Mon film de l’année: Moonlight, sublime drame queer

Posté par wyzman, le 28 décembre 2017

Sans surprise, le film qui m’a le plus marqué, touché et ému cette année est Moonlight de Barry Jenkins. Il y a un an, j’annonçais même fièrement que c’était le film que j’attendais le plus en 2017. Et je n’ai pas été déçu !

Pendant 110 minutes, Moonlight raconte l’évolution (voire carrément la transformation) de Chiron, un enfant noir issu des quartiers pauvres de Miami et persécuté par ses camarades en un homme muré dans le silence et rongé par ses démons. La raison de son mal-être ? Elle est double. Il y a tout d’abord cette mère qui est accro à la drogue et incapable de prendre soin de lui et cette orientation sexuelle qu’il n’arrive pas à définir mais qui fait naître en lui un désir certain pour Kevin, son meilleur ami d’enfance.

Auréolé de trois Oscars (meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali), Moonlight est le film le plus récompensé de l’année dernière. Mais c’est également le résultat d’une incroyable success story. Celle qui voit se croiser deux scénaristes de talent, trentenaires, noirs et homosexuels, la société de production de Brad Pitt et le seul acteur de série dont le talent en fait le digne héritier de Denzel Washington.

Découpé en trois parties où la tension dramatique est à son paroxysme, Moonlight est porté par trois versions toutes magnifiques de Chiron. Alex R. Hibbert incarne un jeune Chiron curieux de savoir ce qu’est une « pédale », Ashton Sanders est un adolescent fasciné par les rapports sexuels qu’a son meilleur ami quand l’impressionnant Trevante Rhodes émeut en homosexuel baraqué mais refoulé. Véritable tour de force visuel, Moonlight et surtout la photographie de James Laxton parviennent à sublimer de manière identique trois acteurs bien différents et à rendre justice au charme des hommes noirs.

Plein d’empathie, le scénario donne une place importance aux silences et aux non-dits. A ces spectateurs impatients et trop pragmatiques qui ont fustigé l’absence de fin arrêtée, je leur réponds sans détour que c’est là que réside la force de Moonlight, dans le fait de laisser volontairement chacun décider de la suite du parcours de Chiron. Poétique et symbolique, Moonlight est le grand film que la communauté queer mérite... à moins que ce ne soit Call Me By Your Name ?

Les autres films marquants de l'année
Le film d'animationBigfoot Junior de Ben Stassen et Jérémie Degruson. Une petite pépite belge, faite avec amour et qui traite avec brio du rapport père-fils.
Le film français120 battements par minute. Véritable plongée au cœur des actions d’Act Up-Paris, le film de Robin Campilo a fait pleurer de rage la Croisette et la France. Certains y ont vu de cultiver la mémoire collective, d’autres une tentative ratée de faire un grand drame sur fond de débâcle politique.
Le blockbusterLes Derniers Jedi. Auteur de la future trilogie Star Wars (la quatrième donc), Rian Johnson a essayé de s’émanciper de la mythologie trop oppressante de George Lucas.
Le film surfaitLe Fidèle de Michaël R. Roskam. A force de voir en Adèle Exarchopoulos une grande star du box-office, on en oublierait presque l’essentiel : la nécessité d’avoir du talent pour livrer de grandes performances.
L'objet filmique non identifiéMy Little Pony de Jayson Thiessen. Ça galope partout et ça envoie des sorts mais ça ne décolle jamais vraiment !

Tom Hanks va jouer le vieux grincheux Mr. Ove

Posté par vincy, le 24 septembre 2017

A l'origine c'était un livre de l'écrivain suédois Fredrik Backman traduit en France en 2014 sous le titre Vieux, râleur et suicidaire: la vie selon Ove. Puis ce fut un film suédois, Mr. Ove (A Man called Ove), réalisé par Hannes Holm, nommé deux fois aux Oscars cette année (film en langue étrangère, maquillages), prix du public à Cabourg, prix de la meilleure comédie aux European Film Awards, prix du public, du meilleur acteur et du meilleur maquillage aux Guldbagge Awards (les César suédois) et enfin prix d'interprétation masculine au Festival de Seattle.

Le film avait été de très loin le leader du box office suédois en 2016 avec 1,7 million d'entrées (deux fois plus que Le livre de la jungle, 2e de l'année), en plus d'être le seul film nordique finissant dans le Top 10. Au final, cette comédie grinçante a récolté 26,5M$ dans le monde: si aux USA, il s'agissait du film en langue étrangère le plus vu, en France, il a connu un bide retentissant avec à peine 12000 entrées. Son succès mondial en fait l'un des plus gros succès suédois après Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (51M$).

Il faudra maintenant compter sur le remake hollywoodien (après tout Millénium était aussi suédois d'origine). Tom Hanks incarnera le grincheux, associable et aigri Monsieur Ove. L'acteur, récemment vu dans Le cercle, co-produira le film avec sa femme Rita Wilson. Le livre avait été un énorme succès en librairie même aux Etats-Unis (77 semaines dans la liste des best-sellers du New York Times) et a été traduit en 43 langues.

Du film, on écrivait: "Il y a bien tous les ingrédients d’un « feel good movie », doublé d’un portrait de contemporains, entre ceux qui se replient sur eux-mêmes et ceux qui croient encore à l’ouverture sur les autres."

