The Fall de Jonathan Glazer : un court métrage troublant à découvrir en VOD

Posté par MpM, le 22 juillet 2020


En attendant le prochain long métrage de Jonathan Glazer, qui devrait être une adaptation de La zone d'intérêt de Martin Amis, il faut absolument découvrir son court métrage The Fall actuellement disponible sur les plates-formes traditionnelles de VOD, après avoir été diffusé à la BBC à l'automne dernier, puis en exclusivité sur MUBI au printemps.

Le film, d'une durée totale de moins de 7 minutes, générique compris, est comme un condensé du cinéma envoûtant et puissant du réalisateur. On y voit des individus masqués aux visages lisses, figés et grimaçants, qui pourchassent un homme réfugié en haut d'un arbre. Les cris indistincts des assaillant et le son sec des feuilles de l'arbre qu'on secoue se mêlent à une musique rythmique angoissante. Puis l'homme tombe. Alors, la tension montre d'un cran, et le rythme du film s'accélère jusqu'au carton du titre : The Fall (La Chute).

Pas un mot ne sera échangé par les protagonistes, et l'on ne saura rien des motivations des agresseurs ou de l'identité de la victime. Masqués et silencieux, ils deviennent de pures allégories, incarnations fantomatiques des violences endémiques passées et contemporaines, mais aussi de la dérive totalitaire déshumanisée et de moins en moins rampante que l'on observe partout.

Jonathan Glazer apporte à sa démonstration une maîtrise cinématographique qui parvient encore à nous surprendre. Aura-t-on déjà été aussi glacé par un lent zoom avant accompagné par le sifflement interminable d'une corde qui se dévide ? Chaque plan, chaque mouvement de caméra, jusqu'au choix scrupuleux d'une colorimétrie sombre et malgré tout lumineuse, tout participe au trouble grandissant qui envahit le spectateur embourbé dans un cauchemar dont il est impossible de se réveiller.

Malgré sa brièveté et son apparente simplicité narrative, le film s'avère ainsi extrêmement dense et magistral, résumé fulgurant d'une époque, de ses dérives et de ses questionnements.

A noter que les cinéphiles britanniques peuvent en parallèle découvrir sur le site de la BBC un autre court métrage de Jonathan Glazer, tourné pendant le confinement : Strasbourg 1518, qui s'inspire de "l'épidémie dansante" qui toucha les habitants de Strasbourg à l'été 1518. Une oeuvre frénétique et hallucinée dans laquelle plusieurs danseurs partent dans de longues transes solitaires et cathartiques sur une musique électronique effrénée de Mica Levi, compositrice fétiche de Glazer.

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The Fall de Jonathan Glazer
A découvrir en ligne

Sapphire crystal de Virgil Vernier : une soirée en compagnie de la jeunesse dorée de Genève

Posté par MpM, le 14 juillet 2020

Nous vous en parlions déjà en fin d'année dernière : Sapphire crystal de Virgil Vernier (Mercuriales, Sophia Antipolis), présenté en compétition au Festival de Locarno, figurait parmi nos courts métrages préférés de 2019. Il est désormais l'un de nos incontournables de 2020, grâce à une double sortie en salle et en VOD / SVOD rendue possible par Shellac.

Avec ce moyen métrage tourné avec un téléphone portable et fabriqué en collaboration avec les étudiants de la Haute-école d’art et de design (HEAD), le réalisateur poursuit son oeuvre singulière, à la frontière entre la fiction et le documentaire, en s’intéressant à la jeunesse plus que dorée de Genève. Il s’inspire d'ailleurs, notamment pour son casting, de photos de soirées postées sur le compte instagram de la boîte de nuit la plus chic de la ville.

On entre ainsi dans le récit par le rituel évocateur de la “crystal shower” consistant à s’asperger avec de grandes quantités de champagne (à 1000 euros la bouteille) lors de soirées en boîte. Le procédé crée un débat au sein du groupe d’amis qui est au centre du film : une jeune femme fustige le concept, jugé vulgaire, tandis que d’autres revendiquent le droit d’exposer leur richesse de manière ostentatoire. Ce qui ne les empêchera pas de poursuivre tous ensemble une soirée placée sous le signe de l’insouciance et du paraître, entre shots de vodka, coupes de champagne et lignes de cocaïne à l’or pur.

