Vesoul 2014 : l’Asie vue par Céline Tran

Posté par kristofy, le 26 février 2014

Le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul vient de fêter ses 20 ans ! Tant de passion et d'énergie à transmettre l'amour des films asiatiques depuis une vingtaine d'années, et cela est partagé : quelques cinéphiles qui aiment ces films évoquent leur rapport avec le cinéma asiatique.

Céline Tran est une actrice de la saison 4 de la série Le Visiteur du Futur (à voir en dvd ou sur internet ici) que l'on va retrouver prochainement dans d'autres projets aussi bien pour la télévision que pour le cinéma, après plusieurs années dans l'univers du charme et des films pour adulte sous le nom de Katsuni et après quelques apparitions comme dans Les Kaïra de Franck Gastambide.

Ecran Noir : Si tu devais choisir un film asiatique qui t’a le plus étonnée…
Céline Tran : Le choix est difficile the hosttellement il existe de perles dans le cinéma asiatique. Mais j'ai envie de citer The Host de Bong Joon-Ho que j'ai découvert il y a quelques mois sur Netflix aux USA, en version originale sous-titrée. A mon sens on ne peut apprécier totalement un film et la performance de ses acteurs que dans sa version originale. J'avais été bluffée par Mother et Memories of murder, il me fallait regarder The Host !

Etant donné le titre et le visuel du film je m'attendais à voir un film de monstres, un film d'horreur, mais j'ai trouvé bien plus que cela. Ce film est surprenant, il jongle avec habilité avec les émotions du spectateur rebondissant d'un genre à l'autre (horreur, drame, comédie) sans jamais perdre sa cohérence. Derrière l'aventure invraisemblable d'un parfait anti-héros (l'excellent Song  Kang-Ho) et de sa famille, il y a une critique éloquente de la société coréenne, l'incompétence et la corruption de son système, la manipulation des médias et l'hypocrisie américaine qui se présente une fois de plus comme sauveur de l'humanité.

Et au milieu de cette hystérie parfaitement orchestrée sont parsemés, comme si souvent dans le cinéma coréen, des instants de délicatesse et de poésie, inattendus, rares, touchants. Les monstres ne sont pas forcément  ceux qu'on croit. Ce film est un bijou !

EN : Est-ce que tu te souviens des premiers films asiatiques qui t’ont impressionnée ?
CT : Sans aucun doute, c’est les films de Bruce Lee et de Jackie Chan avec lesquels j'ai grandi. Le premier devait être Big Boss ou La Fureur du Dragon. La violence y est tellement belle. J'étais fascinée par Bruce Lee. Qui ne l'a pas été d'ailleurs ? Je considère comme une chance d'avoir pu voir ses films très jeune. Ce sont de très belles sources d'inspiration malgré la violence des combats. Puisqu'il y a quelque chose de très noble dans ce type d'action.

EN : Les derniers que tu as vus ?
love exposureCT : Les derniers en date sont Tetsuo the Iron Man de Shinya Tsukamoto et Naked Blood de Hisayasu Sato, quelle violence ! Tetsuo est un ovni, une œuvre absolument hypnotique. Sur ma liste à regarder dans les prochains jours : Gozu (Takashi Miike), Glory the filmmaker (Takeshi Kitano), Love Exposure (Sono Sion), Female Convict Scorpion (Shunya Ito) et beaucoup d'autres !

EN : Isabelle Huppert en Corée du sud dans In Another Country de Hong Sang-Soo et aux Philippines dans Captive de Brillante Mendoza, Johnny Hallyday à Hong-Kong dans Vengeance de Johnnie To… Quel pays ou cinéaste asiatique te ferait envie pour un tournage ?
CT : Wow ! Sans hésiter la Corée du Sud ! Avec mes réalisateurs favoris Bong Joon-Ho, Kim Jee-Woon et surtout Park Chan-Wook que je rêve de rencontrer, ce serait juste incroyable de tourner pour lui.

tel pere, tel filsEN : En ce moment le film Tel père, tel fils de Kore-Eda Hirokazu (prix du jury à Cannes, Cyclo d'or d'honneur à Vesoul) sorti le 25 décembre est encore à l’affiche en février dans plus de 50 salles avec plus de 400 000 spectateurs en France (plus que de nombreux films français), ça t’inspire quoi ?
CT : C'est une excellente nouvelle. J'ai l'impression qu'il y a un intérêt grandissant pour le cinéma asiatique. Je trouve ça réconfortant de constater que les blockbusters américains n'ont pas forcément le monopole.