Tom Hanks sera à l'affiche cet hiver de The Post, de Steven Spielberg. Pour l'instant aucune date de tournage ni de nom de réalisateur n'ont été annoncés. Il devrait aussi être à l'affiche de Greyhound l'an prochain.

Cannes 2017 : une cérémonie d’ouverture avec Trump dans le viseur

Posté par kristofy, le 18 mai 2017

« Sur l'écran noir de mes nuits blanches, moi je me fais du cinéma... » Benjamin Biolay et Louane ont chanté la célèbre chanson de Claude Nougaro et de Michel Legrand, accompagnés de la danseuse Blanca Li. Quand on entend 'Ecran Noir' ça nous plaît beaucoup car suit après la promesse que l'écran va s'illuminer d'images projetées...

C'est la maîtresse de cérémonie Monica Bellucci (la deuxième fois dans ce rôle) qui a ensuite éclairer de sa présence la scène avec une robe aux transparences audacieuses (l'alerte tétons n'était pas loin). Un discours dont la politesse a aussi permis d'être un peu féministe et politique : « Ici toutes les voix peuvent être écoutées, l'identité du cinéma n'a ni sexe ni drapeau ni frontière ».

Et comme pour lui donner raison, Asghar Farhadi, qui a déclaré le festival ouvert aux côtés de Lily-Rose Depp, qui avait boycotté les Oscars suite au bannissement de musulmans de certains pays aux Etats-Unis, a rappelé que Cannes reste "une place où les gens dialoguent entre eux avec enthousiasme à propos de cinéma et partagent de mémorables moments.". Sa présence même était une pique à l'Amérique de Trump.

Après la présentation des différents membres du jury présidé par Pedro Almodovar ("Je promets d'être subjectif, passionné et souple" a-t-il promis), on a eu le droit à un petit numéro de danse inspiré de ses films, avec en bonus Monica Bellucci embrassant Alex Lutz, remake moins glam que le baiser fougueux entre Laurent Laffite et Catherine Deneuve l'an dernier.

La petite blague avec une erreur d'enveloppe (so hiver 2017 et pas gentil pour les Oscars) était inutile et ringarde. Mais bon passons. Les cérémonies ne sont pas un savoir-faire très français.

Mais c'est un film très français, Les Fantômes d’Ismaël d'Arnaud Desplechin, qui a fait l'ouverture

«Bonne lumière à tous ! »

I am not your Negro : la fabrique de la discrimination raciale

Posté par vincy, le 9 mai 2017

Ce mercredi sort en salles I am not your Negro (Je ne suis pas votre nègre), documentaire maîtrisé et passionnant réalisé par Raoul Peck. En VO la voix est celle de Samuel L. Jackson, en VF, le spectateur aura celle de JoeyStarr. Sophie Dulcad distribution a prévu une sortie modeste sur moins de 20 copies, mais avec plusieurs séances événementielles (avec débats le plus souvent) dans des cinémas franciliens notamment à partir du 10 mai.

Une flopée de prix

Le documentaire vadrouille de festivals en festivals depuis sa première à Toronto en septembre dernier, ce qui lui a permis d'être nommé aux Oscars et aux Independent Spirit Awards en février dans la catégorie du meilleur documentaire. Depuis son prix du public dans la catégorie docu à Toronto, il a glané plusieurs prix. A la dernière Berlinale, il a remporté le prix du public dans la section Panorama et une mention spéciale du jury œcuménique. Le public l'a aussi récompensé au Festival de Chicago, au Festival des Hamptons, au festival de Portland et au Festival de Philadelphie (où le film a aussi reçu le prix du jury). Les critiques de Los Angeles, San Francisco et ceux de Dublin l'ont sacré meilleur documentaire. L'Association des documentaristes lui a décerné le prix du meilleur scénario. A Thessalonique, le film a été distingué par le prix Amnesty International. Aux USA, distribué par Amazon studios, il a récolté 7M$ de recettes, soit le 4e meilleur score pour un docu depuis début 2016.

Très bon score sur Arte

Arte a déjà diffusé le documentaire dans version française il y a deux semaines. La chaîne culturelle s'est ainsi offert la cinquième meilleure audience annuelle avec 650000 téléspectateurs, auxquels se sont ajoutés 380000 visionnages en rattrapage, soit le record mensuel pour Arte+7.

Pourquoi ce documentaire est-il si intéressant? Le pitch est assez sobre: "À travers les propos et les écrits de l’écrivain noir américain James Baldwin, Raoul Peck propose un film qui revisite les luttes sociales et politiques des Afro-Américains au cours de ces dernières décennies. Une réflexion intime sur la société américaine, en écho à la réalité française. Les mots de James Baldwin sont lus par JoeyStarr dans la version française et par Samuel L. Jackson dans la version américaine."

