Avec Jimmy Kimmel de retour aux manettes, nous pensions que cette 90e édition des Oscars serait complètement folle. A l'image du micmac qui a eu lieu l'an dernier, au moment de remettre le prix du meilleur film. Malheureusement, plombée par l'affaire Weinstein et les déclarations chocs de Donald Trump, cette soirée fut anormalement molle. Au niveau du palmarès comme des sketches du présentateur, il n'y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Points forts :
- La performance de Sufjan Stevens. Venu interpréter "Mystery of Love", un morceau extrait de la bande originale de Call Me By Your Name, l'auteur-compositeur-interprète de 42 ans a mis tout le monde d'accord à l'aide de son banjo.
- Le discours de Guillermo Del Toro, vainqueur dans la catégorie meilleurs décors : "May I keep dreaming up your monsters and their wonderful storiess so people like us can help share their worlds."
- La bonne humeur communicative de Timothée Chalamet. Nommé pour son incroyable performance de jeune Italien amoureux dans Call Me By Your Name, le Franco-américain de 22 ans était la caution jeune et cool de cette cérémonie.
- Le retour de Faye Dunaway et Warren Beatty. L'an dernier, ils avaient commis la plus grosse bourde de l'histoire des Oscars : annoncer que La La Land avait remporté le Graal et non Moonlight... L'affaire a fait la Une pendant des semaines. Crucifiés à tort en 2017, il était temps que les organisateurs rendent justice à ces deux monuments du cinéma américain.
- La chemise de James Ivory. Si la presse people aime se délecter des robes des actrices aux Oscars, il convient de préciser qu'hier soir le scénariste de Call Me By Your Name était particulièrement stylé. Avec le visage de Timothée Chalamet dessiné sur lui, il a fait sensation.
- Guillermo Del Toro lorsqu'il découvre qu'il a remporté l'Oscar du meilleur film. Aussi abasourdi que nous (qui espérions une victoire surprise de Get Out), le réalisateur de The Shape of Water avait tout d'un enfant un matin de Noël.
Points faibles :
- Dire que l'on aime Jimmy Kimmel serait un doux euphémisme. D'ordinaire drôle et couillu, il semblait pourtant complètement au fond du trou hier soir, épuisé sous le poids de la pression. Dans son viseur dès le début de la cérémonie, le président américain en a pris pour son grade. Mais n'était-ce pas un peu facile ?
- Le moment anti-Trump juste avant la performance de Gael Garcia Bernal, Miguel et Natalia Lafourcade. Venus interpréter leur titre "Remember Me" présent sur la bande originale de Coco, ils étaient précédés par des propos pro-immigrants et pro-Mexique peu subtils et trop attendus.
- Un palmarès trop prévisible : Dunkirk vainqueur côté montage, mixage et montage son, qui aurait pu le prédire ? Tout le monde. Allison Janney récompensée pour son second rôle dans Moi, Tonya ? C'était annoncé. Blade Runner 2049 vainqueur côté effets spéciaux ? Une évidence ! James Ivory enfin oscarisé pour le scénario adapté de Call Me By Your Name ? Sans blague.
- Une cérémonie trop longue que même Jimmy Kimmel n'a su rendre plus dynamique. Incitant les vainqueurs à être brefs leurs discours de remerciement, l'animateur phare de ABC est allé jusqu'à offrir un jet ski d'une valeur de 18.000$ au costumier de Phantom Thread, Mark Bridges, pour son speech de seulement 30 secondes.