Je suis moi-même allée voir Tel Père, Tel fils, c'est drôle, le public se comportait comme lors d'une exposition d'art. Il y avait un silence total dans la salle, une sorte de respect, de recueillement devant une œuvre qui donne à réfléchir.

Le cinéma n'est pas juste un divertissement, il reprend ici ses lettres de noblesse en étant également objet d'art, fenêtre sur une autre culture, proposition d'un autre point de vue et miroir de notre propre condition.

Les Kaïra ont le rire gras

Posté par cynthia, le 11 juillet 2012

Les Kaïra est une comédie pour ceux qui en doutent après avoir vu le film. Après avoir tourné une "parodie de télé-shopping à la sauce banlieusarde", les sketchs d'1 minute 30 tournés en bas de chez eux ont rapidement intéressent Canal +, qui leur a proposé de les diffuser sur le site de la chaîne. Kaïra Shopping est alors devenue une websérie de Canal +et la troisième saison a été diffusée à la TV, preuve de la notoriété de Medi, Franck et Jib alias Abdelkrim, Mousten et Momo. Il est vrai qu'avec les pubs Pepsi, on se disait que nos trois héros allaient crever l'écran ; hélas, Les Kaïra c'est loin de "déchirer grave".

Les stéréotypes, représentatifs de la vie dans les cités, et qui auraient pu faire rire les spectateurs, font pitié par la représentation stupide d'un jeu d'acteur beaucoup trop hyperbolique ; l'exagération des clichés de la vie dans les banlieues, ça foutait presque la haine.

Même si l'humour est présent, il y est littéralement noyé par des obscénités inutiles : les grosses avec lesquelles on copule car on rien d'autre sous la main, la plus importante taille du pénis ou encore les magazines de porno que l'on trimballe sur soit. Même un ado abruti par sa console de jeu et gavé de Confessions intimes sur TF1 fait mieux. Les répliques, extrêmement vulgaires, feraient passer un titre de Booba pour un chant religieux, quant aux scénario il est à l'inverse de se que l'on pouvait imaginer.

Le film n'est qu'un prétexte pour parler de "meuf" et surtout de porno dont nos trois protagonistes sont friands. On leur suggère de se brancher sur Youporn, ou de baiser ensemble.

Au lieu de se focaliser sur la vie d'une racaille, le film se focalise sur la vie sexuelle (néante) de nos trois banlieusards et de leurs rêves de "gros nibards", de belles voitures et de fric.  Malgré une grosse tentative de rapprochement d'avec la comédie Very bad trip (l'animal exotique, le générique avec les photos), Les Kaïra entre dans la catégorie navet (genre films avec Michael Youn faisant passer une comédie d'Eric et Ramzy pour un chef d'oeuvre à la Blake Edwards), à la fois raté et catastrophique; bref ça craint.

L’instant Court : L’amour à contrechamp, avec Katsuni

Posté par kristofy, le 6 janvier 2012

katsuniComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après un Retour sur 10 films marquants de l’année 2011, voici l’instant Court n° 62.

Elles ne sont pas si nombreuses les actrices françaises à avoir du succès aux Etats-Unis : Juliette Binoche, Marion Cotillard… et Katsuni.

Présenter Katsuni pour qui n’aurait jamais entendu son nom est plutôt délicat en utlisant quelques mots en français, ceux-ci se révèlent moins jolis qu’elle : actrice porno et strip-teaseuse peuvent malheureusement résonner de manière péjorative. Katsuni est une star du X en France et aux Etats-Unis, et pour une fois les mots en anglais sont préférables : la belle est une adult movies actress et une show-girl. Elle a déjà reçu une trentaine de prix internationaux,  c'est l'actrice X française la plus populaire dans le monde. Katsuni est régulièrement invitée dans des émissions de télé et de radio pour faire dresser leur audience, elle a été elle-même animatrice télé (sur MCM et sur Tps Star)… Katsuni écrit aussi des chroniques sur les coulisses de l'industrie du porno sur un blog du magazine Les InRocks.

Katsuni a déjà quelques expériences comme actrice dans le cinéma, elle est choisie par Gaspar Noé pour son court-métrage We fuck alone (un segment du film Destricted) et elle a fait une voix dans le film d’animation Les Lascars de d’Albert Pereira-Lazaro et Emmanuel Klotz. Ces deux films avaient d’ailleurs été sélectionnés par La Semaine de la Critique au Festival de Cannes.