La suite d'un roman inachevé

En fait, Raoul Peck, maniant les archives comme un chef d'orchestre assemble les instruments pour rendre harmonieux une partition, décode la manière dont l'identité afro-américaine s'est construite, et comment elle s'est retrouvée marginalisée, discriminée, et attaquée dans une Amérique qui n'a pas su quoi faire de ses descendants d'esclaves. Pour cela il prend un témoin, James Baldwin, écrivain et intellectuel noir et homosexuel, et trois figures mythiques du combat des droits civiques: Medgar Evers, mort le 12 juin 1963, Malcolm X, mort le 21 février 1965 et Martin Luther King Jr., mort le 4 avril 1968. "Les trois ont été considérés comme dangereux parce qu’ils levaient le voile sur le brouillard de la confusion raciale" explique le réalisateur.

James Baldwin voulait écrire sur ces trois hommes dans ce qui serait son dernier ouvrage, Remember This House, inachevé. Ecrivain prolifique et considéré comme un observateur précis et lucide de la société américaine, il avait anticipé la montée des communautarismes et des tensions sociales. Plus surprenant, il se désolait dans les années 1960 qu'il faille attendre au moins 40 ans pour avoir un Président noir à la Maison-Blanche (l'Histoire lui aura donné raison). Il pointait du doigts les gestes visibles et les non-dits de la société à l'encontre des minorités. Il parlait déjà d'identité.

L'image fantasmée des noirs d'Amérique

"J’avais honte d’où je venais. J’avais honte de la vie dans l’Eglise, honte de mon père, honte du blues, honte du jazz, et bien sûr honte de la pastèque. Tout ça, c’était les stéréotypes que ce pays inflige aux Noirs : que nous mangeons tous de la pastèque et que nous passons notre temps à ne rien faire et à chanter le blues, et tout le reste, j’étais vraiment parvenu à m’enfouir derrière une image totalement fantastique de moi qui n’était pas la mienne, mais l’image que les Blancs avaient de moi" expliquait-il au début des années 1960.

En mélangeant politique, histoire, psychologie et humanisme, sa réflexion, et on le constate tout au long du documentaire au fil de ses interviews ou en écoutant ses textes, n'est pas seulement visionnaire et ne résonne pas seulement avec justesse: elle décrypte minutieusement comment l'Amérique fabriquait une société discriminante, raciste, violente. Et ça n'a pas changé depuis 40 ans. Les incidents et accidents continuent. Les émeutes et les manifs sont toujours là. La fracture n'est pas résorbée. "Le plus consternant est que toutes ces choses ne seraient peut-être pas aussi terribles si, lorsque vous vous retrouvez devant des Blancs pleins de bonne volonté, vous ne vous rendiez pas compte qu’ils ne savent rien de tout cela, et n’en veulent rien savoir" résumait l'écrivain.

Un docu aussi visuel que politique

Raoul Peck démontre ainsi le chaos cyclique qui perturbe la bonne relation entre les communautés, revient sur les racines du mal et décortique l'aspect structurel toujours présent qui entraîne une défiance régulière entre l'Amérique WASP et les afro-américains. Le réalisateur expérimente ainsi un propos très politique avec un formalisme complexe. C'est un puzzle qu'il compose, explosant les codes narratifs classiques du documentaires pour en faire un film plus expérimental, très esthétique, qui met en valeur James Baldwin, ses opinions et leur liens avec l'Histoire américaine. Il s'autorise à insuffler une liberté de pensée, à inviter de la musique et de l'humour, à dramatiser en ne masquant rien de la brutalité, de l'exploitation, des assassinats et des injustices d'un peuple à la fois victime et combattant.

I am not your Negro est aussi visuel que philosophique, sonore que pédagogique. Il se réapproprie toute la culture "noire", des clichés aux malentendus, des icônes aux erreurs historiques. Il "monte" et "découpe" son récit emblématique tout en démontant et coupant les préjugés idéologiques. Il colorise des archives et passe en noir et blanc des images plus modernes. Il trouble notre vision chronologique pour mieux assumer l'unité de temps et de lieu d'un phénomène qui dure depuis plus de deux siècles. De la même manière, les archives sont diversifiées, de programmes télévisés populaires à des interviews et débats plus costauds en passant par des extraits de films hollywoodiens. Ce montage "kaléidoscopique, frénétique et poétique", comme un mix de DJ revisitant des airs connus, permet évidemment de ne pas rendre ce film ennuyeux. Loin de là. Une heure et demi, ça semble presque court.

Insécurité raciale

Outre l'intelligence de l'ensemble, le prosélytisme bienvenu, et la force de son propos, I am not your Negro fait indéniablement écho aux antagonismes sociaux actuels en Occident. "Ce n’est pas tout ce que vous avez pu me faire qui vous menace. C’est tout ce que vous avez fait à vous-même qui vous menace" écrivait-il. Il précisait même : "J’imagine qu’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent à leurs haines avec tellement d’obstination, est qu’ils sentent qu’une fois la haine partie, ils devront affronter leurs souffrances." En renvoyant les bourreaux à leur propre misère, il avait compris que le problème des exclus était moins le leur que celui des excluants. Critique insatiable des pouvoirs dominants et supérieurs (religions, blancs, politiques...), il interpellait notre insécurité culturelle dans Le jour où j'étais perdu : La vie de Malcolm X:
"Pourquoi ne demandez-vous pas aux Blancs, qui sont vraiment entraînés à la violence, ce qu’ils pensent de tous les Noirs innocents qu’ils tuent ? Quand un jeune blanc tue, c’est un problème « sociologique ». Mais quand un jeune Noir tue, vous êtes prêts à construire des chambres à gaz. Comment se fait-il que vous ne vous inquiétiez jamais quand les Noirs se tuaient entre eux ? Tant que l’on massacrait les Noirs de sang-froid, tant qu’on les lynchait, vous disiez : « les choses s’arrangeront »."

