Chronique du Festival de Gérardmer 2010 : les neiges silencieuses

Posté par geoffroy, le 31 janvier 2010

Vendredi 29/1/10 14 :00

Dans les neiges vosgiennes profondes le giallo fut Amer et La horde peu sanglante. Mais beaucoup d’aboiements ont transpercés les festivaliers lorsque les chiens sont sortis de leur maison (Doghouse).

Amer, de Hélène Cattet et Bruno Forziani (Compétition officielle)

Quête charnelle à travers trois temps dans la vie d’une femme, Amer brille par son expérimentation de l’image et du son. Ce premier film exploite une palette cinématographique dense et cohérente entre l’hommage au giallo et le cinéma de Bunuel. Par effleurement des sens Amer suggère le désir et la fragilité de la chair de manière brutale, colorée, intime, comme offerte à l’autre tout en le lui refusant. Expérience troublante entachée par un troisième acte un peu vain, Amer reste une très bonne surprise.

Notes : Denis 4/5 ; Geoffroy 4/5

La Horde, de Yannick Dahan et Benjamin Rocher (Compétition officielle)

La Horde est un essai français sympathique mais un peu vain voire léger du film de zombies. Association de circonstance entre des flics masqués et des durs à cuire de cité contre une horde de zombies sortie de nulle part, l’action non stop se répète à chaque étage entre punch lines agressives et dégommage de zombies pas si sanglant que prévu. Un brin décevant.

Notes : Denis 2/5 ; Geoffroy 2/5

Doghouse de Jack West (Hors compétition)

Film potache à la Shaun of the dead, Doghouse est un film de femmes zombies lorgnant du côté de la parodie sans prétention des films du genre. On est jamais vraiment surpris ni déçu. On se marre des quelques situations incongrues entre misogynie et découpage de doigts. Un vrai bon moment sympathique à partager entre pote.

Notes: Denis 3/5 ; Geoffroy 2/5

***

Samedi 30 /01/2010

Halloween 2 de Rob Zombie (Hors Compétition)

Faisant suite au remake d’Halloween sortie en 2009 et réalisé également par Rob Zombie, ce n°2 reste sur les traces de la saga tout en offrant une pointe d’originalité assez rare dans ce genre cinématographique. Zombie nous gratifie de belles scènes oniriques plongeant le spectateur dans la folie meurtrière d’un Myers toujours aussi flippant.

Notes : Denis 3/5 ; Geoffroy 3/5

The Door de Anno Saul (Compétition officielle)

Sur le thème très original du monde parallèle, le réalisateur brosse le quotidien d’un père responsable de la mort de sa fille. Traversant par hasard une porte temporelle, il a la possibilité de revenir en arrière et modifier ses erreurs. S’ensuit une mise en scène convenue qui, malgré le talent des acteurs (mention spéciale à Mikkelsen), plombe irrémédiablement le film. Le twist final ne changera pas le cours des choses et The Door s’avère être une œuvre rapidement oublié.

Notes : Denis 1/5 ; Geoffroy 2/5

Survival of the dead, de Georges Romero (Hors compétition)

L’un des films les plus attendus du festival fut aussi l’une des plus grosses déceptions. Romero plagie Romero et nous pond un zombie chez les ploucs. Il enterre d’un coup de sabot sa saga et par là même occasion le film de zombie. Adieu critique des Etats Unis, adieu fronde contre le consumérisme et la saturation des images, Romero n’a plus rien à dire. Clap de fin.

Notes : Denis 0/5 ; Geoffroy 1/5

Dan O’Bannon s’en est allé…

Posté par geoffroy, le 19 décembre 2009

Scénariste de renom spécialisé dans le fantastique, Dan O'Bannon vient de s'éteindre chez lui, à Los Angeles, à seulement 63 ans. Tous les amateurs d'horreur et de science-fiction le connaissent. Pote de fac avec un certain John Carpenter, il débute au cinéma en 1974 sur le désormais légendaire Dark Star du maître de The Thing en tant que superviseur des effets spéciaux et co-auteur du film.