Le portrait, édifiant, a des effets ambivalents : on est forcément agacé par les conversations et les postures de ces jeunes qui semblent évoluer dans une dimension parallèle. Mais il y a aussi quelque chose de fascinant dans cette réalité à la fois proche et inaccessible, qui oscille entre des conversations aussi banales qu’ailleurs (ambitions affichées, scènes de drague maladroites, confessions tardives…) et une désarmante propension à prendre l’existence pour acquise.

Virgil Vernier joue habilement de la confusion du spectateur, qui peut croire au premier abord qu’il assiste à une véritable soirée entre amis. La banalité des dialogues l’encourage d’ailleurs dans cette voie, de même que la mise en scène rudimentaire qui imite une vidéo prise sur le vif pour capter des instants de vie. Peu à peu, pourtant, la fiction affleure, sans que cela vienne invalider la démonstration. Au contraire, en appuyant là où c’est le plus sensible, le réalisateur questionne le regard que l’on porte sur ce microcosme en même temps qu’il le replace dans notre monde, dont il n’est qu’une des multiples déclinaisons.

Le CNC a autorisé 52 films à s’affranchir de la chronologie des médias

Posté par vincy, le 24 avril 2020

31 au départ, 52 trois semaines plus tars. Avec cinq nouveaux films ayant reçu cette semaine l’accord du CNC pour une sortie anticipée en vidéo, possible grâce à l’article 17 de la loi d’urgence du 23 mars 2020, Judy de Rupert Goold (26 février), Dark Waters de Todd Haynes (26 févriero), Radioactive de Marjane Satrapi (11 mars), Jeanne de Bruno Dumont (11 septembre 2019) , l'occasion de revoir Christophe et d'entendre sa musique, et Un jour si blanc d’Hlynur Palmason (29 janvier) pourront sortir en vidéo à la demande, dvd et blu-ray avant la date prévue par la chronologie des médias.

Depuis la liste initiale de 31 films début avril, le CNC a donné son accord pour des sorties anticipées à La dernière vie de Simon de Léo Karmann, Soumaya de Waheed Khan et Ubaydah Abu-Usayd, En avant de Dan Scanlon, L'appel de la forêt de Chris Sanders, Un vrai bonhomme de Benjamin Parent, Mission Yeti de Pierre Gréco et Nancy Florence Savard, Les traducteurs de Régis Roinsard, L'état sauvage de David Perrault, 10 jours sans maman de Ludovic Bernard, La danse du serpent de Sofia Quiros Ubeda, Le prince oublié de Michel Hazanavicius , Sortilège d'Ala Eddine Slim, Deux de Filippo Meneghetti, The gentlemen de Guy Ritchie, Chut... ! d'Alain Guillon et Philippe Worms, et Oskar & Lily d'Arash T. Riahi.

Cette mesure continue d'être d'actualité puisque les salles de cinéma ne sont toujours pas rouvertes. La réouverture n'aura pas lieu avant fin juin, et certains plaident même pour un report vers la fin de l'été.

Et si on regardait… Un rêve solaire

Posté par MpM, le 3 avril 2020

Bien sûr, par les temps qui courent, les offres cinématographiques ne manquent pas. A vrai dire, les propositions sont même si nombreuses qu'elles ont fait naître une nouvelle forme d'anxiété, celle de ne pas réussir à profiter de tous les films, mais aussi livres, expositions ou spectacles, disponibles gratuitement en ligne d'ici la fin du confinement. Parmi cette profusion d'oeuvres d'art qui valent évidemment toutes le déplacement (si l'on peut dire), on vous parle aujourd'hui d'un film exceptionnel, incontournable et tout simplement merveilleux, Un rêve solaire de Patrick Bokanowski.

Résultat de la réunion de deux courts métrages (Battements solaires et Un rêve), eux même nés du désir du cinéaste de rompre avec son travail précédent (acteurs portant des masques, images transformées par l'usage de verre soufflé ou de miroirs, tels qu'on peut le voir dans ses courts métrages La femme qui se poudre, Déjeuner du matin ou La plage, et dans son premier long métrage L'Ange), le film est un voyage nécessairement onirique dans différents espaces, temporalités et séquences qui sont moins assemblés dans une idée de narration que dans celle d'une logique inhérente aux images elles-mêmes.