Edito: Life is bigger than films

Posté par redaction, le 2 mars 2017

On croyait les scénaristes dotés d'une imagination sans limites. On critiquait même, parfois, l'exagération de certains scripts hollywoodiens, toujours prompts à la surenchère ou au rebondissement artificiel. Mais on doit reconnaître que ce final des Oscars, épiphénomène médiatique qui nous régale mais qu'on aura vite oublié tant il a peu d'importance sur le cours de nos vies, était sacrément machiavélique.

Un twist digne d'Usual Suspect ou de Sixième sens. C'est l'épilogue de Lost en spectacle vivant. Et en plus, à la fin, c'est le plus petit qui gagne. Moonlight, en partie auto-produit, tourné rapidement, avec un sujet engagé, plaidoyer vibrant pour les minorités, l'a finalement emporté. Le chaos qui régnait alors sur la scène du Dolby Theatre était inimaginable.

En France, c'est la vie politique qui nous offre le meilleur feuilleton de l'année, à raison d'un épisode de la saga par semaine. C'est House of Cards en live. Rien ne se passe comme prévu. Et malin celui qui pourra prédire la fin de la saison début mai. On en vient à suivre les péripéties d'une campagne électorale comme on se captive pour une série télévisée, commentaires sur les réseaux inclus. Quiconque aurait écrit un scénario de ce genre aurait été accusé d'en faire trop. Pourtant le trop est bien réel.

Ironiquement, pendant que la vie présente nous offre des histoires à dormir debout, le cinéma se teinte de nostalgie. Aucun rebondissement dans Logan, T2 Trainspotting, Patients ou 20th Century Women, qui sortent cette semaine dans les salles. Ces films regardent dans le rétroviseur et rappellent que la vie est courte et semée d'embûches, ponctuée d'erreurs, et se termine toujours de la même façon: on vieillit, on meurt. Point de héros, juste des hommes et des femmes abimés par l'existence, physiquement ou psychologiquement. Il n'y a pas, ici, un retournement de situation où Wolverine rajeunirait, où Rent Boy et ses potes vivraient heureux, où des handicapés seraient de nouveau entièrement valides, où Abbie guérirait de son cancer. Le cinéma est, paradoxalement, plus réaliste que la fiction.

"La réalité dépasse la fiction, car la fiction doit contenir la vraisemblance, mais non pas de la réalité” disait Mark Twain. On est en plein dedans: dans ce monde absurde et irrationnel. On croit davantage à un mutant aux griffes de métal qu'à notre propre système médiatique ou politique, qui n'inspire désormais que le doute ou la méfiance.

Calvin Klein s’offre les acteurs de Moonlight

Posté par wyzman, le 1 mars 2017

Long métrage le plus récompensé de l'année, Moonlight n'a pas manqué de marquer l'histoire du cinéma américain dimanche soir en remportant l'Oscar du meilleur film (face à Premier contact, Fences, Tu ne tueras point, Comancheria, Les figures de l'ombre, La La Land, Lion et Manchester by the Sea). Et si la fin de la soirée a été on ne peut plus mouvementée (personne n'oubliera le couac dinal), l'équipe de Moonlight a de quoi se frotter les mains cette semaine.

Il y a quelques heures, la marque américaine Calvin Klein a en effet dévoilé les premiers clichés de sa nouvelle campagne Calvin Klein Underwear sur lesquels figurent les quatre acteurs principaux du film de Barry Jenkins : Mahershala Ali (43 ans), Trevante Rhodes (27 ans), Ashton Sanders (21 ans) et Alex Hibbert (12 ans). Présents ensemble sur le tapis rouge de la 89ème cérémonie des Oscars, les trois derniers acteurs qui campent Chiron avaient déjà fait le bonheur des photographes en arborant de sublimes costumes… Calvin Klein !

Simplement baptisée "Revelation", la campagne printemps 2017 de la marque est déjà partout sur la toile. Connue pour sa grande sensibilité, il va sans dire que le nouveau directeur artistique de Calvin Klein, Raf Simons, signe ici un très beau coup marketing. Eh oui, Calvin Klein s'offre en parallèle le premier acteur de confession musulmane à être oscarisé, Mahershala Ali. Un fait qui pourrait sembler anodin si, entre le début de la tournée promotionnelle de Moonlight et les Oscars 2017, Donald Trump n'était pas devenu président des Etats-Unis ! Pour rappel,  Mahershala Ali, Trevante Rhodes, Ashton Sanders et Alex Hibbert succèdent à des stars telles que Mark Wahlberg, Kellan Lutz, Mehcad Brooks et Jamie Dornan.

Oscars 2017: La La Land, Moonlight, deux enveloppes et un addict aux tweets

Posté par cynthia, le 1 mars 2017

Dans la nuit de dimanche à lundi, le plus grand malaise de l'histoire des Oscars a eu lieu au Dolby Theater. Non ce n'est pas Jennifer Lawrence qui s'est encore cassée la figure, c'est bien pire: ils ont annoncé le mauvais gagnant. Alors si vous vivez dans une grotte et que vous n'avez pas vu cet accident industriel, on vous rappelle les faits.

