se tient à partir de vendredi le Festival du film et Forum international sur les droits humains. Il devait y présenter son nouveau long métrage, La montée vers Damas.

Interrogé pendant plusieurs heures, il a finalement été relâché, sans que l'on sache pour le moment s'il lui sera possible de se rendre à Genève à temps.

Mohammad Malas est le plus célèbre réalisateur de Syrie, dont le film La nuit figure, selon Le Guardian, parmi les 10 meilleures films arabes de tous les temps. Il avait soutenu en 2011 le soulèvement pacifique contre Bachar El-Assad et avait réalisé un film, Everything is fine, qui traite des prisonniers politiques dans son pays. On ne sait pas encore si son arrestation et l'interrogatoire qui s'en est suivi avaient un rapport avec le tournage de ce film, ou avec sa participation au festival genevois engagé en faveur des droits de l'homme.

La France a immédiatement condamné l'arrestation du cinéaste et rappelé qu'elle "constitue une nouvelle illustration du mépris du régime pour les droits de l’Homme, ainsi que pour la liberté d’expression et de création artistique".