Au départ, il y a une falaise sur laquelle s'écrasent les vagues, avec le soleil au zénith. A la fin, il y a des poussières d'étoiles. Entre les deux, des silhouettes dansent, des ombres mouvantes se projettent sur un mur, la mer scintille, des acrobates travaillent, des acteurs jouent, des mécanismes sont en action, un enfant rêve... Il est impossible de décrire cette succession de tableaux, de mouvements, de couleurs, qui défilent sous les yeux du spectateur, au son de la musique tantôt légère et lancinante, tantôt rythmique et entêtante de Michèle Bokanowski.

Il faut véritablement se laisser bercer, surprendre, interpeller, et souvent émerveiller par la poésie visuelle née de ces images savamment composées, construites par couches successives, et qui mêlent prise de vue continue (y compris des films super 8 issues des propres archives de Bokanowski), ombres projetées, encres liquides, feux d'artifice, pâte à modeler ou encore dessins sur pellicule. Ce qui se joue à l'écran tient à la fois d'une évocation hypnotique de l'incessant ballet entre l'ombre et la lumière, et d'une recherche plus impalpable sur le médium cinéma lui-même, avec des expérimentations formelles qui interrogent la teneur même de l'image (créée, déformée, recomposée...) et un jeu de mise en abyme qui inclut à plusieurs reprises le projecteur et la pellicule dans le plan.

Chance inestimable, la société d'édition Re:Voir proposera gratuitement le film en VOD sur son site le 7 avril prochain ! En effet, depuis le début du confinement, Re:Voir offre chaque jour une pépite issue de son formidable catalogue de films expérimentaux, en utilisant le code STAYHOME. Après des oeuvres de Len Lye, Vivian Ostrovsky, Virgil Widrich ou encore Maurice Lemaître, on pourra ainsi découvrir prochainement Paysages de Jacques Perconte, L'enfant secret de Philippe Garrel, Once every day de Richard Foreman, Sleepless night stories de Jonas Mekas ou encore Octobre à Madrid de Marcel Hanoun. Et si c'était justement l'occasion d'aller vers un cinéma singulier et rare qui nous emmène loin des sentiers cinéphiles (re)battus, exactement à l'image de la période ?

31 films peuvent avancer leur sortie en VOD et DVD

Posté par vincy, le 2 avril 2020

Le CNC a autorisé 31 films sortis après le 18 décembre à avancer leurs sorties en vidéo à la demande et en DVD, suivant la dérogation à la chronologie des médias adoptée hier par son conseil, mesure exceptionnelle réduisant le délai d'exploitation en salle liée à l'état d'urgence sanitaire..

Il y en aura pour tous les goûts: du blockbuster à la comédie française, de films sélectionnés à Venise et Cannes à des films d'auteur plus pointus. Les studios américains ont ainsi la possibilité de montrer les films de Sam Mendès, Clint Eastwood, mais aussi Birds of Prey, Invisible Man et Sonic, le film. On remarquera l'absence du Prince oublié de Michel Hazanaviciu , Ducobu 3 ou Dark Waters.

Seuls deux films sortis début mars ont postulé pour ce dispositif.

Décembre

La vérité de Hirokazu Kore Eda ; Le lac aux oies sauvages de Diao Yinan ; Notre dame de Valérie Donzelli ; Au cœur du monde de Gabriel Martins, Maurillio Martins

Janvier

Les siffleurs de Corneliu Porumboiu ; Cuban Network de Olivier Assayas ; Histoire d’un regard de Mariana Otero ; Play de Anthony Marciano ; La voie de la justice de Destin Daniel Cretton ; Une belle équipe de Mohamed Hamidi ; Selfie de Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Tristan Aurouet, Cyril Gelblat, Vianney Lebasque ; L’esprit de famille de Eric Besnard ; 1917 de Sam Mendes ; Le Lion de Ludovic Colbeau-Justin

Février

La fille au bracelet de Stéphane Desmoustier ; SamSam de Tanguy de Kermel ; Un divan à Tunis de Manele Labbe Labidi ;#jesuislà de Eric Lartigau ; Une mère incroyable de Franco Lolli ; Birds of prey et la fabuleuse histoire de Harley Quinn de Cathy Yan ; Mine de rien de Mathias Mlekuz ; Adam de Maryam Touzani ; Le cas Richard Jewell de Clint Eastwood ; Des hommes de Alice Odiot, Jean-Robert Viallet ; Sonic, Le film de Jeff Fowler ; Lucky de Olivier Van Hoofstadt ; Invisible man de Leigh Whannell ; Queen & Slim de Melina Matsoukas ; Le voyage du Dr Dolittle de Stephen Gaghan