Le pataquès sur scène devant les caméras

La cérémonie touche à sa fin lorsque Faye Dunaway et Warren Beatty, le duo de Bonnie & Clyde (ça finissait mal d'ailleurs ce film) sont appelés à annoncer le grand gagnant, soit l'Oscar du meilleur film. Silence dans la salle, Warren ouvre l'enveloppe, semble mal à l'aise, regarde son amie, regarde l'enveloppe, regarde de nouveau son amie qui termine par lui lancer un "Non mais vas-y" avant d'hésiter (deux fois), de regarder le papier de la discorde puis l'actrice à ses côtés. N'en pouvant plus, Faye lui arrache l'enveloppe, mot devenu très tendance, et annonce le titre du film qu'elle voit: "La La Land!" Damien Chazelle sert dans ses bras avec fougue sa petite copine, toute l'équipe saute de joie et monte sur scène. Les producteurs Jordan Horowitz, Fred Berger, Marc Platt remercient tout le monde. Mais soudainement, alors qu'il discute avec Ryan Gosling, Horowitz déboule devant le micro. Il a entendu quelque chose et balance dans la confusion la plus totale: "Les gars, il y a eu une erreur! Moonlight c'est vous qui avez gagné ! Ce n'est pas une blague !" Alors que tout le monde s'attend à ce qu'il découpe son Oscar tel Adele avec son Grammy, afin de le partager avec l'équipe de Moonlight, le producteur de La La Land arrache la nouvelle enveloppe que l'on vient de donner à Warren Beatty pour montrer à la caméra et à l'assistance que c'est bien le film de Barry Jenkins qui est marqué sur le carton... Le temps que l'équipe de La La Land se mette en retrait, que Jimmy Kimmel intervienne un peu hagard, que Warren Beatty explique sa confusion, et que l'équipe de Moonlight monte sur scène et reçoive ces applaudissements: le mal était fait.

Choc dans l'assemblée nous avons eu le droit aux meilleures réactions de l'histoire du septième art, entre Ryan Gosling qui pouffe de rire sur scène (on adore), l'équipe de Moonlight où chacun se maintien la poitrine, Dwayne Johnson qui lève tellement son sourcil que ce dernier s'est réfugié en son crâne, Casey Affleck aussi mal à l'aise que lorsqu'il a été accusé d'agressions sexuelles ou encore Michelle Williams et Meryl Streep la bouche bloquée dans un "WHAT"! En 89 ans, c'était une première. Tout a foiré.

Pendant ce temps, dans les coulisses...

Dans les coulisses, Jimmy Kimmel prépare sa sortie avec Matt Damon. Il est tranquille mais l'acteur lui dit qu'il a entendu le régisseur parler d'erreur sur le gagnant. Kimmel ne comprend pas tout de suite, de son propre aveu, et son ami Damon le pousse à aller sur scène pour calmer l'effervescence.

Damien Chazelle sert dans ses bras le réalisateur de Moonlight (mais quel homme ce Damien) avant de s'éclipser, le regard sombre, avec son équipe de la scène. Warren Beatty s'excuse en expliquant qu'il avait la précédente enveloppe dans les mains (Oscar à Emma Stone pour LA LA LAND) et non celle qu'il devait avoir. Or, Emma Stone (grande fan de Moonlight), lors de son interview en backstage, explique qu'elle était très excitée pour Moonlight "car c'est le meilleur film de tous les temps" et qu'elle s'est mise sur le côté tout en tenant dans ses mains le carton où était inscrit son nom. "J'étais ultra-excitée pour Moonlight et je tenais la carte avec mon nom en tant que meilleure actrice tout ce temps! Je n'ai pas envie de commencer une histoire ou quoique ce soit mais je veux juste préciser que j'avais cette carte dans les mains! Du coup je ne sais pas ce qui s'est passé et j'ai vraiment eu envie de vous en parler en premier!"

Donc, DOUX JESUS que s'est-il passé? Un complot afin de discréditer le film hollywoodien par excellence que tout le monde voyait gagner? Miles Teller aurait-il jeter un sort à Damien Chazelle après avoir été évincé du projet La La Land?

Selon d'autres rumeurs et même si Emma Stone affirme avec force qu'elle avait son carton, l'un des responsables des enveloppes, Brian Cullinan, à ce poste depuis 4 ans, était plus occupé à tweeter des photos avec les lauréats (qu'il a retiré par la suite, comme par hasard) qu'à surveiller le bon échange des papiers sacrés. Quand on vous dit que les réseaux sociaux sont un fléau! Mais désormais on en a la preuve: Variety a réussit à obtenir des photos de Brian Cullinan en coulisses durant toute cette séquence.

