Le pitch: Maud Crayon, est née dans les Vosges mais vit à Paris. Elle est architecte, mère de deux enfants, et remporte sur un énorme malentendu le grand concours lancé par la mairie de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame… Entre cette nouvelle responsabilité, un amour de jeunesse qui resurgit subitement et le père de ses enfants qu’elle n’arrive pas à quitter complètement, Maud Crayon va vivre une tempête. Une tempête, qu’elle devra affronter pour s’affirmer et se libérer.
Les névroses de Donzelli. Avec son personnage, Valérie Donzelli se trouve un rôle qui n'aurait pas déplu à Valeria Bruni Tedeschi. Si son existence est une succession d'improvisations, son jeu, lui, est bien calculé. La fraîcheur et la fougue avec lequel elle le porte contribue beaucoup au plaisir du spectateur. C'est d'ailleurs un film à son image, en équilibre, entre une certaine sophistication et un naturel réjouissant. Cette fantaisie peut évidemment sembler artificielle - et le film ne manque pas d'astuces cinématographiques déjà vues - mais, comme toujours, chez Donzelli, on apprécie cette écriture singulière qui s'affranchit des narrations convenues dans le cinéma français.
Ego-trip. Notre Dame est finalement un film sur l'égocentrisme de notre société. Entre superficialité et déconnexion, le monde de Donzelli est en apparence loufoque, navigant au gré des errances de chacun et des égarement de tous. Elle quitte la fantasmagorie romantique de Marguerite & Julien pour une comédie chaotique, plus proche de La Reine des pommes et de La guerre est déclarée. Et même si le film n'est pas engagé, il vise juste en faisant écho à de nombreuses actualités, à commencer par ce parvis de Notre-Dame qui doit être refait, alors même que la cathédrale doit aujourd'hui subir une importante restauration imprévue. Ce qui frappe c'est aussi la place des hommes: tyranniques, immatures, incompétents, hypocrites. Le film a de cette adulescence qu'elle dézingue, avec un rythme vif, des répliques qui fusent et des excentriques qui dérèglent toute cohérence psychologique.
Fantaisie légère. De la danse et du chant, de l'onirisme et de l'allégorie, de l'animation: la cinéaste refuse les convenances et cherche les chemins de traverse pour se créer son style et se distinguer de la masse. En se moquant des religions, politiques, puritains et autres conservateurs, elle s'amuse indéniablement à donner une autre vision de la vie, comme elle veut donner un autre regard sur la ville. Car finalement, l'autre héroïne, c'est Paris. Notre Dame c'est la cathédrale, la capitale et notre Maud. Derrière le côté anxiogène de son sujet, la réalsatrice-scénariste-actrice a suffisamment d'essence et de bon sens pour fournir une comédie allègre et sensible, aussi stressée et instable qu'un parisien en temps de grève, aussi lumineuse et passionnée qu'une cinéphile du Quartier Latin.