Mars

Monos de Alejandro Landes ; Papi Sitter de Philippe Guillard

Et si on regardait… Thee Wreckers Tetralogy

Posté par MpM, le 27 mars 2020

Sorti en salles le 4 mars dernier, le programme Thee Wreckers Tetralogy regroupant 4 courts métrages du réalisateur Rosto a vu comme beaucoup d'autres son exploitation stoppée net par la fermeture des salles de cinémas dix jours plus tard. Excellente nouvelle : à l'occasion de la fête du court métrage, son producteur Autour de Minuit le propose exceptionnellement en vidéo à la demande jusqu'au 31 mars !

Pour les amateurs du cinéma si singulier de celui qui nous a quittés prématurément en mars 2019, comme pour ceux qui le découvriront à cette occasion, c'est une chance inestimable de se plonger dans l’univers si cohérent et foisonnant de l’artiste, peuplé de créatures à la fois humaines et monstrueuses. L’occasion rêvée d’entrer dans son oeuvre tentaculaire composée de films sélectionnés dans les plus grands festivals internationaux (Cannes, Ottawa, Clermont-Ferrand), mais aussi du roman graphique Mind my Gap et de la musique de son groupe The Wreckers, elle aussi disponible en ligne.

La tétralogie réunit quatre films tournés entre 2008 et 2018 (No place like Home, Lonely bones, Splintertime, Reruns, auxquels s’ajoute le documentaire Everything is different Nothing has changed)) qui mettent en scène les membres de The Wreckers dans un trip rock halluciné racontant la mort du groupe originel puis sa renaissance sous une forme virtuelle, Thee Wreckers. Chaque film commence où se termine le précédent, dans un esprit de cadavre exquis mental qui mêle cauchemars éveillés, fantômes, illusions, souvenirs et regrets.

On est ainsi face à une introspection intime dans les méandres d’un passé foisonnant, doublée d'un voyage hypnotique aux confins des “mondes rêvés” de Rosto, cet ailleurs fantomatique et punk où se projette son inconscient, et auxquels la combinaison de différentes techniques (prise de vues réelles, animation en volume, animation 3D) confère une esthétique reconnaissable entre mille. C’est tout simplement passionnant, brutal et sidérant, conduisant le spectateur à cesser de s’interroger sur ce qu’il voit pour profiter pleinement de l’intensité d’une expérience unique. Et pour prolonger la découverte, Autour de Minuit propose d'autres films de Rosto ainsi que des bonus sur sa chaîne youtube.

Bientôt les films sortis en mars à la maison?

Posté par vincy, le 21 mars 2020

Un article du projet de loi d’urgence autorise le CNC à déroger aux règles de la chronologie des médias. Les salles de cinéma ont fermé le 13 mars, sacrifiant les films sortis le 11 mars (et même le 4 mars) mais aussi de nombreux films prévus le 18 mars qui étaient déjà en campagne de promotion.

Ce projet de loi d’urgence qui passera en commission mixte paritaire (Assemblée nationale et Sénat) demain, dimanche 22 mars permettra au gouvernement de prendre des mesures exceptionnelles par voie d’ordonnances dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de COVID-19, certaines touchant à des acquis sociaux et d'autres facilitant le financement d'un pays à l'arrêt.

Une chronologie inadaptée

Le président du CNC pourrait donc déroger à titre exceptionnel aux règles de chronologie des médias pour les films en exploitation en salles le 14 mars 2020 et uniquement pour ces films-là. Ce qui concerne finalement une soixantaine de films, qui pourraient être mis à disposition en vidéo à la demande. Ce que demandaient certains producteurs et distributeurs. Aux Etats-Unis, les studios ont déjà avancé les dates de sorties sur les plateformes, comme Birds of Prey, En avant, Invisible Man...

La Fédération nationale des cinémas français s'oppose à une telle mesure: "Le caractère d’urgence et indispensable à la vie de la Nation de cette mesure ne nous paraissant absolument pas avéré, outre notre opposition à priver sans aucune concertation les professionnels de la maîtrise d’un tel dispositif et à modifier le Code du Cinéma unilatéralement, Richard Patry a adressé une lettre de protestation au Ministre de la Culture" .