Le distrait

En fait il y a deux piles d'enveloppes : pour chacune des catégories, il y a deux cartons si vous préférez. L'une à la gauche de la scène, l'autre à la droite. Selon par où entrent les remettants. Le rigoureux cabinet PwC, en charge de l'opération "enveloppe", ne s'était jamais trompé pourtant en 83 ans. C'est arrivé ce soir là. Quelqu'un, distrait par son narcissisme, a confondu de pile. Mais immédiatement, Cullinan et sa collègue Martha Ruiz, qui connaissent par cœur la liste des vainqueurs, comprennent qu'il y a une erreur. Martha Ruiz ouvre alors l'enveloppe de sa pile pour vérifier que c'est normalement Moonlight le gagnant. Et Cullinan a alors prévenu toute la production. Cela a quand même pris deux minutes entre La La Land de Dunaway et Moonlight de Horowitz.

Avec ce scandale, soit le moment le plus dingue de toute l'histoire de l'académie, les Oscars ont réussi à faire parler d'eux alors que c'est le film le moins coûteux de l'histoire de la récompense qui a été primé. PwC a évidemment pris l'entière responsabilité de son erreur. Cela a empêché Jimmy Kimmel de faire son épilogue avec Matt Damon. En revanche, les internautes ont très vite détourné ce moment, de M. Night Shyamalan qui avoue avoir écrit la fin de cette cérémonie, à Kimmel qui confesse qu'un tel final ne s'était jamais vu à la TV depuis l'épilogue de Lost, en passant par ceux qui ont parodié le carton.

L'académie s'est excusée. Une enquête est en cours. Des têtes vont tomber. Pendant ce temps, on peut dire que la victoire de Moonlight a été un peu volée (le temps des discours a été fortement réduit) et que le triomphe de La La Land a été amoché.

César / Oscars: Moins d’audience à la TV mais plus de salles pour les lauréats

Posté par vincy, le 28 février 2017

jerome commandeur jimmy kimmelIls ont été césarisés ou oscarisés: Elle, Divines et Moonlight vont essayer de profiter de leur statut de lauréat dès demain dans les salles. Même si dans les deux cas, l'audience TV n'était pas au rendez-vous.

Côté César, Canal+ n'est que 4e de la soirée (retransmise en clair et sur Dailymotion) avec 1,9 million de téléspectateurs, soit 10,5% du public. On est loin du score de l'an dernier (2,5 millions de téléspectateurs, 11,9% de PDA). C'est l'audience la plus faible depuis 2010.

Côté Oscars, pour ABC ce n'est pas mieux. Avec 32,9 millions de téléspectateurs et une PDA d'environ 22%, c'est la plus faible audience depuis 2008. Selon Nielsen, c'est principalement les habitants des grandes métropoles qui ont regardé la cérémonie (New York, Chicago et la Californie).

Dans tous les cas, français comme américain, la formule semble s'user. Après tout, combien attendent le lendemain pour voir les "meilleurs moments" (gaffes ou gags) sur leur smartphone?

Cependant, les lauréats vont quand même essayer de profiter de cet effet d'aubaine.

Elle de Paul Verhoeven, César du meilleur film et de la meilleure actrice, sorti le 25 mai dernier et déjà disponible en vidéo à la demande, avait déjà bénéficié d'une ressortie en salles mi-janvier à l'occasion du festival Télérama, pile-poil au moment des révélations de ses nominations aux César et aux Oscars. Grâce à cette sortie, il s'était ajouté 50000 spectateurs en plus dans son escarcelle. Le film totalise aujourd'hui 603000 entrées, toujours diffusé dans 80 salles. Dès le mercredi 1er mars, Elle sera projeté sur 125 écrans.

Divines d'Houda Benyamina, César du meilleur premier film, du meilleur espoir féminin et du meilleur second-rôle féminin, lui aussi disponible en vidéo à la demande. Tout comme Elle, il est ressorti en salles lors du festival Télérama. Avec seulement 321000 entrées au compteur, c'est sans doute lui qui a le plus à gagner. Le film devrait passer de dix salles à une quarantaine de copies.

Enfin, Moonlight, Oscar surprise du meilleur film, mais également Oscar de la meilleure adaptation et Oscar du meilleur second-rôle masculin, va doubler son nombre de copies en passant de 148 salles à 346. Il a déjà séduit 280000 spectateurs. Il peut espérer dépasser les 500000 entrées. C'est, malgré tout, la troisième année consécutive qu'un lauréat de l'Oscar du meilleur film ne dépassera pas le million de spectateurs en France. Ce film produit pour 1,5 million de $ (le plus petit budget récompensé par un Oscar du meilleur film dans l'histoire de la cérémonie!) a rapporté 22M$ au box office nord-américain. Par anticipation, le distributeur A24 avait ajouté 130 copies dès vendredi dernier. Pour l'instant Moonlight est avant-dernier sur les 40 dernières années: seul Démineurs, en 2009, avait récolté moins de recettes (17M$ au total). Le tout est de savoir si cet Oscar permettra au film de Barry Jenkins de dépasser Birdman, The Artist et Spotlight, tous autour de 40-45M$ (et bons cancres dans la liste des films oscarisés).

