Après les différentes polémiques sur le peu de réalisatrices en compétition au Festival de Cannes ces dernières années (2 en 2014, 1 en 2013, aucune en 2012), une étude récente dénonce la faible part de femmes scénaristes dans le cinéma français.
Camille Haddouf, chercheuse en économie à l'Université de Paris I et la scénariste Isabelle Wolgust dressent en effet un état des lieux accablant de la situation des femmes auteurs (scénaristes et réalisateurs qui écrivent eux-même leurs scénarios) sur la période 2003-2012.
Sur les 887 scénaristes comptabilités, seulement 27% sont des femmes, un chiffre qui tombe à 22% pour les réalisateurs écrivants. Aucune femme scénariste dont l'activité principale est l'écriture de scénario n'aurait par ailleurs écrit sans partenaire masculin pendant la décennie.
A noter également que plus le budget des films augmentent, plus la part de scénaristes de sexe féminin diminue : parmi les scénaristes, 20% écrivent des films à petit budget (moins d'un million d'euros) contre 7% pour des films de plus de 15 millions tandis que parmi les réalisatrices écrivantes, 18% écrivent des films dont le budget est inférieur à 1 million d'euros et seulement 3% des films dont le budget dépasse 15 millions.
Seul point positif, les choses évoluent doucement mais sûrement puisqu'entre le début et la fin de l'étude, la part des femmes scénaristes est passée de 15% à 34%. Celles des réalisatrices écrivantes s'élève désormais à 25% contre 17% en 2003.
La Guilde française des scénaristes met en garde contre ce "plafond de verre"qui étouffe la création dans le cinéma français et rappelle que depuis la création des César en 1976, 16 femmes ont reçu celui du meilleur scénario original ou adaptation mais l'ont toujours reçu avec au moins un homme, à l'exception de Coline Serreau (à deux reprises pour Trois hommes et un couffin en 1986 et La crise en 1993) et de Tonie Marshall pour Venus Beauté (Institut) en 2000.
Seule une réalisatrice a remporté le César du meilleur réalisateur (Tonie Marshall pour Venus Beauté (Institut)), et quatre le César du meilleur film (Coline Serreau pour Trois hommes et un couffin en 1986, Tonie Marshall pour Venus Beauté (Institut), Agnès Jaoui pour Le goût des autres en 2001, Pascale Ferran pour Lady Chatterley en 2007).
Mais si les chiffres viennent confirmer ce que l'on savait déjà, les propositions et solutions ne se bousculent pas au portillon, notamment pour informer et éduquer dès le plus jeune âge les scénaristes de demain, mobiliser les professionnels ou encore sensibiliser au problème le corps enseignant et les écoles de cinéma. En attendant, le combat pour faire évoluer les mentalités s'avère plus crucial que jamais. Où l'on reparle des stéréotypes de genre, alors qu'écrire ne nécessite pourtant aucune caractéristique physique particulière.