Slán Maureen O’Hara (1920-2015): fondu au noir sur la reine du technicolor

Posté par vincy, le 25 octobre 2015

Elle était l'autre rousse d'Hollywood dans les années 1940 et 1950. Maureen O'Hara, née Maureen FitzSimons, est morte samedi à l'âge de 95 ans. Oscar d'honneur l'an dernier, elle avait tourné dans plus de 60 films. Si peu d'entre vous la connaissent, sachez qu'elle fut, légitimement, considérée comme l'une des plus belles femmes du monde à son époque. Une beauté renversante peut-on dire. Irlandaise et Américaine, elle s'est éteinte dans sa résidence à Boise, dans l'Idaho.

C'est avec deux John qu'elle a atteint le firmament: John Ford et John Wayne. Avec le premier, elle acquiert la célébrité dans Qu'elle était verte ma vallée en 1941. Elle devient son égérie, malgré de nombreux projets inaboutis. Toujours avec Ford, et avec John Wayne en partenaire, elle obtient son plus grand rôle dans L'Homme tranquille face à John Wayne, avec qui elle forme un couple aux relations tumultueuses dans une Irlande étouffant la liberté et l'émancipation des femmes.

"C'est un type super" - John Wayne

Intrépide, fougueuse, fière, farouche et romanesque, femme solide loin des ingénues de l'époque, John Wayne lui avait adressé un compliment incroyable dans ses Mémoires pour ce macho patenté: "J'ai eu de nombreux amis, et je préfère la compagnie des hommes, à l'exception de Maureen O'Hara. C'est un type super."
L'actrice américaine Jessica Chastain lui a également rendu hommage sur Twitter, "d'une rousse coriace à une autre" : "Reconnaissante de la lumière que tu as diffusée", a-t-elle tweeté.


Sa famille a annoncé son décès, naturel, en précisant: "Maureen était notre mère, grand-mère, arrière-grand-mère et amie bien-aimée. Elle est morte en paix entourée de sa famille aimante alors qu'ils célébraient sa vie en écoutant la musique de son film préféré, L'homme tranquille".

Plus éblouissante qu'un coucher de soleil

"Maureen O'Hara est plus éblouissante qu'un coucher de soleil" écrivait-on sur elle. Surnommée "la reine du Technicolor" (pour sa chevelure rousse flamboyante, ses yeux verts, et sa peau qui captait la lumière à merveille Maureen O'Hara, née en 1920 dans la banlieue sud de Dublin, avait migré à Hollywood en 1939.

Charles Laughton, son mentor pour elle, sa fille adoptive pour lui, lui fait signer son premier contrat. Sa carrière a commencé avec La Taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn) d'Alfred Hitchcock, d'après le livre de Daphné du Maurier et en Esmeralda dans Quasimodo (The Hunchback of Notre-Dame) de William Dieterle. Il y a pires débuts. Avec Qu'elle était verte ma Vallée (6 Oscars dont celui du meilleur film), fresque sociale (inspirée de la vie familiale de John Ford) sur les mineurs du Pays de Galles, O'Hara entre dans la cour des actrices à surveiller.

Reine des Pirates

Durant les années 40, elle tourne avec quelques-uns des plus grands cinéastes de l'époque: Henry Hathaway (Ten Gentlemen from West Point), Jean Renoir (Vivre libre), Richard Wallace (Nid d'espions), Nicholas Ray (Secret de femme)... On la croise comtesse ou Lady dans des films plus populaires, c'était la grande mode des pirates, elle en était la Reine par ses dons athlétiques qui pouvaient la mettre à égalité avec des stars masculines: Le Cygne noir d'Henry King, avec Tyrone Power, Buffalo Bill de William A. Wellman, avec Joel McCrea, Pavillon noir de Frank Borzage, Sinbad le marin de Richard Wallace, avec Douglas Fairbanks Jr. et Anthony Quinn...

Mais c'est en 1947 qu'elle connait son plus grand succès au cinéma avec Le Miracle de la 34e rue de George Seaton, aux côtés de John Payne et la jeune Natalie Wood. Ce conte de Noël, devenu un classique maintes fois refaits pour la télévision, avait obtenu 3 Oscars.