Voila donc L’amour à contrechamp, un court-métrage réalisé par Frédéric Murarotto, avec notamment l’acteur Nicolas Ullmann (retouvez-le ici) et aussi Katsuni. On y découvre le tournage d’un film où les deux comédiens qui doivent jouer une scène d’amour se détestent…

A noter : les cinémas MK2 organisent un concours de courts-métrages, et les dix films gagnants seront diffusés en avant-séance, plus de 200 films ont été proposés dont celui-ci. On vous invite donc à voter pour L'amour a contrechamp : cliquez sur le "V" en haut a gauche de l'ecran de la vidéo pendant que le film se joue.


Le réalisateur Frédéric Murarotto nous a confié ceci : « Je connais Katsuni depuis longtemps et j'ai toujours trouvé qu'elle avait un grand sens comique. Elle n'a pas peur du ridicule et fait preuve d'autodérision ce qui constitue pour moi, une preuve de plus de son intelligence. Une des raisons qui la mette au dessus des autres d'ailleurs dans le monde du porno. »

L’actrice Katsuni nous commente l’expérience du tournage de L’amour à contrechamp :

- Ecran Noir : Qu’est ce qui est différent entre être reconnue comme une actrice professionnelle du X et devenir une célébrité publique connue plus largement par tous ? 
- Katsuni :
A partir du moment où l'on est présent dans des médias grand public, on rentre dans la sphère qui lui correspond, on n'est par conséquent plus reconnu, plus accepté, plus apprécié (si évidemment on se montre sympathique sur un plateau télé) même si on reste évidemment une bête curieuse. Les gens vous voient plus comme une personnalité qu'une "simple" actrice porno, vous prenez  à leurs yeux plus de valeur. Ils ont moins de pudeur, moins de gêne à admettre qu'ils vous reconnaissent, ils peuvent même devenir "fans" uniquement parce que vous avez fait bonne impression. Tenir un blog est une parfaite opportunité de s'exprimer pleinement, sans être censuré. On est toujours plus ou moins manipulée lors d'une interview. En écrivant je vais au-delà de l'image X, je m'exprime autrement que par mon corps et me fais connaître par mes idées. C'est une excellente manière de créer un lien avec le public quelque soit son goût ou son aversion pour le porno, et pour ne pas rester en marge. Tout cela peut en effet encourager les opportunités professionnelles puisqu'être un personnage public, plus accessible, rassure ; mais il faut rester lucide, une actrice porno garde toujours une étiquette très forte. Etre connue ne suffit donc pas forcément à briser tous les tabous et préjugés. Il faut du temps pour véritablement faire ses preuves.

- Ecran Noir : Comment le réalisateur Frédéric Murarotto vous a convaincu d’apparaître dans son projet de court-métrage ?
- Katsuni : Il n'a pas eu besoin de me convaincre ! Pour être honnête, il a suffi qu'il me parle de son projet en me faisant le lire le script pour que je suis sois partante. L'amour à contre-champ est très bien écrit, très drôle. J'ai adoré y participer, et je serai la première à répondre présente le jour où Frédéric me propose un deuxième projet. Peu importe si le rôle reste un clin d'œil. Ce qui importe est de participer à quelque chose qui m'interpelle et m'amuse.

- Ecran Noir : Le cliché d’un fossé infranchissable entre le monde du ‘film X’ et celui du ‘cinéma traditionnel’ semble-t-il toujours aussi profond ?
- Katsuni : Infranchissable je ne pense pas, tout est possible, c'est une question de «bon moment » mais il est vrai que jusqu'à présent il reste un clivage très fort entre ce qu'on appelle, dans notre industrie, le “tradi” et le porno. Il y a un snobisme évident de la part du cinéma mainstream, et même une maquilleuse ou un photographe de plateau usera en général d'un pseudonyme s'il travaille dans les deux milieux de peur d'être rejeté de la sphère traditionnelle. Ce tabou existe également aux Etats-Unis. Il est vrai qu'on fait aussi appel aux actrices porno uniquement pour des apparitions sexy ou dénudées, parfois même, simplement pour de la figuration érotique. Ça ne m'intéresse pas. En revanche un petit caméo est sympathique. J'ai par exemple dernièrement fait une apparition dans le long-métrage Les Kaïras de Franck Gastambide. J'ai aussi travaillé avec Gaspar Noé, la série Les Lascars... Dans tous les cas je reste dans mon propre personnage de “Katsuni actrice porno”. C'est d'un côté la preuve que ma notoriété suffit à me faire inviter dans des projets mainstream mais je n'ai pas encore franchi la frontière et fait mes preuves en tant qu'actrice au sens fort du terme. Ca viendra. Je le veux et j'en suis absolument capable. Reste à trouver les bonnes personnes qui auront assez de tripes pour relever le défi avec moi.