Une fédération dans le déni

Dans son communiqué du 20 mars, "La FNCF a eu l’assurance de Dominique Boutonnat, Président du CNC, confirmée par le communiqué du CNC de ce jour, qu’il s’attachera à prendre les éventuelles mesures dans ce cadre avec discernement et au cas par cas, sans jamais obérer l’avenir des salles de cinémas et à revenir à une application stricte des textes après cette crise. (...) La FNCF souhaite entamer dès maintenant des discussions constructives avec l’ensemble des organisations des distributeurs – éditeurs de films, et avec le CNC sous l’égide de Franck Riester, Ministre de Culture, pour envisager demain la réouverture des salles de cinéma pour le plus grand plaisir des spectateurs. Elle appelle ainsi les salles de cinéma à soutenir, lors de leur réouverture, les films qui étaient à l’affiche le 14 mars pour leur permettre de poursuivre leur carrière en salle avec succès."

Au cas par cas

C'est un peu utopique. Hormis quelques gros succès comme La bonne épouse ou De Gaulle, aucun film n'a de chance de ressortir dans de bonnes conditions dans un calendrier qui va être très chargé avec tous les reports de sortie. La bonne épouse ressortira en salles, évidemment. Radioactive et Vivarium sans doute aussi. Mais la visibilité des petits films ne sera pas assez grande pour amortir le coût d'une nouvelle exploitation alors que l'on craint déjà un énorme embouteillage de nouveautés dès mai-juin et encore plus à l'automne. Pourquoi priver Un fils, Une sirène à Paris, Femmes d'Argentine, pour ne citer que trois sorties du 11 mars, qui n'ont pas pu trouver leur public en moins de quatre jours, d'une nouvelle fenêtre dès maintenant, profitant de la notoriété acquise par la promotion récente en publicité ou dans les médias? Idem pour ceux sortis fin février et début mars, et qui ont déjà fait une grande partie de leurs entrées et qui ne gagneront rien à ressortir, à l'instar de Dark Waters ou Un divan à Tunis? Et finalement pourquoi empêcher producteurs et distributeurs de récupérer un peu de recettes rapidement en ces temps de crise financière... ?

Les sorties post-13 mars non concernées

Et puis il n'y a pas lieu de paniquer. On voit bien que l'objectif est de conserver la chronologie des médias, sauf à titre exceptionnel.

Le CNC a précisé que chaque demande serait menée en pleine concertation avec les représentants de la filière et notamment les organisations professionnelles des exploitants de salles de cinéma. "La fermeture des salles de cinéma est un moment critique pour toute la filière. Le public doit pouvoir accéder aux films, mais il nous faut également assurer les équilibres fondamentaux qui permettent de financer la création à moyen et long terme, ainsi que la reprise de l’activité au moment de la réouverture des salles" a déclaré Dominique Boutonnat, Président de l'organisme.

La disposition examinée par le Parlement ne concerne pas les films destinés aux salles mais qui n’étaient pas encore sortis au moment de la fermeture des cinémas (Petit Pays, Forte, Benni) et qui n'avaient pas encore annoncé leur report.

Des films directement en Vidéo à la demande?

Tous ces films prêts à sortir ne sont pas soumis à la chronologie des médias et les titulaires de droits sont libres de les exploiter sur tous supports dans le cadre de leur liberté contractuelle indique le CNC. Reste le cas épineux des films programmé qui ne sortiront finalement pas en salles, pour de multiples raisons. Le CNC est, en principe, tenu de réclamer, aux bénéficiaires d’aides accordées dans le cadre du soutien financier au cinéma, la restitution de ces sommes lorsque la première exploitation des films ne se fait pas en salles. Mais l'institution a lancé cette semaine, pour ces films non encore sortis en salles, une concertation qui associe toute la filière du cinéma et de l’audiovisuel, pour réfléchir aux modalités selon lesquelles certains d’entre eux pourraient, le cas échéant, être mis à la disposition du public directement sous forme de VOD ou de DVD / Blu-Ray, sans que les bénéficiaires des aides "cinéma", ainsi d’ailleurs que des autres financements réglementés, soient contraints pour autant de les restituer.

"Le public doit pouvoir accéder aux films, mais il nous faut également assurer les équilibres fondamentaux qui permettent de financer la création à moyen et long terme, ainsi que la reprise de l'activité au moment de la réouverture des salles", rappelle Dominique Boutonnat.