Cascadeuse et romantique

Dans les années 50, la comédienne, capable d'être héroïque (elle maniait l'épée elle-même tout comme elle faisait ses cascades) et sentimentale, séductrice et dramatique, poursuit ses rôles de femme forte et courageuse, notamment dans des Westerns et des films d'aventures (Sur le territoire des Comanches, Les Frères Barberousse, Les Fils des Mousquetaires, La Loi du Fouet, La Belle rousse du Wyoming, À l'assaut du Fort Clark ...). "Bette Davis a raison: les garces sont amusantes jouer" disait-elle.
George Sherman en fait sa muse. Sherman a un jour évoqué la relation entre l'actrice et John Ford, dont il était un peu jaloux: "John Ford considérait Maureen comme étant sa merveilleuse actrice, aussi proche de lui que ses propres enfants. Chaque fois que j’ai travaillé avec elle, Ford lui téléphonait plusieurs fois par semaine. Il m’a raconté qu’elle l’avait aidé quand il préparait L'homme tranquille. En fait, c’est elle qui a tapé à la machine le script définitif."

L'égérie de John Ford

Car c'est John Ford qui va la rendre immortelle en 1952 avec L'Homme tranquille, où elle incarne la jeune épouse pas commode d'un John Wayne qui ne va pas hésiter à reprendre ses droits "virils" sur l'effrontée. Robert Parrish avait décrypté la femme "fordienne": "celles qui agitent des mouchoirs blancs quand leur mari va à la guerre et les prostituées au grand cœur." Avec Maureen O'Hara, il dessine un personnage féminin qui n'est ni l'un ni l'autre, plus subtil, plus complexe. Cela rend ce film singulier et plus atemporel. Et pas seulement pour la première scène de fessée de l'histoire hollywoodienne. Un morceau d'anthologie du 7e art. Ford signe une comédie romantique et mélodramatique qui permet aux deux comédiens de s'affirmer dans leurs rôles, tout en étant loin des films de genre qu'ils tournaient habituellement.

Car Maureen O'Hara tourne aussi des films d'espionnage et des polars pour Ray Milland, Carol Reed, Richard Sale. Elle est alors une des rares comédiennes à qui l'on offre des personnages plutôt catalogués comme masculins. Malgré de nombreux projets qui ne se sont pas concrétisés, John Ford continue aussi de l'enrôler : Ce n'est qu'un au revoir (The Long Gray Line) en 1955 et L'aigle vole au soleil (The Wings of Eagles) en 1957, tous deux au sein de l'armée américaine.

Dernier tour de piste avant le décollage

A partir des années 60, l'actrice se fait plus rare. Ses plus récents films n'ont pas marqué et une nouvelle génération d'actrice arrive. Elle varie les genres avec le Western New Mexico (The Deadly Companions) de Sam Peckinpah, la comédie Disney La Fiancée de papa (The Parent Trap) de David Swift, qui relance sa carrière, la rom-com M. Hobbs prend des vacances d'Henry Koster, avec James Stewart, le drame écologiste La Montagne des neuf Spencer de Delmer Daves, avec Henry Fonda, Le Grand McLintock d'Andrew V. McLaglen, avec John Wayne (again) ou Rancho Bravo (The Rare Breed) d'Andrew V. McLaglen, avec James Stewart (encore).

Sa carrière s'arrête au début des années 70 avec Big Jake, un film co-réalisé par George Sherman et John Wayne, définitivement inséparables. "J'étais dure. J'étais grande. J'étais forte. Il était dur. Il était grand. Il était fort. En tant qu'homme et en tant qu'être, je l'adorai..." disait de lui l'actrice. "J'ai rendu John Wayne sexy, j'assume cette responsabilité" ajoutait-elle.

On la croise une dernière fois, en maman de John Candy dans Ta mère ou moi (Only the Lonely) de Chris Columbus en 1991 et dans quelques téléfilms.

Maureen O'Hara avait arrêté de jouer dans les années 1970 pour diriger une compagnie aérienne, Antilles Air Boats, avec son mari, Charles Blair. A la mort de celui-ci, en 1978, dix ans après leur mariage, dans un crash d'avion, elle était devenue la première femme de l'histoire des Etats-Unis à diriger une compagnie aérienne régulière, durant quelques années. Car, outre son Irlande natale, elle adorait les Caraïbes (et avait profité d'un voyage à Cuba pour rencontrer Che Guevara).

