3 raisons d’aller voir « Notre Dame »

Posté par vincy, le 18 décembre 2019

Le pitch: Maud Crayon, est née dans les Vosges mais vit à Paris. Elle est architecte, mère de deux enfants, et remporte sur un énorme malentendu le grand concours lancé par la mairie de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame… Entre cette nouvelle responsabilité, un amour de jeunesse qui resurgit subitement et le père de ses enfants qu’elle n’arrive pas à quitter complètement, Maud Crayon va vivre une tempête. Une tempête, qu’elle devra affronter pour s’affirmer et se libérer.

Les névroses de Donzelli. Avec son personnage, Valérie Donzelli se trouve un rôle qui n'aurait pas déplu à Valeria Bruni Tedeschi. Si son existence est une succession d'improvisations, son jeu, lui, est bien calculé. La fraîcheur et la fougue avec lequel elle le porte contribue beaucoup au plaisir du spectateur. C'est d'ailleurs un film à son image, en équilibre, entre une certaine sophistication et un naturel réjouissant. Cette fantaisie peut évidemment sembler artificielle - et le film ne manque pas d'astuces cinématographiques déjà vues - mais, comme toujours, chez Donzelli, on apprécie cette écriture singulière qui s'affranchit des narrations convenues dans le cinéma français.

Ego-trip. Notre Dame est finalement un film sur l'égocentrisme de notre société. Entre superficialité et déconnexion, le monde de Donzelli est en apparence loufoque, navigant au gré des errances de chacun et des égarement de tous. Elle quitte la fantasmagorie romantique de Marguerite & Julien pour une comédie chaotique, plus proche de La Reine des pommes et de La guerre est déclarée. Et même si le film n'est pas engagé, il vise juste en faisant écho à de nombreuses actualités, à commencer par ce parvis de Notre-Dame qui doit être refait, alors même que la cathédrale doit aujourd'hui subir une importante restauration imprévue. Ce qui frappe c'est aussi la place des hommes: tyranniques, immatures, incompétents, hypocrites. Le film a de cette adulescence qu'elle dézingue, avec un rythme vif, des répliques qui fusent et des excentriques qui dérèglent toute cohérence psychologique.

Fantaisie légère. De la danse et du chant, de l'onirisme et de l'allégorie, de l'animation: la cinéaste refuse les convenances et cherche les chemins de traverse pour se créer son style et se distinguer de la masse. En se moquant des religions, politiques, puritains et autres conservateurs, elle s'amuse indéniablement à donner une autre vision de la vie, comme elle veut donner un autre regard sur la ville. Car finalement, l'autre héroïne, c'est Paris. Notre Dame c'est la cathédrale, la capitale et notre Maud.  Derrière le côté anxiogène de son sujet, la réalsatrice-scénariste-actrice a suffisamment d'essence et de bon sens pour fournir une comédie allègre et sensible, aussi stressée et instable qu'un parisien en temps de grève, aussi lumineuse et passionnée qu'une cinéphile du Quartier Latin.

Bouchareb produit le premier film de Bouajila et tourne un remake de José Giovanni

Posté par vincy, le 9 avril 2013

Rachid Bouchareb a un agenda chargé. Il va produire le premier long métrage réalisé par son acteur fétiche, le comédien césarisé (pour Les témoins) Sami Bouajila. Bouajila a joué devant la caméra de Bouchareb dans Indigènes, London River et Hors-la-Loi.

L'acteur a décidé de franchir le pas avec l'adaptation de Meurtre entre soeurs, d'après le livre de Willa Marsh.

Le roman, paru en 2009 en France, raconte l'histoire de deux demi-soeurs Olivia et Emily, dans l'Angleterre des années 50. Leur vie est bouleversée par la naissance de Rosie, la fille préférée de leurs parents. Gâtée et sournoise, celle-ci gâche les espoirs de mariage de ses soeurs. Plus tard, elle convoite la maison familiale où vivent encore Olivia, Emily et leurs parents. Elle doit aussi gérer son mariage avec Rup et les aléas d'Alice, sa fille, junkie sans scrupule.

Le scénario a été coécrit par Bouajila et Zoé Galeron (qui avait écrit London River). Ce modeste budget de 3,8 millions d'euros sera distribué par Le Pacte. Le tournage débutera en septembre, avec Dominique Blanc, Claude Perron, Julie Ferrier, Edith Scob et Francine Berge.