Le 18 mars, Franck Riester, ministre de la Culture, a soutenu un ensemble de mesures mis en place par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) comme la suspension du paiement de l’échéance de mars 2020 de la taxe sur les entrées en salles de spectacles cinématographiques (TSA) pour soutenir leur trésorerie, le versement de manière anticipée des soutiens aux salles art et essai et à la distribution et la garantie du paiement de ses aides. Le ministre a rappelé que "toutes les subventions attribuées par le CNC aux manifestations annulées pour des raisons sanitaires leur resteront acquises si elles ont déjà été versées, ou seront effectivement payées si elles ne l’ont pas encore été."

Et si les films sortis en mars passaient tout de suite en vidéo à la demande?

Posté par vincy, le 17 mars 2020

Les cinémas sont fermés depuis le 13 mars. La pandémie de Covid-19, aka le satané coronavirus, pourrait bousculer la chronologie des médias, temporairement. Après tout, Canal + s'est mis en clair pour les non abonnés. Et confinés que nous sommes, nous pouvons acheter des films récents en vidéo à la demande, notamment sur Netflix ou à La Cinetek, ou se gaver gratuitement de 1150 films de patrimoine sur Open Culture.

Le CNC réfléchit à un dispositif qui permettrait d'avancer les sorties de films en vidéo à la demande (achat à l'acte), notamment pour ceux sortis en salles depuis début mars et qui n'ont eu une exploitation que de moins de dix jours (autant dire à perte). Or, pour ces films sortis avant le décret de fermeture des salles, et qui ont perdu beaucoup, il est impossible de les voir distribuer en VOD avant une période de quatre mois, en l’état actuel des choses. Si on souhaitait les rendre disponibles sur les plateformes, il faudrait changer la loi. A moins que le CNC et le gouvernement puissent contourner le problème et offrir une dérogation.

Des films sacrifiés

En revanche, pour les films programmés en salles d'ici au 15 avril, il y a deux options. Reporter la date de sortie (ce que beaucoup ont déjà fait, y compris Black Widow, prévu le 29 avril et Trolls 2, décalé au 14 octobre) ou être directement diffusé en VOD ou DVD, sans jamais connaître une exploitation au cinéma..

Mais dans ce cas il faut que le CNC garantisse que les producteurs puissent obtenir les financements publics liés au visa d'exploitation, notamment le fonds de soutien.

Dans tous les cas, pour ne pas fâcher les exploitants, il faudrait que les mesures soient temporaires. Alors que Netflix est au top des passe-temps et que Disney + arrive en France, il serait assez intelligent de pouvoir rattraper les films sortis après mars. Marc Irmer (@marcdolcevita) soutenait sur twitter cette option; "Je suis le producteur de Un Fils de Mehdi Barsaoui sorti mercredi 11 et dans le contexte, je suis pour l'ouverture de la VOD en attendant la réouverture des salles. Tous ces efforts, pour n'être vu que 4 jours...c'est trop frustrant."

LaCinetek démocratise les films du patrimoine avec une nouvelle offre

Posté par vincy, le 14 septembre 2018

Inaugurée en 2015, LaCinetek a lancé le 10 septembre son offre par abonnement. Les abonnés pourront découvrir 10 nouveaux chefs-d'œuvre du cinéma de patrimoine pour 2,99€ (sans engagement). A cela s'ajoute deux autres offres: un abonnement annuel de 30€ pour douze mois (soit deux mois offerts et 120 films par an) et un abonnement annuel à 59€ qui comprend un an d'accès à la Sélection du mois et 12 films à la carte issus du catalogue, dont le plus vieux film date de 1907!

Par conséquent, la nouvelle offre permet de voir 10 par mois sélectionnés autour d'une thématique, accompagnés de bonus exclusifs livrant l’analyse de réalisateurs et/ou d’extraits d’émissions sur le cinéma. Pour lancer cette offre, LaCinetek a fait appel aux internautes via Kiss Kiss Bank Bank pour assurer cette nouvelle formule. Près de 750 participants se sont ainsi pré-abonnés pour une valeur totale de 20000€, dépassant ainsi l'objectif initial.