En 2005, Maureen O'Hara a publié ses Mémoires, "'Tis Herself: An Autobiography", livre inédit en France. A ce moment là, elle avait préféré se retirer loin d'Hollywood, de ses ragots et de sa folie, et de ses îles pour se rapprocher de son petit-fils qui réside dans l'Idaho, qui l'a prise en charge. "J'ai eu de la chance de faire de merveilleux films" en guise de conclusion à sa vie mouvementée. Irlandaise au plus profond d'elle-même, elle aimait dire qu'elle était "comme la plupart des femmes qu'elle a incarné à l'écran." Elle se voyait en Jeanne d'Arc, rêvait d'être une soprano à l'Opéra. Elle restera comme l'actrice irlandaise la plus mémorable du cinéma, dans des paysages grandioses de l'Ouest américain, les vallées vertes de son pays natal ou sur les flots azurés des Antilles.

Arras Film Festival 2015 : l’Irlande et les braquages à l’honneur

Posté par MpM, le 28 juin 2015

Arras 2015On peut dire que le Arras Film Festival a du nez. L'an passé, il a ouvert sa 15e édition avec un petit film français a priori sans ambitions, qui s'est révélé le grand succès de l'hiver, comptabilisant plus de 7 millions de spectateurs.

La famille bélier, car c'était bien lui, est donc né à Arras... et s'il est peut-être l'exemple le plus spectaculaire, il est loin d'être le premier. Preuve s'il en fallait que cette semaine arrageoise est devenue au fil des ans le grand festival de l'automne, où sont dévoilés les films importants des mois à venir.

En 2014, la manifestation a ainsi proposé 45 avant-premières dont Foxcatcher, L'enquête, Les souvenirs, La prochaine fois je viserai le coeur, Mr Turner... En tout,  plus de 38 000 spectateurs se sont pressés à l'une de ses 331 projections, ce qui représente 4000 entrées de plus qu'en 2013.

Alors que l'édition 2015 se prépare (elle aura lieu du  6 au 15 novembre), on connaît déjà les thématiques des deux rétrospectives traditionnelle : "l'Irlande, d'un conflit à l'autre" et "Braquages en tous genres". De quoi permettre, comme chaque année, un cycle historique et un autre plus "léger", prétexte à proposer de savoureux films de genre.

Pour le reste de la programmation, et notamment la fameuse compétition européenne et les très attendues avant-premières, il faudra attendre la rentrée pour en savoir plus. Mais on peut d'ores et déjà certain que festival saura dégoter (avant tout le monde) les pépites de la saison 2015-2016.

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16e Arras Film Festival
Du 6 au 15 novembre 2015
Site de la manifestation

Cannes : Qui est Michael Fassbender?

Posté par vincy, le 15 mai 2008

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Michael Fassbender incarne Bobby Sands, terroriste irlandais incarcéré dans le film choc Hunger, qui ouvre Un Certain regard. La plupart du temps à poil dans ce film dénonçant les tortures infligées aux prisonniers de Maze au début des années 80, sa prestatation est surtout remarquée pour les 40 dernières minutes du film : un corps qui maigrit jusqu'à ne plus avoir de chair sur la peau. En grève de la faim, on le voit épuisé et dévitalisé. Ses os saillants, son ventre creux, sa peau meurtrie font le reste.

Fassbender n'est pas inconnu du grand public. On l'a vu dans 300, le péplum sanglant de Zack Snyder et dans Angel, le mélo romantique et kitsch de François Ozon. Cet Irlandais de 31 ans né en Allemagne et de parents allemands vient des planches, où il a même produit, mis en scène et joué une version de Reservoir Dogs. Il a tenu aussi le rôle de sergent dans la série Frères d'armes, produite par Tom Hanks et Steven Spielberg. On a pu aussi l'apercevoir dans un pub pour une bière brune irlandaise. Il vient de finir le tournage du prochain film de Joel Schumacher, Town Creek. Et à Cannes, Hanway a confirmé qu'il serait Heathcliff dans Les hauts de Hurlevents, où il donnera la réplique à Natalie Portman.

Il tourne actuellement Fish Tank, le prochain film d'Andrea Arnold, prix du jury à Cannes en 2005 avec Red Road.