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Dan O'Bannon et l'artiste suisse H.R. Giger lors de leur collaboration sur Alien

Personnage aux multiples talents, Dan O'Bannon officiera pendant 30 ans dans le monde du cinéma comme scénariste, chef déco, superviseur des effets spéciaux, monteur et même réalisateur.Il prit la caméra à deux reprises. En 1985 sur une parodie des films de Romero avec Le Retour des Morts Vivants et en 1992 dans une adaptation de H.P. Lovercraft, The Resurrected.

Il obtient le respect de tous et surtout de ses pairs autour de cinq films cultes, films qui portent indiscutablement sa patte, sa vision, son amour pour le septième art:

- Star Wars pour lequel il travaille sur les effets spéciaux (1977)

- Alien en tant que scénariste et consultant sur le design de la "bête" (1979)

- Métal Hurlant en tant que scénariste (1981)

- Total Recall en tant que scénariste pour l'adaptation au cinéma (1990)

- Planète Hurlante en tant que scénariste pour l'adaptation au cinéma (1995)

Pour beaucoup, un grand de la SF vient de disparaître, emportant avec lui une façon de penser ce cinéma de genre si souvent mal aimé.

BIFFF 2008: the beginning

Posté par denis, le 31 mars 2008

Démarré le 27 mars avec la projection de The Eye, remake du film des frères Pang réalisé par les français David Moreau et Xavier Palud, le BIFFF (le festival international du film fantastique de Bruxelles) n’a réellement entamé les hostilités que le vendredi avec la projection du film culte et maudit de Michael Mann La forteresse noire (The keep).

25 ans après sa sortie, cet ofni porté par les synthétiseurs de Tangerine dream et les costumes d’Enki Bilal est toujours aussi fascinant esthétiquement et plastiquement. Mann y développe son goût pour une stylisation extrême que l’on retrouvera dans Heat ou Miami Vice. Cette projection événementielle aura été accompagnée de la présence du grand Jürgen Prochnow, connu pour ses rôles dans Das Boot et Dune. Une journée hommage donc pour un film méconnu du grand public.

Outre le dernier film d’un des frères Pang, The detective, énième polar poisseux aux tics agaçants, et le très décevant Crimes à Oxford d’Alex de la Iglesia, qui, malgré une élégance évidente, n’arrive pas à masquer le manque de rythme de ce thriller mathématique et hitchcockien, ce vendredi fut aussi marqué par la projection de l’ultime opus du maître des zombie, Georges Romero, avec son Diary of the dead. Etant le seul à utiliser si brillamment la figure du zombie comme métaphore de la société et du monde, depuis La nuit des morts-vivants il attaqua le racisme, l’individualisme, la société de consommation, les manipulations militaires et enfin le capitalisme conservateur, il met cette fois-ci en scène son monstre préféré pour fustiger le médias. Romero is back ! Nous y reviendrons plus en détails lors de sa sortie en juin.

Nos amis belges préférant une programmation semi-diurne, les séances du BIFFF ne commencent jamais avant 16h !, le samedi est toujours l’occasion d’offrir une nuit spéciale se terminant aux aurores entre pupilles dilatées des fans du genre et sourires de geeks. Cette année la nuit fantastique proposa deux petits bijoux et deux ratages. Passons donc sur Black water et The house, respectivement film de crocodiles et maison hantée, pour jubiler sur le frenchy A l’intérieur, délire généreusement gore où la ténébreuse Béatrice Dalle utilisera tous les moyens pour récupérer un enfant qui n’est pas encore sorti du ventre de la mère porteuse. Sans concession, ce film hexagonal de par son caractère radical est à rapprocher du Frontière(s) de Xavier Gens. Enfin la perle de la soirée se nomme REC, dernier chef d’œuvre de Balaguero et Plaza, qui, comme le Romero utilise le point de vue subjectif de la caméra pour immerger le spectateur dans une fiction attaquant notre société du spectacle et du voyeurisme.

En revanche peu de choses à se mettre sous la dent en ce dimanche excepté le petit dernier du réalisateur de The descent, Neil Marshall, Doomsday, film post-apocalyptique entre Absolom 2022 et Mad Max. Amusant, mais très loin de son précédant film féminin et souterrain.

Le reste de la semaine s’annonce chargé entre le nouveau Dario Argento, celui de Stuart Gordon, le Tarsem Singh et la journée de japanimation. Sans compter comme d’habitude l’ambiance survoltée de Tours et Taxis.