Oscars 2017: Moonlight triomphe, La La Land et Manchester by the Sea rayonnent

Posté par vincy, le 27 février 2017

Il y avait une revendication anti-Donald Trump dans l'air. Hollywood est entré en résistance. "Puissiez-vous toujours avoir le courage d'affronter vos peurs" le disait si bien le réalisateur Alan Barillaro, auteur du court de chez Pixar, Piper, en gagnant son Oscar. Dans un registre plus léger, Jimmy Kimmel s'inquiétait: "Ça fait plus de 2 heures qu'on a commencé et Trump a pas fait un seul tweet sur les Oscars... Ça commence à m'inquiéter !". Il lui a donc envoyé un court tweet au président où "Meryl Streep lui disait bonjour", en référence au tweet de Trump considérant Streep "surévaluée". Kimmel en a fait son "running gag" puisqu'il avait déjà balancé plus tôt dans la soirée: "Dès le début de sa carrière, Meryl Streep a été médiocre. Elle a déçu dans 50 films et c'est sa 20ème nomination !" (bon en même temps celle de cette année était peut-être un peu superflue).

Mais Kimmel aussi pointé avec ironie la polémique de l'an dernier sur des Oscars jugés trop blancs: "J'aimerais remercier le président Trump. L'année dernière, on pensait tous que c'était les Oscars qui étaient racistes !"

Accident en direct

Oscars so white? Oubliez-ça! Pour une fois, les Oscars ont sacré, Moonlight, un premier film, avec un casting 100% black et une histoire gay! Le combo total! "Il y a une époque où je pensais que ce film était impossible ! Merci beaucoup" a clamé le cinéaste Barry Jenkins. Bon, on va passer sur l'erreur la plus dingue de l'histoire des Oscars: Warren Beatty et Faye Dunaway présentent l'Oscar du meilleur film. Beatty a un moment d'hésitation, trouvant sans doute étrange ce qu'il lit. Dunaway clame La la Land. L'équipe de Chazelle exulte et monte sur scène! Manque de bol, ce n'était pas la bonne enveloppe ("Ce n'est pas une blague!"). Un accident industriel. C'est bien Moonlight qui l'emporte et un producteur de La La Land, très digne, très classe tend l'Oscar à Barry Jenkins, qui n'en revient pas, assis dans la salle.
On retire tout ce qu'on a dit sur Hollywood qui préfère se regarder dans un miroir et oublie de récompenser des films qui regardent le monde. Pour le coup, cet Oscar du meilleur film est un vrai "face palm" ou une réaction à Trump et à ceux qui l'an dernier accusaient les Oscars de racisme.

Un américain musulman pour la première fois

Dans la catégorie du meilleur second-rôle, ce sont deux afro-américains pour deux films centrés sur des afro-américains, et leurs conditions de vie dans une Amérique qui ne leur fait pas de cadeaux, qui ont gagné. Viola Davis réalise ainsi l'exploit d'être la première interprète afro-américaine à avoir emporté un Emmy, un Tony et un Oscar. Outre l'Oscar du meilleur second-rôle pour Mahershala Ali (et premier acteur musulman à être ainsi lauréat d'un Oscar ce qui a du rendre Trump plus rouge que d'habitude), Moonlight a aussi remporté l'Oscar de la meilleure adaptation. L'auteur de la pièce originelle Tarell Alvin McCraney a d'ailleurs dédié "ce prix à toute la communauté LGBT !" Les minorités assument face à cette Amérique qui tente de revenir en arrière.

Un doublé rare grâce à Farhadi

Et que Le client décroche l'Oscar du meilleur film en langue étrangère (certes les quatre autres nommés n'étaient pas ni meilleurs ni moins bons) et on ne pourra qu'y voir une contestation affichée au Muslim ban du président des Etats-Unis, qui a empêché Asghar Farhadi d'aller sur la scène des Oscars pour la deuxième fois, cinq ans après celui qu'il a reçu pour Une séparation. Boycottant la cérémonie au nom des habitants des sept pays interdits d'entrée aux USA, il a rappelé que les films étaient fait pour partager les valeurs humanistes et abolir les frontières. Il devient le sixième réalisateur à gagner plus d'une fois cet Oscar (après Vittorio De Sica (1948, 1950, 1965, 1972), Federico Fellini (1957, 1958, 1964, 1975), Ingmar Bergman (1961, 1962, 1984), René Clément (1951,1953) et Akira Kurosawa (1952, 1976)).

Le plus jeune cinéaste oscarisé

Cette année, les Oscars ont éparpillé leurs récompenses entre de nombreux films tout en privilégiant Tu ne tueras point, Moonlight, Manchester by the Sea et bien sûr La La Land, qui ont tous gagné plus d'une statuette. Comme si les meilleurs films de l'année avaient chacun leurs propres qualités. De la technique pour le film de Mel Gibson, le scénario et l'acteur pour Manchester by the Sea. Casey Affleck a ainsi logiquement été sacré meilleur acteur, après avoir raflé à peu près tous les prix depuis novembre. la musique et la réalisation pour La La Land, qui récolte 6 Oscars! Damien Chazelle devient le réalisateur le plus jeune à recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur, by the way. Dommage qu'il ait fait un discours si banal... Comme on s'y attendait, Emma Stone rapporte elle aussi un Oscar de la meilleure actrice, empêchant Isabelle Huppert de faire son grand chelem américain. "J'ai encore beaucoup à apprendre mais cette statuette c'est un symbole pour poursuivre ce voyage" a rappelé la jeune actrice.