- Ecran Noir : La technique du champ-contrechamp qui est si bien expliquée ici est-elle ou pas une pratique courante aussi dans le X ?
- Katsuni : Plus dans les tournages de film érotique que dans le porno. Dans les films X actuels on ne découpe plus  autant de cette manière et on ne simule pas. Au contraire on suit l'action, les mouvements de caméra sont fluides et mobiles. Il y a simplement ce qu'on appelle des plans de coupe pour certaines transitions, avec des gros plans sur les visages, des parties de corps.

- Ecran Noir : Tu es aussi passé derrière la caméra en devenant productrice et réalisatrice de films X, qu’est ce que ça change ?
- Katsuni : Ça change tout ! C'est difficile d'être à la fois actrice et réalisatrice de son film, tu ne peux pas te laisser aller mentalement, tu dois rester dans le contrôle, mais c'est très stimulant et ça permet de montrer beaucoup plus de sa propre sexualité, de ses propres délires. Dans mes castings par exemple j'adorais montrer que l'on pouvait se faire plaisir et se laisser aller sans aucune expérience, avec spontanéité. C'était parfois très drôle. Je travaille actuellement sur un film scénarisé pour Dorcel. C'est un vrai défi car je veux parler d'émotions, pas simplement de sensations.  Dans l'immédiat je vous recommande l'orgie que j'ai réalisée pour Dorcel. Ce fut ma 1ère expérience pour un projet de cette ampleur. Pas facile, mais j'apprends !

- Ecran Noir : De toutes les situations de comédie de ce court-métrage, tu as été confrontée auxquelles lors de tes tournages ?
- Katsuni : J'ai déjà vu des acteurs et actrices se faire la gueule mais pas vraiment se disputer. Ca rendrait le rapport impossible, il faut forcément que chacun prenne sur lui. S'il y a vraiment prise de tête pour des raisons personnelles ou professionnelles, les acteurs annulent la scène mais c'est vraiment une situation rare. Les retouches maquillage sont systématiques. Une maquilleuse peut tout à fait intervenir sur un plateau alors que la fille est en levrette sur un canapé et venir retoucher sa bouche qui vient de s'activer sur son partenaire ! La présence de personnes étrangères au tournage pendant la scène hard n'est pas tolérée. Même les journalistes sont rarement acceptés, ou les amis, la présence des proches, du petit-ami...ce n'est pas pro et ça perturbe les acteurs. En ce qui me concerne je n'ai pas de problème à tourner avec quelqu'un que je n'aime pas, à moins que ma répulsion soit trop forte et dans ce cas je le mets en “blacklist”. A partir du moment où il est pro et me respecte on fait tous les deux notre boulot et je me conditionne de telle sorte qu'il me plaise le temps de la scène. Parfois même ce type de relation peut pimenter le rapport sexuel. On est alors dans un rapport de force et cela peut donner une bonne énergie visible à l'image.

- Ecran Noir : une étude américaine a comparé une centaine de films de cinéma qui ont eu le plus de succès au box-office ( 100 films de 2009 avec 4342 personnages...) pour trouver que 25,8 % des personnages féminins apparaissent en tenue légère contre 4,7 % des hommes , qu’est ce que ça vous inspire ?
- Katsuni : Je ne suis pas étonnée. On est dans une industrie de l'image. Les films qui cartonnent ne sont pas les films d'auteur mais des blockbusters comme Transformers où l'on va jusqu'à choisir l'actrice uniquement pour sa plastique.  Une jolie femme c'est vendeur. Une jolie femme dénudée ça l'est encore plus ! Mais attention on parle ici d'une étude américaine et j'ai quand même l'impression que le cinéma là-bas et son public ne sont pas forcément les mêmes qu'en France non ? Enfin il serait intéressant de voir la proportion de réalisateurs hommes et femmes. Peut-être que cela joue également. Au final nous savons bien que ce n'est pas ça qui fait un bon film.

Katsuni vous propose de la suivre sur son twitter.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film L’amour à contrechamp.