Deux ans après son lancement, LaCinetek a séduit 20000 cinéphiles et compte 1000 abonnés. La plateforme propose déjà 62 listes de réalisateurs, de Audiard à Ozon, de Kiarostami à Kore-eda, un catalogue de plus de 925 films dont 200 inédits (introuvables sur les services concurrents.) en VàD, provenant de 60 pays, mais également 141 bonus exclusifs et 203 bonus archives. La boutique a vu son nombre de locations augmenter de 175% depuis début 2017. Les films les plus vendus sont Conversation secrète de Francis Fors Coppola, La Chèvre de Francis Veber, Les quatre cent coups de François Truffaut, Théorème de Pier Paolo Pasolini, Meurtre mystérieux à Manhattan de Woody Allen et L'Homme de Rio de Philippe de Broca.

Les films sont disponibles à la location (2,99 en SD et 3,99 en HD) et à l’achat (7 ,99 en SD et 9,99 en HD). Par ailleurs, depuis juin 2018, LaCinetek est aussi proposée aux abonnés Freebox.

Une personnalité invitée parrainera également chaque mois son film coup de cœur parmi les 10 de la liste, en le présentant dans une courte vidéo. Cette rentrée, Béatrice Dalle présente Accatone de Pier Paolo Pasolini, qu'elle considère comme un génie.

La thématique de l'offre de lancement tourne autour de la Première œuvre, "celle qui contient toutes les autres" avec au programme, outre Pasolini, Jacques Demy (Lola), Jean-Luc Godard (A bout de souffle), David Lynch (Eraserhead), Alain Resnais (Hiroshima mon amour), Jean Vigo (L’Atalante), George A. Romero (La Nuit des morts vivants), Gus Van Sant (Mala Noche), Georges Franju (La Tête contre les murs) et Barbara Loden (Wanda).

En octobre, les abonnés auront le droit à une sélection Boys Meets Girls, en novembre à l'Eternelle adolescence et en décembre à Enfance et cinéma.

LaCinetek est est une association loi 1901 fondée en 2014 par La Société des Réalisateurs de Films (La SRF) et LMC/UniversCiné, premier éditeur et prestataire technique VoD au service du cinéma indépendant. L'association est présidée par Pascale Ferran, vice-présidée par Cédric Klapisch et administrée par Laurent Cantet.

Le Studio des Ursulines lance sa plateforme VàD Benshi Studio

Posté par vincy, le 5 novembre 2017

Le Studio des Ursulines (Paris), récompensé par le CNC pour son site Internet dédié au jeune public Benshi.fr mis en ligne il y a trois ans, va lancer son offre de vidéo à la demande le 8 novembre pour 4,99 € par mois.

La plateforme Benshi Studio permettra d'accéder à 50 films et 50 courts-métrages destinés au jeune public , soit "toutes les pépites de l’animation à destination des 3 -11 ans". Les films resteront accessibles en téléchargement hors-ligne, pendant toute la durée de l’abonnement. La plateforme est disponible sur tous les écrans.

Pour pouvoir lancer cette offre, le cinéma parisien avait fait appel à une campagne de financement participatif qui a attiré 650 donateurs pour un montant total de 23 000 €.

Les deux directeurs du cinéma Adrien et Louis-Paul Desange veulent "transmettre l’amour du cinéma aux plus jeunes, éveiller leur curiosité et leur ouverture sur le monde, se fabriquer un imaginaire curieux, enthousiaste, lumineux à travers un choix de films adaptés à chaque âge." Le communiqué précise qu'on y trouvera "Des films sélectionnés pour leurs qualités artistiques, culturelles et émotionnelles avec une attention portée à leur fabrication et aux valeurs qu’ils défendent ainsi qu’une grande vigilance à déterminer les âges à partir desquels les enfants peuvent découvrir certaines œuvres."

Plusieurs critères son retenus:
• Les qualités cinématographiques, picturales, de mise en scène, d'interprétation.
• La capacité des films à susciter l'empathie du spectateur pour des personnages, un destin, une histoire, mais aussi à déclencher sa curiosité, et ouvrir sur des mondes qu'il ne connaît pas forcément.
• La singularité, chez Benshi nous soulignons ce qui rend chaque film unique
• La longévité, c’est-à-dire ces films qui traversent les époques sans jamais prendre une ride

On y trouvera ainsi Kirikou, Le chant de la mer, Mia et le migou, Le garçon et le monde, Popeue, Peau d'âne, Le cirque, Wadjda, La balade de Babouchka, Lettre à Momo....