Ce fut donc un palmarès sans réelle surprise, mais assez équilibré pour cette 89e Cérémonie des Oscars, et la preuve, une fois de plus, que les films d'auteur ont réellement dominé l'année hollywoodienne. C'est d'autant plus une bonne nouvelle que chacun des gagnants a été rentable pour leurs producteurs et même, pour certains, de véritables succès publics. On peut regretter que plus les Oscars majeurs passaient, plus les discours s'affadissaient, avec des tonnes de remerciements personnels. La fin de la soirée était ainsi une suite de consécrations attendues, sans la verve de Jimmy Kimmel ou l'engagement des speechs des premiers gagnants.

Mais Kimmel a été bon jusqu'au bout. Profitant de l'incident sur l'Oscar du meilleur film, il a eu la bonne vanne pour conclure: "Je savais que j'allais foirer... Je vous promets de ne plus jamais revenir !"

Meilleur film: Moonlight
Meilleur réalisateur: Damien Chazelle pour La La Land

Meilleure actrice: Emma Stone dans La La Land
Meilleur acteur: Casey Affleck dans Manchester by the Sea
Meilleur second-rôle féminin: Viola Davis dans Fences
Meilleur second-rôle masculin: Mahershala Ali dans Moonlight

Meilleur film en langue étrangère: Le client d'Asghar Farhadi
Meilleur film d'animation: Zootopie de Byron Howard, Rich Moore et Clark Spencer
Meilleur court métrage d'animation: Piper d'Alan Barillaro et Marc Sondheimer
Meilleur documentaire: O.J.: Made in America d'Ezra Edelman et Caroline Waterlow
Meilleur court métrage documentaire: The White Helmets d'Orlando von Einsiedel et Joanna Natasegara
Meilleur court métrage fiction: Mindenki (Sing) de Kristof Deak et Anna Udvardy

Meilleur scénario: Kenneth Lonergan (Manchester by the Sea)
Meilleure adaptation: Barry Jenkins et Tarell Alvin McCraney (Moonlight)
Meilleure musique: Justin Hurwitz (La La Land)
Meilleure chanson: "City of stars" (La La Land)

Meilleure image: Linus Sandgren (La La Land)
Meilleur montage: John Gilbert (Tu ne tueras point)
Meilleurs décors: David Wasco, Sandy Reynolds-Wasco (La La Land)
Meilleurs costumes: Colleen Atwood (Les animaux fantastiques)
Meilleurs maquillages et coiffures: Alessandro Bertolazzi, Giorgio Gregorini, Christopher Allen Nelson (Suicide Squad)
Meilleur montage (son): Sylvain Bellemare (Premier contact)
Meilleur mixage (son): Kevin O'Connell, Andy Wright, Robert Mackenzie, Peter Grace (Tu ne tueras point)
Meilleurs effets visuels: Robert Legato, Adam Valdez, Andrew R. Jones, Dan Lemmon (Le livre de la jungle)

Moonlight complètement altéré par la censure indienne

Posté par wyzman, le 23 février 2017

A quelques jours des Oscars, le second film de Barry Jenkins est au cœur d'une bien triste polémique. Un utilisateur de reddit a récemment mis en lumière la censure dont Moonlight est actuellement victime en Inde. En effet, le Central Board of Film Certification (soit l'office de régulation et de censure du cinéma indien) a tout simplement modifié un nombre considérable de scènes du film.

Centré sur le parcours d'un jeune garçon noir qui tente de comprendre sa sexualité, le film qui a reçu pas moins de 8 nominations aux Oscars n'a visiblement pas plu aux censeurs dans son état d'origine. Vraiment pas plu ! Ainsi, les mots "bitch", "bitches", "motherfucker" et "dick" ont été assourdis. De plus, la scène au cours de laquelle l'un des protagonistes a un rapport sexuel avec une jeune fille de son école a été coupée, tout comme le rapport sexuel largement suggéré de deux garçons sur la plage.

Dans un pays où même un simple baiser peut choquer les censeurs (ce qui explique pourquoi dans Lion, le couple Dev Patel/Rooney Mara ne s'embrasse pas, par respect pour le public indien, selon son réalisateur), on comprend que cela les révulse...

Mais ce n'est pas tout ! Le CBFC a également pris la peine d'ajouter des spots alertant contre le méfaits du tabagisme avant et au milieu du film et des messages statiques lorsque les personnages fument à l'écran.

L'homosexualité étant toujours un sujet tabou et un crime passible de la prison à vie en Inde, il va sans dire que la sortie de Moonlight ne pouvait avoir lieu sans incident. Néanmoins, les censeurs ont ici complètement altéré le sens et la beauté de Moonlight. Privé de scènes-clés et d'un langage nécessaire à l'appréhension du personnage, le public indien risque d'avoir bien du mal à comprendre la complexité du film et les enjeux de la troisième et dernière partie.

Pragmatique, un autre utilisateur de reddit a tenté la comparaison avec John Wick 2 et écrit ainsi : "toute la violence gratuite [de John Wick 2] est présente dans son ensemble. Le [CBFC] a cette étrange habitude de couper des injures et des scènes intimes mais un gars tué après un coup de fusil de chasse dans sa bouche ? C'est tout à fait acceptable !"

Pour rappel, Moonlight est le film le plus récompensé de l'année. Il a récemment reçu le Golden Globe du meilleur film dramatique et pourrait faire, on l'espère!, une petite razzia aux Oscars de dimanche soir.