De son côté, Bouchareb prépare son prochain film, son premier depuis Hors-la-Loi il y a trois ans. Brenda Blethyn, deux fois nommée aux Oscars et prix d'interprétation à Cannes pour Secrets et mensonges, déjà de l'aventure de London River, sera la vedette de Enemy's Way, remake librement inspiré de Deux hommes dans la ville, film de José Giovanni, avec Gabin et Delon. Blethyn reprendra le rôle de Gabin, face à Forest Whitaker, qui incarnera le personnage de Delon. L'action a été transposée dans la une petite ville de l'Arizona, de nos jours.

Le tournage débute ce mois-ci.

L’instant Court : Stop aux violences conjuguales, de Olivier Dahan

Posté par kristofy, le 28 septembre 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Back up réalisé par Alban Delachenal et Mei Fa Tan, voici l’instant Court n° 85.

A l’affiche cette semaine en salles, la comédie Les seigneurs de Olivier Dahan que l’on n’attendait pas sur un terrain potache avec un brochette de comiques… Avant son premier succès critique Déjà Mort, le réalisateur portait déjà un béret à l’envers sur ses tournages de courts-métrages et de clips (il en a réalisé plusieurs entre deux projets de films).

Après le succès international de La môme, il reçoit de Amnesty International (et de l’agence de communication TBWA-Paris) la proposition de réaliser un spot de sensibilisation contre les violences conjugales. Selon l’organisation, "les actes de violence au sein du couple touchent près d’une femme sur dix en France, quels que soient leur âge, leur origine et leur milieu ; une femme décède tous les trois jours suite aux violences conjugales".

Voici donc Stop aux violences conjuguales, un spot réalisé par Olivier Dahan à la façon d’un film en noir et blanc muet (c’était avant The Artist) avec pour slogan de briser le silence et d’élever la voix. On y reconnaît les comédiens Didier Bourdon et Clotilde Courau (déjà dans La môme), la femme qui crie à la fin est Claude Perron.

Keira Knigthley s’était elle aussi engagée pour cette cause des femmes battues, à revoir ici.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Stop aux violences conjuguales

La Horde: état de siège sanglant

Posté par geoffroy, le 9 février 2010

lahorde.jpgL'histoire : Au Nord de Paris. Décidé à venger la mort d’un des leurs, un groupe de policiers prend d’assaut une tour HLM, dans laquelle s’est barricadée une bande de gangsters, et se retrouve sans le savoir confronté à une horde de zombies. Flics et malfrats n’auront d’autre solution qu’unir leurs forces pour venir à bout de ces êtres terrifiants...

Notre avis : Encore un film de Zombies. Sauf que celui là est français, a été en compétition officielle au dernier festival de Gérardmer, a reçu le prix SyFy Universal et fut l’occasion de « s’éclater » au sens premier du terme lors d’une projection particulièrement sous pression. Pour un premier long-métrage pas très finaud, un peu vain voire léger mais au final plutôt sympathique, l’indulgence serait de rigueur. N’empêche que La Horde de Yannick Dahan et Benjamain Rocher (tous deux anciens journalistes à Mad Movies) manque de mordant et s’empêtre super rapidement dans une rivalité flics/caïds très vite lassante car occultant l’environnement hostile d’une bande de Zombies sortit de nulle part.

Les réalisateurs n’arrivent pour ainsi dire jamais à transformer leur idée de base du film mixte polar-fantastique, préférant les séquences dialoguées aux enjeux de terrain que peut offrir une « tour » de banlieue assiégée par une horde de morts-vivants. Les répliques fusent, sont parfois drôles, fleurent bon l’exagération dans la recherche de celle qui fera mouche et marrer tout le monde. Bref, il s’agit plus d’un bon gros polar à la testostérone pas très effrayant, les Zombies n’étant pas suffisamment incarnés ni menaçants. Pas si sanglant que prévu, l’action non stop se répète à chaque étage malgré une fin bien bourrine même si un peu téléphonée.

Enfin, soulignons la présence de la belle Claude Perron, de la gueule Jo Prestia et du dramaturge Yves Pignot interprétant un René plutôt jouissif en « dégommeur » de Zombies. L’ensemble reste malgré tout trop caricatural dans sa construction, même si nous sentons la volonté des deux cinéastes de rendre un hommage au cinéma de genre qui aura bercé leur enfance.